Une heureuse nouvelle

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J'entends la voix familière de ma femme de chambre m'appeler :

- Votre Majesté ! Votre Majesté, il est l'heure de vous lever !

J'ouvre les yeux. Les rideaux de mon lit sont déjà tirés et les rayons du soleil innondent ma chambre, venant m'éblouir au passage. Je cligne des yeux et me redresse lentement. Je ne me sens pas vraiment bien, ce matin. J'ai une horrible envie de vomir, mais je ne sens rien monter. Serais-je malade ? Je n'ai pourtant pas mangé plus qu'à l'accoutumée, hier soir.

Je repousse les draps et pose mes pieds sur le doux tapis bleu brodé de fils d'argent qui couvre le sol de ma chambre à coucher. Je me dirige ensuite vers la salle de bain pour me faire laver, puis dans ma garde-robe où mes femmes de chambre m'habillent d'une robe en soie bleu clair, révélant mes épaules blanches, aux manches courtes et amples. Des bas blancs viennent couvrir mes jambes et mes pieds sont chaussés d'escarpins en argent.

Je m'installe ensuite à ma coiffeuse et les domestiques se chargent de peigner ma longue chevelure rousse, avant de l'attacher en un chignon afin de protéger ma nuque de la chaleur. Elles ornent mes cheveux de perles blanches et posent un diadème en argent, incrusté de lapis-lazulis, sur ma tête.

Elles passent ensuite au maquillage. Un rouge à lèvres d'un rose clair, un léger blush de la même couleur et du mascara. Elles m'appliquent aussi du fard à paupières bleu clair, accordé à ma tenue.

Il ne leur reste plus qu'à s'occuper des bijoux : des bracelets en argent incrustés de perles, des boucles d'oreilles parfaitement assorties et un collier du même métal précieux, mais aux pendantifs taillés dans du lapi-lazuli. Les bagues en argent sont incrustées de deux perles précieuses à la fois.

Une fois cette toilette terminée, je me rends dans mon salon, où m'attendent déjà ma dame d'honneur et sa fille, comme à leur habitude. Elles me font la révérence en me saluant :

- Bonjour, Votre Majesté.

- Bonjour, leur répondé-je avec un petit sourire.

Je m'installe sur le canapé. Elles prennent place sur les fauteuils qui me font face. Une femme de chambre arrive alors avec le plateau en argent contenant mon petit déjeuner, mais je n'y touche pas. Pour une raison que j'ignore, je n'ai aucune envie de manger.

Madame Delaigue, remarquant que je ne touche pas à mon repas, me demande, en agitant son éventail en plumes de cygne :

- Est-ce que tout va bien, Votre Majesté ?

- Oui, je vais bien, pourquoi ?

- Vous ne semblez pas dans votre assiette, si vous me permettez l'expression . . .

- Je n'ai juste pas d'appétit, ce matin, c'est tout.

- Seriez-vous souffrante ? me demande Ondine, sur un ton inquiet.

- Non, je vais bien. Je n'ai juste pas envie de manger, ce n'est pas la fin du monde ! Je propose d'ailleurs de commencer les audiences un peu plus tôt puisque j'ai du temps libre devant moi.

- C'est une bonne idée, confirme ma dame d'honneur. Cela vous permettra de recevoir plus de courtisans.

Nous nous levons et nous rendons dans mon boudoir, où se déroulent toutes les audiences. Quelques minutes plus tard, le premier courtisan fait son entrée. Je le reçois avec courtoisie, comme à mon habitude, et écoute attentivement sa requête, mais la sensation de nausée ne disparait pas. Je prends de grandes inspirations pour tenter de la faire partir, mais rien à faire : elle persiste.

Je parviens heureusement à n'en rien laisser paraitre et la matinée se passe bien. Une fois la dernière courtisane partie, je me lève et me dirige vers la salle à manger pour y retrouver mon époux, comme à l'ordinaire. En y entrant, je constate qu'il n'y est pas encore. Je m'installe tranquillement sur ma chaise, en me disant qu'il ne tardera pas à arriver et c'est effectivement le cas. Il fait son entrée quelques minutes plus tard et s'excuse aussitôt de son retard :

- Je vous prie de m'excuser, ma chère. Avec le conflit qui est en cours, les séances au Conseil durent plus longtemps que prévu.

- Ce n'est rien, le rassuré-je en souriant. Je comprends parfaitement.

Il prend place en face de moi et le domestique chargé du service apporte les plats. Entre les salades et les fruits se trouve une assiette de poisson. Son odeur parvient jusqu'à mes narines et me semble encore plus forte que d'habitude. Elle me provoque un haut-le-coeur que je ne peux réprimer. Je plaque mes mains sur ma bouche et me précipite en direction des latrines où je rejette le repas de la veille.

C'est si désagréable ! Je ne me suis jamais sentie aussi malade de toute ma vie !

Je sens une main se poser sur mon dos et une voix me demander doucement :

- Est-ce que ça va ?

Je me retourne pour faire face au roi de l'eau et lui dis :

- Oui, ça va. Je n'ai juste pas supporté l'odeur du poisson.

- Il ne sent pourtant pas si fort, remarque-t-il, étonné.

- Vous trouvez ? Je pense au contraire qu'il sent bien plus fort que d'habitude.

- Ce n'est pas le cas, affirme-t-il en secouant la tête.

Je ne réponds rien. Je trouve cela vraiment étrange . . . Mon époux ajoute :

- Nous devrions peut-être faire venir un médecin.

- Non, ce n'est pas la peine. Je suis sûre que cela va passer.

- J'insiste. Je ne voudrais pas que nous sous-estimons quelque chose qui pourrait s'avérer grave par la suite.

Je pousse un soupir, comprenant à son regard ferme et déterminé que je ne pourrai pas lui faire changer d'avis.

Le médecin arrive dans l'après-midi. Il commence par examiner les battements de mon coeur, mon pouls et l'intérieur de ma bouche et de mes oreilles. Il me demande ensuite :

- Depuis combien de temps vous sentez-vous nauséeuse ?

- Cela a commencé ce matin-même. Je n'ai plus d'appétit et je ne supporte plus certaines odeurs qui m'étaient pourtant tout à fait normales habituellement.

- Je vois . . . Est-ce que vos lunes sont en retard ?

- Oui, elles auraient dû commencer il y a plusieurs jours, mais toujours rien.

- Je crois savoir, mais pour donner un diagnostic fiable, il faut procéder à un test urinaire.

Je fournis au médecin ce dont il a besoin. Il revient quelques minutes plus tard et déclare :

- Il n'y a plus aucun doute, Votre Majesté. Vous portez en vous le futur souverain de ce royaume.

Mes yeux s'écarquillent à l'entente de cette nouvelle. Pendant un instant, je me demande si j'ai bien entendu.

Le médecin range ses affaires et s'apprête à quitter mes appartements, mais je le retiens pour lui dire :

- Surtout, n'en dites rien à personne. Je veux être celle qui annoncera cette heureuse nouvelle au roi.

Il hoche la tête, s'incline pour me saluer, puis quitte la salle.

Un large sourire se dessine sur mon visage. C'est sans aucun doute la plus belle annonce que l'on ai pu me faire de toute ma vie ! Je pose une main sur mon ventre et le caresse délicatement, comme si mon enfant pouvait sentir ce contact à travers le tissu de ma peau, puis je lui murmure :

- Allons vite annoncer la bonne nouvelle à ton père . . .

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