Chapitre 2 : Le passage orné de fleurs
Cela faisait maintenant plusieurs jours que le jeune garçon s'était perdu dans la forêt profonde. Mourant de faim et de soif, marchant difficilement à travers les arbustes et les branchages, son cœur rempli de colère, il s'en voulait pour la mort de sa famille. Il pensait qu'il aurait dû courir plus vite ou ne pas être allé pêcher ce jour-là. Seuls la haine et le désespoir étaient arrivés à le maintenir en vie jusque-là.
Il finit par s'écrouler de fatigue, allongé sur un parterre de fleurs blanches, entre de mystérieux arbres, le ciel était d'un beau bleu ; un bleu profond qui rendait ses paupières tellement lourdes que la fatigue pesante, fit rendre au jeune garçon son dernier souffle de vie, avant qu'il ne s'éteigne dans l'obscurité.
Les abîmes entouraient déjà l'enfant, en ces lieux, il ne ressentait plus rien, sa peine était partie avec la colère et le remords. Il n'avait plus la force de lutter, mais, avant de s'abandonner complètement aux ténèbres, des bruits étranges émergèrent de nulle part. Des bruits de chants indescriptibles, d'instruments à vent et en bois, une musique qui semblait irréelle, mélangeant bourdonnements, vrombissements, craquettements d'insectes et musiques tribales des temps anciens.
Cette étrange symphonie lui donna encore un peu de force pour tenir et, en ouvrant les yeux, il vit que les musiciens étaient de petits êtres faits de feuilles et de brindilles. Le jeune garçon ne remarqua pas que ces esprits le soulevaient et l'emmenaient quelque part. La musique lui permit de rester en éveil et en observant plus attentivement, il put voir que les instruments de l'orchestre miniature étaient composés de coquillages, de branches bien taillées, de feuilles sifflantes, de mues d'insectes, de fils de soie ou de toiles d'araignée.
Les petits êtres jouaient parfaitement dans une harmonie simple et naturelle. Ils portaient le jeune garçon à travers des lieux inconnus sans influence humaine. Ils finirent par traverser une cascade de fleurs gardée par un puissant dragon vert aux ailes de papillon. Derrière la cascade, se tenait un lieu magnifique, une forêt dense, sans haut ni bas, sans gauche ni droite, rien n'avait de sens, les fleurs et les insectes étaient géants, les arbres et les collines étaient minuscules, des ruines servaient de nids à des oiseaux inconnus, les rivières et les cascades s'écoulaient à l'envers ou ruisselaient dans les airs sans appui terrestre, les poissons volaient et les oiseaux nageaient dans une mer d'incohérence magnifique.
Le garçon fut ainsi déposé au pied d'une immense statue, faite de pierres et de terre recouverte par toute sorte de végétation. Elle représentait un grand singe, assis, qui semblait méditer profondément. En levant la tête, le garçon observa le bosquet où il se trouvait. Il était entouré par différentes ethnies de vieux singes qui, eux aussi semblaient méditer. Ils ne prêtaient pas trop attention au jeune enfant qui se trouvait sous leurs yeux, mais, tout de même, un des vieux singes prit le fruit d'un grand arbre et le donna à l'enfant avant de repartir méditer sur son rocher. Celui-ci s'empressa de dévorer le fruit, le mangea goulûment, il n'avait jamais rien dégusté d'aussi bon. Le fruit étancha sa faim et sa soif, alors le garçon finit par s'endormir sur les herbes fraîches du bosquet.
Annotations
Versions