Chapitre 43 - Suhua
1er juin – 13 heures 47
Nagasaki
Après une heure trente de train, nous arrivons dans la ville de Nagasaki. Nous nous rendons à l’hôtel, le Hotel New Nagasaki, avec des restaurants et un bar. Karina a évidemment refusé de dormir avec Felix et moi, même si on a insisté auprès d’elle en soutenant le fait que nous n’avions rien fait depuis le dix-neuf mai, soit notre première fois. Ce qui est vrai.
J’installe donc ma valise dans un coin de la chambre que je partage avec mon petit ami, tandis qu’il empile ses trois bagages et son sac. Nous ne passons que très rapidement à l’hôtel, après nous rejoignons un café pour prendre le dessert. Celui proposé par le wagon bar était ignoble, sec et probablement décongelé.
Felix s’avance vers moi et m’embrasse sans prévenir, glissant ses mains sur mes hanches. Ce contact éveille un désir en moi. Les cheveux de Felix retombent sur mon visage, caressant mon front et mes joues. Il me rapproche de lui et je pousse un soupir, glissant inconsciemment ma main dans le col de sa chemise. Mon petit ami s’éloigne légèrement de moi.
- Suhua… souffle-t-il, les pupilles dilatées. Karina nous attend.
- Je sais.
Je me détache de ses bras, mettant de la distance entre nous pour apaiser le désir qui brûle en moi. Felix réajuste le col de sa chemise puis ouvre la porte.
- On y va ?
J’opine du chef, évitant de croiser son regard pour ne pas avoir envie de me jeter sur lui. Nous rejoignons sa grande sœur dans le hall de l’hôtel. Elle a repéré un café pas loin et nous nous y rendons. Je n’ose même pas attraper la main de Felix pendant que nous traversons les rues.
Nous arrivons dans le petit café qui a une ambiance jazzy, avec une musique de saxophone en fond sonore. Les tables sont rondes, avec des banquettes roses ou bleus, et le sol est carrelé de noir et de blanc, rappelant les cafés américains. Le comptoir est en bois, avec une petite statue de trompettiste dessus. Sur les murs en briques sont accrochés des portées de musique en métal qui ondulent, ainsi que des décorations lumineuses. Il y a des spots en formes de boules qui pendent du plafond, ainsi que des fougères d’intérieur. Dans le fond du café, à côté de la porte des toilettes, il y a même un juke-box de décoration. Ça sent le bois et le beurre, un mélange agréable.
Le saxophone de la musique du fond enchaîne sur un solo endiablé, passant des graves aux aigus rapidement. Le mec qui a joué la musique devait être à bout de souffle, mais ça donne une ambiance assez sensuelle et chaleureuse au café.
Nous nous asseyons à une table à côté des vitrines, ayant une vue sur la ville japonaise qui évolue de l’autre côté de la vitre. J’ai l’impression d’être entrée dans un autre monde.
Felix commande tandis que sa sœur me raconte comment elle est tombée sur ce café en cherchant un endroit pour prendre le dessert sur Google Maps.
Un serveur revient un peu plus tard, avec deux cafés noirs pour Felix et Karina, un café latte pour moi, ainsi qu’un panier de douze churros emballés dans du papier à journal. Je tends la main pour en attraper un et mes doigts effleurent ceux de mon petit ami. Je lève les yeux vers lui et sens mon bas-ventre se tordre.
Je me lève subitement.
- Il faut que j’aille aux toilettes.
Je m’enfuis presque en courant et ouvre la porte des WC. Je m’appuie sur le lavabo face au miroir et respire.
Allez, Suhua, calme-toi.
J’ouvre les yeux et vois le reflet de Felix près du mien. Je tourne la tête. Il m’offre un léger sourire avant d’attraper mes mains pour me guider doucement dans une cabine qu’il ferme à clé.
Je comprends qu’il en a autant envie que moi. Je l’embrasse, plaquant son dos contre le mur des toilettes. Felix pose ses mains sur ma taille et défait la boucle de la ceinture de mon short. Il le retire avant d’avancer de quelques pas, me plaquant contre le mur opposé. Je sens une chaleur douce naître entre mes jambes lorsque Felix dépose une pluie de baisers entre ma mâchoire et mes épaules. Mon petit ami glisse ses doigts entre ma peau et le tissu de ma culotte pour effleurer l’intérieur de mes cuisses. Je pousse un léger soupir lorsque son premier doigt entre doucement dans mon intimité déjà humide. Il en explore l’intérieur, m’arrachant plusieurs gémissement légers, qu’il atténue tous en m’embrassant. On ne l’a fait qu’une fois, mais Felix a l’air de savoir exactement ce que j’ai préféré.
Mon petit ami retire ses doigts, ainsi que ses lèvres des miennes, et déglutit. J’ai le souffle court, mais je ne peux pas m’arrêter là. J’ai envie de beaucoup plus. Je veux le sentir en moi. Sauf que…
- Tu as un préservatif ? soufflé-je, les joues rouges.
Il hoche la tête.
- Dans mon portefeuille.
Pour appuyer ses dires, Felix sort de la poche de son pantalon son petit porte-monnaie en cuir affublé de la marque YSL écrite en or, et en extrait une protection. J’embrasse le blond et lui retire son pantalon et son sous-vêtement, lui laissant son haut. Felix hausse un sourcil et rougit en disant :
- Euh… Debout ou assis ?
J’aurais ri si je n’étais pas en train de me poser la même question. Je passe une main dans ses cheveux blonds et réponds timidement :
- Assis sur les toilettes c’est pas hyper propre, quoi.
Felix sourit en coin et enfile la protection, puis se serre contre moi.
- Tu es prête ?
J’opine du chef et il pousse en moi. Je m’accroche à ses épaules et mords mes lèvres pour ne pas gémir. Felix ondule son bassin contre le mien, et me soulève du sol en posant ses mains sous mes cuisses. J’enroule mes jambes autour de sa taille et mes bras autour de sa nuque et bouge mes hanches pour me rapprocher de lui.
J’étouffe mes soupirs dans le creux de son cou. Mon petit ami accélère un peu le rythme, le souffle saccadé lui aussi.
Bordel, ça fait trop du bien.
Je pensais que je pourrais m’en passer, mais Felix a le don de contredire tout ce que je me dis, d’abord en devenant mon petit ami, puis en couchant avec moi.
- Felix… Je… je vais…
Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase, mes cuisses tremblent entre ses mains. Il tait mon gémissement en m’embrassant fougueusement, une de ses mains remontant ma colonne vertébrale jusqu’à mes cheveux. Mon petit ami me repose au sol puis se retire. Il enlève la protection et la jette dans la poubelle des toilettes puis nous nous rhabillons.
Encore légèrement essoufflés, nous sortons de la cabine des toilettes. Il n’y a personne dans la pièce ni dans les cabines à côté, ce qui me rassure.
Face au miroir, je réajuste mes vêtements et tente de me recoiffer, puis je mets de l’eau sur mon visage en espérant que ça atténuera le rouge de mes joues. Felix se lave les mains dans le lavabo à côté de celui où je suis puis passe sa main dans ses cheveux décolorés.
Juste avant que l’on ne sorte des toilettes, il m’attire dans ses bras pour une légère étreinte. Je sens son souffle près de ma joue puis sur mon oreille, où Felix murmure :
- Je t’aime.
Je pose ma tête sur son épaule et souris.
- Moi aussi, je t’aime.
Nous quittons ensuite les toilettes pour retourner nous asseoir avec Karina. Je porte à mes lèvres mon gobelet, mon café latte ayant bien refroidi. Deux churros ont disparu, la sœur de Felix en train d’en manger un en regardant son portable. Elle repose son téléphone et jette un coup d’œil à mon visage avant de se tourner vers son petit frère.
- Dans les toilettes, sérieusement ?
- Arrête, tu l’as déjà fait plusieurs fois dans cet endroit, tu peux rien dire, répond mon petit ami en attrapant un churros.
- J’espère que vous vous êtes lavés les mains.
Nous acquiesçons en silence.
- Pour tout te dire, Felix, je l’ai fait dans des toilettes, des douches, des canapés, des tables, même un piano. Bref. À l’arrière d’une voiture, aussi. Partout.
Je bois une gorgée de mon café froid.
- Sinon, c’est bon ? Vos désirs ont été satisfaits ?
Felix claque son gobelet sur la table.
- Bon, Karina, tu vas pas nous casser les pieds là-dessus, si ? On est adultes, on fait ce qu’on veut, et de toute façon ça ne te regarde pas.
Je crois que c’est la première fois que je le vois s’énerver, mais je comprends son agacement. Sa sœur est un peu intrusive, même si ça ne se fait pas trop pour elle qu’on disparaisse dix minutes le temps de « satisfaire nos désirs », comme elle dit.
Karina fronce les sourcils et croise les bras.
- Oh, ça va, je suis pas non plus en train de crier sur tout les toits que vous avez couché ensemble dans les toilettes !
- Ah oui ? Et là, qu’est-ce que tu viens de faire ?
Énervé, Felix s’énerve et quitte le café, claquant la porte en verre derrière lui. Je croise le regard exaspéré de Karina.
Je m’excuse et me lève. Je m’incline face elle puis sors du café pour rejoindre Felix.

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