chapitre 9

3 minutes de lecture

Pétrifiés, les deux enfants n'osaient plus avancer. Cependant, cette épreuve avait aguerri le petit garçon. Si en d'autres temps, il se laisserait attraper sans lutter, aujourd'hui, il était déterminé à défendre chèrement sa vie et celle d'Ariela. Il leva sa torche devant lui, se campa tel un petit guerrier antique et dit d'une voix forte :

- Laisse nous passer !

Gregor ricana.

- Regarde-moi ça, le petit lapin fait le brave ! Il se précipita vers lui l'air menaçant, les bras grands ouverts, ses yeux cruels fixés sur Solal.

Le petit esquiva l'attaque et porta, de toute sa force un coup sur l'arrière de la jambe de Grégor. Il fut déséquilibré, son pied roula sur un caillou et il tomba dans la poussière.

Solal et Ariela en profitèrent pour partir en courant.

Gregor se releva rapidement en jurant.

- Braaaa ! Ils vont me le payer ! Braaaa ! Il se lança à leur poursuite.

Désorientés, les deux enfants courraient droits devant eux, sans savoir où ils allaient. Ils sentaient le souffle de Gregor derrière eux, ses pas cogner contre le sol. Ils s'étaient engagés dans un layon étroit, bordé d'arbres et de broussailles. Impossible d'en sortir.

Gregor gagnait du terrain sur eux, Ariela s'essoufflait et un point de côté tenaillait Solal.

Le chemin s'était encore rétréci, la végétation très touffue, empiétait sur la piste. Ils courraient en baissant la tête, ils ne virent pas l'ombre au milieu du sentier. Elle les cueillit en pleine course, Gregor arriva aussitôt, et referma le piège.

- Merci ma sœur ! Heureusement que tu étais là !

Les mains aux ongles crochus de la femme tenaient fermement les deux enfants qui se débattaient. Ils ne distinguaient pas son visage, caché par son capuchon.

- Oui, en effet, je suis toujours là pour rattraper tes maladresses !

La voix glaciale qui s'échappait du capuchon, vrilla le cœur des enfants. Cette personne ne leur voulait pas du bien, c'était une certitude.

L'air renfrogné, Gregor fourra les deux enfants dans un sac en toile de jute qui empestait l'ail, et les chargea sur son dos.

- Ils ne s'échapperont plus à présent, je te le promets.

- Nous verrons ça, reprit elle. À présent ramènent les dans la salle. Tu sais comme ils sont importants. Surtout elle.

Elle ôta son capuchon, de longs cheveux noirs s'en échappèrent, ses yeux verts brillaient d'un feu froid. Sélène était en colère. Son frère était un incapable. Mais un bon serviteur pour ses desseins. Un bon outil.

Il était indispensable de se dépêcher, les villageois allaient bien finir par comprendre, et descendre dans le puits. Il fallait absolument que tout soit fini avant. Dans le livre, tout était très clair, très bien décrit. Ce livre écrit, il y a fort longtemps par un sorcier maléfique, lui avait retourné la tête. Il contenait des formules et recettes qui allaient toutes dans le sens du mal. Elle avait expérimenté avec succès la production du brouillard introspectif.

Dommage que personne n'en soit mort. Elle les haïssait tous !

À présent, elle allait les priver d'eau. Pour toujours ! Cette dérivation, à la source était son idée. Gregor l'avait exécuté. Un tic déformait sa bouche, elle ressemblait à une folle. Les circonvolutions de son cerveau contaminé par sa maladie avaient fait d'elle un être sans cœur, sans émotion. Persuadé, que la terre entière lui en voulait. Envoyant dans les limbes obscurs et glacés, toute bienveillance et amour. Elle vouait une haine particulière aux habitants du village. Faire tomber la vielle curieuse de Mariette au fond du puits lui avait procuré un plaisir immense. Elle pourrissait dans la vase à présent.

Dommage que ce chien l'avait dépossédé de la capture du bébé. Sale bête ! Heureusement, elle tenait ces deux-là.

Elle savait que Solal était son fils. Pour elle, ce n'était que des mots. Elle ne ressentait rien pour lui. Il ne devait servir que pour ses sinistres projets.

Ballottés, secoués, à moitié asphyxiés par l'odeur pestilentielle du sac, Solal et Ariela perdaient tout espoir.

Ils sentaient les os pointus de Grégor à travers la toile. Le trajet fut interminable.

Sans ménagement, le sac fut jeté au sol. Les enfants en jaillirent, trop pressés de pouvoir respirer normalement. Solal vomi en hoquetant misérablement.

- Et bien mon chaton, le voyage t'a rendu malade ? La sollicitude feinte de Grégor rendait leur situation encore pire qu'elle n'était.

Le garçon s'essuya la bouche d'un air farouche en fixant du regard son tortionnaire.

- Vous allez le payer !

- C'est ça, c'est ça mon lapin, cause toujours.

Solal sentait qu'Ariela pressait son bras pour attirer son attention, la femme qui les avait stoppés les regardait en souriant méchamment. C'était elle qui lui avait fait mal avec ses yeux. À ce souvenir, la fillette se rapetissa sur le sol.

- Vous ne savez pas qui je suis, et cela n'a aucune importance. Vous êtes juste ici pour me servir dans mon projet d'anéantissement du village de Valombreux ainsi que de tous ses habitants.

Vous n'êtes que deux ingrédients dans ma recette ! Bienvenue dans ma cuisine !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire eric Jordi ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0