Chapitre XXXV (2/2)

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(Lumi) « - Tu ne dors pas ? Je croyais que tu étais fatigué.

(Orcinus) - Oui, mais non, tu vois.

- …

- J’attends une jeune fille qui m’avait dit qu’elle reviendrait.

- Elle est revenue, figure-toi… Mais tu étais parti.

- Je sais. Je suis désolé. Je… Je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Ma grand-mère m’a raconté n’importe quoi, apparemment.

- Elle veut t’éloigner de moi.

- Quoi ? Mais non ! Tout ça n’a rien à voir avec toi.

- Bien sûr que si. Elle ne veut pas que Rotu te blesse en me pourchassant, moi. Elle a voulu convaincre le Grand Conseil de me déplacer sur un autre bateau, et comme elle n’a pas réussi, elle t’a fait partir, toi.

- Lumi, je n’ai pas très envie de parler d’elle… Mais il faut que tu saches que ma grand-mère n’a pas toujours raison. Et que je ne l’écoute pas toujours.

- Alors qui écoutes-tu ?

- Les jolies blondes qui apprivoisent les grands prédateurs.

- Tiens ! Encore quelque chose que tu dois certainement à Muraena !

- Quoi donc ?

- Ton prénom.

- Ah ! Non, j’imagine que c’est un choix de mes parents. Tu ne l’aimes pas ?

- Si. Mais il est un peu effrayant.

- Même en-dehors de cette merveilleuse chambre sous-marine ? Une fois hors de l’eau, l’orque fait un peu moins peur, non ?

- Hmmm… Je ne sais pas. Est-ce que les orques chassent souvent ?

- Pas tant que ça. L’orque choisit sa proie, et s’y tient.

- Aïe… Alors il n’y a aucune chance de s’échapper ?

- Si. Il suffit de le vouloir.

- …

- Imaginons que le prédateur veuille rassurer sa proie. Comment faudrait-il s’y prendre ?

- Je ne sais pas trop… Peut-être que s’il était encore blessé ?

(Il fit soudainement semblant d’avoir mal partout, visage crispé, gestes saccadés, jambe raide).

- Comme ça ?

- Pas mal ! Homme de théâtre, comme tu le disais l’autre jour…

- …

(Je m’approchai doucement de lui.)

- J’ai cru que tu étais parti exprès.

- Exprès ?

- Oui. Loin de moi.

- Quelle idée ! Pourquoi aurais-je fait cela ?

(Je me sentis rougir sous la lumière tremblotante de la bougie.)

- Oh, peut-être qu’après avoir été amoureux de la capitaine, puis de sa seconde officière, tu t’es dit qu’embrasser une simple cheffe de tiers, ce n’était pas très intéressant.

- Tu te trompes.

- …

- Et tu devrais arrêter de me prendre pour un Dom Juan. Je n’étais jamais vraiment sorti de ce bateau avant les péripéties de ces dernières semaines. Alors que toi… Passer de l’héritier d’un royaume à un pauvre type qui se fait enlever par sa propre grand-mère, c’est assez triste.

- Mais tu as déjà été amoureux… Alors que moi, jamais.

- Tu as bien dû t’émouvoir un peu devant les beaux yeux de quelque chevalier, non ? Lumi, quand je rêvais de Rutila, je n’étais qu’un gamin. Et quand je fréquentais Ventura, un adolescent maladroit. Tu vois, il me reste une immense marge de progression.

- …

- D’ailleurs, à propos de progression…

- Oui ?

- Où en étais-tu dans tes propres explorations ? »

Il tapota le bord du lit, juste à côté de lui, et je vins m’asseoir. Mon cœur battait comme un boulet de canon, mais je m’accrochai au sourire d’Orcinus pour ne pas partir en courant. Il attrapa ma main, la serra dans la sienne, puis la posa sur son bras. Je souris (d’un air certainement niais) sans oser le regarder dans les yeux. Mais j’entrepris de l’explorer, comme il le disait lui-même, du bout des doigts. Je passai de son bras à son torse, de son torse à son ventre, de son ventre à sa hanche, de sa hanche à son épaule.

Comme la fois précédente, il resta immobile et je sentis sous mes doigts la tension de ses muscles et l’accélération de sa respiration. Sa main caressa la mienne avant de remonter le long de mon bras, jusqu'à ma nuque. Au fur et à mesure, j’accompagnai son geste de tout mon corps et je me penchai vers lui, de plus en plus près, jusqu’à ce que nos visages se frôlent. Alors je le regardai enfin, droit dans les yeux, ils avaient une lumière à la fois douce et affamée ! Et je l’embrassai, délicatement d’abord, puis plus fort.

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