Rentrée Universitaire

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Les jours suivants furent bien plus tranquilles. Adam n’avait plus proposé de soirée et on avait passé notre temps à préparer notre rentrée, à jouer aux jeux vidéo et faire quelques courses.

C’était le premier jour de cours, celui qui allait profondément marquer ma vie et qui donnerait un sens à mes années d’études passées, mais aussi d’avenir. Un matin pas comme les autres en somme. Il était 5 h 30 du matin, les yeux grands ouverts, je n’avais quasiment pas dormi de la nuit. Mon cerveau, lui, était en ébullition depuis plusieurs heures. Il voulait se nourrir de tout le savoir que pouvait fournir les professeurs de l’Université. Mon ventre était comme du béton avec une boule de stress énorme m’invitant à prendre mon traitement pour affronter cette dure journée. Je décidais que c’était la meilleure décision pour réussir à affronter la rentrée.

À deux pièces de ma chambre se trouvait Adam, ronflant et passant sûrement la meilleure de ses nuits. Il ne semblait pas très anxieux pour sa première journée de cours et ce n’était pas étonnant de sa part. Il avait pour habitude de ne pas anticiper son quotidien même pour un événement marquant comme la rentrée scolaire.

Je décidais de me lever et de me préparer puisqu’il ne restait pas plus qu’une demi-heure avant que mon réveil ne sonne pour la première fois. Il me fallait absolument ma drogue matinale pour bien débuter la journée. Un bon café se préparait dans la machine à grain que j’avais emporté avec moi. Cela valait toutes les boissons à mes yeux surtout pour démarrer une journée. Je terminais de faire couler le doux liquide lorsqu’Adam rentra dans la pièce, le sourire aux lèvres avec un seul mot à la bouche : CAFÉ !

— Oui, tiens voici ta tasse.

— Tu gères, dit-il en buvant une gorgée. Bon, on se prépare et on y va.

C’était le programme que j’avais préparé et que j’avais même répété hier soir. Je voulais absolument tout organiser afin d’optimiser au maximum le temps dans l’appartement et arriver en avance devant l’établissement.

Une demi-heure plus tard, on était prêt. J’avais ma petite besace en cuir sur le côté avec à l’intérieur mon ordinateur, quelques stylos et deux cahiers. Adam, quant à lui, n'avait pour seul sac que son étui à guitare. Il y avait à l’intérieur sa fameuse Gibson accompagnée d’un seul cahier et d’un seul stylo.

La journée s’annonçait ensoleillée et New-York se réveillait tout juste. On voyait des gens sortir petit à petit de leurs immeubles afin de se rendre à leur travail, d’autres rentrer chez soi après une nuit probablement épuisante. Le rythme de la ville battait déjà devant mes yeux et je n’avais qu’une hâte : m’aventurer dans les rues de New-York, puis pénétrer dans l’amphithéâtre pour débuter mes premiers cours, me passionner pour des leçons, découvrir de nouveaux points de vue, me plonger pleinement dans ma vie d’étudiant. Moi, studieux dans l’âme, j’étais pleinement conscient de l’opportunité que l’on m’avait offerte. Être étudiant à New-York était une opportunité à ne pas négliger et j’en étais conscient.

La première épreuve de la journée consistait à prendre pour la première fois le métro new-yorkais. Avec Adam, on se rendait donc directement à la station la plus proche : East Broadway. Notre trajet en métro nous mènerait jusqu'à W 4 St- Wash SQ, après quoi une courte marche nous conduirait à notre destination tant attendue.

C’était la première fois, une première fois marquante. Il faut dire que ce monstre métallique, qui se trouvait sous nos pieds, allait bientôt nous avaler pour nous recracher quelques kilomètres plus loin sans aucun préavis. L’odeur de la bouche de cette bête était nauséabonde et de bon matin, il y avait de quoi être malade. La population était aussi curieuse à cette heure de la journée. On y retrouvait les étudiants qui se rendaient à l’université, les personnes qui se rendaient au travail et d’autres aliens étonnants. Des personnes qui avaient du vivre à un moment sur une autre planète au point qu’on les trouvait étranges en les regardant. Je m’amusais à les regarder durant ce court trajet : des hommes, des femmes et d’autres spécimens que l’on ne pouvait voir que dans le métro. C’était surtout à cause du fait que l’on y fût confronté, et que l’on ne pouvait fuir lorsque l’on était dans le wagon.

Un quart d’heure plus tard, on sortait enfin de la bête métallique. On pouvait enfin respirer l’air presque pur de la ville, nettement plus pur que celui que l’on respirait dans le métro en tout cas. Les yeux habitués à l'éclairage tamisé du métro, la lumière vive de l'extérieur me brûlait la rétine, exigeant une pause pour s'ajuster. La lumière de l’extérieur nous brûla les yeux et nous nous arrêtions quelques secondes pour revoir à nouveau. Nous repartions alors en direction du quartier de l’université.

Oui, un quartier. Pour un petit jeune de Danbury, c’était un émerveillement de découvrir un quartier entier comme lieu d’études. C’était un fait une petite ville dans la ville. L’endroit reflétait le savoir avec de nombreux bâtiments spécialisés dans différentes branches et avec chacune des particularités architecturales révélant le savoir enfoui en son sein. Il ne fallait pas le nier, on était minuscules et encore vide de tout savoir. On ne demandait qu’à apprendre et ce lieu ne demandait qu’à nous instruire.

La population avait aussi évolué en quelques rues. On était passé d’hommes d’affaires, de parents, de vieux hommes et de vieilles femmes à des groupes de jeunes ayant pour la plupart la vingtaine. Si les styles vestimentaires étaient variés, on retrouvait un point commun à tous ces individus présents : le sac. Que ce soit un sac à main, à bandoulière ou à dos, chacun des membres de cette troupe possédait cet outil indispensable pour exécuter la tâche la plus importante de leur vie de jeunes : s’instruire.

J’en faisais partie tout comme Adam qui se trouvait à ma gauche. On regardait avec curiosité le bâtiment qui se trouvait devant nous. C’était un immeuble de 10 étages en briques vieillis par le temps. Il était clairement d’une autre époque, on le sentait, mais il avait une certaine forme de noblesse. La forme de l’architecture, les matériaux utilisés lui donnait une forme titanesque, un lieu de pouvoir et de savoir. Son âge avait autant d’importance que la nôtre. Il était vieux et noble, on était jeunes et candides. On ne demandait qu’à apprendre et lui qu’à nous instruire. Deux portes gigantesques ornées d’enluminures se trouvaient en son centre. Au-dessus, on pouvait y lire : New-York University gravé dans la pierre. On restait là, émerveillé, nous, petits jeunes de Danbury devant le colosse de savoir érigé en plein milieu de la ville.

Au bout de quelques minutes de béatitudes, on entendit au loin une voix familière. C’était Gwen qui accourrait pour nous rejoindre.

— Qu’est-ce qu’elle fait là ?

— Je l’ai prévenu que l’on commençait aujourd’hui et elle s’est proposé de nous rejoindre afin de passer la journée avec nous.

Je n’aimais pas spécialement les surprises surtout lorsqu’elle venait contrarier mon planning. Mais finalement, Gwen était une fille attachante et il s’avéra qu’elle connaissait parfaitement les lieux. Elle nous raconta même quelques anecdotes concernant le parc, les différents bâtiments ou même quelques personnes qu’elle avait pu rencontrer durant ses études. C’était finalement passionnant.

— C’est l’heure de se rendre à la réunion d’informations, dit-elle après une petite demi-heure à marcher dans l’université.

— Ça marche, dit Adam.

— Merci beaucoup, dis-je.

— À plus tard, les garçons, dit Gwen.

La première journée d'instruction fut un tourbillon d'informations et d'activités, épuisante mais profondément enrichissante. On était directement plongé dans le grand bain. On n’avait pas le temps de respirer puisque nous devions immédiatement choisir nos cours, découvrir les différents amphithéâtres, récupérer nos plannings… Bref, une journée chargée et ce n’était finalement que les prémices de ma vie d’étudiant. Je pensais déjà à mon lit, mon plat réchauffé et mon livre pour m’endormir. À peine avions-nous franchi le seuil de l'appartement que l'interphone retentissait déjà, promesse d'une nouvelle interruption ou d'une surprise. Adam ouvrit la fenêtre puis appuya sur le bouton de l’interphone sans un mot, mais avec une excitation qui ne me plaisait guère.

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