Au revoir
Je souffle et, mentalement, me voilà en train d’écarter la foule pour ainsi visualiser une potentielle route vers la sortie. Et ensuite, où vais-je aller ? Je ne le sais, mais j’ai l’absolue sensation que cette aventure touche à sa fin et qu’il est grand de temps de rouvrir, puis franchir, la porte de ma vie.
La vraie.
Je m’y vois ; un sourire se dessine alors sur mes lèvres lorsque je m’imagine m’éveiller dans mon lit, douillet, les yeux encore englués de sommeil et la tête toute blottie au creux de mon oreiller moelleux. Car oui, que vous le vouliez ou non, tout cela ne peut être qu’un rêve, n’est-ce pas ?
En attendant, avant d’esquisser le premier pas, de prendre congé et de m’excuser mille fois en écartant plus ou moins gentiment celui-ci ou celle-là, d’interrompre danseurs et danseuses se dressant sur mon passage, je me surprends à jeter un dernier coup d'œil en arrière.
Que voulez-vous, on ne se refait pas…
Et, bien m’en a pris, aussitôt retourné, je comprends que ma charmante ex-cavalière, en train de me fixer, attendait au moins ce dernier geste de ma part.
Elle se tient droite, la main dans celle de son nouveau partenaire ; je me fais la réflexion qu’elle tarde à débuter son éternelle danse avec son séduisant prétendant. La lucidité me fait dire, sans arrière-pensée aucune, qu’ils font tous deux un couple bien harmonieux. Nous deux n’avons pas atteint ce stade mais j’admets bien volontiers qu’ils se sont bien trouvés, mieux, qu’ils sont faits l’un pour l’autre. D’ailleurs, d’eux ressort une aura lumineuse, comme si, enfin réunis, ils se mettaient soudainement à… flamboyer.
Ne vous méprenez pas, ils ne prennent pas feu ! Ils… ils… ils irradient ! Ils rayonnent. Voilà, d’eux émerge une radieuse aura synonyme de parfaite osmose.
Béatement, je les contemple un instant qui, une fois n’est pas coutume, semble s’éterniser.
Mon ex-cavalière s’en amuse et, d’un rire franc et sonore, me rappelle à l’ordre, me réveille et me sort de ma torpeur.
Il est temps, elle le sait, alors, en guise d’au revoir – car comme je vous l’expliquais il ne peut y avoir d’adieu – elle me gratifie d’une gracieuse courbette, accompagnée d’une cérémonieuse virgule de main et d’un solennel penché de tête.
De mon côté, pas non plus de larmes d’adieu, aucun regret, animé au contraire d’un sentiment de bien-être et d’accomplissement, je la salue à mon tour ; moins théâtral, je me contente d’un bref signe de tête.
Les "à un de ces quatre" prodigués, je me détourne et, épris d’un pas assuré, entame ma sortie, confiant et serein, vers la porte de mon avenir.

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