chapitre 7

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Solal était arrivé au fond du tunnel. La lueur qui l'avait attiré jusqu'ici était due à deux torches qui brûlaient en crépitant. Il était heureux d'avoir enfin de la lumière. Au-dessus de lui, le plafond s'élevait très haut. Il aperçut sur sa droite un passage voûté. Le tunnel continuait par cet endroit. Dans le noir.

Il décrocha une des torches du mur et s'engagea dans le passage. Le fait de voir où il mettait ses pas, le rassurait et lui redonnait l'assurance nécessaire pour continuer.

Bientôt, le tunnel s'élargit. Il croisa plusieurs embranchements, des galeries qui s'enfonçaient dans les ténèbres. Il choisit de rester sur la voie principale. Il se disait qu'elle devait bien mener quelque part.

Le sol, peu à peu, s'asséchait. Il marchait à présent sur un revêtement plus solide. Il lui semblait que cet endroit était fréquenté par de nombreux passages. Qui pouvait passer ici ? Il avait l'intuition qu'il valait mieux ne pas les rencontrer. Il n'avait aucune idée d'où il était. Il ignorait que de nombreuses galeries sillonnaient le sous-sol autour de Valombreux, vestige de mines de tuffeaux, cette pierre tendre servant à construire les murs des maisons. L'exploitation, une fois le gisement épuisé avait été abandonnée il y a plusieurs centaines d'années, tombant dans l'oubli.

Sur les murs, il distinguait les anciennes traces des pics des carriers qui avaient détaché la pierre des parois.

Le sol montait doucement, insensiblement, il remontait à la surface. Il ne fit pas attention à la grille incrustée dans le mur à sa gauche, tout occupé à regarder où il mettait les pieds.

En revanche, il entendit bien distinctement un gémissement.

Il rebroussa chemin, retourna jusqu'à la grille et pencha sa torche à l'intérieur. Ce qu'il vit lui glaça le sang.

Sur une planche de bois accroché au mur servant de lit, Ariela gémissait doucement.

Elle semblait mal en point, sa robe était déchirée, ses pieds sans chaussures, noirs de crasses. Ses cheveux défaits cachaient son visage.

-Ariela ! Enfin, je t'ai retrouvé ! Je vais te sortir de là !

Il inspecta la serrure soudée à la grille, constata qu'elle était fermée à clé. Il prit les barreaux dans ses petites mains et tenta de les arracher sans succès.

Désemparé, il éclaira autour de lui. Un reflet métallique naquit à la lueur de la torche. Un ancien outil rouillait au pied de la paroi opposée. Il s'en saisit. Qu'il était lourd ! C'était une barre de fer qui avait dû servir à déplacer les blocs de pierres.

S'il arrivait à la coincer entre deux barreaux, il pourrait sûrement les écarter et réussir à se glisser dans la cellule de son amie. Il s'arc-bouta de toutes ses forces.

Au début, rien ne se passa, il ahanait en soufflant, il tirait avec tout l'espoir qu'il avait à libérer son amie. Sa conviction, qu'il devait réussir à tout prix, lui insuffla la puissance nécessaire.

Dans un grincement, les barreaux s'écartèrent suffisamment pour lui laisser la place de passer.

Essoufflé, en sueur, les mains meurtries par l'effort, il se précipita à l'intérieur.

Ariela, le visage brouillé de larmes qui avaient laissé des traces noires de poussières sur ses joues, serra Solal si fort que le petit garçon en eut le souffle coupé. Mais qu'il était bon de se retrouver !

- Il faut sortir d'ici ! Suis moi dit-il à la fillette.

Péniblement, elle se mit sur ses pieds. Elle était si faible. Solal la soutint de son mieux.

Ils passèrent chacun leur tour à travers l'espace des barreaux tordus.

Une fois dans la galerie, Solal reprit la torche et la main d'Ariela.

- Elle va revenir, il faut s'enfuir. Murmura t'elle.

- De qui parles-tu ?

- L'ombre... J'ai vu son visage ! C'est affreux !

Elle tremblait de peur. Elle paraissait plus petite, plus chétive, comme si son séjour ici lui avait enlevé toute son énergie.

- Elle m'a fait mal... Juste en me regardant... Ses yeux, ses yeux sont terribles !

Solal était dévasté d'entendre cela. Il allait prendre soin d'elle à présent. Il l'avait retrouvé, c'était l'essentiel.

- Nous allons suivre cette galerie, elle doit bien déboucher vers l'extérieur, et une fois dehors nous préviendrons les adultes.

La confiance qu'il mettait dans ces propos semblait ragaillardir Ariela qui se redressa.

- Tu as raison, sortons d'ici. Le soleil me manque.

Ils continuèrent d'avancer, se tenant par la main, le cœur plus léger.

Ils ne tardèrent pas à apercevoir au loin une lueur qui grandissait à chacun de leurs pas. La lueur du jour. La sortie large, haute et arrondi, se découpait dans l'obscurité, comme une promesse de délivrance. Ils n'avaient plus que quelques mètres à faire pour franchir, enfin, cet endroit de souffrance.

Gregor apparut soudain et se plaça en plein milieu de la sortie. Son corps se découpait, noir sur le contre-jour.

- Où allez-vous comme ça mes petits chatons ?

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