Les pompiers m'ont emmenée à l'hôpital psychiatrique en camion. Nous avons dû rouler cinq minutes. Ils me présentent à l'accueil, apparemment ma venue était prévue. Ils me laissent alors, l'infirmière sort de son bureau, se présente à moi et m'emmène dans l'établissement, refermant la porte à clé derrière nous. Il s'agit d'un hôpital fermé, contrairement à la clinique dont j'ai l'habitude d'être hospitalisée. Nous faisons le tour de l'hôpital. J'ai un peu de mal à marcher, je suis encore très somnolente. Elle me montre rapidement chaque pièces.

Les chambres, la salle de détente, la salle des infirmiers, la salle qui sert de « parloir » : une vitre sépare les visiteurs de nous et enfin la salle où l'on mange. Puis elle m'accompagne dans ma chambre, celle de droite en face de la salle des infirmiers.

Des murs mauves et blancs, une table en bois et une chaise, un lit simple aux draps bleus, une table de chevet et une lampe accrochée au mur. Voilà ma chambre, la 214. Voilà où je vais agoniser toute seule, loin de mon chéri pendant un temps incertain.

- Vous avez une carafe remplie d'eau et un verre sur votre table, un infirmier vous apportera votre traitement dans votre chambre tous les matins, midis et soirs.

- D'accord.
- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, il y a toujours une infirmière dans la salle de soin.

- Ok...
- Ça va aller ?

- Oui, merci. Je vais rester combien de temps ?

- Ça, je ne peux pas vous dire, cela dépendra de comment vous vous sentez par la suite.

- Mon conjoint sait que je suis là ?

- Oui, nous l'avons appelé, il vous apportera des affaires dans la soirée.

- D'accord, j'ai besoin d'être seule.

- Je vous laisse alors, si vous avez besoin, n'hésitez pas !

L'infirmière me laisse ainsi à mon triste sort. Je m'allonge sur mon lit et, très vite, les larmes montent. Je ne les retiendrais pas. Je pense à cette voix et au mal que j'ai fait à mon chéri. J'aimerais qu'elle disparaisse, qu'elle me laisse vivre enfin ma vie, qu'elle se taise et ne revienne jamais.