Le Clan Gyteps

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Plusieurs semaines plus tard, alors qu'un autre groupe était à la recherche du mystérieux Nicolas Gath, deux jeunes garçons préparaient quelque chose dans la brume des monts du Sidaltra...

- Bon, je récapitule, Bès. Le pigeon, c'est simple, il faut jouer sur ses émotions. D'abord, tu tâtes le terrain. Tu l'observes un petit moment. S'il est du genre à se faire du souci, faut le stresser, s'il est sensible, faut lui faire verser une larme.

- D'accord. Et c'est là qu'on pigeonne ?

- Non, d'abord tu le cuisines, tu le fait revenir, t'ajoutes des petits oignons... Le pigeonnage, c'est de la gastronomie... Sauf que les pigeons, ils savent pas encore qu'ils sont les dindons de la farce...

- C'était une blague ?

- Non... 'fin si... Mais bref : Oublie pas qu'être bon acteur, ça ne suffit pas, tu dois ajouter de la crédibilité ! Pour que ton scénario soit plus crédible, prends des accessoires, utilise ton environnement...

- Et c'est là qu'on pigeonne !

- Ouais, mais vas-y mollo... Tu me regardes faire sans trop bouger et si tu te sens d'improviser, vas-y, mais garde la main légère !

En contrebas se trouvait un petit groupe de "pigeons", comme venait de les appeler Akhnum. Trois jeunes gens qui venaient de lever le camp, continuant leur route dans la chaîne de montagnes du Sidaltra... L'une portait une tunique bleue et avait les cheveux courts, un autre était très fort, le dernier portait un long manteau qui lui cachait la bouche...

- Vous savez les gars, j'ai réfléchi à nos surnoms... Pour les Morfales, on garde, mais je sais pas si "les Crocs" me va si bien, dit Dysill, sans se douter que le petit groupe était épié.

- Explique-moi un peu pourquoi on aurait besoin de surnoms ? Keldan, c'est un nom viril, puissant et élégant à porter...

- Et la cohésion d'équipe, alors ? Faut pas qu'on ait l'air de rien devant Gath, quand même...

Lurian montra en quelques signes qu'il aimait bien son surnom.

- Bande de gamins... dit Keldan, épuisé par ces enfantillages.

Mais soudain, les trois amis tombèrent sur un petit garçon blessé à la jambe accompagné d'un autre garçon légèrement plus âgé.

Dysill se précipita vers eux.

- Oulà... Qu'est-ce qu'il t'arrive, bonhomme ?

- C'est... C'est la jambe de mon petit frère, madame ! Il est tombé et s'est fait mal...

- Et où sont vos parents ?

- On est tous les deux tombés de la falaise, j'ai pu m'en sortir mais...

- Repose ma bourse.

- Pardon, madame ?

- Ma bourse, tu viens de la chopper. Alors maintenant, tu la reposes.

- Je...

- Voler un voleur...C'est pas terrible. Vous êtes mal tombés, les petits gars.

Le plus vieux des deux garçons, Akhnum, saisit la bourse et l'envoya vers son soi-disant petit frère.

- On s'arrache, Bès !

Le dénommé Bès commença à courir et Dysill le suivit. Akhnum prit alors une sorte de petite dague qui semblait très courbée et l'envoya tourner dans la direction de Keldan. Celle-ci scia le fil qui rattachait sa bourse à sa ceinture et, tour surprenant, la lame se retourna vers Akhnum, comme un boomerang.

- Bordel, qu'est-ce que ?

Akhnum ramassa la bourse tombée au sol et s'enfuit sur un chemin montant au dénivelé très important. Keldan tenta de le suivre mais n'allait pas assez vite. Dysill quant à elle avait été semée par Bès, qui connaissait bien mieux la topographie des lieux.

Mais Lurian s'agaçait un peu. Il poursuivit Akhnum à une vitesse que Keldan ne jugeait pas humaine. Se retournant pour voir si ses assaillants le poursuivaient toujours, Akhnum vit alors un visage à mi chemin entre la neutralité totale et la pure intention meurtrière. Cela l'encouragea à presser le pas.

Se rejoignant en bas du chemin, Dysill et Keldan suivirent Lurian de loin. Mais le petit voleur et le gardien se disputaient dans une course sans merci. Akhnum avait beau passer par un sentier escarpé et essayer de semer son poursuivant en l'amenant sur des pentes dangereuses, il ne s'arrêtait pas.

- Qu'est-ce que c'est que ça, sérieux ? se demandait-il en parlant de Lurian.

Heureusement pour lui, il aperçut l'entrée d'une petite grotte qu'il connaissait bien. Celle-ci faisait tomber tout droit celui qui y entrait vers une sorte de lac souterrain. Il y plongea la tête la première, pensant que Lurian ne s'y risquerait pas, mais le Gardien se boucha le nez et sauta dans la caverne inondée, là où il ne pouvait rien voir.

Dysill et Keldan arrivèrent quelques minutes plus tard devant l'entrée de la grotte inondée. Ils avaient vu Lurian y plonger, de loin.

- Où est-ce que ça peut bien déboucher ? demanda Keldan.

- J'en sais rien. On plonge ?

- Non, attends... T'entends ce bruit ?

Une rivière semblait couler sous terre, on entendait en tout cas l'eau ruisseller jusqu'au lac. En levant les yeux, Keldan et Dysill virent une partie de la rivière à l'air libre, en amont.

- Par ici ! dirent-ils avant de se diriger vers la source de la rivière.

Pendant ce temps, Lurian tentait de se repérer dans la caverne inondée alors que presque aucune lumière ne la traversait. Il nagea jusqu'à atteindre la rive et mit le pied sur du sable. Il sortit de l'eau et frappa très légèrement le sol avec un objet qui ressemblait à une cuillère. Lurian avait l'habitude des cavernes, il devait essayer de se repérer d'une manière qui lui était propre. En avançant à pas prudents dans la caverne, il toucha la paroi de la grotte et avança tout du long. Il finit par entendre des pas et se concentra sur eux pour les suivre discrètement. Quelques mètres plus loin, ça y est, il voyait de la lumière ! Il s'approcha du petit trou formé dans la roche et entendit deux voix s'élever.

- En fait, ça se passe vraiment pas souvent comme ça, là c'était vraiment de la malchance ! Compris, Bès ? dit fièrement le plus âgé.

- Oui, Akhnum ! dit le plus petit, tout content de sa première prise.

- On a eu de la chance en plus, cette fois-ci Anhour ne nous collait pas. Elle manque de subtilité, si tu veux mon avis... dt-il en se taillant les ongles.

- Et pour les pigeons ? T'as pas peur qu'ils nous suivent ?

- Non... Je les ai semés. En plus on est trop près du village pour qu'ils essaient quoi que ce soit !

Lurian se décida à sortir la tête de son trou mais fut interrompu lorsqu'un troisième larron s'approcha, celui-ci était torse nu malgré le froid et portait plusieurs dizaines de bracelets. Il était fin et élancé et portait de courts cheveux noirs. Il avait bien une vingtaine d'années.

- Akhnum ! Ne me dis pas que tu as encore emmené Bès ?

- Ben quoi ? Il faut bien qu'il se fasse la main !

Le plus grand attrapa l'oreille d'Akhnum et lui la tira.

- Aïe !

- Ce sont les aînés qui doivent le former, pas toi, tu n'est même pas encore cadet !

- Pardon, pardon ! Je reccomencerais pas, promis !

- Tu diras ça à ton père !

- Mais, Ptah, dis timidement le petit Bès, c'est moi qui le lui ai demandé !

- Ca, c'est pas mon problème... Allez, on rentre au village, et vous vous expliquerez à vos parents.

Ptah sembla remarquer quelque chose, puis se tourna vers les deux jeunes crapules.

- Allez, on se dépêche...

Lurian attendit un instant, et quand il s'entendit plus un bruit, il décida de sortir dehors pour suivre les voleurs. Il prenait enfin l'air... Et vit une petite vallée cachée par la brume. S'il n'avait pas suivi les enfants, il n'aurait sans doute eu aucun moyen de trouver l'endroit, à l'écart des chemins tracés et par delà un col dangereux à traverser. Au sein même de la brume se trouvait un village qui semblait bien animé, c'était sans doute ici que se rendaient les deux petits avec leur aîné. Lurian s'apprêtait à les suivre, mais au moment où ils sortirent de son champ de vision, il sentit soudainement un très violent choc dans l'arrière de la tête et s'écroula au sol.

Quelques longues minutes plus tard, Dysill et Keldan arrivèrent au sommet de la colline sur laquelle ils se trouvaient et virent au loin le village plongé dans la brume.

- Pas spécialement rassurant, cet endroit... dit Keldan.

- Mais c'est là que doit être Lurian... Il faut qu'on aille l'aider, en espérant qu'on se fasse pas trop remarquer...

Ils descendirent alors la pente qui menait au coeur de la vallée en tentant de passer le plus inaperçu possible. C'était assez simple pour Dysill, mais beaucoup plus dur pour Keldan, qui peinait à se faufiler sans bruit d'un arbre à un buisson. De leur côté, les voleurs étaient rentrés chez eux et parlaient de nouvelles stratégies sur la place du village. Ptah n'était plus avec eux.

- Bon, on s'est fait gauler CETTE FOIS, mais c'est encore une question de malchance, dit Akhnum, l'aîné de Bès.

- ça fait beaucoup de malchance, ces derniers temps...

- Concentre-toi un peu, Bès ! Si on a manqué trois fois de bol, ça veut dire qu'il va nous arriver un truc de fou la prochaine fois !

Une voix féminine s'éleva juste derrière eux.

- Vous êtes partis sans moi.

Un frisson de terreur envahit les deux garçons. Ils allaient sans aucun doute souffrir. Ils se retournèrent et virent arriver une fille un peu plus âgée qu'eux, d'environ quatorze ans. Celle-ci portait une tunique peu épaisse et était couverte de peintures et de tatouages comme l'étaient les deux garçons. Elle avait une épaisse chevelure crépue et une forme physique à en faire pâlir les grands athlètes de ce monde.

- Ah...Anhour, ahah... On croyait que t'étais malade, marmonna Akhnum.

- Vous vous êtes tirés sans moi, saligauds ! Dit-elle en les plaquant tous les deux au sol sans qu'ils ne puissent rien faire.

- Arrête, pitié ! dit-il, alors qu'il luttait pour s'extirper de sa prise, sans succès.

Elle commença à chatouiller Akhnum et Bès, qui la supplièrent d'arrêter. Celle-ci prit un malin plaisir à les faire se tortiller et éclata de rire. Dysill et Keldan, quant à eux, ne voyait qu'une partie de la scène mais en comprenaient le déroulé. Ils étaient cachés derrière un buisson en attendant que l'un d'eux leur donne un indice d'où était Lurian.

- Non mais sérieux, t'as pas assez de place ? T'es obligée de m'écraser ? demanda Keldan à une Dysill légèrement affalée sur lui.

- Mais non, bouge pas... Je les vois mieux, d'ici...

- Ouais, bah moi je vois rien.

Un vieil homme arrivé, celui-ci était tout aussi athlétique que la plupart des gens qui vivaient dans ce village. Il avait une longue barbe grisonnante et des cheveux courts.

- Anhour, pourquoi est-ce que tu ne cesses de t'en prendre aux plus petits que toi ?

Anhour cessa instantanément son petit jeu et s'inclina devant l'homme.

- Salut, grand-père !

Les deux petits la suivirent en se prosternant eux aussi.

- Chef Kebos, salut !

- Akhnum, Bès... Je n'ai pas entendu de très bonnes choses à votre sujet, vous avez enfreint les règles...

- Pardonnez-nous, chef !

- ...et en plus vous vous êtes faits prendre.

Le petit Bès était étonné de la réponse du grand chef de clan. Il leva la tête de sa courbette et le vit cligner de l'oeil.

- Il est très bon de vous entraîner, mais faites-le au sein du village la prochaine fois. Et Bès, prends le conseil d'un aîné plus expérimenté qu'Akhnum.

Le petit voleur était touché dans son orgueil.

- En parlant d'ainé, j'ai vu que Ptah avait amené un autre sacrifice pour ce soir...

- Ah, oui, il l'a mis avec les autres dans la cave rituelle !

- D'accord, alors allez vous changer, on mange tôt, ce soir. Surtout avec ce qui traîne dehors.

Les petits partirent tous trois pour se préparer au dit sacrifice, ne laissant qu'Anhour et Kebos sur la petite place.

- Tu es prête, mon enfant ? demanda le vieillard.

- Un peu... Mais j'ai les foies...

- C'est normal, c'est une autre étape de ta vie qui commence ce soir... Mais tu verras que ce sera vite passé. En un claquement de doigts, Akhnum et Bès auront l'âge de passer par là, eux aussi.

- Merci, grand-père... Je vais finir de me préparer !

Le vieil homme regarda la jeune fille s'éloigner et s'écarta lui-même plus loin, réfléchissant, le sourire aux lèvres. Keldan et Dysill décidèrent d'un plan d'attaque, toujours dans une position inconfortable

- Tu crois qu'ils parlent de Lurian ? demanda Dysill à son ami légèrement mal positionné.

- Je sais pas, mais si c'est lui le sacrifice, alors il faut qu'on se bouge !

- Ce sera pas si simple de se déplacer dans le village sans être repérés...

- Attends, j'ai une idée !

Keldan attrapa la tige du buisson dans lequel ils étaient cachés et tira de toutes ses forces. Il en arracha les racines. Grâce à ce stratagème, ils pouvaient se déplacer en se faisant passer pour une plante verte.

Lurian se réveilla dans une pièce sombre, les mains et pieds liés. Il tentait tant bien que mal de voir ce qu'il avait devant lui, mais cela lui était difficile. Etait-il retombé dans la grotte ? Non, il marchait sur du parquet grinçant. Il était à l'étage d'un bâtiment. Il chercha alors une porte ou une fenêtre mais ne trouva qu'une échelle. Il tenta de s'y accrocher, mais il ne pouvait pas se défaire de ses liens. Il entendit quelque chose marcher à l'étage.

Toujours sous forme arboricole, Dysill et Keldan se déplacaient tant bien que mal d'un endroit à l'autre du petit village très actif. Arrivés près de la tente du chef Kebos, ils virent le vieillard discuter avec une femme d'âge moyen.

- N'est-il pas un peu tôt pour dire aux enfants de se préparer ? lui demanda-t-elle.

- Cela fait longtemps que nous n'avons pas fait de sacrifice, répondait-il en se parant d'une sorte de tenue de cérémonie qui lui recouvrait tout le torse. Et vu ce qui nous touche ces derniers temps, je préfère qu'ils ne sortent pas trop tard.

- On n'échappe pas à sa nature, hein ? Tu as beau faire des efforts, tu redeviens vite protecteur...

- Oui... Pardon, ma fille. Mais je ne peux pas non plus complètement ignorer le danger qui nous guette dehors.

Elle lui sourit en l'aidant à enfiler ses bijoux de cérémonie.

- Je te remercie de faire des efforts pour les petits... Et pour Anhour.

- Elle est grande, maintenant. Tu t'en es bien occupé, Anat. Tu peux en être fière.

- Et toi aussi, papa. Elle ne serait pas si forte, sans toi. Tu as été un père pour elle.

Le chef de clan fut alors à la fois attristé et contrarié.

- Ne dis pas ça. Je n'arrive pas à la cheville de son père.

- Et pourtant tu es là aujourd'hui, pour elle. Et pas lui.

Il attrapa doucement la main de sa fille et l'embrassa avant de lui rendre son sourire.

- Allons-y, préparons le sacrifice.

Non loin de là, Anhour faisait face à Akhnum dans une petite aire de sable semblant destinée à des affrontements.

- Faut que je sois au top pour ce soir, Akhnum. Alors t'as pas intérêt à te retenir, d'accord ?! dit-elle en adoptant une position de garde singulière.

- On est obligés de faire ça maintenant ? demanda-t-il.

- C'est pour avoir oublié de m'emmener, tout à l'heure... Considère ça comme ta punition !

Le petit Bès, toujours aussi silencieux et attentif se tenait près de l'aire avec un petit drapeau.

- Okay, alors m'en veux pas si je t’abîme avant ton passage à l'âge adulte !

- Bès, quand t'es prêt, donne le départ !

Bès abaissa le petit drapeau

- Allez-y !

Les deux assaillants commencèrent à tourner autour de l'arène et à enchaîner des mouvements qui ressemblaient beaucoup plus à de la danse qu'à un véritable affrontement. Akhnum sortit alors sa fameuse "dague-boomerang" en plus d'une autre qui avait la même forme. Il en envoya une à toute vitesse vers Anhour qui l'attrapa en plein vol par le manche, il courut vers elle et lui envoya un coup de dague qu'elle parra avec celle qu'elle avait obtenu et un formidable échange de coups s'ensuivit.

La fatigue eut raison d'Akhnum, plus jeune, qui s'écarta de quelques mètres. Il rangea sa dague avant d'adopter une position martiale plus traditionnelle et continua à faire plusieurs pas autour d'un cercle invisible.

- On la joue comme ça, alors ? demanda Anhour, avant de renvoyer sa dague à Akhnum.

A son tour, elle ferma les yeux et entama une danse légère, agréable à l'oeil. Les deux combattants s'approchèrent alors et s'élancèrent l'un contre l'autre pour se frapper à mains nues. Ils étaient très facilement projetés et se relevaient encore et encore. Il était assez difficile de comprendre ce qu'ils faisaient. C'était un combat, certes, mais une forme d'art semblait se mêler à la force et à la vitesse déployées. On aurait presque dit qu'il existait des formes invisibles à l'oeuvre à leur côtés.

Akhnum leva la main.

- Arrête, c'est bon, je suis crevé...

- T'es vraiment bon, pour ton âge... J'étais pas forte comme ça, moi ! lui dit-elle en essuyant la poussière de son habit léger.

- Tu devrais aller te préparer... T'as une démonstration à donner, je te rappelle ! Moi, je vais me reposer !

- D'accord, à tout à l'heure ! dit-elle en partant.

Akhnum s'assit sur un rocher, il était pensif quant à la cérémonie de cet après-midi. Anhour avait toujours été une sorte de grande soeur pour lui qui était fils unique. Aujourd'hui, elle passait à l'âge adulte, et il voulait être là pour la soutenir. C'est pour cela qu'il était parti escroquer deux "pigeons" avec Bès seul, il ne voulait pas qu'elle pense à autre chose. Pour tout le monde, c'était la petite fille du chef, pour lui, c'était une amie, une jeune fille tendre et drôle, mais solide. Elle avait son caractère un peu imbuvable, parfois, mais elle avait toujours pris soin d'eux. Quand il serait sous son commandement, à l'avenir, il espérait être digne de la conseiller dans tous les moments, faciles et difficiles.

Bien sûr, il ferait aussi tout ce qui était en son pouvoir pour que Bès soit à leur côté ce jour-là. Le jeune et faible Bès cachait en lui quelque chose de grand, et Akhnum semblait être le seul à le voir.

Mais lorsqu'il se leva pour aller rejoindre son petit frère de substitution, deux monstres se jetèrent sur lui pour l'attraper. Ils étaient couverts de feuilles et d'apparence bien familière :

- Bouge-pas ! hurla Dysill au petit Bès qui regardait la scène terrifié.

- Les pigeons ! cria Akhnum. Vous voulez quoi ? Votre fric ?

- Non, on veut le sacrifice... Rend nous Lurian ! dit Keldan.

- Le sacrifice ? Il n'a pas commencé, c'est sur la place du village... Mais c'est quoi, un Lurian ?

Akhnum commençait doucement à comprendre.

- Attendez, mais...

- Okay, mène-nous là-bas ! T'es notre otage, maintenant ! dit Dysill, forçant l'intimidation.

Le petit Bès courrut vers la place pour prévenir les autres, suivi par Dysill, Keldan et leur otage. Là s'y trouvait le chef Kebos et sa fille Anat, tous deux couverts par un vêtement de cérémonie. Un feu était entrain d'être allumé au milieu du village et le reste du clan s'y attroupait peu à peu. Anhour se préparait dans sa tente. Le chef prit la parole :

- Gyteps, mon clan ! Aujourd'hui, nous célébrons le 135ème...

Dysill et Keldan débarquèrent, tenant fermement Akhnum.

- Halte là ! Rendez-nous Lurian ! lancèrent Dysill et Keldan en même temps.

- Lurian ? Demanda le chef, surpris et inquiété.

- Lâchez-moi, bande d'abrutis ! lâcha Akhnum. Vous comprenez pas...

- Celui que vous avez prévu de sacrifier !

C'est alors que Ptah revint, portant avec deux autres grands hommes de nombreux faisans qui allaient bientôt être cuits.

- Le voilà, le sacrifice, bande de dégénérés... Vous croyez qu'on bouffe des humains ? pesta Akhnum.

Keldan, embêté, relâcha Akhnum se son emprise.

- Attends, quoi ? Il est où, Lurian ?

C'est alors que le jeune Gardien entra dans le village. Il avait un bras ensanglanté et tenait à peine sur ses jambes. Keldan le rattrapa avant qu'il ne tombe à la renverse.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé, mon gars ?!

Keldan l'examina un instant et vit que ses vêtements étaient déchirés, il semblait avoir eu des problèmes. Dysill vit que les membres du clan commençaient à les regarder sévèrement. Certains sortaient des armes de leurs ceintures.


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