L’Ascension de Macron : L’Étoile qui brille… avant le crépuscule
Avant 2017, Emmanuel Macron n’était qu’un nom parmi d’autres dans le concert feutré de la politique française : brillant, certes, mais discret, tel un violoniste virtuose tapi dans l’ombre de l’orchestre. Puis survint l’élection présidentielle, ce théâtre où les passions populaires se mêlent à la chorégraphie calculée des élites. Macron surgit, éclatant, frais, comme un champagne que l’on débouche après des années de poussière administrative. Son message : « Je suis le renouveau », martelé avec la précision d’un métronome, séduisant jeunes cadres, bobos urbains et électeurs désabusés, lassés des querelles stériles des partis traditionnels.
Il faut comprendre la mécanique : sa campagne ne se contentait pas de convaincre, elle hypnotisait. Chaque mot, chaque sourire, chaque posture était calibré pour créer l’illusion d’une transparence et d’une proximité inouïes, alors que derrière le rideau, les conseillers stratégiques peaufinaient les réseaux, les médias, les sondages. On était loin du simple duel politique : c’était une orchestration sophistiquée, digne des grandes tragédies classiques, où le héros ne se contente pas de jouer son rôle, il sculpte l’opinion publique comme on façonne un marbre.
Le jeune Macron promettait de réconcilier la gauche et la droite, d’abolir les vieux carcans idéologiques, de moderniser un État englué dans ses propres bureaucraties. Mais derrière cette rhétorique lumineuse, se cachait une technocratie qui s’ignorait encore, prête à imposer des réformes audacieuses mais souvent incomprises du peuple. Les élites financières et industrielles, ces grandes figures du capitalisme français, ont immédiatement flairé l’opportunité : un président capable de parler leur langue tout en séduisant la galerie des électeurs.
Et pourtant, déjà, les premiers signes de fragilité se dessinaient. Derrière la façade lisse, les déséquilibres structurels demeuraient : un chômage persistant, une dette publique qui flirtait avec les 100 % du PIB, des services publics sous pression et des tensions sociales latentes. Macron, dans sa quête d’“en marche”, ne faisait que passer à la vitesse supérieure, promettant le futur tout en laissant derrière lui les ruines du présent.
L’ironie ultime : le même jeune prodige, capable de galvaniser des foules par des discours millimétrés, allait bientôt se retrouver face à une France divisée, exaspérée et résignée, où les promesses d’éclat se heurteraient à la dure réalité des crises économiques, sociales et institutionnelles. L’ascension avait été spectaculaire, mais elle portait en elle les germes d’un crépuscule que personne, pas même l’orateur le plus charismatique, ne pouvait éteindre.
Ainsi commence le double quinquennat : une épopée de lumière et d’ombre, où le génie oratoire se heurte à la complexité d’un pays en mutation et où chaque décision, chaque réforme, chaque mot prononcé porte en elle les traces d’un destin à la fois fascinant et inquiétant.

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