Chapitre 75 - Felix
31 décembre – 19 heures 47
Rochefort-en-Terre
La mère de Suhua hausse les épaules. Dès que sa famille a disparu derrière la porte, emportant les clés de la voiture, ma petite amie se jette dans mes bras pour m’embrasser passionnément. Je la rattrape par les hanches et me décale de ses lèvres brûlantes.
- Suhua ?
- Tu n’en as pas envie ?
Je hausse un sourcil. En réalité, si, j’en ai envie. Et puis, c’est notre dernière occasion de le faire. D’être aussi proches. Mais j’ai peur que ça la gêne de coucher avec moi dans la maison où elle a grandi. Voire même dans son lit d’adolescente.
- Si, mais…
Je grimace.
- Ça ne te dérange pas qu’on soit dans ta maison ?
- Non. Tu sais, mon lit m’aura vu sous toutes mes formes : triste, en colère, trempée par la pluie, joyeuse, complètement folle, les cheveux sales, trop belle après m’être préparée pour aller à un mariage… La seule chose qu’il n’a jamais vu, c’est ça.
Je souris. Suhua m’embrasse à nouveau.
- Porte-moi jusqu’à ma chambre, souffle-t-elle contre mes lèvres.
- Je ne sais pas où c’est.
- Prends les escaliers.
Elle noue ses bras autour de mon cou et je pose mes mains sous ses cuisses pour la soulever du sol. Suhua enroule ses jambes autour de ma taille et dépose un baiser sur mes lèvres. Je trébuche en montant les escaliers parce que je vois à peine où je vais, alors je retiens Suhua très fort, parce que j’ai trop peur qu’elle tombe.
- La porte à droite, continue-t-elle de m’indiquer quand on arrive en haut.
Je l’ouvre, tombant sur sa chambre. Elle est assez petite, mais la décoration s’accorde à ma petite amie.
Je dépose Suhua sur le bord du lit et m’éloigne pour observer sa chambre. Ma petite amie croise les jambes, les joues rouges. Même pour moi, c’est de la torture d’attendre, mais je veux d’abord regarder l’endroit où elle dort depuis qu’elle est née.
- Tu avais un appareil dentaire ?
- Ouais. Regarde pas, c’était trop moche.
Je souris et continue mon exploration. Je regarde les titres dans sa bibliothèque et souris à nouveau en voyant des livres du nom « Je te désire », « Nous étions juste des partenaires » et encore pleins de titres qui laissent entendre que le livre est érotique.
Je reviens vers Suhua lentement et me penche pour déposer un baiser dans son cou. Je sens son cœur qui bat à vive allure contre mon torse lorsque je la serre contre moi.
Mes doigts glissent au niveau du bouton de son jean, et je le retire avant de faire glisser son jean sur ses jambes. Suhua se crispe un peu lorsque mes mains effleurent ses cuisses nues. Elle m’arrête quelques secondes le temps de me retirer ma veste et de déboutonner ma chemise. Ma petite amie pose ensuite ses mains sur mes épaules nues et m’embrasse.
Je m’avance un peu, la faisant allonger sur le lit, puis nous nous écartons le temps qu’elle s’y installe correctement. Je retire le débardeur de Suhua ainsi que son soutien-gorge et dépose un baiser entre ses deux seins. Un frisson parcourt ma petite amie et elle souffle légèrement. J’embrasse sa poitrine, puis lui enlève son dernier sous-vêtement.
Suhua plie ses genoux et je me redresse un peu, puis j’entre un doigt en elle, puis deux. Ma petite amie ressert légèrement ses cuisses alors que j’explore son intimité. Je sais exactement ce qu’elle aime, maintenant.
Je dépose un baiser sur sa joue, tandis qu’elle s’accroche à mes épaules en soupirant et en faisant de légers mouvements de hanches. Je retire mes doigts mouillés et reviens au-dessus de ma petite amie, qui m’enlève mon pantalon et mon sous-vêtement en même temps.
- Attends… soufflé-je.
J’embrasse son front et quitte le lit en direction des valises, et j’en extrais un préservatif. Je mets la protection puis m’allonge au-dessus de Suhua.
- Prête ?
J’ai pris l’habitude de lui demander, même si on l’a déjà fait des dizaines de fois. J’ai toujours peur qu’elle ne soit pas prête.
- Oui.
J’entre en elle, nous arrachant un soupir. Je mords mes lèvres et pose ma tête contre son épaule, commençant à bouger.
C’est notre dernière fois.
J’y mets toute la passion, tout l’amour et tout le désir que je ressens pour elle, mais aussi toute ma tristesse à l’idée qu’elle parte, tout le manque que ça va me procurer. Je ne lui avais jamais fait l’amour avec autant d’intensité.
Mes mains sont soit sur ses hanches, soit dans ses cheveux. Mes lèvres sont partout : sur les siennes, dans son cou, sur ses épaules… De son côté, Suhua agrippe mes épaules ou caresse mes pectoraux.
- Felix…
Je l’embrasse passionnément.
- Je t’aime, Suhua. S’il te plait, ne l’oublie pas.
- Je t’aime aussi. Je… Felix… gémit-elle.
Je sens ses ongles pénétrer ma peau quand j’accélère le rythme et que le paroxysme de son plaisir arrive.
- Felix…
Je pose mes lèvres sur les siennes puis me retire. Je m’en vais jeter la protection et me laver les mains dans la salle de bain qui se trouve juste à côté, puis je retourne dans sa chambre. Suhua est en train de se rhabiller et de se recoiffer, et je fais de même rapidement.
Je m’avance et la prends dans mes bras.
C’est fini. On a fait l’amour pour la dernière fois. Maintenant… Ce n’est qu’une question d’heures avant de se séparer. Je regarde l’horloge de sa chambre. Il est vingt heures dix-huit. Sa famille est partie il y a trente-et-une minutes, elle devrait bientôt revenir.
- Suhua… Tu… as aimé notre dernière fois ?
- Oui, mais ce n’était pas la dernière.
- Quoi ?
Je baisse mes yeux vers elle. Ça fait plusieurs fois qu’elle me sort ce genre de phrases, et j’ai peur de mal interpréter ce qu’elle me dit.
- Laisse-tomber. Tu comprendras.
J’ai peur de comprendre, justement. La vérité, c’est que je meurs d’envie de rester avec Suhua. Avec ma Suhua.
Genre, pour toujours.
Ce n’est pas que de l’attirance physique ou quoique ce soit de similaire. Derrière mes taquineries et mes innombrables câlins, je ressens un attachement profond. Je suis amoureux. La quitter me fera terriblement mal.
- ON EST RENTRÉS !!! hurle le grand frère de ma petite amie.
J’entends la porte se refermer et des pas dans le couloir. Je glisse mes mains de la taille aux hanches de Suhua puis dépose un baiser sur sa mâchoire.
- On descend ?
- Ok.
Je recoiffe à nouveau ses cheveux puis nous sortons de sa chambre pour rejoindre le bas. Suhui et Lia posent des sacs de course sur la table, tandis que la mère de ma petite amie retire ses chaussures.
- Madame Liu…
- Xinyi, me coupe-t-elle. Je m’appelle Xinyi. Et je ne suis plus Madame Liu. Je suis Xinyi Zhang.
- Donc je dois vous appeler Xinyi ?
La femme me considère un instant.
- Tu es le petit ami de ma fille, non ? Alors oui. Et tutoie-moi. Ça me rajeunit.
Xinyi rit, ce qui me fait assez bizarre.
Je vais à la cuisine pour demander si Suhui et Lia ont besoin d’aide pour cuisiner, mais ils ont acheté des choses toutes faites : saumon fumé, foie gras, toasts briochés, carotte et cuisses de poulet à faire chauffer au micro-ondes.
- Et du champagne ! lance Lia en brandissant une bouteille en verre.
J’aide donc Suhua à mettre la table. Elle m’indique de remplir une carafe d’eau, et je m’exécute, lui demandant si je dois la filtrer.
- La carafe filtre toute seule.
- Ok.
Nous passons à table et la petite amie de Suhui remplit des flûtes de champagne.
- Felix, je t’en mets ?
- Non merci, refusé-je. Je vais boire de l’eau.
Lia fronce les sourcils.
- Allez, c’est la fête.
- Felix est intolérant à l’alcool, lance simplement Suhua en se servant du saumon.
La copine de Suhui hoche la tête et repose la bouteille de champagne. Je me sens un peu gêné, entre eux. Même si Suhui et Lia ne sont pas mariés, la jeune femme fait partie de la famille. Ils discutent avec Suhua et Xinyi en riant et en se partageant des anecdotes.
Lia se remplit une énième flûte de champagne alors que ses joues sont rouges et ses yeux vitreux. Elle me fait un peu penser à Karina, qui boit sans réfléchir.
- Qīn*, tu es déjà ivre.
Suhui prend la coupe de sa copine et la repose sur la table avant de lui servir un grand verre d’eau. Je croise le regard de Suhua et elle me sourit. Je lui rends et son frère nous lance un regard malicieux. Lui aussi, il me fait penser à ma sœur.
*Terme affectueux utilisés entre amoureux en taïwanais

Annotations