Chapitre 4 : Réponses et rencontres

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D'un coup, une voix féminine, douce et rassurante brise le silence :

- Bienvenu à vous, élues de cette nouvelle génération.

Le voile violet s'efface progressivement, laissant apparaître une petite pièce carrée de béton gris. Je suis debout sur une sorte de plateforme de béton surélevé au milieu de la pièce et devant moi s'élance un long couloir aux multiples portes de toutes tailles.

Autour de moi, il y a Itarra et trois autres personnes. Je reconnais les visages des trois photos barrées du tableau. Ce sont eux, qui sont morts par la main de Cléres. Les trois autres !

Ils n'ont sûrement pas leurs habits d'origine, car tous les trois ont une modeste tunique de tissus grise qui leur descend jusqu'aux pieds, en robe. Ils semblent tous les trois bien plus perdus que nous deux. Regardant autour d'eux hébété et désorienté.

Soudain je sursaute quand Itarra s'exclame palpant son bassin :

- La blessure ? Elle a disparu ! Je ne saigne plus, je n'ai plus mal !

Elle soulève son haut, bouche-bée, pour constater sa peau intacte. Sans aucune plaie ouverte ni cicatrice. La mystérieuse voix reprend, semblant venir de partout en même temps :

- Le refuge t'a guéri, Itarra, comme elle a ressuscité Vestia, Shinen et Griffing.

- Donc je suis réellement vivant, réplique le nain se palpant de toute part pour le vérifier.

Alors que l'homme pâle semble encore ailleurs, la femme rousse semble totalement remise et s'exclame curieuse d'une voix sûre d'elle :

- Ça marche comment ?

- C'est un des principaux atouts que vous disposez depuis que vous avez été choisi. Vous bénéficiez maintenant d'une sorte d'immortalité. Si vous veniez à mourir votre corps prendrait l'apparence d'une arme unique à chacun de vous. Ensuite pour reprendre votre apparence originelle, elle devra être ramenée ici même, comme vous venez de le faire. De plus cette immortalité, régénère toutes les cellules de votre corps, vous empêchant de vieillir plus que vous ne l'êtes actuellement.

- Elle peut durer combien de temps cette mission ? je demande inquiet.

- Toutes les précédentes générations qui vous ont précédé ont échoué, mais avec la synchronisation des savoirs, chaque génération est de plus en plus puissante, du moins, a un plus grand potentiel. Elles n'ont pour autant jamais découvert le Mal. Certaines ont échoué avant même de se réunir et de me rejoindre. D'autres ont perduré des dizaines d'années.

- Donc je peux rester dans un corps de seize ans pendant des dizaines d'années, tant qu'on ne réussit ou que l'on n'échoue pas ? je demande surpris.

Je suis dépité, moi qui m'impatientais de devenir un adulte. Quand je me regarde dans la glace, je ne me vois pas comme un adulte, mais comme un gamin. Pour autant j'allais rester ce gamin que je déteste tant pendant peut-être toute ma vie.

Comment le prendraient les autres, d'avoir un enfant dans l'équipe ? Comment être convaincant contre des adversaires avec mon corps ?

- Si tu as été Marqué, c'est que tu es apte, Xander ! répond la voix comme lisant dans mes pensées. Et je ne doute pas que ton réelle potentielle se cache derrière tes doutes.

Je hoche la tête en soupirant, et au même moment Itarra demande :

- Par contre on va vraiment revenir ici à chaque fois qu'on se touche ?

- Non. Vous ne pourrez plus y revenir aussi facilement. Vous venez de franchir la dernière étape de la sélection, qui était de vous réunir. Ainsi la magie qui enchante cet endroit vous téléporte la première fois lorsque vous êtes tous réunis. La prochaine fois vous reviendrez par un autre moyen que je vous montrerai plus tard. Mais avant commençons par le début. Vous avez tous été Marqués par Seishin, la Sélectionneuse des cinq. Elle vous a, à chacun, insufflé vos pouvoirs que vous avez pour la plupart plus ou moins expérimentés.

- J'ai des pouvoirs moi aussi ? demande l'homme aux cheveux blancs au bord du chuchotement.

- Tous, mais si tu ne les connais pas encore, tu les découvriras plus tard. Ces pouvoirs vous permettront de vaincre le Mal et les obstacles qui se dresseront devant vous.

- Je n'ai toujours rien compris ? C'est qui la folle au poignard violet, qui m'as sauvagement tué, renchérit l'homme ? Comment on est arrivé ici ? Et puis c'est quoi le Mal ?

- Pour comprendre, il faut revenir bien avant la création de vos planètes. Il existait six êtres de lumières perdus dans l'Univers. Cinq d'entre-eux lassé de chercher leur monde natal en vain, décidèrent de créer vos cinq mondes, mais le sixième être, jaloux se sentant exclue décida de détruire les chefs-d'œuvre pour continuer l'exploration de l'Univers. Il créa alors une entité maléfique, le Mal, ayant pour seul but de tout détruire.

- Mais je ne l'ai jamais vu, moi, cette entité, grommelle le nain. Comment peut-elle être si dangereuse.

- C'est bien le problème. Après avoir banni l'auteur du Mal, ils ont nettoyé de la surface de vos mondes la sombre création. Pourtant plusieurs centaines d'années plus tard, les hommes ont commencé à s'autodétruire influencé par le Mal par un moyen inconnue, alors une des entités à décider de créer Seishin pour choisir le meilleur humain de chaque monde et moi-même afin de les accompagner tout au long de leur missions pour anéantir pour de bon le Mal.

- Et ils sont devenus quoi ces « êtres de lumières » ? demande Itarra. Pourquoi ils ne peuvent pas régler le problème eux-mêmes ?

- Ils sont morts, désintégré par le Mal d'une façon ou d'une autre que je ne connais pas. Mais vos pouvoirs découlent du cadavre de mon créateur.

- La folle qui m'a poignardé ? C'est elle ? Seishin ? demande la femme rousse.

- Oui c'est bien elle. En transperçant votre nuque de sa dague elle vous transmet vos capacités, et vos pouvoirs ainsi que certains instincts permettant de décupler vos pouvoirs. Elle synchronise aussi vos souvenirs, vos connaissances avec les générations précédentes, ce qui rend chaque génération plus puissante, explique la voix. Vous êtes la centième génération depuis que j'existe, il y a plusieurs millions d'années.

- Ah ouais, on est mal, si ça fait si longtemps que des générations échouent, s'exclame le nain !

- Ce n'est pas parce que les générations précédentes ont échoué, que vous échouerez aussi, dit la voix. Vous êtes justement plus à même de réussir que les précédentes.

- Mais moi, je n'ai aucun souvenir, ou instinct comme vous dites, enchaîne le nain.

- C'est tout à fait normal, que vous ne ressentiez rien pour l'instant, mais vous les développerez au fur et à mesures du temps, reprend la voix.

- Comment ce monstre savait-il où j'étais ? demande subitement la femme rousse.

- Moi aussi je veux savoir, ajoute le nain. J'étais en déplacement et même moi je ne l'ai appris que quelques heures avant le départ.

- Le Mal évolue, et au cours des dernières générations il a appris de vos faiblesses. À tel point que vous êtes peut-être la dernière génération à pouvoir réussir à vous réunir. J'ai découvert que la plaie laissée par la dague produit de grands dégagements d'énergie, le temps que vos pouvoirs se mettent en place et se développent. Je pense que c'est ainsi qu'ils vous traquent sans que vous ne puissiez rien faire pour l'empêcher. Après ces vingt-quatre heures, la cicatrice se ferme complètement empêchant votre énergie de s'échapper, et ça devient ainsi plus compliquer de vous traquer.

Donc Elessiah et Itarra avaient raison.

- Ils ont créé des mécanismes bancals qui tuent et blessent des gens ! s'exclame furieuse Itarra. Mon père est mort à cause de cette erreur !

- Ce sont des êtres puissants, mais malgré tout rien n'est invincibles ni infaillibles. Ils ont tout fait pour que vous réussissiez, mais ils ont aussi commis des erreurs comme celle-ci, répond la voix.

- Reste que c'est quand même un peu obsolète tout ça, ricane le nain. Tout peut être bloqué à quelques détails près, pourquoi ne pas nous téléporter directement ici, après avoir été choisi ?

- Au fil des années, j'ai fait quelques améliorations m'inspirant des technologies des cinq mondes, mais je ne peux pas toucher à la racine même des mécanismes magiques parce que j'en fais partie.

- Pour en revenir aux cent générations, continue le nain. Ce n'est pas possible de traquer quelque chose sans même l'apercevoir une fois. Et puis comment sont-ils mort si ce n'est pas ce Mal ?

- Plusieurs générations n'ont pas réussi à se former. D'autres l'ont cherché, mais à force de suivre des pistes ne menant à rien, elles se sont entretuées fautes de malentendus et de désaccords. D'autres générations ne sachant où chercher se sont battus contre l'injustice et les maux des cinq mondes. Malheureusement toutes ces générations se sont retrouvées face à des humains plus rusés qu'eux. On a réussi à les abattre pour récupérer leurs armes, ou on les a capturé et torturé à mort pour savoir comment ils avaient obtenu leurs capacités. Ou bien ils ont été pris pour des monstres, traqué et exécuté jusqu'au dernier.

- Cléres semblait répondre aux ordres d'un large groupe, s'exclame Itarra, mais d'ici à retrouver les retrouver, on a aucune piste.

- C'est vraiment flou cette affaire, dit le nain en se grattant le nez ! On est la centième génération et c'est comme si on recommençait depuis le début.

- Oui, on ne peut même pas savoir à quoi s'attendre, acquiesce la femme aux longs cheveux roux.

- Malheureusement non, et vous n'êtes pas non plus invincible ! réplique la voix.

Après une brève pause, elle reprend :

- Avez-vous d'autres questions ou je vous présente la suite ?

Tout le monde se regarde, mais personne ne répond, alors la voix reprend :

- Très bien, je vais maintenant vous faire passer à l'étape suivante. Je vais vous montrer vos apparences qui vous permettront d'améliorer le potentiel de vos pouvoirs. Elles sont toutes différentes, pour être la mieux adaptée à chacun.

Je suis émerveillé, j'ai toujours du mal à réaliser ce que je suis en train de vivre. Je vais devenir un vrai superhéros ! La voix continue :

- Je vais commencer par l'aînée du groupe. Vestia, tu es née en 1874, du monde de Colfia. Tu as reçu par la dague le contrôle total du feu lors de tes 26 ans. Mais elle te désigne aussi comme le leader des cinq. Ce sera à toi de prendre les grandes décisions, tu pourras bien sûr compter sur les conseils des autres, mais tes qualités de princesse de Colfia te rendent la plus compétente pour assumer toutes les responsabilités de ce rôle.

- T'étais une princesse ? s'exclame le nain.

- Oui, soupire Vestia, mais je ne voulais pas devenir reine. Je trouvais la vie royale trop monotone, longue et pénible, je voulais vivre comme tout le monde sans être suivi partout par des centaines de gens qui veulent tout savoir de ma vie sans retenue.

Je vois s'estomper son tatouage rouge sur sa nuque aux formes arabesque. En même temps qu'il disparaît, une petite pierre apparaît sur son front, en forme de losange. C'est un beau rubis rouge. À l'intérieur on peut apercevoir des flammes, paraissant se déchaîner au cœur de la pierre.

- C'est cette pierre qui te permettra de faire apparaître ton apparence selon ta volonté, continue la voix. Ce sera pareil pour tout le monde.

- C'est beau, mais c'est pas très discret, soupire Itarra.

- Contrairement à vos apparences que vous pourrez retirer mentalement, la pierre restera. Elle est comme le tatouage, mais elle établit une liaison bien plus puissante.

Soudain la pierre rouge, émet de gigantesques langues de flammes enveloppant le corps de Vestia, puis quelques secondes plus tard, disparaissent dans un nuage de fumées noires.

J'aperçois alors Vestia dans une magnifique longue robe fourreau de feu. Une fente sur le côté laisse apercevoir une de ses jambes nue.

Elle a, lévitant autour de chacun de ses poignets, trois gros bracelets fait d'une étrange roche noire parcourue de petites failles où jaillissent de puissants rayons de lumières orangés.
Une couronne d'or cercle sa longue chevelure rousse qui reflète les éclats de sa robe. Elle s'étend jusqu'à son front en encadrant la pierre rouge avec de belles formes en arabesques. À la fin de ses figures arrondies, des pointes rougeoyantes viennent crever sa chevelure rendant l'effet encore plus impressionnant.

Ses belles pupilles orangées se sont transformées en des boules de feu étincelantes où s'échappent de temps à autre de petites flammes.
Son oreille droite est trouée à son extrémité par trois piercings dorés. Ses pieds sont habillés d'élégantes sandales de cuirs noirs. Vestia s'exclame en se regardant :

- Mais je ne pourrais jamais me battre avec ça !

- Premièrement tes pouvoirs ne nécessitent pas forcément de grands mouvements, répond la voix. Deuxièmement, elle marque ta puissance face à l'adversaire ou de potentiels humains.

- Tu vas pas les intimider, ricane le nain, vu le cul que ça te fait, ils feront tout pour t'avoir dans leur lit.

Vestia le dévisage méchamment en répliquant doucement :

- C'est bien un commentaire à ta hauteur ça.

La punchline me fait sourire et le nain semble sonné par la réponse. Après quelques secondes de silence, la voix continue :

- Seishin a ensuite choisi Shinen lors de ses 28 ans, née en 1902, dans le monde d'Ortia. Tu as reçu le don de contrôler et comprendre tout ce qui n'est pas inerte.

Des étoiles apparaissent dans les yeux de Shinen, il s'exclame d'une joie étouffée par une voix posée :

- Ça a toujours été mon rêve de parler avec les plantes, pour mieux les comprendre, les soigner, améliorer leurs vies, de lier des amitiés intenses avec elles, de...

Pendant qu'il débite son amour pour les plantes plus que passionnelle et son impatience de tester ses nouveaux pouvoirs, le tatouage sur sa nuque disparaît pour faire apparaître une belle pierre verte d'où s'échappe sur son front pâle une douce lumière.
Au cœur de la pierre remue un nuage agité de couleur vert sapin. La pierre est assez pâle et se mêle très bien avec son visage et ses cheveux blancs comme la neige.

Ensuite comme germant d'une graine, de longues branches feuillues, émergent de la pierre et s'enroulent autour du corps de Shinen en formant un cocon vert. Quelques secondes plus tard, les plantes se teintent progressivement pour devenir totalement brunes et tombent au sol en finissant de se désintégrer pour totalement disparaître.

Sa robe grise avait disparu, remplacé par une grande et large robe composée de larges feuilles vertes accompagnées de baies jaunes et lumineuses ainsi que de lianes marron.

Le haut de son corps est habillé d'un tissu tressé de très petites lianes feuillues qui se raccordent à la robe au niveau de la taille, formant une sorte de ceinture. Il a de longues manches plaquées sur ses bras et à partir de ses avant-bras ils deviennent très larges masquant ses mains comme un vieux sage.

Lui aussi a une couronne, mais cette fois, elle est faite de petites branches noires sortant de sa pierre, comme si elle en puisait l'énergie. Les fines brindilles ressortant nettement de ses cheveux de couleur neige, partent de chaque côté de la pierre et après un tour s'entrecroisant en de belles boucles, se réunissent en formant un anneau, où au centre apparaît une boule d'énergie vert clair.

Shinen tourne sur lui-même se contemplant, testant les mouvements de la robe. Puis d'un coup, la robe s'anime, elle balaye le sol, puis les manches s'agrandissent avant de rétrécir. Il dit calmement :

- Je peux la contrôler ! C'est incroyable, c'est le plus beau jour de ma vie !

- Ah ouais, se moque le nain. Ça se voit vachement. On se demande bien...

- Mais tu ne peux pas la fermer deux secondes ? le coupe Vestia. Je ne crois pas qu'on t'ait sonné !

- Mais tu vas me lâcher ! Occupe-toi plutôt de ton cul !

Avec la dispute, je me demande bien comment on allait former une équipe, entre Vestia et le nain qui ne s'entendent pas, Shinen qui semble être perpétuellement ailleurs, Itarra très réservée et moi-même qui n'ai que seize ans. Comment la Sélectionneuse avait-elle pu penser que ça marcherait ?

Contre toute attente c'est Itarra qui agacé par la dispute s'interpose :

- Mais arrêtez ! s'exclame Itarra. Vous voulez finir comme les générations qui se sont entretuées ?

La menace heurte tout le monde et provoque un blanc qui ne paraît pas atteindre Shinen qui est toujours absorbé par cette connexion entre lui et son apparence.

Après une courte pause, la voix reprend pour la troisième fois les présentations :

- Le troisième choix de Seishin, c'est Griffing, né en 1968, sur le monde de Sternifica, tu as reçu de la dague la capacité de contrôler tout ce qui est inerte, lors de tes 32 ans.

À son tour, son tatouage brun disparaît, une pierre brune apparaissant sur son front, une fumée grise se déchaînant à l'intérieur. Avant que sa nouvelle apparence ne se matérialise, Griffing grommelle en dévisageant Shinen :

- J'espère que je ne vais pas avoir une robe de gonzesse comme toi !

De gros morceaux de roche sortent subitement du sol, et recouvrent le nain grincheux, animant ma curiosité, impatients de connaître son apparence.

Quelques secondes plus tard, la roche s'effrite et se dissout en un tas de poussière autour de lui.

Sa tunique grise s'est transformée en une cape de fourrure blanche avec de longues manches. Sa barbe brune mal coiffée est devenue propre, tressée, lissée, et serrée à son extrémité par un anneau de pierre noire. Tout comme ses cheveux plaqués en arrière et rassemblés par une cordelette de cuir noir en queue de cheval. Ils sont coiffés d'une couronne constituée de fines branches d'un métal blanc cerclant son crâne en de belles arabesques gracieuses.

Il a sur les épaules une épaisse cape de fourrure blanche, recouvrant un haut sans manche et un pantalon de cuir blanc resserré par une grosse et lourde ceinture incrustée de pierres brunes et brillantes. Griffing se caresse la barbe, et lâche son verdict :

- Ouais, ça me va ! Mais elle a vraiment une utilité cette couronne ?

- C'est un des éléments qui canalise et contrôle la puissance de vos pierres.

Griffing grommelle en s'observant :

- Il y a moyen de s'habiller autrement de temps en temps ou on est bloqué dedans jusqu'à la fin.

- T'as toujours un problème, toi ! s'exclame Vestia. En plus t'écoutes pas elle l'a déjà dit tout à l'heure !

- Ce ne sont en soi que vos outils de travail, explique calmement la voix. Vous pouvez bien sûr les enlever quand ils vous seront inutiles par votre volonté et les rappeler de la même façon.

Le nain fait alors disparaître et réapparaître plusieurs fois son apparence, et s'exclame finalement :

- Ça va être pratique le matin, enfin un bon côté dans cette histoire !

- T'en as pas marre d'être lourd, comme ça, s'énerve Vestia. On s'en fiche de ce que tu fais et de ce que tu feras, de ce que tu penses et surtout de tes pensées sexistes, tu les gardes pour toi !

Les mains de Vestia s'enflamment comme pour appuyer ses propos

- Sache que t'es pas la seule à avoir des pouvoirs ma grande, réplique sèchement Griffing. Ce n'est pas parce que tu es la chef d'équipe que tu peux te permettre de me crier dessus à chaque phrase que je prononce !

- T'as envie de prendre ma place le petit vieux ? demande amèrement Vestia.

- Une femme n'a pas sa place aux commandes ! rétorque énervé Griffing.

D'un coup, la couronne de Vestia semble laisser s'échapper sorte de pierre en fusion qui recouvre son corps en suivant ses formes.

Seuls ses gros bracelets sont épargnés, mais ils deviennent rougeoyants. Sa tête fusionnée avec la pierre forme un visage démoniaque.

Sa couronne dorée est toujours en place autour du rubis d'où fusent une lumière et une chaleur qui m'irradie violemment le visage.

Les flammes de ses yeux sont maintenant bien plus puissantes comme deux brasiers incrustés dans son visage. Vestia s'exclame d'une voix puissante :

- Et moi je dis que les vieux os doivent rester au placard.

La couronne de Griffing scintille à son tour, sa peau s'épaissit en absorbant sa fourrure blanche, elle semble ensuite durcir pour devenir une pierre brune parcourue de filet de lumière jaune. Des hachettes se forment dans ses mains de la même matière que son armure.

Sa barbe disparait aussi sous la pierre, et comme celui de Vestia son visage ressemble à celui d'un démon, ses yeux remplacés par un liquide jaune bouillonnant.

Sur cette apparence brute et terrifiante, seule sa couronne blanche semble fragile et délicate. Griffing réplique d'une voix tout aussi impressionnante que celle de Vestia :

- Viens un peu tester ces vieux os, que je te remette à ta place !

Le spectacle est impressionnant, pareil à un combat de deux titans, personne n'ose cette fois s'interposer, pas même Itarra, qui cette fois reste en retrait. Mais avant que tout dérape, la voix s'interpose d'un ton autoritaire :

- Stop ! Vous aurez l'occasion de régler vos différents plus tard. Finissons d'abord les présentations.

Ils reprennent aussitôt leurs apparences de base, détournant tous deux le regard de l'autre, tous deux bouillonnant de rage. La voix continue indifférente :

- La quatrième à avoir été choisis c'est Itarra, née en 2041, sur le monde de Sombra.

Une pierre noire apparaît sur son front en même temps que son tatouage noir disparaît à son tour, lorsque Vestia s'écrie comme terrifiée :

- En 2000 combien ? On est en quelle année, là ?

La femme autoritaire et charismatique s'écroule sur le sol les yeux rougis. Alors qu'un sourire se dessine sur le visage de Griffing. Itarra s'approche ne comprenant pas le problème et lui demande d'une voix calme :

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Mais quelques secondes plus tard, le visage de Griffing se tord d'une grimace vaporisant son sourire espiègle. Puis je comprends à mon tour. Ils sont tous deux vieux d'un ou plusieurs siècles. Cette fois le silence persiste et pour une fois il n'est pas interrompu.

- Quelqu'un peut me dire on est en quelle année ! hurle Vestia n'ayant pas de réponse.

- 2060, je lui réponds.

- J'ai cent quatre-vingt-six ans ! calcule Vestia. Mes parents sont morts, je n'ai pas pu me marier, pas eu d'enfants, pas eu de vie !

Griffing se rapproche à son tour, et lui souffle tendrement :

- Je comprends ce que tu ressens. Je ne reverrais jamais mes parents non plus. Je suis désolé pour tous ceux que tu n'auras pas la chance de revoir.

Il fait une pause avant de reprendre :

- Mais pour le reste, regarde-toi ! Tu es encore jeune et magnifique, il n'est pas trop tard pour avoir une vie, te marier et même avoir des enfants.

Vestia relève la tête, le visage trempé de larmes et de cheveux mouillés, elle lui répond en esquissant un sourire :

- Depuis quand t'es sympa, toi ?

- Depuis qu'on a autant perdu... Et puis je ne voudrais pas que ce soit une excuse pour ton incompétence aux commandes.

Itarra soupire, mais Vestia se relève en séchant ses larmes et lui lance un regard empli de défi.

- Ne t'en fais pas, il en faut plus pour me rabaisser à ton niveau ! réplique-t-elle.

Griffing ricane en s'éloignant de nouveau d'un pas. La voix reprend :

- Itarra, la dague t'a offert, le pouvoir de l'assassin. Tu manies maintenant le pouvoir de la téléportation, de l'invisibilité, et de la métamorphose de ton corps.

- Oui j'ai déjà un peu expérimenté l'invisibilité, dit-elle en m'esquissant un regard.

Un nuage de fumée blanche s'échappe de la pierre et recouvre entièrement le corps fin d'Itarra. Puis se dissipe en quelques secondes. Les vieux habits sombres d'Itarra laissent place à une somptueuse apparence.

Le haut de sa robe est fait d'un tissus noir en polyester s'arrêtant juste en dessous de sa poitrine. Une longue jupe fourreau blanche fendue d'un côté reprend au niveau de sa taille. Ses cheveux noirs sont coiffés d'un magnifique chignon brillant, tandis que sa couronne blanche éclatante, encadre sa pierre de la même manière que celle de Vestia.

Mais contrairement à nous tous, une branche de la couronne descend derrière chaque oreille, et une fine cordelette noire traverse son visage passant sur son nez, et de celle-ci s'en échappe, tombant vers le bas, une épaisse fumée noire, se dissipant peu après son menton.

Elle est juste splendide ! Mais je n'ai à peine le temps de contempler sa nouvelle apparence que la voix prononce mon nom :

- ... Xander né sur Terre en 2044. Tu as reçu de la dague lors de tes seize ans, le contrôle de l'eau. Un pouvoir seulement limité par la quantité d'eau à ta disposition et ton imagination.

C'est enfin mon tour, je trépigne d'impatience de connaître l'apparence que je vais avoir. Je sens sans douleur, une pierre bleue prendre place sur mon front l'intérieur balayé de vapeurs enragés bleu marine.

Un liquide bleu clair opaque sort de la pierre et me recouvre entièrement, m'aveuglant par la même occasion. Les secondes paraissent interminables, mais face à toute l'équipe, je reste de marbre. Je sens mon pantalon s'alourdir, puis de l'air frais passe sur mes jambes. Mon t-shirt s'alourdit à son tour, alors que mes manches courtes s'allongent sur les bras. Je sens ensuite le liquide glisser à mes pieds disparaissant dans le sol, avant de laisser retrouver la vue.

Je m'observe bouche-bée, mes habits ont complètement disparu. Je porte maintenant une longue et fine robe composée d'un liquide bleu marine parsemé de petits points blancs formant comme plein de constellations. La robe à de longues manches plaquées sur ma peau.

Je tente de passer ma main à travers une de mes manches pour tester la fluidité de la robe. C'est fantastique. C'est comme si je traverse un nuage. En revanche, ça donne l'effet étrange de n'être pas habillé.

- Classe, constate Griffing.

- Wow premier compliment, applaudit Vestia.

- Tu as de belles formes Vestia, lui répond-il en rigolant. Deuxième compliment !

- Toi, t'es un vieux schnoc ! réplique-t-elle.

Je rigole en même temps que j'explore mon apparence. Je peux bouger la jupe dans tous les sens et la modeler comme je le veux juste par la pensée, c'est juste fantastique ! Un foulard bleu encercle ma taille et tombe le long de ma jambe. Le liquide bleu semble couler sur toutes les parties de la robe partant du haut et descendant vers les extrémités sans jamais s'épuiser. La robe me fait un effet grandissant et vieillissant soulageant mon complexe. Elle est magnifique... Je n'aurais jamais pensé me trouver beau dans une robe, voire beau tout court un jour.

- Vous avez maintenant tous découvert vos nouvelles apparences. Vous vous connaissez un peu mieux les uns les autres. Maintenant, je vais vous faire découvrir le reste de votre nouveau chez-vous, poursuit la voix. Suivez-moi !

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