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Revenir avec un doux soleil dans les yeux, un sourire de toute beauté. Oui, je voulais le retrouver ! Je me débattais pour remonter, replongeai. Ces vagues me roulaient dans tous les sens. Enfin, la tempête se calma. Non, je n'avais pas rêvé ! Ce beau sourire chaleureux me fixait, sous des yeux débordants de larmes.

— Nicolas, je suis là ! Tout va bien ! Prends ton temps ! C'est fini. On ne se quittera plus.

Une main me saisit l'autre poignet. Anucci !

— Ça va ? Je n'ai pas failli claquer, cette fois ?

— Nicolas, tu m'as trahi ! Je n'ai pas compris tout de suite ton attitude. Quand on m'a rapporté les trois gélules, j'ai eu très peur. Tu es un fou furieux ! Ce n'était pas le contrat.

— Désolé, Doc ! Mais c'était nécessaire. Tout seul, sans rien, jusqu'au bout !

— Et ?

— J'ai réussi, j'ai passé la porte. Tu ne me reverras plus !

— Ça tombe bien ! J'aurais refusé ! Tu as failli perdre la raison, tu en es conscient ? Ton cri a dû s'entendre des kilomètres à la ronde ! Tu entends ta voix ? Tu t'es déchiré les cordes vocales.

— Oui, mais c'est fini. Pour toujours. Doc, merci de m'avoir laissé faire.

— Mouais…

Je tournais la tête de l'autre côté. J'avais besoin de l'émerveillement de mon ange solaire.

— Nic, c'est vrai ? Plus jamais ?

— Oui, Nath. Je suis monté, j'ai vu, je suis revenu. Je n'ai plus envie d'avoir mal.

— Oui, comme l'an passé, quand je t'ai rencontré…

— Non. Cette fois, c'est bien fini. Et puis, maintenant, je t'ai, tu es avec moi.

— Pour deux mois, puisque tu m'as foutu à la porte !

— Nathan, ce n'est pas ça ! Je t'ai dit…

— Oui, je sais.

Il s'approcha, me caressa la joue et m’embrassa. Je tombais dans un sommeil profond. Des heures après, j'étais debout, des pansements aux poignets et aux chevilles, complètement d'attaque. Une énergie incroyable m'habitait.

Nathan entra dans la chambre. Il était vêtu d'un t-shirt blanc et d'un pantalon similicuir qui lui moulait jambes et fesses. Ma réaction fut immédiate. Comment résister à une telle perfection ?

Nous nous sommes retrouvés, à fond, dans une étreinte merveilleuse. Le sentir en moi, lui appartenir, me transporta vers l'avenir. Le posséder doucement, l’entendre monter toutes les gammes m’affolait les sentiments.

Je suis descendu avec lui au bras. Qui rayonnait le plus ? J'appris que mes trois compagnons n'étaient pas sortis d'affaires. Pour l’un, l'état restait critique. La cérémonie de retour attendrait.

Nous sommes sortis dans la douceur de cet été. Comme l'année précédente, il prenait le chemin du calvaire.

— Non, Nathan, pas de ce côté, jamais plus.

Il me prit la main. Je le regardais, encore ébloui de sa beauté. Je ne sais pas s'il était vraiment beau. Pour moi, il était l'homme parfait.

— Tu t'habilles comme ça, maintenant ? Tu affiches ta gayté sans retenue ! Mais raconte-moi ton bac, tes parents, tout ! Tu sais, à cause de toi, j’ai failli plusieurs fois abandonner !

— Cela aurait été peut-être bien…

— Non, car maintenant, je suis libre ! Libre de t'aimer ! Mais raconte !

— Tu sais que mes parents ont été surpris de mon retour, je te l'ai déjà dit. Comme c'était pour mon bac, ils n'ont pas posé de questions. Mon bac, j'ai tout réussi. J'ai fait comme tu m’avais dit : j'ai arrêté de penser à toi !

— Dur, mais c'est bien ! Tu y es arrivé ?

— Oui. En fait, je t'ai toujours gardé en moi, mais enfermé dans une niche, avec une bougie allumée en permanence !

— Trop mignon. C'est bien.

— J'avais besoin de parler de ce que j’avais vécu avec toi.

— Aïe !

— J'ai commencé avec Maman. Elle avait deviné que j'avais un problème avec eux.

— Pas difficile !

— Comme ce n'était ni scolaire, ni financier, ni d'éducation, elle en avait déduit que c'était parce que j'étais amoureux d'une personne inacceptable pour eux.

— Pas bête, ta mère !

— Je l'ai laissé parcourir les possibilités du pire au moins pire.

« Non, elle n'était pas noire. Non, elle n'était pas arabe. Non, elle n'était pas musulmane. Non, elle n'était pas étrangère (non européenne, quoi, ou Roumaine, ou Yougoslave, etc.). »

Elle finit par dire :

« Alors, tu n'as pas de petite amie ! »

« Non ! »

« Tu n'es donc pas amoureux ! »

« Mais si, je suis très amoureux ! »

Elle a mis du temps. C'était trop pour elle.

« Nathan, tu n'es quand même pas… »

« Si, maman, je suis gay et j’aime un garçon ! »

« Mon Dieu ! Dis-moi, ton petit ami, il n'est pas.. »

« Non, maman, ni noir, ni arabe, ni musulman, ni juif… »

« Oh, à la rigueur. Alors tu es… comme ton oncle Georges ! Comme Baptiste ! Comme Alexandra ! Décidément, il doit y avoir une tare dans cette famille. (Celle de mon père, bien entendu !) Tu ne veux pas qu'on te fasse soigner ? Il y a des instituts qui ont de bons résultats ! »

« Maman ! »

« Bon ! En tous cas, n'en parle pas à ton père. Ne dis rien et ne t’exhibe pas ! Je vais le travailler, mais tu sais comme il est coincé sur le sujet ! »

« Mais toi aussi, tu as participé aux manifs ! »

« Oui, toute la paroisse y allait… »

Voilà, pas plus difficile que ça ! Pour autant, je ne vais pas te présenter tout de suite…

— Quel dommage !

Il avait raconté cela en faisant le pitre. Je sentais un immense soulagement, qui le rendait encore plus magnifique.

— En plus, heureusement que j'y ai pensé, il me fallait leur autorisation pour partir à l'étranger.

Il pétillait de joie. Ce n'est que plus tard qu'il m’avoua son soulagement et sa libération de me voir vivant. Dans un petit moment de spleen, il me dit qu'il se serait tué si je n'avais pas survécu. Je n'avais pas le droit de mettre sa vie en danger. Il était trop tard pour regretter, mais je me sentais coupable d'égoïsme.

Je l'interrogeais sur ces vêtements, si provocants. Après la conversation avec sa mère, il avait eu l'intention de s'afficher, pas chez lui, ni au lycée, mais dans la rue. Il est allé au Damn's, où il était connu et toujours bien accueilli. Il a croisé Jérémie, avec lequel il avait déjà sympathisé. Ce dernier l'a emmené dans les bonnes boutiques ! Jérémie est très libre dans ses manières et ses accoutrements. Il a poussé Nathan au maximum, pour le plaisir de ce dernier qui avait trop envie d’éclater les murs. Jérémie l'avait abondamment aidé dans les essayages, me dit-il en rougissant. Pour la première fois, il avait vraiment senti l’envie pour lui d'un autre homme que son amoureux. Il me précisa qu'il avait aussi renouvelé sa gamme de sous-vêtements. Puis, enfin, encore rouge, il me demanda s'il me plaisait toujours autant habillé ainsi. L'innocent !

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