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Le soleil dans les yeux, je me lève et me dirige vers la table de la terrasse sous le parasol. Mon ordinateur et des documents m'y attendent. Avant de prendre place, mon regard se perd sur la façade défraîchie de la villa Pin-rock, maison de vacances de la famille.

Plus jeune, je passais mes étés dans cet havre isolé, mais avec de grandes ressources d'imagination. Avec mon frère et ma sœur, nous y avons fait les quatre cents coups. Des chasses au trésor au fin fond du jardin nous prenaient la majeure partie de notre journée. En temps de pluie, ce qui était rare, nous prenions tous les coussins, draps, couvertures, manches à balai, cartons... pour construire un fort en tissu au milieu du salon. Notre grand-mère nous a appris à jouer à la pétanque et notre grand-père à pêcher. En quelques minutes, nous descendions à la rivière et passions certaines matinées à essayer d'attraper des truites ou tout simplement à nous baigner. Malheureusement, ça fait bien longtemps qu'il n'y a plus rien de vivant dans ce cours d'eau qui s’assèche au fil du temps.

Nous y avions passé des moments de joie et de partage.

À regret, je n'y avais plus mis les pieds depuis de longues années.

À l'approche de la pré-rentrée, le stress a pris le dessus sur moi. Les affres de la ville ne me permettaient pas de réfléchir correctement et mon besoin de calme grandissait, c'était donc l'occasion de revenir aux sources dans cet endroit dépaysant.

Gérer un établissement scolaire de ce gabarit ne serait pas une mince affaire, mais je ne m’inquiète pas pour ce défi. Non. Ce qui me déstabilise, c'est « Elle ». Je ne sais toujours pas comment lui annoncer la nouvelle. J'avais noté ses coordonnées, je n'ose pas m'en servir. J'ai recherché son profil sur les réseaux sociaux, mais elle n'a aucun compte. Ce n'est pas étonnant, cela doit être une source d'angoisse pour elle. Sachant qu'elle préfère l'écrit à l'oral, j'ai pensé lui écrire une lettre. Les nombreuses boules de papier dans la corbeille montrent mon désarroi face à cette tâche. Cette hésitation ne me ressemble pas. D'habitude je suis un parleur, peut-être même un « beau parleur ». Je ne rechigne pas à dire les choses. Mais là, je bloque. Il faut absolument que je lui parle avant le 29 août, avant qu'elle me voie. Je fouille le tas de feuilles, la liste des AESH apparaît sous mes yeux. J’attrape mon portable, compose le numéro et d'une main tremblante j'actionne l'appel. Une...Deux...Trois sonneries et puis soudain je perçois sa voix angélique.

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