Chapitre 3 : Itarra

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De l'autre côté, il y a une chambre sans fenêtre aux murs roses. Elle est immense !

En son centre, un grand lit rond prend une grande partie de l'espace face à moi. A droite du lit, un canapé de soie rouge remplie un enfoncement, tandis qu'en face une cloison ouverte mène à une salle de bain. L'ensemble enfermée par une grande double porte de bois blanc.

Je tourne sur moi-même, et n'aperçois personne. Où est-ce que je suis ? Où peut être cette fille que je dois aider ?

Je fouille partout, la salle de bain, derrière le canapé. J'ai l'impression de jouer à cache-cache. Mais la chambre est vide.

Terrifié de rencontrer quelqu'un, j'angoisse de sortir de la chambre mais je n'ai pas le choix. Il faut que je trouve Itarra pour qu'on sorte au plus vite.

Quand je tourne la clanche de la porte de la chambre, le cœur battant, celle-ci est bloquée.

J'invoque alors mentalement ma forme liquide avant de glisser silencieusement sur le seuil et de me reformer de l'autre côté.

Je me retourne en observant la clé toujours dans la serrure. Je m'exclame :

- Pourquoi me téléporter dans une pièce fermée à clé ? Pour tester mes pouvoirs ? Comment je faisais si je ne les maitrisais pas ?

Je serais peut-être déjà mort, si mes pouvoirs ne s'étaient pas manifestés, je songe.

Je fais tourner la clé dans le verrou et celui-ci se déverrouille en deux tours.

Pourquoi fermer à clé une chambre vide? De plus en laissant les clés dans la serrure ? Un problème de porte qui claque ?

La chambre débouche sur un long et large couloir, qui lui-même mène sur une piscine. En face, il y a exactement la même double porte, mais cette fois elle n'est pas fermée à clé.

Je l'ouvre prudemment, le cœur battant, mais encore une fois, la pièce est vide.

Elle ressemble un peu à celle où je suis apparu, mais derrière le lit, le mur est remplacé par une grande baie vitrée. Les murs ne sont pas vides non plus, mais remplacés par de grandes armoires, remplies de livres, pinceaux et de pots de peintures, et d'un immense dressing dissimulé dans un renfoncement.

Le lit lui aussi est différent, il est carré et plus grand. De chaque côté du lit, il y a une table de nuit.

Mais où est-ce que je suis ? Suis-je vraiment au bon endroit ? Il n'y avait ni de femme à sauver ni de garde. J'ai l'impression d'être dans une maison banale, pas celle d'assassin, ou même de kidnappeurs.

La salle de bain est en revanche identique, moderne de pierres noires brutes avec une grande baignoire creusée dans le sol.

Dépité de ne rien trouver, je sors de la chambre et jette un regard rapide par la dernière entrée du couloir. C'est une cuisine, elle est propre, rangée. Rien ne traîne. Mon ventre gargouille, je soupire :

- C'est vrai que je n'ai pas mangé depuis un bout de temps !

Je saisis une pomme jaune dans une corbeille en osier, et croque dedans.

La pomme à la main, je sors de la cuisine, et arrive dans un grand hall. D'un côté, il y a une grande double porte vitrée qui définit l'entrée principale, et dans sa continuité, une piscine.

C'est une grande piscine de la taille d'un bassin olympique, parsemée de tunnels, de fontaines, de cascades, de courants et de hauts plongeoirs. Son fond est fait de roche noire encore brute, son eau est incroyablement belle et transparente. L'eau a une odeur orageuse et non le chlore qu'on peut imaginer.

- Trop stylé ! je m'exclame. Je suis pas tombé dans n'importe quelle maison.

Mais alors que je m'attends à être au bout de mes découvertes, je reste figé sur place quand j'ouvre l'entrée principale de la maison.

- C'est magnifique ! je lâche bouche-bée.

Le spectacle à l'extérieur est juste époustouflant. La maison se trouve dans un dôme sous un océan ! On peut voir de gigantesques bancs de poissons passer au-dessus, cachant la lumière du soleil artificiellement amplifiée. J'aperçois aussi vers les bords du dôme, un énorme poulpe, se déplaçant sur les rochers qui reposent aux fonds de l'eau.

Sous le dôme, la villa surplombe une plaine sur une large et douce colline. L'herbe est magnifique, douce et agréable au toucher. Puis mon regard se porte sur la petite forêt qui borde les parois du dôme.

Après avoir suffisamment dévorer le paysage des yeux, je décide à contrecœur, de suivre un chemin de terre qui mène à la bordure. J'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose.

Marchant silencieusement, je manque cruellement mes écouteurs qui aurait pu accompagner ce paysage fantaisiste avec de folles musiques.

Je commence finalement par m'enfoncer dans la forêt, quand soudain, dans un froissement de feuilles et de branches. Un daim traverse le chemin devant moi et me fait violemment sursauter.

En même temps, j'ai l'impression d'entendre un bruissement derrière moi. Je me retourne brutalement, le cœur battant mais le chemin est vide. Cette fois pas de gibier.

Quelques secondes plus tard, le calme et le silence revenu, je me remets en chemin pour apercevoir un peu plus le loin, le chemin de terre bloqué par la paroi translucide du dôme. De l'autre côté le chemin continue en pente ascendante sous l'océan et débouche au loin sur l'entrée d'une grotte.

Je touche la surface translucide et m'aperçois que ce n'est pas de l'eau, mais quelque chose de lisse et dur.

C'est le moment de tester mes pouvoirs ! Je ferme les yeux et imagine l'eau devant moi s'écarter sur un mètre. Quand je les rouvre, rien ne s'est passé. Je jure réalisant que je suis bloqué :

- Non, pas si près du but ! je grommelle. Je contrôle l'eau ou pas ?

Pour être sûr que je l'avais bien fait, je liquéfie mentalement mon bras. Devant mes yeux, tout en gardant sa structure, il se transforme en une eau translucide. Après l'avoir rematérialisé, je réessaie avec la surface du dôme. Mais encore une fois rien ne se passe.

Dans un dernier espoir, je tente de traverser la surface du dôme avec mon bras, mais je me heurte sur la surface transparente. Dépité de mon échec, je me retourne en soupirant de frustration:

- Bon bah par là c'est mort !

Je rebrousse chemin. Je me demande bien qui peuvent être ces gens qui habitent ici. Pas des humains normaux, en tout cas ! Suis-je encore sur Terre ? La technologie du dôme ne ressemble à aucune que je ne connaisse et pourtant je suis au point là-dessus ! Ou alors ce serait un projet secret ? Mais alors comment pourrait-on vivre ici isolé du monde ?

De toute façon j'allais forcément devoir les rencontrer, je suis bloqué chez eux ! Mais s'ils ne revenaient pas ? Si c'était juste un projet test ? Combien de temps vais-je rester enfermé ?

Devant la maison, j'ouvre la porte vitrée, la maison est toujours aussi vide et silencieuse, l'eau de la piscine, toujours aussi plate et lisse.

Pour en avoir le cœur net sur les limites de mes pouvoirs, je ferme les yeux devant la piscine, et tente de juste d'agiter l'eau. Mais encore une fois quand je les rouvre, l'eau est toujours plate et immobile. Donc impossible de contrôler l'eau hormis celle de mon corps...

Je refouille malgré tout chaque pièce de la maison pour être sûr qu'elles soient toujours bien vides, sans succès.

Désespéré, de n'avoir réussi à rien et d'être bloqué, je m'affale dans le couloir. Je réfléchis, le silence étant insoutenable.

Je ne vois aucun moyen de sortir de cette bulle sous l'océan. Comment être sûr que les propriétaires de la maison reviendront avant que je ne meure de faim ? Même s'ils reviennent, me laisseront-ils partir ?

Mais alors pourquoi cette femme aux cheveux violets m'avait-elle téléporté ici ? Elle avait l'air d'être omnisciente, le savait-elle que la bulle est impénétrable ? Comment est-ce que je peux libérer quelqu'un si on m'enferme et encore plus si elle n'est même pas avec moi ?

Je ramène mes genoux vers moi, pose mon menton entre les deux et regarde d'un air pensif le carrelage du couloir. Suis-je vraiment à la hauteur ? Ce mur invisible est-il vraiment infranchissable ou est-ce juste moi qui suis incapable ?

Soudain, mon regard s'arrête sur un bout de joint du carrelage noir. Sur moins d'un demi millimètre un fin filet de lumière rouge s'échappe, puis au bout de quelques secondes, il devient vert, puis jaune puis redevient rouge et ainsi de suite.

Il doit sûrement y avoir quelque chose en-dessous. J'essaie alors de déloger la dalle avec les doigts, mais elle ne bronche pas.

Trépignant d'impatience, je fais le vœu qui commence à devenir une habitude, et me sens m'étaler au sol. Quand je les rouvre, je ne suis plus qu'une flaque d'eau qui commence à glisser dans le trou.

Le trou est si minuscule que je mets plusieurs minutes à m'écouler dedans. Finalement je reconstruis mon corps dans une pièce illuminée de la même lumière qui s'en échappait.

Je lève les yeux et observe le plafond sévèrement attaqué, comme si la lumière l'irradie et le désagrège.

Alors que je m'avance pour voir de plus près le trou par lequel je suis rentré, le plafond s'ouvre et des marches s'élèvent du sol de la petite pièce.

Je recule brusquement pour éviter de tomber. Je ne sais pas comment j'ai déclenché ça, mais c'est vraiment incroyable !

Je jette un regard craintif dans le couloir pour être sûr que c'était bien moi qui l'avais ouvert et pas quelqu'un d'autre depuis l'extérieur. Puis je reprends l'exploration de la pièce.

La salle est plutôt grande. Elle est carrée et au centre de chaque mur, une gigantesque porte métallique semblable à celle d'un coffre-fort. Sur les quatre, une seule est ouverte, les autres, une par une laissent échapper une lumière vive de couleur différente. L'une rouge, une autre verte puis la dernière jaune.

Au centre de la pièce, il y a une grande table de chêne, avec plein de feuilles étalées dessus. En dessous un sac noir semble y avoir été jeté.

En l'ouvrant, je découvre des affaires noires jetées en vrac avec des couteaux dans des étuis.

Sortant le haut d'une tenue, je remarque qu'il ressemble à celui que je portais dans cet étrange rêve.

C'était Itarra que j'avais incarné ? Donc elle a bien été ici ! Je suis au bon endroit, mais alors elle, elle est où ? Suis-je arrivé trop tard ? Ou bien elle est derrière l'une de ces portes ?

Je repose ses affaires dans le sac et me tourne ensuite vers un tableau de liège, à côté de la table. Accroché au liège par des punaises de bois sculpté, je vois une photo de moi à côté du portrait d'Itarra alors avec un regard déterminé. Elle ne doit avoir que quelques années de plus que moi.

En dessous, il y a trois autres visages barrés. Sur une de ces photos, un nain trapu avec une épaisse barbe et des cheveux courts bruns. Sur une deuxième, une jeune femme aux belles boucles rousses, souriantes, d'une vingtaine d'années. Et sur la dernière, un homme fin, à la peau très pâle avec des cheveux lisses et argentés, le visage vide d'émotion comme la femme aux cheveux étincelants.

Tout d'un coup, j'entends derrière moi des feuilles qui tombent par terre. Je me retourne brusquement et vois le sac flotter dans les airs et s'échapper par la trappe.

Pendant quelques secondes je suis figé, surpris par la situation. Qu'est-ce que c'était ? Un sac volant, un dôme sous l'océan, et puis quoi encore ?

Ce sont sûrement les affaires d'Itarra, je dois lui garder. Sans trop réfléchir, je fonce à la poursuite du sac.

En même temps qu'une porte claque, je grimpe les escaliers de la salle secrète.

Dans le couloir, je regarde autour de moi avant de remarquer avec effroi que c'est la chambre où je suis apparu qui est maintenant fermé.

J'avance sur la pointe des pieds. Le cœur battant, la main sur la poignée, mon cerveau imagine le pire. Et si la maison était hantée ? Et si les propriétaires me jouent un tour ? Je suis tremblant, terrifié de ce que je vais découvrir.

Inspirant un grand coup pour tenter de me calmer. Je me ressaisis.

Si la femme m'a choisi, c'est que je peux le faire !

Après une profonde inspiration je pousse discrètement la porte, et entre dans la chambre. J'entends alors du bruit provenant de la salle de bain.

Je m'en approche. Mais un ou deux mètres avant l'entrée, un kunai se plante entre mes deux pieds, et une voix féminine s'écrit sévèrement :

- Tu fais un pas de plus, tu le reçois entre les deux yeux !

Je reconnais quasiment instantanément cette voix. Je recule de quelques pas, et réponds :

- Tu es là depuis quand ?

- Avant toi.

- Quoi, mais j'ai regardé partout !

- C'est peut-être ça le problème... Parfois il ne faut pas forcément se fier qu'à ses yeux. Tu as des oreilles aussi.

- Mais pourquoi tu ne t'es pas montré ? Je suis venu pour toi !

- Premièrement, ne pense pas que tu es venu pour moi.

- Nan, je balbutie surpris de la réponse glaciale, c'est pas...

- Deuxièmement je ne fais pas confiance aux hommes ! me coupe-t-elle toujours aussi sévèrement. Troisièmement, si j'ai repris mes affaires, c'était pour une bonne raison.

Je suis stupéfait pas ses réponses glaçantes. Ce n'est pas vraiment ce que j'aurais pensé entendre en la rencontrant. J'ai l'impression de déranger plus qu'autre chose. Alors timidement je demande :

- Bon... Et on fait quoi maintenant ?

- Tu as déjà oublié ce que t'a dit cette femme ? Il faut réunir les trois autres. Ça fait combien de temps qu'elle t'a marqué ?

- Marqué ?

- Récent en tout cas, soupire-t-elle. Touche ta nuque !

- Ah ça ! je m'exclame. Ça fait tout juste 24 heures.

Elle sort de la salle de bain brusquement, c'est bien Itarra. Elle est sublime, habillée totalement en noir, d'un haut sans manche avec son long et sombre manteau cachant une partie de son visage d'une grande capuche de la même couleur. Son pantalon de cuir noir moulant laisse deviner les formes de cuisses effilée. Pour assombrir son corps pâle, ses avant-bras sont enveloppés de cuir noirs jusqu'à ses paumes.

D'un ton autoritaire, elle ordonne :

- Montre-moi !

Je me retourne, et elle dit lourdement :

- Très bien... Ils ne savent donc pas que tu es là.

- C'est quoi le rapport ?

- Mais t'as rien compris ? T'as pas eu l'impression d'être suivi récemment ? Genre que quoi que tu fasses, certaines personnes savent où tu es ? demande-t-elle froidement.

Je me sens bête, et je vois très clairement de quoi elle parle, Elessiah me l'avait dit.

- Mais pourquoi 24 heures ?

- Sérieusement ? T'as Marque a évolué, la cicatrice a disparu. Il n'y a plus que ce tatouage.

L'apprenant je m'exclame :

- J'avais une cicatrice ?

- Wow, t'es long à la détente ! Bon perdons pas plus de temps, je veux partir au plus vite. Il faut trouver les trois autres au plus vite et un moyen de s'enfuir ! Tu as trouvé quoi dans la pièce ?

- Pas grand-chose pour l'instant à part des photos de nous. Mais j'ai vu aucune sortie et la paroi du dôme semble impénétrable.

- Retournons dans la salle que t'as trouvé, on trouvera sûrement des réponses. Il faut qu'on se dépêche, il peut revenir n'importe quand !

De qui, elle parle ? Je n'ai pas le temps de lui poser la question qu'elle s'élance dans le couloir, et glisse dans l'ouverture menant à la salle secrète avec élégance. Je l'imite, mais sans cette légèreté majestueuse.

Une fois dans la pièce, je ramasse une enveloppe rouge tombée par terre à côté de la table. Une lettre écrite avec une encre rouge sang y est pliée. Je la lis à haute voix à l'intention d'Itarra :

- Le Traqueur s'est fait capturé par des terriens et a perdu le dernier élu. Le délai d'émission est bientôt écoulé. Nous requérons donc votre assistance pour le trouver au plus vite. Nous vous rappelons que si nous ne le trouvons pas, notre suprématie sur l'univers sera remise en jeu. Que la traque soit bonne Cléres, nous comptons tous sur vous !

- Intéressant, souffle-t-elle. C'est donc pour ça qu'il est parti.

J'ai un frisson dans le dos, quand je rapproche le mot « traque » au fait qu'il était là récemment.

Intimidé, je ne lui pose pas de questions, et continue de chercher plus d'informations dans les papiers qui jonchent la table. Soudain elle s'exclame :

- Alors tu t'appelles Xander RILEY.

Je me tourne vers elle, surpris qu'elle connaisse mon nom. Ma photo relevée d'une de ses fines mains, elle lit une feuille accrochée en dessous. Elle continue :

- C'est fou, tout ce qu'ils savent sur nous. Là, il y a ton caractère, ton âge, ton lieu de naissance et là où tu habites, tes relations. Ah... Pas très bonnes apparemment.

- Oui, j'ai eu quelques difficultés là-dessus, je soupire honteux, et j'en suis pas très fier.

- La sociabilité n'a jamais non plus été mon point fort, soupire-t-elle.

J'acquiesce ne sachant que répondre et me penche de nouveau sur la table jusqu'à ce qu'Itarra lise une lettre :

- Cléres, je te donne une mission capitale pour la continuité de notre règne. Il existe un mécanisme formé par de puissantes forces qui menace de jour en jour un peu plus notre domination. Ce mécanisme donne des pouvoirs presque infinis à cinq individus. Si les cinq viennent à mourir, alors cinq autres sont amenés à être choisis à leur tours. À chaque génération, les cinq deviennent plus forts, et plus difficiles à éradiquer. Nous aimerions juguler le problème à la racine avant que cela ne devienne un réel danger. Vous avez pour objectif d'empêcher la formation de la centième génération. Vous devrez donc en tuer quatre et en gardez un vivant pour éviter que le mécanisme ne recommence un cycle. Lors de leurs morts apparaîtront des armes contenant leurs âmes. Isolez chaque arme dans des pièces magiquement scellées.

- On les a tués ! je m'exclame choqué.

- Leurs armes doivent être derrière ces portes, répond simplement Itarra.

Elle tente de faire tourner la manivelle de déverrouillage, sans succès. Me regardant agacée, elle s'exclame sèchement :

- T'attends quoi pour m'aider ?

Je me sens bête, et je m'empresse de l'appuyer. Mais même à deux, impossible. Je soupire :

- Mes pouvoirs ne me permettent pas de les ouvrir. Et les tiens ?

- Non plus, lâche-t-elle au bord de perdre ses moyens. Ces armes doivent être le seul moyen pour nous de sortir.

Dans l'urgence, je cherche dans les papiers un moyen d'ouvrir les portes. Quand soudain, une voix hurlante retentit dans toute la maison, me faisant bondir :

- Itarra !

- C'est lui ! chuchote Itarra. Il est de retour !

- Lui qui ? je demande.

- Cléres ! C'est lui qui m'a capturé !

Je comprends, je panique, je repense aux trois autres tués sûrement de sa main. J'entends des pas lourds précipités dans le couloir. Je suis pétrifié, je ne me suis jamais battu, je n'ai aucune chance !

L'homme commence à descendre les escaliers, je suis terrifié. Il est imposant, équipé d'une énorme armure blanche aux coins dorés, avec une énorme épée en bandoulière. Cléres demande étrangement calme :

- Itarra, comment es-tu sorti de ta chambre ?

Puis une fois descendu dans la pièce, il m'aperçoit surpris, un grand sourire se dessine sur son visage lorsqu'il s'exclame :

- Franchement je ne m'attendais pas à te trouver chez moi, mais au moins tu me fais gagner du temps.

Il regarde les lettres ouvertes, il lâche un soupire avant de se tourner de nouveau face à nous et s'exclamer d'une voix mielleuse :

- Bon, je peux changer quelques règles, vous n'avez pas choisi d'être impliqué dans tout ça. Xander oublie toutes ces histoires de Marques, ces histoires de Mal, et tu pourras vivre avec moi et Itarra. Je t'offrirais tout ce que tu voudras, tu mèneras la belle vie. C'est pareil pour toi, Itarra. On formera une belle famille. En plus avec moi, vous vivrez une vie de rêve sous ce dôme !

- Une vie de rêve ? crie Itarra en pleurs. Tu penses que je vais te croire après ce que tu m'as fait ! Pour rien au monde je resterais une seconde de plus avec toi !

- Je suis désolé, on a peut-être mal commencé ! Je te promets que je me rattraperai, ma chérie ! S'il te plaît, pardonne-moi !

- Je ne suis pas ta fille ! Et ne m'appelle pas « chérie » ! Ma liberté n'a pas de prix ! dit Itarra dégainant de son corset de longues dagues.

Pas question de trahir Itarra, elle fait partie des cinq, je dois les sauver pas les enterrer et puis de toute façon, Cléres pourrait très bien mentir et me planter un couteau dans le dos ensuite. Pour autant je reste immobile, paralysé je ne fais rien, je ne sais pas me battre et je n'ai même pas d'armes.

Itarra lui saute dessus, et tente de lui planter ses couteaux à la gorge, mais avant qu'avec une rapidité surnaturelle, il ne l'attrape par son corset et la projette avec une force époustouflante, contre l'une des portes. Elle s'écrase sur le plancher, mais ne se relève pas, le souffle coupé. Cléres soupire :

- Il va falloir revoir ton éducation, jeune fille ! On ne lève jamais la main sur son ainé.

Cléres se tourne vers moi, tout en dégainant un couteau de sa ceinture. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, je vois la mort se rapprocher tremblant jusqu'au plus profond de mon âme.

Itarra s'exclame se redressant :

- Xander ! Fais quelque chose ! C'est maintenant ou jamais !

Mais quoi ? Qu'est-ce que je peux faire face à ce titan ?

Je suis tétanisé, paralysé.

Cléres est presque à un ou deux mètres quand il ricane :

- Merci, de me faciliter la tâche !

Il s'élance et me saute dessus, le temps semble ralentir, mais je n'arrive plus à réfléchir, je ne bouge plus. C'est comme ça que je vais mourir, j'ai échoué !

Je suis alors propulsé sur le côté au moment où il m'assène, face à moi, le coup fatal. C'est Itarra qui gémit de douleur, alors que je suis étalé sur le sol encore confus.

Je reprends mes esprits, en voyant Itarra devant Cléres là où j'étais il y a quelques instants.

Cléres la main sur la garde du poignard planté dans le bassin d'Itarra, s'écrit enragé :

- Espèce de folle ! Tu ne le connais même pas ? Pourquoi mourir pour lui ?

Itarra s'écroule sans répondre.

Non ! Elle était morte par ma faute ! Je suis empli de rage, je sens mes bras et mes jambes se remplirent d'énergie.

Je lui saute dessus, et le désarme en lui arrachant son couteau. Alors qu'il tente de m'attraper, je me liquéfie dans ses bras et me reconstruis derrière lui en lui plantant le couteau dans l'une des fentes de son armure, en fermant les yeux, totalement crispé.

Tout est presque instinctif, comme si je l'avais déjà fait des centaines de fois.

Je réouvre les yeux, pendant qu'un silence de mort s'installe avant qu'Itarra chuchote haletante :

- Finis-le !

Le tuer ? C'était plus facile à dire qu'à faire ! Je reste figé les deux mains sur la garde du poignard.

Cléres se remet de sa surprise, il se retourne violemment m'envoyant valser vers Itarra. Enervé elle s'exclame :

- C'est maintenant ou tu crèves ! Réveille-toi !

Me relevant sonné, je me tourne vers elle désemparé, le cœur battant, mon corps traversé par de puissantes bouffées de chaleurs.

Elle me tend, du mieux qu'elle peut avec sa blessure, un de ses poignards.

Je le prends, mais pendant ce temps, Cléres commence à retirer l'arme de son dos.

Son attention porté ailleurs, je lui fonce dessus.

A sa hauteur, je ferme les yeux, et horrifié par mon geste, lui plante le couteau sur le côté de la poitrine. Itarra hurle :

- La gorge, vise la gorge !

Surpris, Cléres se redresse, me saisit par le cou et me placarde violemment contre un mur. Les yeux écarquillés, je ne peux plus respirer. J'ai le souffle coupé. Je commence à manquer d'air, je suis saisis de tournis et d'étoiles dans les yeux avant que tout ne deviennent finalement noir.

Quand je rouvre les yeux, Itarra crie penchée sur moi me secouant violemment :

- Xander, réveille-toi, c'est la merde ! La maison vient de s'écrouler, la sortie est bouchée et il y a de l'eau partout !

Je me redresse désorienté sur la table de la salle secrète. L'eau monte rapidement dans la pièce, il y a déjà un bon demi-mètre d'eau, Clères flotte un peu plus loin dans un nuage rougeâtre émergeant d'une plaie à la gorge. Je le regarde choqué. Itarra voyant ma détresse s'exclame :

- T'as eu de la chance que je sois là ! Sinon t'y passais, et je t'aurais vraiment détesté !

L'eau pénètre en cascade d'un peu partout, provoquant un boucan monstrueux. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, Itarra, pressant d'une main son bassin, continu :

- Bon et cette fois pas le temps de paniquer, je pense que la mort de Cléres a engendré la fin de tous les enchantements. Le dôme a dû s'effondrer ! Ma blessure m'empêche d'ouvrir ses portes. Essaies, toi !

Sans perdre de temps, je m'empresse de tirer sur une des portes. Celle-ci s'ouvre miraculeusement sur une petite cellule, où au milieu de la petite pièce repose sur un piédestal un long katana dans un étui rouge.

L'arme s'illumine d'une lumière rouge éblouissante, devenant de plus en plus forte au fur et à mesure qu'Itarra s'approche en titubant. Elle s'exclame :

- Je vais chercher le katana, ouvre les deux autres portes !

J'exécute ses ordres. La deuxième émettant de la lumière verte cache un arc de bois noir et d'une corde verte étincelante. La troisième cache deux hachettes aux manches bruns clairs lumineux.

L'eau au niveau du bassin, je récupère les hachettes, quand je ressors de la dernière alvéole, Itarra sort de la deuxième, l'arc et le katana en bandoulière, serrant les dents, la mâchoire serrée.

- Et maintenant ? je lui demande anxieux avec le niveau montant.

- La femme ! Elle a dit qu'il fallait se réunir ! Approche !

J'acquiesce et m'approche avec pudeur d'elle.

Elle, sans hésiter, se colle contre moi. Au moment où nos deux corps rentrent en contact, un voile blanc se dresse devant mes yeux. Puis j'ai l'impression de tomber, dans un silence à rendre fou, le voile blanc se teint progressivement en violet jusqu'à être de la même couleur que les cheveux de cette femme qui a totalement changé ma vie.

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