Danse
Et alors que je m’apitoie, que je pleurniche, que je n’y comprends plus rien, mais alors que je me morfonds, que je désespère, que je me questionne sur le pourquoi ma présence ici, et alors que je m’interroge, planté là, sans qu’aucune réponse ne me soit apportée, mais alors que la panique me gagne, et alors, mais alors… On m’embarque dans leur insolite danse.
Mais avant que je n’en vienne à m’enquérir de la suite, et avant que, tel un loup pris dans ce fameux piège du même nom, je ne me sente coincé à jamais en ce monde étrange, mais avant que je ne tourne plus fou encore dans cette douce folie qui déjà s’est imprégnée à travers toutes les spores de ma peau, et avant, mais avant… On m’emmêle dans leur sorte de ronde.
On m’entraîne dans une tourbillonnante spirale, aussitôt je sors de ma torpeur, schunte les multiples questions et suppositions à venir et, plongé dans les eaux fraîches de l'instant présent, me prends à aimer les turbulences insouciantes du moment.
Me voilà, au milieu de tous, du mouvement qu’ils initient, en train de tourner, tournoyer, de perdre tous repères autant temporels que spatiaux. Je suis une toupie bancale que l’On vient d'animer. Autour de moi, des visages, des corps, ces couleurs noire et blanche, des cris, des chants, du son, de l'agitation. Tout se mélange, tout s'imbrique et se sépare, tout se dissocie, tout se fait silence et brouhaha, tout m'enivre et me ballotte, au point que je m'effondre, capitule et que l’On me diagnostique malade addictif de la danse ronde.
Jusqu’à ce que tout s’arrête, ou plus exactement jusqu’à ce que tout se calme et redevienne normal. Si tant est que "normal" puisse ici exister. Sous-entendant que je me retrouve soudainement, encore une fois en un claquement de doigt et sans explication logique, dans une situation qui paraîtrait commune et banale dans d’autres circonstances :
Au centre de la foule, je me retrouve rétabli, lorsque mon remède, qui n'est autre qu’une fille à la bouille joviale, me tire à ses côtés et m’extirpe de ma perdition. Se sent-elle obligée ? Me prend-elle en pitié ? A-t-elle le choix ? Surprenantes ou non, ce sont là les premières questions qui viennent m’enlaidir l'esprit.
En réponse – lit-elle mes pensées ? – un large sourire, amical, charmant, m'accueille avec bonhomie tandis que ses yeux, verts, pétillants, emplis me semble-t-il d’un brin de séduction, m'apportent fébrilité et timidité.
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