Chapitre 65 : Le coureur sans les jupons

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— Petit-déjeuner au lit, madame est servie… murmure une voix grave en approchant du lit à pas de loup.

En entendant ce charmant réveil, Gwendoline s’étire de tout son long, les yeux encore ensommeillés. Ses cheveux en bataille cachent une partie de son visage. Elle ouvre un œil curieux vers son hôte et se relève tranquillement sur les avant-bras lorsqu’elle le voit avancer avec un lourd plateau rempli à ras-bord. Il le dépose sur le lit à côté d’elle tandis qu’elle bouge pour lui faire un peu plus de place.

Une des bretelles de son top ayant glissé, Erwann la remonte doucement jusqu’à son épaule. Le contact de ses doigts le long du bras de la jeune femme et la vue plongeante sur ses seins nus le met au supplice, mais il se ressaisit pour ne rien laisser paraître de son trouble.

Lorsque qu’elle découvre ce que le photographe lui a apporté à manger, elle s’extasie, l’eau à la bouche :

— Oh wow, ça c’est du choix !

Le plateau est garni de viennoiseries, de jus d’orange frais, de salade de fruits coupés en morceaux, de fromage blanc, de pain aux graines toasté, de café au lait… Tout ce que la jeune femme aime.

— Tu me gâtes. Tu es un ange Erwann ! Merci, beaucoup.

— Je t’en prie.

— Quelle heure est-il ?

— L’heure de sortir de votre lit, belle endormie, si vous voulez profiter du programme de la journée, annonce-t-il en allant ouvrir les volets et les rideaux pour laisser entrer la lumière du jour. On part bientôt.

— Ah oui ? Tu m’emmènes où ?

— Mystère !

— J’ai le temps de manger au moins ? Ce serait dommage de passer à côté de toutes ces bonnes choses, argumente-t-elle en salivant et en se frottant les yeux, légèrement éblouie par la luminosité trop vive.

— Bien sûr, je t’accompagne.

— Ouf, clame-t-elle avec un grand sourire.

— Je crève de faim, dit-il en attrapant un croissant tout frais. On peut partir dans une bonne heure, si cela te convient, le temps que tu te prépares…

Elle l’imite et prend une tranche de pain aux graines de tournesol qu'elle trempe dans le petit bol de fromage blanc. Erwann leur verse deux belles tasses de café au lait bien chaud dont les volutes parfumées s’échappent.

Voyant sa tenue sportive, elle s’étonne :

— Tu es allé courir ?

— Oui, mademoiselle la dormeuse. Dans les dunes, comme souvent lorsque je suis en Bretagne. Ça décrasse et ça oxygène l’organisme.

Il avale une rasade de son café fumant.

— Je n’en doute pas. C’est une bonne habitude. Je devrais prendre exemple sur toi. Mais je suis trop fainéante. Ou débordée, je ne sais pas.

— Juste une question de motivation. J’en profite en général pour faire quelques clichés avec mon téléphone et c’est ce qui me fait me bouger. Il faut juste trouver les bonnes raisons pour s’y mettre. Les paysages ici me donnent envie.

— Comme je te comprends ! Par contre, si tu me réveilles tous les matins avec un petit déjeuner aussi royal, je vais devenir un gros patapouf plutôt qu’une coureuse de fond. Quand j’aurais fini de bâfrer, il faudra me rouler jusqu’à la voiture, ajoute-t-elle en avalant une grosse bouchée pour démontrer ses propos.

— Je t’ai portée hier, tu es légère comme une plume. Je sentais tes côtes, l’admoneste-t-il en fronçant les sourcils.

Il aura beau dire tout ce qu’il voudra, Gwendoline aura toujours du mal à le croire. Elle a toujours cru qu’elle était trop grosse et même si elle flotte dans son trente-six, elle fait très attention à son alimentation. Adolescente rondouillarde, elle n’a jamais oublié les remarques acerbes et désobligeantes qu’elle a essuyées, de la part de sa famille, comme de ses amis. Des propos critiques et blessants qui, bien qu’invisibles à présent, ont laissé une empreinte aussi indélébile que les tatouages qu’elle arbore.

Aussi mince soit-elle aujourd’hui, elle est et restera toujours dans sa tête cette fille avec un problème de poids…

— Du coup, je n’ai pas à culpabiliser de dormir comme une souche pendant que tu te lèves à l’aube pour aller courir par monts et par vaux ? demande-t-elle pour chasser ses pensées toxiques et retrouver plus de légèreté.

— Non. Tu es mon invitée et comme tu es un peu fatiguée, tu es ici pour te reposer. J’y veillerai.

Il accompagne ses propos d’un regard volontairement sévère.

— Te voilà autoritaire maintenant, le taquine-t-elle en tournant la cuillère dans son mug de café au lait, qu’elle sirote par petite gorgée du bout des lèvres. J’aime bien.

— Et encore, tu n’as rien vu ! proclame-t-il, en se levant du lit d’un bond, disséminant autour de lui quelques miettes du croissant qu’il a englouti. Les bretons ont du caractère !

— Ce n’est donc pas une légende ?

— Oh que non ! De vrais têtes de mules ! Je te laisse terminer tranquillement. Je vais à la douche !

Elle le suit des yeux alors qu’il file vers sa chambre et sa salle de bain personnelle, tout en piochant des morceaux de kiwis frais et bien mûrs dans la coupelle de salade de fruits.

Puis elle s’interrompt, tandis qu’une idée lumineuse se fait jour en elle. Penchant la tête vers l’embrasure de la porte, elle vérifie que le jeune homme a bien quitté le couloir et ne reviendra pas sur ses pas.

Serait-ce indécent si elle se masturbait pendant qu’il est occupé à se laver, entièrement nu et dégoulinant d’eau à quelques mètres d’elle ? Au moins, elle ne serait plus aussi excitée, cela la calmerait un peu et elle ne serait plus à deux doigts de lui sauter dessus à chaque instant.

Gwendoline repousse rapidement le plateau sur le côté du lit, attrape le pull qu’Erwann a enlevé en rentrant de son footing et s’allonge confortablement, la tête dans les coussins. Le sweat sent la sueur, le déo et le parfum de son amant, un mélange explosif qui la rend complètement dingue. Elle plonge le nez dedans et glisse sa main droite sous le tissu léger de son pantalon, entrant délicatement en contact avec son intimité assoiffée de caresses et d’attention.

De peur qu’Erwann termine avant elle, la jeune femme opte pour la version efficace, allant directement à l’essentiel, en positionnant son index et son majeur sur sa zone sensible, déjà gonflée de désir. D’ordinaire, elle aime faire monter son envie en regardant des photos de femmes dénudées, car il n’y a que cela qui fonctionne avec elle, lorsqu’il s’agit de se faire plaisir toute seule. Elle n’a jamais compris pourquoi les corps féminins l’attiraient davantage dans ce contexte que ceux des mâles, alors que dans la vraie vie, elle est uniquement attirée par les hommes. Mais, comme beaucoup de choses, elle a arrêté de se poser des questions auxquelles elle ne trouve pas de réponse.

De toute façon, aujourd’hui, elle n’a besoin d’aucune stimulation intellectuelle et la proximité d’Erwann suffit à l’enflammer comme une allumette grattée contre une surface rugueuse. Son visage est à présent entièrement dissimulé sous le vêtement et vu son état d’excitation depuis son arrivée en Bretagne, cela ne devrait pas être long…

Les yeux fermés, elle convoque l’image d’Erwann dans son esprit et se rappelle son corps d’Apollon nu, hier soir, lors du massage. Elle repense au contact de sa peau brûlante contre la sienne et revoit ses yeux de braise qui la dévisagent. Sa voix rauque lui revient en mémoire, avec ses intonations fortes, puissantes, saisissantes… Tous ces souvenirs récents bouleverse son cœur de midinette et font trembler ses fondations incertaines, lézardant son cœur et son âme ébranlés… Erwann la fait chavirer plus qu’elle ne l’aurait supposé. Elle se sent à sa merci, dominée par l’énergie sexuelle qu’il dégage, par le pouvoir d’attraction animale qu’il exerce sur elle, par sa force et son autorité naturelle.

A présent, le corps complètement perturbé par les réminiscences de son hôte, stimulée par tous ses sens mis en éveil, Gwendoline respire encore son pull sale, ce qui la met peu à peu dans un état second, dans une transe sensuelle et sauvage… Abandonnant toute réserve, l’imaginant entre ses cuisses, à la place de sa main, d’un geste délicat, elle commence à faire vibrer son clitoris, en alternance avec des caresses sur sa vulve moite. Ses doigts glissent sur ses lèvres humides et chaudes puis remontent sur son point érectile.

L’image d’Erwann l’habite entièrement, délicieusement, voluptueusement… Son corps viril, son sexe apparent, son odeur enivrante, sa voix grave, tout contribue à la rendre folle de désir pour lui.

Une dernière série de vibrations plus intenses et, quelques dizaines de secondes plus tard, son corps se contracte, la libérant, dans la foulée, de ses tensions. Elle presse plus fort son bouton pour augmenter le volume de son orgasme, intensifiant par la même occasion les spasmes qui l’assaillent. La jeune femme exulte sans retenue, secouée par son tremblement de terre intérieur.

Elle n’a pas pu s’empêcher de prononcer le prénom d’Erwann tout bas, dans un gémissement silencieux.

Elle ne bouge plus, sonnée par l’intensité du plaisir qu’elle vient de ressentir, anesthésiée par l'apaisement immédiat que cela lui procure. Puis, plus calme et détendue, elle remue doucement pour sortir de sa savoureuse torpeur…

La journée auprès de son Adonis peut réellement commencer…

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