Chapitre 3 : Le Gardien

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En se réveillant après une longue et reposante sieste, le jeune garçon pensait qu'il était mort et qu'il était arrivé dans un paradis inconnu. Les lieux n'avaient pas changé, toujours aussi féeriques et irréels, la statue de pierre restait là, endormie, et les vieux singes méditaient, toujours assis sur leur rocher. 

Malgré tout ce qui lui était arrivé, le jeune garçon n'avait pas peur, il ne paniquait pas, son environnement faisait qu'il se sentait bien, l'air frais et pur le rassurait, les arbres et les fleurs l'apaisaient. Mais, en son for intérieur, il sentait toujours la haine dans son cœur, une haine atténuée car cet endroit magnifique et incroyable permettait de la contenir. 

Et alors qu'il s'évadait dans ses pensées, il sentit un regard se poser sur lui. Scrutant les alentours, il vit la statue, celle qui jusque-là méditait les yeux fermés, elle l'observait de ses deux gros yeux d'ambre. Brusquement, dans un grondement, la statue se mit à bouger en déplaçant fougères, rochers et mottes de terre. 

Le garçon recula par réflexe, surpris par la statue qui se déplaçait comme un gorille. Le grand singe s'assit en soulevant la terre autour de lui et dit :

- Fils, enfant humain, n'aie pas peur de moi ni du Jardin, pose questions et moi y répondre. Sur ces dire, il attendit en se grattant le ventre, laissant le temps au petit garçon de répondre :

- Qui êtes-vous ?

- Je suis premier fils de Mère Terre, gardien des choses et des êtres, maître de l'évolution et de la régression, je suis celui qui donne et qui reprend, je suis le cycle et son ouvrier, rétorqua le grand singe végétal.

- Quel est votre nom ?

- Plusieurs noms, mais aucun compréhensible pour toi, dans ta langue « premier fils » ou

« enfant premier de la terre ».

- Où sommes-nous ?

- Dans mon Jardin, là où mes enfants reviennent pour tranquillité et paix, pour faire partie du cycle, pour rester toujours ou disparaître à jamais, et renouer lien avec Mère Terre.

Malgré la taille imposante du colosse de pierre, le jeune garçon se sentait rassuré, il ne lui inspirait ni peur ni dégoût, juste un calme infini. Mais cela restait tout de même assez étrange pour le jeune garçon qui voulait en savoir plus :

- Êtes-vous un dieu ?

- Si tu y crois, oui, répondit le grand singe

- Suis-je mort ?

- Oui, plus tard, non, maintenant.

- Et pourquoi suis-je ici ?

Le gardien gorille posa sa main sur la terre et dit :

- La terre se meurt, le cycle va mal, trop de mort, espèce humaine détruire la terre et rompre le cycle, tenter d'arrêter, envoyer misère s'abattre sur eux, environnement se battre, animaux se défendre, maladie naître pour les stopper, mais humains sourds, rien entendre et rendre Mère Terre triste. Alors j'ai décidé de te recueillir, pour que tu rendes la raison à ton espèce et enfin respecter la Mère Terre. Tu te battras, tel le fauve pour protéger la terre et arrêter la folie humaine.

- Mais pourquoi moi ?

- Toi, enfant humain, qui déteste humains. J'ai senti ta colère et ta tristesse au milieu de la forêt, tel un appel au secours je t'ai fait venir à moi, pour que tu obtiennes la force de changer les choses.

- Oui, je veux être fort pour vaincre mes ennemis et me venger de ceux qui ont attaqué mon village, en les tuant.

- Non, tu ne tueras pas, pas de vengeance. Réparer la terre et le cycle c'est tout.

Dans un accès de colère incontrôlable, que même le Jardin ne pouvait contenir, le jeune garçon cria :

- Mais ils doivent payer, payer pour ce qu'ils ont fait, ce n'est pas juste je veux venger ma famille !

Le grand singe fit un geste pour calmer la rage de l'enfant et lui demanda de l'écouter calmement :

- Injustice, grande peine pour ton village et ton clan, mais le passé ne doit pas entraver le futur. Pour l'instant, ton cœur est rempli de haine et ton esprit embrouillé par la tristesse. Tu vois le monde à travers les yeux d'un humain et non dans sa globalité. Ton village a été détruit et piétiné par des gens mal avisés, mais quand les tiens ont construit ton village, quand ils ont coupé du bois pour leur maison, arraché les plantes du sol et installé des cultures sur de grands territoires pour pouvoir manger, ils ont également détruit un bon nombre de nids et de refuges pour animaux, tuant des familles entières, piétinant des clans vivant autrefois en harmonie avec la terre. Combien d'insectes as-tu écrasés au cours de ta vie car ils te gênaient ? Malgré cela, mes fils et mes filles poursuivent leur vie selon le cycle, le passé est le passé, l'important est le futur.

- Mais c'est différent, dit le jeune garçon fébrilement.

- Et en quoi ta vie est plus précieuse que celle d'une fourmi ? Tous mes enfants sont égaux : humain, cheval, oiseau et insecte, tous, aucun n'est inférieur à l'autre et tout cela je vais te l'apprendre, mon fils enfant humain.

Le garçon s'était calmé et, après réflexion, il se dit que la vie ici devait être agréable :

- D'accord, je veux bien apprendre.

- Bien, qu'il en soit ainsi ! Je t'enseignerai mon fils enfant humain, je t'enseignerai la voie pour restaurer la nature, tu seras mon guerrier, le bras armé de ma colère. Tu apprendras à vivre dans la nature, à utiliser tes sentiments et ta force à ton avantage. Tu enseigneras ensuite ce que tu as appris aux humains, pour les sauver de la destruction qu'ils s'infligent, tu rétabliras le cycle et répareras la terre. Mais maintenant il est tard, le soleil se couche et il faut que tu dormes.

Sur ces mots, la nuit gagnait du terrain et le jeune garçon qui se sentait bien jusqu'à présent bailla, la fatigue le gagnant. Autour de lui l'obscurité dévoilait des êtres phosphorescents, différents types d'animaux et de plantes s'animaient à la nuit tombée, quand certains s'éveillaient, d'autres s'endormaient. 

Le colosse emmena le jeune garçon sous le bosquet aux araignées où elles tissèrent avec leur toile une couchette fort agréable, pour qu'il puisse dormir ; elles accrochèrent un attrape-rêve de leur confection au-dessus du garçon, pour protéger ses rêves et son sommeil durant la nuit.

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