XXXIII : La possession

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AVERTISSEMENT : lorsqu'une jeune âme est confrontée à l'Invisible, elle a du mal à trouver l'équilibre entre le fait d'être possédée ou de posséder.

Noëlle flotte dans l'espace, perdue, en regardant au loin la planète et ses habitants. Elle ressent leur amour, leur haine, leur plaisir, leur douleur. Toutes ces sensations réunies en une seule pratique : le sexe. Elle se réveille et essaye les nouveaux dosages de Natacha. Son champ de visions se rétrécie instantanément mais elle voit cette scène du passé. Elle et son frère isolés, en sécurité dans leur chambre pendant que tout le reste de la tribu se mélangent dans l'amour grâce à un philtre préparé par Patrice. Elle ne comprend pas les réponses qui lui apparaissent. Elle se lève et se prépare pour aller voir son, maintenant, demi-frère. Il a été choisi par le barrillet.

À la ferme, Aurélie allaite son bébé, Noëlle sent une chaleur et voit un festival de couleurs protectrices autour d'eux. Tout n'est que tendresse et sourires, elle s'approche, les embrasse et regarde de près ce spectacle. Elle peut presque sentir les sensations d'Aurélie. C'est magnifique.

  • Je suis venu voir Noël. Il est là ?
  • Il est à l'abri pour l'inspection hebdomadaire.

Noëlle descend par l'échelle du puits pour accéder à l'abri. C'est ouvert. Elle se signale. Il vient. Mince. Il est embêté. Elle a tellement changé cette année. Elle fait peur à tout le monde avec ses trucs bizarres. Ils s'assoient l'un en face de l'autre. Elle s'explique. « Il y a la Sainte Vierge, Jeanne d'Arc et moi. Je dois sortir de ce clan, pour échapper à mon don ou le maîtriser ou je ne sais pas mais je dois avancer. Alors voilà, j'ai utilisé des … outils … fait en sorte de … ça m'a fait très mal mais ça n'a rien résolu. Et puis j'ai recommencé, en me caressant mais même en associant plaisir et douleur ça n'a rien résolu non plus. Il faut que je le fasse en vrai. J'ai besoin de toi. Juste une fois. Essayer. Juste entrer en moi. Aide moi. Me laisse pas comme ça. Je ne peux demander à personne d'autre. Tu avais mon âge quand tu l'as fait pour la première fois, avec Aurélie, n'est ce pas ? C'est un signe. Tu es peut-être la clé à tout ça. Il faut que je passe cette porte. Maintenant. » Et voilà. Il est piégé dans son délire. Elle va pour fermer la porte du sas. « Non, laisse ouvert. Sinon ça va apparaître sur le compteur à la maison. » Elle prend ça pour un oui. Qu'est ce qu'elle va faire ? Elle éteint les éclairages principaux. Dans la lumière tamisée, elle l’entraîne sur le matelas et elle se déshabille. Elle le regarde avec insistance. Il se sent bizarre. Peut-être qu'elle l'hypnotise. Du coup, il enlève son pantalon. Elle prend quelque chose dans sa sacoche. Elle s'applique un gel. Elle le regarde à nouveau, les yeux écarquillés. Du coup, il se caresse, un peu gêné. Elle l'aide. Ils sont bientôt prêts. « Pense à Aurélie, à votre première fois. » Sans la quitter du regard, il s'exécute. Il demande : « Alors ? » Rien, à part de la douleur. Elle change de position, le met sur le dos et passe sur lui. Elle conclue que : « Il faut aller jusqu'au bout. » Et elle commence à faire des mouvements. Elle lui prend les mains pour les mettre sur sa poitrine. Toujours connectés par le regard. Elle essaye de chasser la douleur, se concentre sur ce que lui ressent. Elle respire plus fort. Il ferme les yeux. Elle sent une explosion d'électricité dans sa tête, elle voit un éclair. Il gémit. C'est fini. Rien ne se passe. C'est toujours pareil. Ça n'a pas fonctionné. Elle ne comprend pas. En se rhabillant elle réfléchit. Peut-être que c'est à elle d'atteindre le plaisir. Elle n'y arrivera pas toute seule. Il faut le philtre d'amour de Patrice. Natacha connaît certainement la recette. Elle peut lui demander à elle. « J'ai compris. Il nous faut autre chose. Je vais le récupérer et on essaiera à nouveau. D'accord ? ». Elle le sert dans ses bras « Merci, Noël, merci. » Pour sceller leur accord, elle l'embrasse sur la bouche. Là, un frisson lui parcourt tout le corps, se transforme en vibration, remonte son dos et jaillit dans sa tête, elle perd l'équilibre et se raccroche à lui. « Ça va ? ». Elle ne sait pas. Elle sait. C'est fini. Ou pas. En tous cas elle sent qu'elle a défié son pouvoir, qu'il n'est pas content, qu'il va peut-être partir, ou rester, mais il faut qu'elle le comprenne. Parce que des idées à la con, elle en a plein d'autres à lui montrer.

***

Je sais pas lire les lignes de la main
Mais je peux voir dans nos âmes noire
D'obscurs désirs, de sombres desseins
Qui viennent le soir hanter nos miroirs
Je sais nos envies nos turbitudes
Nos tristes manies nos habitudes
Trop humain pour le bien
Animal quand ça va mal
Mon demi-frère, mon rêve fou
À 2000 ans que sommes-nous ?
J'ai pas de science pour tracer ma route
Et tant d'églises aiguisent mes doutes
C'est notre sens de vivre sans doute
Des terres promises en tristes déroutes
Et le temps qui passe n'y change rien
C'est la même face qu'on joue sans fin

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