Retour au château de glace

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Ce n'est qu'à la tombée de la nuit que nous posons pied à terre. Nous remercions les marins de leur aide et prenons la direction du château de glace. Nous traversons la ville portuaire et nous retrouvons en pleine campagne.

Le paysage est tout blanc car nous sommes encore en plein hiver au royaume de l'eau. Éoline et moi avons revêtu nos capes doublées de fourrure pour nous protéger du froid. La jeune femme s'arrête au pied d'un arbre et déclare :

- Nous devrions passer la nuit ici, Oriane.

- Pourquoi ?

- La journée a été éprouvante. Adler est encore épuisé, sans compter que les aigles ne sont pas faits pour les vols nocturnes. Ils ont l'habitude de retourner dans leur nid à la tombée de la nuit. Reposons-nous bien et demain, notre fidèle compagnon nous emmènera d'une traite jusqu'au château de glace.

- D'accord, accepté-je en soupirant.

Éoline se laisse tomber dans la neige. Ses longues boucles blanches se fondent dans la douce matière froide. Je m'allonge à ses côtés. Adler s'installe tout près de nous. Nous contemplons le ciel étoilé qui s'étend au-dessus de nous. Il brille de mille feux, c'est juste magnifique ! J'entends la voix de mon amie murmurer :

- Te souviens-tu lorsque je venais te rendre visite dans notre enfance et que nous nous allongions tous les soirs dans les jardins du palais pour observer les étoiles ?

- Oui. Tu me nommais chaque constellation et j'étais fascinée par ton savoir.

- Tu les connais toutes, maintenant, toi aussi.

- On s'amusait drôlement bien. J'attendais toutes tes visites avec impatience.

- Oui, moi aussi j'avais hâte de te revoir à chaque fois, mais je suis devenue la gardienne de la cité de l'air et depuis, j'ai peu de temps libre.

- Je suis heureuse qu'on ait enfin pu se retrouver.

- Dommage que ce soit dans de si tristes circonstances.

- Je suis désolée . . . Je vais tout arranger et je te promets que la prochaine fois qu'on se reverra, ce sera dans un moment de bonheur.

- Ne t'excuse pas, me dit-elle en tournant la tête vers moi, souriante. Je suis heureuse de pouvoir t'aider.

- Merci, Éoline. Tu es vraiment ma meilleure amie ! Je ne sais pas ce qu'aurai fait sans toi . . .

- Je suis là alors n'y pense pas, me rassure-t-elle en prenant ma main dans la sienne.

- D'accord, murmuré-je en fermant les yeux.

Je sens l'aile d'Adler se poser sur nous pour nous pour nous protéger du froid. Je la caresse du bout des doigts pour l'en remercier. C'est vraiment un bon aigle.

Le lendemain, nous nous réveillons à l'aube. Le soleil se lève à l'horizon, teintant le ciel d'orangé. Je me redresse et m'étire longuement. Ce n'est vraiment pas confortable de dormir à même le sol. Heureusement qu'Adler était là pour nous tenir au chaud, c'est déjà cela.

Nous grimpons sur le dos de l'immense oiseau, qui déploie aussitôt ses ailes et prend son envol. Nous passons au-dessus de nombreuses villes et villages, survolons des forêts et des lacs aux dimensions impressionnantes, mais d'en haut, tout semble insignifiant et, pourtant, cela ne diminue en rien leur beauté. Le paysage est au contraire d'autant plus charmant.

Adler file à toute vitesse entre les nuages, guidé par la jeune gardienne de la cité de l'air. De mon côté, je serre le coffret en bronze contre moi, en priant de toutes mes forces pour que l'on arrive à temps car il ne nous reste plus que trois jours pour sauver le roi de l'eau Kaï.

Nous arrivons au château à la tombée de la nuit. Le majestueux aigle se pose sur mon balcon et je descends de son dos pour me précipiter à l'intérieur, suivie de près par Éoline. Nous traversons mes appartements, les couloirs et arrivons dans l'antichambre où se tiennent quelques courtisans et courtisanes souhaitant avoir des nouvelles de leur roi. Madame Delaigue et sa fille sont là aussi. En me remarquant, Ondine s'exclame :

- Votre Majesté ! Vous êtes de retour !

Je ne lui prête pas attention, trop pressée pour discuter. J'ouvre les portes de glace et traverse les appartements de mon époux jusqu'à sa chambre à coucher. Les médecins sont autour de lui, tentant de soulager sa douleur, en vain. Je me penche sur le corps de Kaï et pose une main sur son front. Il est brûlant ! Le pauvre gémit et se tord de douleur. Je lui dis d'une voix douce, afin de le raussurer :

- Calmez-vous, je suis de retour. Je vous ai apporté de quoi guérir.

J'ouvre le coffret en bronze et en sors le charbon de Gaïa. Mon amie Éoline approche et attrape le menton du jeune roi pour lui ouvrir la bouche. J'y glisse la petite boule noire. La jeune gardienne de la cité de l'air attrape ensuite en verre d'eau qui trône sur la table de chevet en argent et en fait boire le contenu au malade, en lui ordonnant d'une voix ferme, mais douce :

- Avalez, Kaï.

Ce dernier obéit. La jeune femme aux yeux bleus repose sa tête sur l'oreiller. Je prends la main de mon époux pour lui apporter soutien et réconfort. Il se passe quelques secondes avant que le roi de l'eau ne se redresse brusquement et se mette à tousser fort, nous faisant tous sursauter. Je pose une main sur son dos, ne sachant pas quoi faire d'autre. Il finit par recracher le charbon de Gaïa, qui tombe sur le sol, consummé par une flamme ardente. La jeune gardienne de la cité de l'air se dépêche de se servir de son don pour éteindre le feu en lui envoyant un puissant courant d'air. Elle ramasse ensuite le charbon et le remet dans son coffret.

De son côté, Kaï se laisse retomber dans mes bras. Il cligne des yeux et son regard se pose sur moi. Je l'entends murmurer faiblement mon nom :

- Oriane . . .

- Je suis là, dis-je en prenant sa main dans la mienne. C'est fini, maintenant.

Il ferme les yeux, visiblement apaisé. Je le rallonge dans son lit pour qu'il puisse se reposer. C'est alors que mon amie me murmure, sur un ton à la fois grave et inquiet :

- Le roi de l'eau est certes hors de danger, mais ce n'est pas encore fini, loin de là . . .

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