Chapitre 7 — Arrivée des emmerdeurs

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Salut les gars, je suis de retour.

Oui, oui, je sais : j’ai du retard.

Vous permettez que je prenne une pause café pour reprendre l’énergie de conter, non ?

Bref.

Sam me laisse… pour une excellente raison : un groupe de sang-mêlés et un satyre sont venus me chercher.

Moi.

Hein ?

Je vous décris la scène : un gamin de quatorze ans en froc, affalé sur un lit de camp dans une tente magique de Chasseresses… envahie par des ados en t-shirts orange qui trimballent des morceaux d’armure.

Et une chèvre.

Enfin… une demi-chèvre-humaine.

L’un des ados me décoche un regard méprisant qui transformerait même un cloporte en moins que rien.

  • C’est “ça”, notre espoir ?

Une fille aux cheveux longs attachés en queue-de-cheval haute par un chouchou rose — maquillage parfait — lève les yeux au ciel.

  • Assez avec le regard “tu es un moins que rien”, Caleb.

Un garçon plus âgé, visiblement le chef, se pince l’arête du nez en soupirant pendant que les deux continuent leur prise de bec.

  • C’est pas fini, oui ?

Évidemment, j’assiste à cette entrée en tornade les yeux écarquillés et la mâchoire décrochée.

  • Eh man, fait le gars-chèvre.

Enfin… gars-bouc. Vous avez compris.

  • Ferme la bouche, tu risques de gober une mouche.

Une gamine aux couettes en pointes, armée d’une hache plus grosse qu’elle, explose de rire.

  • Ça rime !

Je frissonne.

Rappelez-moi de jamais lui voler son goûter ou insulter sa poupée préférée… Elle serait capable de me fendre le crâne.

  • Euh…

C’est tout ce que je parviens à articuler. Bravo, moi.

Heureusement pour moi (ou pas), Cynthia entre à cet instant, le front barré d’un pli et les lèvres serrées.

  • Bon, les gosses. Vous nous en débarrassez ou on s’en charge ?

J’avale difficilement la boule qui vient de se former dans ma gorge.

  • Déba… quoi ? je bredouille.

Le garçon méprisant me foudroie du regard.

Débarrasser. Jeter. Poubelle. Tu comprends mieux ?

La fille au chouchou soupire.

  • Arrête, il va te croire.

Le chef se frotte les tempes. Je ne peux pas m’empêcher de sourire malgré moi. S’il doit les supporter toute la journée, ça doit pas être une partie de plaisir.

Il prend enfin la parole :

  • Il vient avec nous.

Je lève les mains.

  • Woah. J’ai rien demandé, moi. Je suis censé rentrer chez moi, aller à l’école demain matin. L’autre folle — euh, fille — m’a déjà fait manquer mon premier jour de classe. Je pars nulle part avec des ados… et une… chèvre ?

J’ajoute en soupirant :

  • Assez d’un éventrement pour la journée.

Alors oui, vous allez me dire que c’est pas très malin de se mettre à dos une Chasseresse, quatre demi-dieux et un satyre visiblement prêts à en découdre. Eh bah… vous avez raison.

Caleb dégaine son poignard en même temps que les éclairs dans ses yeux. Il s’approche, menaçant.

  • Ça fait des mois qu’on te cherche. Y a pas de bahut ou de famille, ok ? Tu rentres avec nous.

La fille au chouchou me fait un clin d’œil.

  • T’inquiète, on prendra soin de toi.

Et bébé hache me sourit de toutes ses dents de bonheur… Ce que je trouve pire que n’importe quel film d’horreur.

Le garçon aux lunettes grises soupire.

  • Bon… si on se présentait, pour commencer ?

Il m’adresse un sourire fatigué genre : “Oui, je nous ai déjà sauvés de leurs bêtises trois fois aujourd’hui. Non, ça ne m’amuse pas. Et oui, ils vont recommencer.”

Il tend une main accueillante, largement ouverte.

  • Lysandre. Seize ans, fils d’Athéna et chef de quête. Ma mère, c’est la déesse de la stratégie guerrière, de la sagesse et de… plein d’autres trucs, mais c’est pas important pour l’instant.

Il désigne du menton l’idiot qui ne me quitte pas des yeux — ni sa dague.

  • Lui, c’est Caleb. Fils d’Arès. Son truc, c’est plus les carnages bruts, tu vois ? Pratique quand tu dois défoncer des monstres.

Caleb me jette un coup d’œil noir. Son poignard aussi. Super ambiance.

Mademoiselle Parfaite, à l’image de sa mère Aphrodite : Cassiopée. Ne te laisse pas avoir par ses airs de fashionista : elle manie très bien l’épée.

Cassiopée sourit en coin et s’inspecte les ongles, comme si elle s’ennuyait déjà.

Enfin, notre bébé : Freya. Fille de Bellonne. Oui, je sais, Freya c’est pas grec. Fais un effort. On l’a trouvée sur la route, elle a refusé de lâcher la hache d’un gnome qu’on… bref, longue histoire.

Freya brandit ladite hache avec un sourire rayonnant qui me glace le sang.

Inutile de te présenter notre chère Cynthia. Il me semble que tu as déjà fait connaissance avec son poignard.

Mon ventre me lance rien qu’en y repensant. Merci, non.

  • C’est la leader des Chasseresses.

Il se tourne vers le satyre qui mâchonne une brindille, comme si tout ça était parfaitement normal.

Et enfin, Tobias. Satyre, protégé du dieu Pan, censé être ton protecteur depuis… tes dix ans, à peu près. Mais tu viens juste de réapparaître dans nos radars, donc… désolé du retard.

Tobias me fait un signe de la main, tout sourire.

  • Pour le contexte : on vient de la Colonie des Sang-Mêlés.

Il pointe son t-shirt orange fluo.

  • Dirigée par Dionysos et secondée par Chiron — tu sais, le centaure qui a formé pas mal de héros ? C’est un endroit sûr pour les gens comme nous. Comme toi. Les demi-dieux.

Il prend une grande inspiration, visiblement content de son speech.

  • Plus clair ?

Je me plaque une main au front.

Si j’avais pas déjà une migraine, son discours me l’aurait donnée. Colonie des Sang-Mêlés ? Les gens comme moi ? Pitié, réveillez-moi de ce cauchemar.

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