Chapitre 20 : Victor "Un ange."

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J'ai dû m'assoupir. Quand j'ouvre les yeux, je découvre le parc avec un nouveau visage. Les enfants ont envahi l'espace qui leur est dédié. Ils se chahutent, se bousculent et rient à gorge déployée. Cette douce farandole me charme. Je n'ai qu'une envie, me joindre à eux. Courir dans le sable et plonger mes mains pour construire un château où je dissimulerai mes plus grands secrets. Je m'imagine dévalant le toboggan, levant les bras au ciel essayant de saisir les moutons qui paissent dans ce champ d'azur. Comment ne pas être tenté par la balançoire ? Je poserai mes fesses sur le siège en bois et m'envolerai. Qui sait, je deviendrai une étoile du berger illuminant les cieux.

Un papillon s'ajoute à la féérie d'ensemble, il virevolte, le coquin s'amuse à me tenter. J'adore cet insecte majestueux, fin et délicat. Je voudrais l'effleurer du bout des doigts. Cet être fragile a enfilé son manteau de soie. Sa vie est éphémère, pourtant à nos yeux il offre tant de beauté. Il semble attiré par les coquelicots qui valsent au vent et m'abandonne aussi. Comme lui, elle est partie ? Mais pourquoi ? Je l'aimais tant, elle me comprenait et m'acceptait tel que je suis. Je balaye du regard l'espace dans lequel je me suis réfugié, inspire lentement l'air frais empli d'un parfum de miel dont je me nourris. Puis, je souffle pour me redonner un peu de contenance, expulsant toutes mes pensées douloureuses.

Une petite voix m'appelle, d'où peut-elle venir ? Sans faire de bruit, se tenant droite, face à moi, dans une jolie robe bleue marine parsemée de petites fleurs blanches, une enfant me sourit. Suis-je en train de rêver ? Une apparition ou simplement mon imagination me joue des tours. L'insolation a-t-elle laissé des traces ?

- Tu peux me donner la balle qui est venue se cacher sous tes jambes, me dit-elle.

Je passe mes mains dans l'herbe et saisis le petit bout de mousse qui me chatouille.

- Tu as l'air triste, quelqu'un t'a fait de la peine, me demande-t-elle tout en attrapant la boule orange que je lui tends.

Ces paroles m'interpellent et font tomber le masque derrière lequel je me suis dissimulé.

- Tu sais, quand je suis malheureuse, maman me dit que mes larmes lavent mon chagrin. Ensuite elle me prend dans ses bras pour un gros câlin. Si tu veux, je peux t'en faire un.

Je la regarde stupéfait, je ne comprends pas. Un ange vient de se déposer à mes côtés. Elle ne me connaît pas et pourtant elle m'a percé à jour. Suis-je si prévisible ? Sur mon visage se dessine ce que mon cœur cache. Pas le temps de réaliser ce qui se passe, que la jolie brunette se jette sur mes genoux, ses deux bras serrent mon cou. Son corps fragile se blottit contre mon torse. Il diffuse la même chaleur que lorsque mamie me consolait. Sans savoir pourquoi, tout mon être se détend.

- Je m'appelle Candy et toi ? Tu as les mêmes yeux que mon papa.
- Victor. Il a de la chance d'avoir une fille aussi gentille que toi.

Son regard se perle à son tour, je perçois un voile de tristesse. Ai-je dit une bêtise ? Ai-je été maladroit ? Je sens ses mains trembler dans les miennes, son sourire semble tout à coup s'effacer. Je suis désemparé, hésite et ne peux résister à mon tour de lui rendre le câlin qu'elle m'a offert avec tant de spontanéité. Elle sanglote dans mes bras. Nous restons blottis quelques secondes quand une nouvelle voix résonne :

- Candy, n'importune pas ce jeune homme.

En entendant ces quelques mots, la princesse qui a trouvé refuge dans mes bras, se jette dans ceux de la femme apparue dans le silence. Point de doute, c'est sa mère. Les mêmes boucles brunes se déversent sur ses épaules et de magnifiques yeux bleus illuminent son visage.

- Pardon, elle peut parfois se montrer trop expressive. Sûrement par ma faute.
- Ne vous inquiétez pas, nous nous consolons, nous en avions sûrement besoin.

La jeune femme pose sur moi un sourire bienveillant, elle semble aussi me percer à jour. Comment peuvent-elles faire ? Je n'ai rien dit de particulier. Autour de nous, le parc retrouve sa quiétude, les enfants rejoignent leurs parents et quittent le lieu, en marche organisée. Les mamans poussent les landaus, les papas portent les glacières et les enfants courent dans tous les sens. Ils ont cette énergie débordante que seule la fatigue terrassera au petit soir.

Je sens une main se glisser dans la mienne, et j'entends sa petite voix me dire :

- Il est à toi le vélo ? Tu vas où comme ça ?
- Découvrir le monde et ce qu'il peut m'offrir.
- Tu dors où ?
- Là où le vent me porte.
- Et ce soir, il va te poser où ?
- Bonne question, je n'y ai pas réfléchi.

La demoiselle se tourne vers sa maman, elle s'agenouille pour être à sa hauteur. Elles échangent quelques mots et leurs sourires rayonnent sur leur visage. Je souris à mon tour.

- Allez c'est décidé, maman est d'accord.

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