Chapitre 78 : Attraction

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Il est presque six heures. C’est l’heure bleue, bien connue des amateurs de photographie. Un court laps de temps sépare le ciel d’encre d’une nuit profonde de l’aurore d’une nouvelle journée qui se lève. Ce moment précédant l’heure dorée le matin et inversement le soir et dont raffolent les artistes pour faire de jolis clichés.

Gwendoline a ouvert les yeux il y a quelques minutes, avec la sensation d’avoir dormi durant trois jours. Elle se souvient de son coucher hier soir, dans les bras de l’homme qui l'a faite jouir, sans rien attendre en retour. Elle sent son corps nu sous la couette épaisse, sa peau douce et velue la chatouillant, elle-même étant en tenue d’Ève. Elle se rappelle avoir joui intensément avant de s’écrouler dans un sommeil profond, épuisée par toutes ces émotions fortes et cette décharge d’ocytocine.

Erwann remue à ses côtés. Il se tourne vers elle et leurs visages se font face. Leurs yeux ensommeillés se rencontrent. Il lui sourit.

— Bonjour, belle au bois dormant… introduit-il, d’une voix rendue rocailleuse par des heures de silence.

— Bonjour, mon beau prince charmant, continue-t-elle, la voix également éraillée, le sourire aux lèvres.

— Bien dormi ?

— Comme quelqu’un qui a fait trois fois le tour de l’horloge.

— Pareil. Ça fait tellement de bien. On en avait besoin… ajoute-t-il en lui caressant le bras.

— À ton avis, le soleil va-t-il pointer le bout de son nez aujourd’hui ? demande-t-elle en s’étirant. La tempête semble finie.

— Je crois bien, oui. J’ai entendu des bourrasques par moments cette nuit, mais apparemment, nous aurons une belle journée, constate-t-il en levant la tête vers la fenêtre d’où commence à poindre la luminosité.

Erwann n’ouvre les paupières qu’à moitié, passablement gêné par cette lumière trop vive pour des yeux encore accoutumés à l’obscurité. Il penche la tête vers elle et l’embrasse du bout des lèvres, son corps chaud et doux contre sa peau. Son sexe en érection se met entre eux. Il se décale légèrement tout en continuant à l’embrasser avec plus d’intensité.

Comprenant qu’il se sent mal à l’aise à cause de sa virilité affichée, elle se rapproche de lui, serrant sa verge contre sa cuisse et lui murmure :

— Merci pour hier.

— Je t’en prie, répond-il en continuant à embrasser ses lèvres, ainsi que ses joues, son front, son cou...

— Je n’ai jamais connu cela avant, confie-t-elle. Un homme qui se donne autant de mal pour me combler, et sans arrière-pensée, qui plus est. C’était merveilleux.

— Tout le plaisir était pour moi. J’ai adoré cela, te voir… si offerte… si abandonnée... Je t’ai sentie en confiance. Cela m’a touché.

Elle se moule contre lui et l’embrasse tendrement. Protégés par la couette, ils se câlinent avec douceur, se caressant chastement, profitant de la chaleur qui émane de leurs corps.

La pièce s’est refroidie maintenant que le poêle est éteint. Les bougies ont brûlé toute la nuit et se sont consumées, laissant une légère odeur de cire fondue et de fumée dans la pièce.

Le jour apparaît de plus en plus nettement à travers les interstices des volets fermés, leur laissant deviner une météo clémente pour ce dimanche printanier.

Gwendoline saisit la main gauche du photographe et la porte à ses lèvres. Elle joue avec l’anneau en argent brossé qu’il porte à son majeur.

— Quelle est l’histoire de cette bague ? Si cela n’est pas trop indiscret… demande-t-elle.

— Ma mère me l’a offerte le jour de mes dix-huit ans.

— Et celle-ci ? l’interroge-t-elle en désignant l’anneau argenté torsadé autour de l’annulaire de sa main droite.

— Cadeau de mes potes lorsque je me suis marié. J’ai retiré l’alliance en or blanc que je portais lorsque je me suis séparé mais j’ai gardé celle-ci. L’amitié a duré plus longtemps que mon mariage.

Erwann grimace, tendu par ses confidences.

— Et la chevalière ?

— Cadeau de ma marraine, Cécile.

— Tu es baptisé ?

— Oui, ma mère a souhaité me baptiser, mais personne ne pratique à la maison. C’est plus par habitude que par réelle croyance. Mon père est juif, mais cela se transmet par la mère. Je n’ai aucun attrait pour la religion, quelle qu’elle soit, juive ou chrétienne. En revanche, je crois en quelque chose même si je ne sais pas en quoi… Lorsque tu m’as parlé de ta foi, le premier soir, cela a fortement résonné en moi. Je pense qu’il y a une puissance au-dessus de nous, un truc qui nous dépasse, qui nous dirige peut-être même… mais cela reste très vague. Je n’ai jamais creusé la question plus profondément.

— Tu as déjà entendu parler de la loi de l’attraction ?

— Peut-être… ça me parle mais je ne sais pas de quoi il s’agit. Toi oui ?

— Disons que cela fait partie de mes croyances depuis plusieurs années déjà.

— Et cela consiste en quoi ?

— C’est une sorte de principe universel, une loi à laquelle nous sommes tous soumis, qu’on le veuille ou non, qu’on le sache ou non.

— Comment ça marche ?

— Selon cette loi, nous attirons à nous ce que nous sommes, d’un point de vue énergétique, notamment. Cela signifie par exemple que si tu es une personne d’une nature heureuse et reconnaissante, tu t’attires encore plus de grâce et de joie dans ta vie. A l’inverse, si tu as l’habitude de te plaindre sans arrêt, tu risques de recevoir encore plus de raison de te plaindre, par le biais de mauvaises nouvelles, de mauvaises rencontres etc…

— Cela me fait penser aux cercles vicieux et vertueux, non ?

— Exactement. C’est l’image de cette loi. Notre énergie est à la fois le résultat de ce qui nous entoure, mais elle est aussi à l’origine de ce qui nous entoure.

— Tu l’utilises ?

— Autant que faire se peut, oui. Même si je ne suis pas sûre de la maitriser complètement car c’est assez complexe. Pendant longtemps, je l’ai utilisé sur le principe du « demande et tu recevras » mais en réalité, c’est plus subtil que cela. On est plus sur les émotions et les sentiments que sur l’intellect. La loi de l’attraction, c’est plus : « ressens et tu recevras » pour être exact.

— Je ne suis pas sûr de bien comprendre.

— Eh bien, si tu veux être en bonne santé, tu ne dois pas demander la santé mais plutôt te sentir en bonne santé.

— Mais si tu es malade, comment peux-tu te sentir en bonne santé ?

— C’est tout l’enjeu. Imaginons que l'on est malade, au lieu de se laisser gagner par la peur de ne pas guérir, ou de mourir pour certains, il faut travailler sur sa joie intérieure. Même si tu es malade, tu peux te réjouir d’être entouré d’amour, par exemple, et être reconnaissant de ce que tu as, car la gratitude fait partie intégrante de la loi de l’attraction. Plus tu te sens reconnaissant et heureux de ce que tu as, en évitant de te concentrer sur ce que tu n’as pas, plus tu renforces ton énergie d’attraction de manière positive. Plutôt que de se plaindre d’une maladie et de se morfondre dans son coin, en attendant de recouvrer la santé, il faut se visualiser comme une personne en pleine forme, pleine de projets et dynamique.

— Même si ce n’est pas le cas au moment où tu t’imagines comme cela ?

— Surtout si ce n’est pas le cas. Car la maladie évolue à un taux vibratoire inférieur à celui de la santé. Si tu élèves ce taux, en élevant ton énergie, grâce à la pensée positive ou parce que tu te sens particulièrement aimé et béni, le résultat ne se fera pas attendre longtemps : tu augmenteras ton énergie d’attraction en élevant ton taux vibratoire qui quittera les fréquences basses où l’on trouve les maladies pour aller vers les fréquences hautes où se situe la pleine santé.

— Concrètement, toi, que fais-tu quand tu es malade pour relever ton taux vibratoire ?

— En tout premier lieu, je ne me plains pas. Je n’appelle pas toute ma famille ou tous mes amis pour leur dire à quel point je suis malchanceuse et affligée de cette situation, ce qui ancrerait encore plus mon état énergétique vers le bas.

— Que fais-tu alors ?

— Je me sens reconnaissante car je me rappelle que je peux profiter de cette pause, où je vais rester chez moi pour lire, regarder une série, ou dormir et prendre un peu de temps pour moi. Je pense aux bonnes choses plutôt qu'à celles qui me déplaisent.

— C’est vrai que si on y réfléchit, c’est mieux de voir les choses sous cet angle que de se lamenter sans cesse.

— Ensuite, pour remonter mon moral, qui flanche forcément lorsqu’on est affaibli, je vais regarder des films drôles ou des vidéos d’humoristes, et éviter les séries dramatiques ou les choses qui pourraient me déprimer encore plus.

— Cela paraît logique. Je comprends le principe. Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle, mais ce que tu dis a l’air parfaitement sensé. Je ne sais pas si je suis un optimiste ou un pessimiste mais comme je vois que tu as choisi ton camp, tu m’apprendras ?

— Bien sûr, dit-elle en souriant, enchantée de pouvoir partager ce qui la passionne.

— Je peux te poser une question ?

— Évidemment, chacun son tour…

— Pourquoi t’es-tu fait tatouer « Pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » sur ton avant-bras ?

Gwendoline hésite. Elle ne s’attendait pas à cette demande et a peur de trop en dévoiler, sur elle et son passé douloureux.

— C’est une longue histoire, tu sais…

— J’ai tout mon temps, répond-il, en la serrant dans ses bras pour la mettre en confiance.

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