Chapitre XXXIX (1/2)

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Le lendemain matin, après avoir allumé une chandelle et dûment vérifié la hauteur du soleil à travers les sabords pour ne pas risquer d’être de nouveau en retard, j’échafaudai une stratégie un peu fourbe tandis qu’Orcinus dormait du sommeil du juste ou du convalescent.

Lorsqu’il commença à remuer un peu, collé à moi comme du goudron sur un bout d’amarrage, j’entrepris de me glisser sur lui, bloquant ses hanches de tout mon poids, et de lui attraper les mains avec les miennes. Je voulais l’entraver pour lui retirer son bandeau en douce… Mais j’avais oublié qu’il était beaucoup plus fort que moi ! Il ne lui fallut que quelques secondes pour se libérer (et se moquer de moi). Je tentai alors une autre approche, tandis qu’il tendait déjà le bras vers son produit magique posé près de la paillasse.

« - S’il te plaît, Orcinus, laisse-moi te voir.

- Je suis sous ton nez, tu ne me vois donc pas ?

- Non. Pas entièrement.

- Qu’est-ce que tu racontes ?

- Je voudrais voir tes yeux. Les vrais.

- Ah ! C’est donc pour ça que tu as essayé de me séquestrer à l’instant ? Alors que j’étais endormi et sans défense ?

- Tu ne dormais plus et tes défenses semblent tout à fait fonctionnelles ! Mais oui, c'était pour ça. Laisse-moi juste te regarder.

- Bon. Juste une minute, alors, parce que si quelqu’un entre…

- Personne ne vient jamais à cette heure-ci !

- On ne sait jamais ! Mais tiens, puisque c’est si important pour toi.

(Il ôta son bandeau et accrocha son regard au mien.)

- Tu n’as pas l’air plus Lointain que moi, comme ça.

- …

- Quelle couleur extraordinaire ! Presque surnaturelle.

- Je te plais moins, comme ça ?

- Non… D’ailleurs, qui t’a dit que tu me plaisais ?

(Il sourit.)

- …

- Tu ne me plais pas moins, Orci. Mais j’avoue que ça fait bizarre ! C’est comme si tu étais soudainement quelqu’un d’autre.

- …

- On dirait deux gouttes de miel. Deux billes de d’abricot. Ou deux perles d’ambre… Eh ! Des yeux d’ambre ! Comme dans la légende ! Tu es le prince de la légende !

- Quoi ? Lumi, reviens sur Terre, je ne suis pas prince et les légendes, ce n’est pas la réalité.

- Mais si ! D’ailleurs, la servante venait du désert, comme Muraena. Et elle a disparu avec le prince !

- Oui, bon… C’est juste une histoire.

- Je suis sûre que non. D’ailleurs, à Héliopolis, ce n’est pas considéré comme une histoire, mais comme l’Histoire. Avec un grand H.

- Lumi, tu as juste croisé une vieille dame un peu sénile qui t’a dit ce que tu avais envie d’entendre, c’est tout !

- Non. Tu n’as pas une goutte de sang Lointain. Et si Muraena t’a obligé à mettre ce produit bizarre, c’était pour accréditer ses mensonges.

- C’était pour qu’on ne m’ennuie pas à l’école. Qu’on ne me fasse pas sentir que je n’étais pas chez moi ici… Écoute, je t’accorde que mes yeux ont une couleur bizarre. Mais cela s’explique facilement ! Si on mélange le regard ébène de ma grand-mère et les yeux marine des Lointains, on obtient cette drôle de teinte.

- Une teinte qui pourrait tout aussi bien être née du mariage d’un Champarfaitois et d’une Héliopola.

- Quelle tête-de-mule… Tu es en train de m’inventer toute une généalogie, juste à cause de la couleur de mes yeux. C’est ridicule.

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