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Une fois installé dans sa nouvelle vie, nous sommes restés très liés. Il revenait chaque weekend et je devais assouvir ses envies et son amour. Je savais qu'il allait vite se trouver un mec adorable.

Je commençais les démarches. J'en avais parlé avec Ophélie. La principale difficulté était leurs parents : comment leur expliquer que William allait quitter une structure spécialisée pour être pris en charge par un mec inconnu ? Lors de nos trajets, toujours secoués par ces visites, nous nous étions beaucoup rapprochés. J'aimais son caractère doux, mais décidé. Elle avait une grande volonté et une prévenance infinie. Je retrouvais la gentillesse initiale de William, si chaleureuse.

Notre rite était un petit baiser sur la douche, en nous retrouvant et en nous quittant. Il est apparu par hasard et s’est renforcé à chaque voyage.

Très vite, je lui avais dit notre mariage. Sa réaction de surprise, puis son sourire en coin restaient une énigme. Alors que nous échangions sur des facettes intimes de notre vie et de notre personnalité, je n'ai pas osé l'interroger sur son ressenti. Elle n'a pas jugé utile de me commenter non plus. Elle me dit cependant que leurs parents connaissaient l'orientation sexuelle de leur fils, mais que c'était un sujet tabou, inabordable. Surtout, le problème était la succession. Quand elle me demanda le régime matrimonial, je ne sus quoi lui répondre. Elle m’expliqua, après avoir lu les papiers. Que la part de William risque de partir pour me revenir était une chose inenvisageable pour son père. Elle se lança dans des explications financières incompréhensibles pour moi. Elle, elle s'en foutait. Je crois même que cela l'amusait. Je ne retins qu'une seule chose : surtout ne pas leur dire ! Ceci me permit d'oublier à nouveau toutes ces conneries.

En revanche, cela facilita beaucoup les démarches administratives.

Je suis passé à mi-temps, j'ai appris à faire les soins, j'ai fait médicaliser la seconde chambre. Tout était prêt pour que je m'occupe de mon époux tétraplégique.

Lui n'était pas prêt. Jamais il n’avait baissé sa garde, me fusillant à chacune de me visites.

Mon soleil s'était éloigné depuis un mois quand William rejoignit le domicile conjugal. Il pouvait parler normalement ; je n'avais jamais entendu une seule parole.

Le voyage et l'installation l'avaient fatigué. Il s’endormit. Je passais régulièrement le voir. Il avait toujours les cheveux courts. Son visage était banal. Je ne pouvais m'empêcher d'être ému en le regardant. C'étaient des flots d'amour qui m’emportaient. Qu'avions-nous en commun ? Que représentait-il pour moi ?

J'étais là quand il se réveilla. Un moment d'interrogation, ses eux sur mon visage. Ses traits perdent instantanément leur apaisement dans une crispation agressive. C'était l'heure des soins. Quand je commence, je le vois pleurer. Je ressens sa colère : dépendre de moi lui était intolérable. J'avais déjà fait ces gestes pendant ma formation. Je ne me pensais pas capable de le faire. Pourtant, je ne ressentais aucun dégoût, juste la préoccupation de soulager.

Il était nu devant moi, son sexe recroquevillé. Je le nettoyais délicatement, sans doute trop longuement et trop maladroitement. Quand j’eus fini, je m’approchais de son visage et, instinctivement, je lui caressai les cheveux et lui posai mes lèvres sur sa bouche. Je sentis ses lèvres se serrer. Cela n'avait plus aucune importance. J'étais devenu imperméable à sa haine, à sa rancœur, à ce que je ne savais pas quoi d'hostile.

Le moment du diner ne se passa pas mieux. J'étais obligé de regarder son visage pour positionner la cuillère. Il avait détourné les yeux.

Assurer ce rôle avait nécessité un long murissement, après que son évidence se soit imposée. Cela n'avait plus d'importance. J'étais où il fallait que je sois. Un grand calme m'habitait. Les prochaines années, les dix, vingt ou cinquante, peu importait.

Je suis rentré dans une routine bienfaisante. Mon organisation fonctionnait bien. Ophélie passait régulièrement, puis de façon plus rapprochée. C'était la seule visite qu'il recevait. Deux ou trois amis du Damn's étaient passés, une fois. Je m'étais retiré de la pièce, mais il n'avait pas desserré les dents. Je savais que ses démons rugissaient dans son corps inerte. Je devais attendre leur épuisement, un regard demandeur de sa part, pour renouer le fil. J'avais le temps. Sa souffrance ne dépendait plus que de lui.

Le matin, son sexe était gonflé. Ce réflexe physique demeurait. J'aimais particulièrement ces soins, car je manipulais ce que j'avais adoré, presque dans le même état. Par dérision, je le frottais un peu. La réaction était toujours présente. Je voyais bien qu'il ne ressentait rien, mais les fonctions étaient intactes. J’ai hésité, puis, un matin, j'ai retrouvé le plaisir de cette raideur aimée dans ma bouche.

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