JFK, 22 décembre 2022, hall des départs.

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Bip bip bip ...

— Ce bagage est à vous Monsieur ?

— Bien sûr qu'il est à moi, à qui voulez-vous qu'il soit ?

L'agent de sécurité inverse le sens du tapis roulant, observe attentivement son écran, interpelle son collègue qui, après constat, s'adresse à Haddock :

— Vous permettez que nous l'ouvrions ?

— J'imagine que je n'ai pas le choix ...

Le Capitaine, manifestement contrarié, assiste à l'ouverture de la précieuse valise. Il ne faut pas deux secondes à l'agent pour en extraire trois bouteilles de Loch Lommond.

— Vous ne pouvez pas emporter ça Monsieur.

— Mais tonnerre de Brest, c'est du whisky !

— Monsieur, vous ne pouvez pas emporter de flacon d'une capacité supérieure à cent millilitres.

— Cent millilitres ? Mais mille millions de mille sabords, c'est ce que la boit-sans-soif aux allures d'épouvantail dépenaillé qui nous sert de chaperon avale en une seule gorgée ! Où est-elle celle-là ? Bobeeeeette ?

C'est Morane qui arrive à la rescousse.

— Bobette a dû se rendre dans un local privé. Fouille corporelle. Elle a tellement de piercings que le portique s'est pris pour un sapin de noël. L'agent a raison, Capitaine, on n'emporte pas de liquides dans un avion. Plus à notre époque.

— Mais espèce de saltimbanque à la sauce samouraï, puisque je vous dis que ce n'est que du whisky !

— Même si c'était de l'eau, ils ne vous y autoriseraient pas, Capitaine.

Furieux, le Capitaine assiste au rapt de ses précieuses bouteilles, sous le regard amusé de Milou. C'est le moment que choisit Bobette pour réapparaître. Elle semble contrariée elle aussi. Le Capitaine lui conte sa mésaventure, elle soupire et compatit.

— M'en parle pas Papy. Moi c'est chaque fois la même chose. Leurs satanés scanners font pas la différence entre mes piercings et un flingue. Font chier !

Le Capitaine, toujours de méchante humeur, bougonne :

— Tout de même, un si bon whisky. Bande de sagouins !

***

La voix masculine résonne dans les haut-parleurs au-dessus de la tête des passagers.

Mesdames, Messieurs, bonjour,
Mon nom est Walter, je suis votre chef de cabine. Le commandant TURBOT et l’ensemble de l’équipage ont le plaisir de vous recevoir à bord de ce vol BARDAF Airlines à destination de Paris Charles de Gaule. Le temps de vol sera de sept heures trente. Nous vous rappelons que ce vol est non fumeur. Les téléphones portables doivent maintenant être éteints ou placés en mode avion. Veuillez attacher et ajuster votre ceinture de sécurité. Le personnel de cabine est à votre disposition pour assurer votre confort et votre sécurité durant le vol.
Au nom de BARDAF Airlines et de ses partenaires Skyteam, nous vous souhaitons un très bon voyage.

Bougon, Haddock range la pipe qu'il s'apprêtait à allumer. Quelle satanée époque, pense-t-il, où les plaisirs simples de la vie vous sont refusés sous de futiles prétextes.

Lorsque le signal annonce la fin de la phase de décollage, il déverouille sa ceinture. Une hôtesse apparaît, une blonde aux cheveux coupés au carré et de grands yeux de biche. Elle porte une jupe bleue presqu'aussi courte que celles de Bobette et un chemisier blanc impeccable. Elle minaude en s'adressant à Tintin.

— Monsieur Tintin, c'est un réel honneur. Vous savez, si je fais ce métier c'est un peu à cause de vous, glousse-t-elle. Je vous sers quelques chose à boire ?

— Une eau s'il vous plait, mademoiselle. Vous êtes devenue hôtesse de l'air à cause de moi ?

— Hihihi, non bien sûr, je voulais dire... personnage de BD. Plate ou pétillante Monsieur Tintin ?

Assis à côté du reporter, Haddock croise brièvement le regard de Bobette, installée, elle, juste de l'autre côté de l'allée. Un regard noir et assassin qui fusille l'hôtesse avec toute la puissance de feu dont une femme peut être capable. Intrigué, Haddock n'a pas le temps d'y faire plus attention, ladite hôtesse s'enquérant de ce qu'il veut boire. Désespéré, il commande un jus de tomate, persuadé qu'il est que l'alcool aussi est banni sur ce vol. On se croirait aux Etats-unis en pleine prohibition, se dit-il. La jolie blonde lui tend un gobelet de plastique où deux glaçons surnagent dans une marre couleur de sang. Déjà, l'hôtesse se tourne vers Bobette qui triture sa poupée de chiffon..

— Et pour Madame, ce sera ?

— Un whisky. Double. Avec de la glace.

— Blended ou single malt ? Nous avons les deux.

Dans un bruit de bouldogue qui éternue puis s'ébroue, le vieux marin recrache son jus de tomate et s'étrangle avec un glaçon.

— Espèce d'empoisonneuse volante, soubrette de pacotille, vous avez du whisky et vous me servez cet infâme jus de limace du mozambique !! Mettez-moi donc un whisky, le même que mademoiselle !

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