chapitre 8
Rien ne serait plus comme avant. La disparition des enfants, la chute de la vielle Mariette dans le puits, l'attaque du bébé par cette ombre sortit du trou noir. Tout cela devait cesser, tout cela devait être éclairci, changer. Irrémédiablement. Une bonne fois pour toutes !
L'assemblée des villageois grondait. Il faut trouver une solution pour que notre village retrouve sa quiétude. Tout semblait concorder pour que la source de l'empoisonnement de la tranquillité du village vînt du puits.
Réunis sur la place des débats, autour du puits, les habitants du village étaient en colère. Certains proposaient de carrément combler le trou, mais, évidemment, le problème de l'alimentation en eau du village allait se poser très rapidement. D'autres envisageaient de mettre en place des tours de garde, la nuit afin de garantir la sécurité de la population.
Gidéon et Eldric n'étaient pas d'accord.
- Il faut aller débusquer cette ombre. Dans son antre. Il est certain que c'est elle qui détient nos enfants. Il faut en finir avec elle. Comprendre pourquoi il n'y a que de la boue au fond du puits, à la nuit tombée. Éclaircissons tous ces mystères Nous n'avons plus de temps à perdre.
- Nous descendrons au fond, reprit Eldric, dès ce soir !
Un bruissement de crainte crépita sur l'assemblée. Au fond du puits ? Ce soir ?
Les deux hommes étaient déterminés. Leurs airs graves. Ils se devaient d'aller jusqu'au bout pour récupérer leurs enfants.
L'expédition s'organisa. Il fut convenu que Gidéon descendrait en premier. Une fois en bas, Eldric le rejoindrait.
Une corde solide fut attachée à la potence. La nuit, peu à peu, s'installait. Seul, quelque courageux, assistèrent à la descente de Gidéon dans le gouffre.
Il avait attaché la corde autour de sa taille, dans son dos un sac contenant deux torches, un briquet, un peu de provision et son couteau. À sa ceinture, il avait glissé sa hachette, au tranchant bien aiguisé.
Il franchit la margelle du puits, mit ses pieds contre la paroi et testa la corde. Il commença sa descente vers les ténèbres. Le puits exhalait une respiration sifflante.
Gidéon en levant la tête vit le visage soucieux d'Eldric qui se dessinait dans les lumières des lanternes. Bientôt, il ne distinguait plus les traits du visage de son ami.
Sa force et son endurance lui permettaient de bien doser son effort. Il descendait régulièrement, enveloppé par les briques moussues qui constituaient les murs du puits.
Le puits de Valombreux est très profond, plus profond que la plupart des puits. Nulle ne sait quand il a été creusé. La légende dit qu'en dessous, des créatures maléfiques y ont élu domicile, et viennent boire l'eau la nuit. Personne ne les a vus faire. Personne de vivant en tout cas. Ça expliquerait pourquoi le seau ne remonte que de la vase la nuit. Dans un bruit flasque, Gideon toucha le fond.
Au-dessus de lui, il ne vit qu'un cercle plus clair, petit comme une pièce de 2 sous. Le signal qu'il cria à Eldric rebondi, en écho jusqu'en haut.
Eldric commença sa descente. Gidéon en profita pour allumer une des torches qu'il avait apportées. La vase dans laquelle ses pieds s'enfonçaient, dégageait une odeur nauséabonde de putréfaction. Quand il leva le pied, le bruit de succion fit comme un bruit de régurgitations d'une bouche sans dent.
La torche apporta un peu de réconfort, et lui permit de distinguer un passage assez grand pour laisser passer un homme. Visiblement, ce passage devait être sous l'eau pendant la journée, les pierres étaient encore très humides.
Un foulard maculé de boue attira son attention. C'était le foulard de la vielle Mariette ! Un frisson d'horreur lui chatouilla le dos.
Eldric finit par le rejoindre. Après un court moment d'hésitation, ils s'engagèrent dans le passage.
Il y avait encore beaucoup d'eau, ils pataugeaient faisant remonter à chaque pas des remugles écœurants. Leurs torches formaient des ombres fantomatiques sur les parois. Des créatures inconnues s'enfuyaient à leur approche.
Ils avancèrent ainsi pendant plusieurs heures. Le tunnel partait tout droit dans les ténèbres.
Ils finirent par déboucher sur un embranchement. Ils comprirent d'où venait le tarissement de l'eau. Le puits était alimenté par une source, quelqu'un avait érigé une porte qui faisait barrage pour empêcher l'eau de s'écouler normalement. Il y avait une manivelle qui permettait de la lever et ainsi de libérer ou d'emprisonner le flux. Dans le lac ainsi formé, une énorme canalisation captait l'eau.
Interloqués, les deux hommes se demandaient qui avait mis en place ce système. Il ne voyait pas où conduisait cette tuyauterie.
Ils inspectèrent la manivelle et le système pour libérer l'eau et se mirent d'accord pour ouvrir la porte et laisser l'eau remplir le puits dès qu'ils auraient retrouvé les enfants.
Ils continuèrent, le sol était sec à présent. Bientôt, une porte leur barra le passage. Elle n'était pas fermée. Eldric poussa la porte. Il mit sa main sur sa bouche. Ses yeux roulèrent dans ses orbites, il tomba à genoux.
Selene se tenait devant lui.

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