Sophie entra doucement dans la chambre de Biana, le cœur un peu serré.
La lumière tamisée du couloir filtrait à travers la fenêtre, dessinant des ombres dans la pièce calme.
Biana était là, assise sur son lit, absorbée par un livre, son visage pâle mais serein.

« Salut, Biana, je suis venue te voir. » La voix de Sophie tremblait légèrement, comme si un poids invisible pesait déjà sur sa poitrine.

Après quelques minutes à échanger des paroles timides, son regard vagabonda sans vraiment faire attention jusqu’à ce qu’il s’arrête sur un vieux classeur oublié sur une étagère, à moitié ouvert.

Elle sentit une curiosité irrésistible la pousser à s’approcher. Sans réfléchir, elle attrapa le classeur, ses doigts tremblants feuilletant les pages jaunies.

Puis, au détour d’une feuille, un nom apparut. Un nom qu’elle ne connaissait pas.
Elira Foster.

Le monde sembla vaciller autour d’elle.

Son souffle se fit court. Son cœur battait si fort qu’elle eut peur qu’il ne déchire sa poitrine.
Les mots sur la page dansaient devant ses yeux : une enfant enlevée à sa naissance, élevée par les Invisibles, dotée de pouvoirs impressionnants, un secret soigneusement gardé.

Sophie se sentit submergée par un torrent d’émotions contradictoires.
Du choc d’abord, lourd et glacial, comme un mur invisible qu’elle venait de percuter.
Puis la confusion, qui brouillait toutes ses pensées.
Et la peur, sourde et lancinante, qu’on découvre qu’elle savait… qu’elle ne devrait pas savoir.

Elle serra les pages contre sa poitrine, comme si ce simple geste pouvait la protéger — ou la cacher du monde.

Biana, absorbée dans son livre, ne se doutait de rien.
Sophie regarda sa meilleure amie, si vulnérable et si innocente, et sentit le poids du secret devenir un fardeau étouffant.

Pas un mot ne franchit ses lèvres.

Elle savait qu’elle devait garder cette vérité pour elle, au moins pour l’instant.
Ce mystère, cette sœur cachée, ce fantôme d’une vie qu’on lui avait volée… c’était maintenant son combat.

Et elle n’était pas prête à le partager.