Chapitre 4 : Vie dans le grand Jardin

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Le lendemain matin, le jeune garçon s'éveilla dans le Jardin, bien reposé et en forme. Il était d'attaque pour commencer sa nouvelle vie. Observant son environnement, il restait émerveillé par la nature qui l'entourait, par ces animaux amicaux et joyeux. Il mit un moment à comprendre, mais les êtres du Jardin le saluaient à leur manière, signifiant qu'il était admis de tous. 

Il commença alors à chercher son ami, le gardien des lieux, il retourna à la clairière aux singes, mais le géant avait disparu, seuls se trouvaient les mêmes vieux singes méditant sur leur rocher. Il voulait leur demander de l'aide pour trouver son ami, mais l'idée lui paraissait stupide. Au final il se dit que cet endroit était tout autant absurde et les règles étranges, alors il demanda aux animaux et aux plantes alentour. 

Il comprit, après plusieurs tentatives, que le géant était parti quelque part et qu'il reviendrait sûrement le chercher plus tard dans la journée. Les singes finirent par l'accueillir pour le premier repas, qui était constitué de fruits cueillis sur les arbres, de légumes frais sauvages, d'insectes morts, d'herbes et de racines étranges. Rien n'était cuisiné, ils mangeaient ce que la terre offrait. Plusieurs familles d'animaux se joignirent au repas, des êtres réels, des espèces inconnues et d'autres méconnues. 

Les herbivores mangeaient de l'herbe et les carnivores mangeaient de la viande venue d'un autre lieu. Cela paraissait étrange, mais les carnivores et les herbivores se côtoyaient amicalement, comme si ce lieu les rendait dociles et non agressifs, une cohabitation parfaite avait lieu, tous les êtres du Jardin jouaient, habitaient et communiquaient ensemble. 

Le jeune garçon trouvait cela beau et ironique, car depuis le début, il n'avait vu personne de son espèce, aucun humain ne résidait en ces lieux. Il se disait que les Hommes n'étaient pas assez purs pour ce lieu magnifique. Après un repas copieux et succulent, il décida d'explorer le Jardin ; ce qui devait être une petite promenade se transforma en une grande expédition. 

Il explora le grand Jardin de long en large, celui-ci était constitué de différents biomes qui semblaient être infinis avec tous leurs propres microclimats. La topographie des lieux faisait que les biotiques se succédaient entre eux sans transition, on pouvait passer d'un désert brûlant et aride à une forêt enneigée, froide et hivernale. Dans ces biomes idylliques, on pouvait différencier plusieurs types d'animaux et de végétaux, la faune et la flore étaient différentes d'une écozone à l'autre mais restaient cohérentes par rapport à leurs environnement, mélangeant créatures fantastiques et animaux réels, tout cela accentuait le côté paradisiaque des lieux. 

Il put ainsi explorer pleinement tous les biotiques du Jardin, et rencontrer tout être vivant le peuplant, de jour comme de nuit, car le temps semblait être différent ici, d'un biome a l'autre on changeait entre le soleil de midi et la la lune de minuit, l'aube du matin et le crépuscule du soir. Il ne savait pas depuis combien de temps il explorait le Jardin, des heures, des jours, des mois.

 Malgré cela un seul biome lui restait interdit par les habitants du Jardin. Une écorégion se trouvant au centre du Jardin, une écozone terriblement basique, sans élément féerique. C'était le seul qui semblait normal. Le jeune garçon ne comprenait pas son utilité. Perdu dans ses pensées une voix familière se fit entendre et l'extirpa de son questionnement :

- Zone de chasse, biome où tu t'entraîneras, pour l'instant tu ne peux pas encore y entrer mon fils enfant humain, pas prêt à se battre avec mes féroces autres enfants.

- Gardien, s'écria-t-il, heureux de retrouver son ami, avant de tomber sur la plus grande des surprises. A la place de revoir un immense primate fait de terre et de pierres, le Gardien s'était changé en petit lapin composé de racines et d'herbes folles, il pouvait littéralement tenir dans la paume d'une main.

- Vous êtes un lapin ?

- Oui, parfois je change. Hier j'étais le plus grand des singes, aujourd'hui le plus petit des lapins, et demain je serai la plus vive des carpes dorées.

- D'accord, affirma le jeune garçon, donc du coup, ici c'est la zone de chasse, mais je pensais que cet endroit était parfait et que la violence n'y résidait pas ?

- Pas violence, juste chasse, ici c'est chasser pour se nourrir non par plaisir ou pour sport, la viande ne pousse pas dans les arbres, mon fils enfant humain. Certaines de mes progénitures se nourrissent de mes autres petits, le fort mange le faible et le faible se nourrit de la mort du fort, c'est le cycle et le cycle est important. Vois-tu, mon fils enfant humain, dans la nature, tout est fait selon un plan bien ordonné, dans la Mère Terre poussent les êtres arbres, à eux seuls ils produisent l'air qu'on respire, des abris pour les animaux. Les êtres plantes et fleurs nous permettent de manger. Les êtres mammifères, les insectes et reptiles sont là pour entretenir la terre. Sans les insectes et les êtres de petite taille, les végétaux ne pourraient proliférer et s'étendre sur toute la Terre, sans les herbivores qui mangent les êtres végétaux, la Mère Terre ne serait recouverte que d'herbes et d'arbres. Sans les carnivores et autres prédateurs, les herbivores dévoreraient la moindre parcelle d'herbe et laisseraient mourir la Mère Terre. Puis les animaux se battent et meurent, de vieillesse ou de maladie, dans des combats ou des accidents, cela est fait pour réguler les espèces entre elles, le cycle fonctionne sur un équilibre parfait et il suffit d'enlever un élément pour que tout s'écroule.

- Et la place des humains ?

- Vous faites partie du cycle, car comme tous les autres, vous naissez, vous mourez, vous mangez, vous n'êtes pas immortels et quoi qu'il arrive vous finirez par retourner à la Mère Terre.

- D'accord, je comprends. J'ai une autre question, Gardien : dans le Jardin, se trouvent tous les êtres vivants du monde et même plus, tu dis également que les Hommes sont aussi des animaux, mais alors pourquoi il n'y a aucun humain ? où est mon espèce ?

Le Gardien mit un temps à répondre, avant de dire :

- Avant ils étaient ici, comme tous mes autres enfants, vivant dans la nature. A leurs débuts ils étaient fragiles, faibles et peu constitués. Ils devaient lutter tous les jours pour survivre, demandant plus d'efforts que mes autres enfants. Alors comme le cycle le voulait, ils ont évolué, devenant plus intelligents, plus forts et ayant l'esprit de groupe. Quand ils avaient froid, ils faisaient du feu, quand la pluie tombait, ils construisaient des nids, quand ils avaient faim, ils cultivaient la terre et élevaient des animaux. Au début, c'était ingénieux, mais ils en voulaient encore plus et toujours plus, ils ont bâti d'immenses constructions incompréhensibles dans le Jardin, déboisant et rasant ce dont ils n'avaient pas besoin. Ils amélioraient leur mode de vie au détriment des autres êtres vivants. Un jour c'en était trop, alors j'ai détruit tous leurs nids leur disant qu'il fallait arrêter pour maintenir l'équilibre, mais à la place de m'écouter, ils sont partis loin du Jardin et ne sont jamais revenus.

- L'Homme ne se soucie que de lui et non des autres, dit le jeune enfant.

- Bien, maintenant je te sens prêt à commencer à vivre, devenir mon guerrier, mon fils, enfant humain.

- Oui je suis prêt.

Alors pendant des lunes et des saisons, le Gardien enseigna au jeune garçon tout son savoir. L'enfant apprit à marcher comme un gorille, à courir tel le félin, à nager comme un poisson, à ramper tel le serpent, à grimper comme un lézard. 

Il apprit à communiquer avec son environnement, à reconnaître et comprendre chaque plante, à survivre à tout climat, n'importe où. Il apprit à parler aux animaux, à chasser avec les loups, à se battre avec les plus féroces carnivores, à griffer, à mordre, à étouffer, à traquer sa proie. 

Il apprit à courir dans les champs, à jouer en groupe, à vivre en meute. Il apprit à se détendre et à rêvasser avec les ours, à profiter des sources chaudes avec les vieux singes et à chanter avec les grues des eaux. Il apprit la bestialité des combats, la philosophie des mammifères et l'art des insectes. Il apprit la nature et son langage.

Son entraînement l'avait rendu fort, grand, résistant et intelligent, le jeune garçon s'était transforméen Homme, un homme pour qui la nature n'avait plus de secret. Il savait tout sur toutes les créatures de la Mère Terre, il était prêt, prêt pour sa mission. Il était devenu guerrier de la nature, l'Homme qui réparera la terre et protégera le cycle.

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