Chapitre 7 : Troubles nocturnes
---
Je marche sous les épais feuillages des arbres qui m'entoure. Quatre personnes me suivent et marchent avec moi à travers les fougères et les souches d'arbres.
Je m'appelle Tass, originaire d'Afrique du Sud sur Terre et leadeuse de ma génération des cinq élus.
Il y directement à ma droite Naga, une adolescente hyperactive et intrépide de Colfia qui contrôle le feu. A ma gauche, Kétis est un assassin de Sombra aguerri, c'est le plus vieux de l'équipe. Il est calme et posé quel que soit la situation mais en combat il reste redoutable.
Derrière lui, Hééris, une jeune femme d'une gentillesse extraordinaire, prête à tout pour aider les autres. Elle vient d'Ortia et peut contrôler tout ce qui vie.
Et enfin à sa gauche Phassis, un jeune combattant de Sternifica, qui contrôle la pierre, amoureux de Hééris, il s'est promis de la protéger, quoi qu'il en coûte.
On s'est tout juste réuni sans problème avant de décollé pour Ortia pour notre première mission. Hééris avait insisté pour revenir sur ses terres natales. Elle est persuadée que sa sœur s'est faite enlever, et veut absolument la retrouver. Elle est la dernière à avoir été Marqué, contrairement à moi qui approche de mes 150 ans. Sa sœur pourrait être encore vivante.
Soudain, un cri retentit dans la jungle. Aussitôt, on s'y précipite, pour découvrir un peu plus loin, un homme tenant un récipient en osier rempli de baies, encerclé par de gros chats. Ils s'apprêtent à sauter sur leur proie quand, Naga, envoie une flamme de sa main en direction des chats. Un d'entre eux s'embrase vivant, aussitôt les autres s'enfuient dans la forêt. Kétis gronde aussitôt :
- Lucie avait ordonné d'être discret !
- T'aurais préféré le regarder mourir ? réplique Naga.
L'étranger nous regarde, et détale à son tour.
- Attends ! je m'écris avant de le voir disparaître.
- S'il fait tourner la nouvelle, on est mal, soupire Phassis.
- Ce peuple est primitif, lâche Naga. Ils risquent juste de nous prendre pour des esprits de la forêt ayant sauvé un des leurs.
- Ce n'est pas parce que le tien est plus avancé, que tu peux cracher sur celui des autres, réplique Hééris.
- Dans tous les cas, on ferait mieux de ne pas traîner ici, dis-je coupant la dispute.
---
Ça fait plusieurs semaines, que l'incident s'est passé, il fait nuit et nous sommes en train de camper au milieu de la jungle. On a déjà traversé plusieurs villages, mais l'enquête sur l'enlèvement n'avance pas.
Comme la tradition qu'on s'était fixé ensemble, tous les soirs à l'abri des regards, on travaille la maîtrise de nos pouvoirs. Naga, manipulant une flamme volante, s'exerce à toucher toutes les cibles de pierre que lui fait apparaître Phassis. Moi, je m'entraîne à ressentir l'eau, transformant les sphères d'eau en mes yeux et mes oreilles afin de débusquer Kétis caché invisible dans les environs. Hééris, elle, s'entraîne à communiquer avec les plantes.
Soudain, je ressens une douleur à la poitrine. J'ouvre les yeux, affolée, et vois un dard planté sur dans ma poitrine. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, je tombe dans un sommeil forcé.
Quand je rouvre les yeux, je suis entourée d'une importante foule d'indigènes, ma tête tourne et me fait atrocement mal.
Je suis en haut d'un immense temple de pierre entourée d'une forêt à perte de vue.
Un frisson de terreur me parcourt quand je vois devant moi, Naga inerte sur une table, la poitrine éventrée.
Je hurle horrifié par la situation, pendant qu'ils la traînent vulgairement de la table, sa tête frappant durement le sol.
Je rugis et me débats violemment quand je les vois entraîner Hééris sur la même table encore recouverte du sang de Naga.
Je me rends compte alors que j'ai les jambes pliées attachés ensemble, ainsi que les mains liées dans le dos. Je tire comme je peux sur mes liens, mais rien n'y fait, je suis impuissante face à Hééris qui se débat pendant qu'on la tire de force vers l'horreur.
Phassis semble émerger aussi à ma gauche, ligoté de la même façon que moi. Réalisant rapidement la situation, il commence lui aussi à se débattre violemment face au destin funeste qui attend Hééris.
- Lâchez-là ! hurle-t-il.
Son ordre se perd dans le brouhaha ambiant. Soudain les hommes s'acharnent su son premier amour sont aspirés dans le sol.
Kétis est encore inconscient, pourtant on aurait tellement besoin de lui maintenant.
Phassis impitoyable, broie ses victimes dans le sol se colorant de rouge. En représailles des soldats lui saute dessus et lui plantent des couteaux dans les cuisses.
Il hurle de douleur et tombe à la renverse avant qu'impuissant il assiste de nouveau à l'escorte forcée d'Hééris vers l'autel.
Déterminé à les sauver, je ferme les yeux et tente de lancer une boule de glace épineuse sur les détracteurs de Hééris. Mais à peine que les sphères se forment qu'un soldat s'approche de moi. Rapide, il me plante un couteau dans ma cuisse gauche, me faisant hurler de douleur. Il tourne ensuite le couteau dans la plaie, la douleur me foudroyant tout le corps, les sphères s'écroulent au sol.
- Tass ! s'écrient en même temps Kétis et Phassis à côté de moi.
Sans réfléchir ils les poignardent violemment au niveau des jambes sans merci, faisant couler le sang tout autour de nous.
Les larmes coulent sur mes joues, la douleur me coupe le souffle, je n'arrive pas à me concentrer, la douleur me bloque. Je n'arrive pas à contrôler l'eau, tout comme Kétis et Phassis, qui hurlant de douleur sont eux aussi impuissant.
Hééris hurle :
- Tass ! À l'aide, s'il te plaît, je ne veux pas mourir !
Je tourne aussitôt la tête vers elle. Chacun de ses membres sont attachés à un coin de la table son corps maintenu dans le sang encore chaud de Naga.
Elle me regarde droit dans les yeux, le visage déformé par la peur et les larmes. L'homme lui concentré dans sa tâche, commence à placer le couteau sur poitrine.
Puis d'un seul mouvement enfonce la lame dans la poitrine de sa victime un peu en dessous de la gorge. Alors que Hééris se met à hurler de douleur, il découpe la peau jusque sous sa poitrine.
J'ai l'impression de bouillonner, impuissante face à la situation. Quand l'homme plonge ses deux mains dans sa poitrine, ma tête commence à tourner. Le boucher éclate la cage thoracique pour accéder au cœur et l'en extirper encore battant alors que les cris d'Hééris faiblisse peu avant de s'arrêter.
Je suis tellement choqué par la scène que je vomis mon dernier repas. Le bourreau coupe les veines de son cœur projetant par saccades des giclées de sang tout autour de lui. Il le donne à un autre homme habillé d'une grande toge jaune, coiffée d'une grande couronne de pierres précieuses.
Le corps de Hééris git, la poitrine ouverte et déchiqueté, son sang recouvrant la table et le sol.
L'homme s'exclame suffisamment fort pour que tout le monde puisse l'entendre :
- Toi fils de la jungle. Les esprits t'offrent leur cœur pour t'apporter leurs pouvoirs. Croque cette vie à pleine dents.
L'homme s'exécute, croquant dans le cœur encore palpitant.
---
Je me réveille en sursaut, trempé. Je suis pris d'une puissante nausée, j'ai à peine le temps de courir dans la salle de bain pour y vomir dans la cuvette des toilettes le peu que contenait mon estomac. Je fonds en larmes. Je ressens, tous les sentiments, les sensations de Tass, sa souffrance, son impuissance.
Je suis pétrifié sur place, revoyant les scènes d'horreurs en boucle dans ma tête sans que je ne puisse rien faire. Je revois en boucle ce cœur battant, la détresse de Hééris, le sang coulant des cuisses de Tass, le corps de Naga inerte traîné sans pitié dans la poussière.
- « Ahhhh, c'est quoi ça, Xander ! s'écrit mentalement Vestia. »
- « Xander, ça va ? questionne Griffing. »
Je n'arrive pas à leur répondre, ces images inondant mon cerveau, m'empêchant de penser à autre chose.
- Xander ? T'es où ? s'exclame Vestia dans ma chambre.
Toujours nu, je fais apparaître ma robe d'eau, juste au moment où Vestia, Griffing et Itarra rentre dans la salle de bain. Griffing s'exclame :
- Xander ! Oh la vache t'est blanc, qu'est-ce qui se passe ?
- J'ai rêvé de la fin d'une des générations. Ils sont tous morts, dis-je éclatant de nouveau en sanglot.
Vestia me prends dans ses bras et souffle d'une voix rassurante :
- C'est fini maintenant ! Il faut que tu penses à autre chose.
Des souvenirs de Vestia surgissent dans ma tête chassant les atrocités. Les yeux fermées je me plonge dans ses souvenirs, dans cette fête avec ses amis.
On est sur un toit, il fait beau, il fait chaud. La musique à fond, tout le monde danse, rigole, discute. L'ambiance est folle, Vestia est heureuse, elle danse avec sa copine, je ressens toute l'admiration et l'amour qu'elle a envers elle.
Ses souvenirs apaisants, me calme. Les nausées disparaissent peu à peu, pendant que mes larmes sèchent dans la douce chaleur que dégage la robe de Vestia.
- Merci, Vestia. Je suis désolé pour les images. Je voulais pas...
- C'est pas grave, me coupe-t-elle. Viens manger un bout ça te fera du bien.
Vestia s'écarte et m'aide à me lever. Griffing dit :
- On se demandait ce que tu faisais, tu répondais plus, depuis quelques heures, mais on pouvait pas rentrer dans ta chambre.
- Mais alors vous avez fait comment tout à l'heure ? je demande.
- Bah on était en train d'aller dîner, d'un coup, tu as envoyé ces images, explique Vestia. Alors on a accouru et cette fois la porte s'est ouverte.
- Ta détresse, Xander, je l'ai ressentie, elle était terrifiante, ajoute Itarra.
- Ce n'était pas la mienne, je réponds. Mais celle de Tass.
- Qui ? demande Griffing.
- Il nous racontera à table, interrompt Vestia. Il a sauté un repas, et vu ce qu'il a vomis, il n'a rien dans le ventre. Je ne voudrais pas qu'il nous fasse un malaise.
Ils m'accompagnent à la salle à manger où Shinen nous attend assis à une grande et large table de verre noire. L'odeur me réconforte déjà et efface un peu les souvenirs de Tass. Au milieu de la table un énorme poulet rôti entouré de pois et de carottes nous attend. Il y a aussi des carafes remplis de différents liquides, et des saladiers pleins de fruits. Je demande étonné :
- C'est vous qui avez cuisiné ?
- Non, les plats étaient déjà préparés et installés quand je suis arrivé, explique Shinen. Mais c'était pareil ce midi.
Je m'assois pendant que Griffing commence à servir la viande et Vestia les légumes derrière lui.
Depuis le temps que je n'avais pas mangé, ça me fait du bien. Le poulet et les légumes sont vraiment excellent, et délie progressivement mon estomac noué. Puis Griffing ne tenant plus demande :
- Alors, comment ont terminé la génération que t'as rêvé.
- Je ne sais pas si j'aurais les mots pour décrire ce que j'ai vu, je soupire.
- Pense-les, dit Itarra. De toute façon une image vaut mieux que des mots.
- On mange, soupire Vestia. Vous ne pouvez pas attendre. Griffing tu ne veux pas plutôt nous raconter ta vie de grand guerrier ?
- D'accord si tu veux, soupire Griffing.
- Pas de truc dégueu par contre, ajoute Vestia. On mange.
- Promis, dit-il souriant.
Tout en mangeant, je l'écoute silencieusement. Il est le fils d'une patronne de ferme ayant une très grande propriété et de nombreux employés sous son contrôle. Son père était, lui, un banal petit guerrier sans histoire.
Griffing, dès le plus jeune âge, avait développé sa passion pour le combat, et la guerre. Il souhaitait marcher dans les pas de son père et monter les grades pour repousser l'ennemi. Son objectif en tête, il s'entraînait jour et nuit pour qu'il se réalise.
Dès l'âge minimum, contre l'avis de sa mère, il part au front, pour défendre son clan continuellement en guerre comme il nous l'avait déjà dit. Mais à ce moment-là, son peuple perd l'avantage et recule.
Très vite il impressionne, par son courage et ses compétences malgré son jeune âge. Il grimpe facilement les échelons et devient rapidement le général le plus jeune de l'histoire. Selon lui, on le craignait juste en le voyant.
En un peu moins de cinq années en tant que général, il avait retourné la situation et repris des terres perdues depuis des siècles par les siens.
- Et ça s'est terminé comment ? demande Vestia.
- J'aurais pu continuer encore longtemps, sourit Griffing. Si seulement Seishin n'était pas arrivé dans ma vie.
Il raconte que c'est au cours d'une bataille que Seishin la choisie. Elle lui été apparu et l'avait poignardé la nuque, comme moi. Fondu dans la bataille personne n'avait remarqué la scène. C'est seulement la bataille remportée, qu'on a découvert sa dépouille. On avait déposé son corps dans une tente à l'abri des charognards, le temps de creuser sa tombe.
Mais à la surprise générale, quand ils sont venus le chercher. Griffing était debout, mal au point, mais vivant. Il s'était rapidement remis, mais sa « résurrection » avait fait du bruit et ses supérieurs ont préférés le faire partir en retraite anticipée. Il l'avait bien mérité, la relève était déjà prête à le remplacer, mais lui ne l'acceptait pas.
Les champs de batailles c'était toute sa vie, et il ne voulait pour rien au monde les abandonner. Mais sous la pression, il avait été contraint d'obéir.
Sur le chemin du retour, le convoi qui ramenait en même temps d'autres soldats blessés au combats, amputés ou défigurés, se fait attaquer par le même monstre, qu'au laboratoire de mes parents.
Aussi loin du front, Griffing est alors le seul capable de se battre. La bête avait directement foncé vers lui. Au début il avait été heureux que le retour vers chez lui ne soit pas ennuyeux. Mais après quelques minutes à se battre avec ses hachettes, il avait commencé à regretter le confort des charrettes.
Même s'il arrivait à tenir tête à la bête, il commençait à fatiguer. Poussé dans ses derniers retranchements, il avait découvert ses pouvoirs quand son bras c'était transformé en un bloc de roche pour le protéger d'un coup fatal.
Mais malheureusement avec la fatigue du combat qui s'éternisait, Griffing fit une erreur et en anticipant mal une attaque, il se fit balayer et avant qu'il n'ait le temps de se relever le monstre l'avait déchiqueté.
Ensuite, il s'était vu tomber dans le noir absolu. Les centaines d'années qui le séparait de notre réunion avait pour lui durer quelques secondes avant que le noir devienne violet et qu'il apparaisse parmi nous sur la plateforme.
Quand il finit, j'avais déjà terminé mon assiette depuis un petit moment, repu. D'ailleurs je ne suis pas le seul, et tout ce qui est sur la table disparaît. Griffing n'ayant pas perdu le nord, s'exclame en me regardant :
- Allez à toi, maintenant !
Je ferme les yeux et inspire profondément. Je repense fortement aux images que j'avais rêvé. Et bien plus facilement que je ne l'avais pensé, c'est le rêve en entier avec tous les détails et émotions qui défilent mentalement.
A la fin, quand je rouvre les yeux, tout mon corps est tremblant et nauséeux. Shinen pâle d'origine est translucide, son visage recouvert de larmes. Vestia a les larmes aux yeux, mais garde son sang-froid. Seul Itarra et Griffing paraissent impassible aux images. Vestia s'exclame :
- Pourquoi ses pouvoirs ne fonctionnaient plus ?
- Pour la même raison que Xander, quand il a perdu sa forme Raptium et son apparence originelle, répond Griffing.
- C'est-à-dire ? demande Vestia étonné me regardant.
- Pour être sûr de l'atteindre je l'ai poignardé de plusieurs coups de couteau dans le ventre, soupire Itarra. De la même manière que Tass, la douleur lui a fait perdre le contrôle de ses pouvoirs.
- Le mental, je dirais plus, contre-dit Griffing. Itarra, la douleur ne t'a pas empêché d'achever Vestia.
- C'est vrai, avoue Itarra.
- Donc ce serait notre seule faiblesse, demande Vestia ?
- La drogue aussi, ajoute Shinen. Et le problème est bien plus important. Car contrairement au mental, ça ne se travaille pas.
Encore sous le choc de ce qu'il venait de voir, il fait une petite pause avant de reprendre :
- Autant la douleur est plutôt facile à éviter. Mais la drogue a plein de forme, elle peut être dans la nourriture, l'air, ou dans des dards. Et autant vous dire qu'en plus c'est très facile de faire des anesthésiants, surtout avec des solanacées comme les Mandragora Officinalis.
- Tu m'as perdu sur la fin, répond Griffing.
- C'est juste une plante sédative, antispasmodique, anti-inflammatoire et ...
- C'est bon, je crois qu'on a compris, le coupe Itarra. Ça fait deux points faibles. Et Shinen a raison, mais après c'est le point faible de n'importe quel humain.
- Oui, mais étant l'un de nos seuls points faibles, face à des humains, réplique Griffing. Il faut rester très vigilant.
- Alors la règle d'or c'est de ne jamais mangé ce qu'une personne que l'on ne connaît pas nous donne et ne mange pas. Exemple une assiette déjà prête juste pour vous, idem pour les boissons, explique Itarra.
- Ça, ça devrait aller, j'acquiesce.
- Oui mais attention à ne pas l'oublier, soupire Griffing. C'est clair maintenant, mais face à une personne mielleuse on peut vite l'oublier.
- Ensuite pour éviter tout contact avec une substance dangereuse, maintenez toutes personnes à deux portées de bras de vous, pour vous laisser le temps de réagir. Et surtout dans le cas, de Tass et sa génération, ils n'ont pas été assez attentif à leur environnement. Kétis n'était pas très bon, il aurait dû entendre quelque chose. Ils étaient au moins cinq à tourner autour de leur campement. Donc veillez bien à votre environnement, de façon à ne pas être surpris par un chevreuil dans une forêt.
Je me rends compte qu'elle fait allusion au daim dans le dôme sous l'océan. Je la regarde et lui lance :
- C'était toi derrière moi ?
- Oui, soupire-t-elle découragé.
- Bon sinon pour finir cette discussion, reprend Vestia. On va commencer doucement par Colfia. Juste une petite balade sans danger. Le seul risque c'est que vous tombiez amoureux de mon monde.
- J'attends de voir ça, raille Griffing.
- On y va quand ? demande Itarra.
- On fait une bonne nuit de sommeil, et on y va, nan ? Vous en pensez quoi ? propose Vestia.
- Comme ça je vais pouvoir me reposer et être en pleine forme pour tomber amoureux de ton monde, rigole Griffing.
- Ça va pour moi, ajoute Itarra.
Je hoche la tête en même temps que Shinen acquiesce :
- Comme ça ce sera fait. J'aimerais ajouter une dernière chose, ils n'auraient pas attiré l'attention des indigènes s'ils n'avaient pas montré leurs pouvoirs. On devrait peut-être aller sur Colfia avec des vêtements plus conventionnels.
- Je suis d'accord, l'appuie Griffing, en y réfléchissant c'est un peu l'amorce de leur extinction.
Soudain Itarra regardant Shinen, s'écrit :
- Mais attends ? Le rêve ? On était sur Ortia ? Et on était à la surface !
Son visage se décompose, comme s'il le réalisait aussi. Il bredouille :
- Je ne sais pas ! Le Mal y est peut-être pour quelque chose.
- C'est une ancienne génération, difficile de connaître l'époque, le soutien Griffing. Le monde a très bien pu changer catégoriquement jusqu'à ton époque.
- De toute façon, on y passera, pour voir ce qu'est devenu la surface, conclue Vestia.
- On s'entraînera mieux avant, grimace Itarra. Si ça se trouve c'est tout simplement les indigènes qui sont craint ?
Cette fois tout le monde se lève et part se coucher. Sur le chemin des chambres, Itarra s'inquiète étonnement pour moi :
- Ça va aller pour dormir ?
- Même sans les cauchemars, je suis complètement décalé par rapport à vous. Donc je ne pense pas. Je me règlerais sur vous dans les jours qui suivront.
- Bah j'espère que ça va aller. Bonne nuit, me souffle-t-elle avant de rentrer dans sa chambre.
Je rentre dans ma chambre. Mon lit est fait, comme si je n'avais jamais dormi dedans. Les habits sales que j'avais jeté par terre avant de dormir, sont lavés et rangés dans la penderie.
J'essaye quand même de dormir, même si Vestia dit que c'est une mission facile, il faut quand même que je sois opérationnel, il serait préférable d'éviter de faire une nuit blanche.
Mais rien à faire. Dès que je ferme les yeux, je revois ces images horribles, je ressens les coups de couteau. Je n'ai pas envie de déranger les autres avec mes pensées, alors après quelques minutes sous la couette, je me relève.
D'un ordre mental, ma robe réapparaît, et je sors de la chambre. Décidé à ne pas perdre du temps inutilement, je me dirige vers la salle d'entraînement.
Au milieu de la salle, je repense à ce que faisais Tass. Je forme mentalement deux sphères recouvertes de pics juste devant moi. Les deux sphères se forment en quelques secondes. Soudain une idée me vient.
Je fais apparaître ma forme Raptium en faisant disparaître les boules, et je réitère l'opération. Cette fois l'opération est carrément plus rapide. Je fais disparaître toutes mes apparences et recommence. Cette fois je n'arrive même pas à former des sphères. Je viens de comprendre l'intérêt des différentes formes !
Sans mon apparence, je peux uniquement liquéfier mon corps. Avec ma robe d'eau, je peux contrôler toute l'eau qui m'entoure sans limite et tout ça est amélioré sous la forme Raptium. Mais sous cette forme je suis beaucoup moins endurant.
Je fais apparaître de nouveau ma forme de base, et fais apparaître une multitude de sphères de glace épineuses. Je les fais valser autour de moi, puis voyant les arbres. Je les propulse mentalement sur un arbre.
La dizaine de sphères transpercent le tronc de l'arbre sans difficultés, qui s'écroule juste après.
- Impressionnant, s'exclame Itarra.
Je me retourne surpris, les sphères revenant autour de moi. Je lui demande :
- Tu dors pas ?
- J'ai déjà un peu dormi cette après-midi, mais en ce moment avec tout ce qui m'est arrivé, j'ai dû mal à m'endormir.
- Pourquoi ? Ton monde te manque ?
- Non loin de là... J'y ai perdu tout ce que j'aimais. En plus comment aimer vivre dans le mien ? Même le monde de Griffing paraît plus paisible.
- Il ressemble à quoi ton monde, pour être pire qu'un monde belliqueux ?
- Un monde de crime où il n'y a pas de loi, seul le plus fort ou le plus rusé s'impose. Tu ne peux faire confiance à personne, perdre ta maison si tu la quitte, être un dommage collatéral d'un règlement de compte, ou te faire poignarder pour récupérer ton sac. Et être une femme en rajoute encore une couche...
- Mais maintenant tu es en sécurité, non ? Ça devrait être plus facile de dormir ? je demande innocemment.
- Oui si je n'avais pas de souvenirs désagréables.
Je m'approche d'elle en lui demandant :
- Je suis désolé pour les images de mon ...
- Non c'est pas le problèmes, j'ai déjà vu pire. Mais je n'ai pas vraiment envie d'en reparler.
- Tu veux qu'on fasse une revanche ? dis-je pour changer de sujet face au mur qu'elle m'oppose.
- Tu veux te rebattre maintenant ? Pourquoi pas ça me changera les idées.
Dans un sourire, elle fait apparaître sa forme Raptium. Je recule de quelques pas en faisant de même. La dernière fois, j'avais manqué de réactivité, alors je me concentre totalement sur elle.
Je fais apparaître des dizaines d'autres sphères que je fais graviter à toute vitesse autour de moi, certains me frôlant d'autres gravitant à quelques mètres. Itarra ne pourra plus s'approcher de moi. Reste plus qu'à éviter ses kunai.
Itarra commence à se téléporter autour de moi, me faisant tourner sur moi-même, me donnant rapidement le tournis.
Je réfléchis à toute vitesse pour trouver un moyen de contrer sa téléportation, et d'éviter de perdre de la même façon que Vestia.
La vue ! Elle a besoin de voir. L'idée folle me vient, c'est une bonne occasion pour tester mes limites. Je visualise mentalement mon idée.
L'air devient pesant et humide dans toute la salle, et sur deux mètres de hauteurs un épais brouillard se forme, empêchant de voir à quelques centimètres.
Maintenant nous sommes tous les deux perdus dans le nuage blanc. Mais elle ne peut pas pour autant s'approcher.
Tass avait découvert que l'on pouvait percevoir ce que l'eau ressentait. Je ferme les yeux et me concentre sur le brouillard. Je ressens chaque brin d'herbe, chaque arbre, présent dans le brouillard et... Itarra. C'est fantastique. Dans un sourire de satisfaction, je projette toutes les sphères qui m'entoure sur elle.
Je l'entends crier de douleur. Je suis à la fois, super content de moi, et désolé pour elle.
Je ressens son souffle saccadé et difficile à travers le brouillard. Je le fais disparaître d'une pensée et me dirige vers elle.
Mais quand je m'approche, je vois surpris, Vestia en sang étalé dans l'herbe dans sa robe de feu. Elle lâche :
- Pourquoi Xander ? Tu aurais pu me prévenir.
Je me jette à son chevet faisant disparaître ma forme Raptium, et m'écriant honteux :
- Je suis vraiment désolé, je t'ai pris pour Itarra.
D'un coup, de son bras caché dans sa robe, elle m'enfonce un couteau dans la gorge. Surpris je m'écroule.
Juste avant que le voile noir se dresse devant mes yeux, je vois le visage de Vestia disparaître, remplacé par celui d'Itarra.
Je rouvre les yeux dans la petite salle, comme la première fois. Je me tiens la gorge, grimaçant, la douleur encore en train de s'évanouir doucement. Itarra derrière moi un sourire malicieux s'exclame :
- Alors ? Je la fais bien Vestia ?
- Tu m'as fait trop peur, j'ai cru que j'avais fait une grosse connerie.
- Oh, tu sais. Je ne crois pas qu'elle t'en aurait voulu. Bon et bien joué pour le brouillard, je n'ai pas pu éviter toutes tes boules épineuses, elles m'ont bousillé une jambe et transpercé le bassin. Je serais morte peu après toi, dommage que tu te sois laisser berner.
- Je m'y attendais pas, j'avais oublié que tu pouvais te métamorphoser.
Je m'assois sur le banc, encore bouleversé par le coup de couteau. Itarra me demande inquiète :
- Ça va ?
- Oui, oui, t'inquiète. Je ne suis juste pas habitué à la douleur comme toi.
- Ça viendra avec l'habitude.
Pendant un instant, le silence règne dans la pièce. Je lui confie :
- Tu sais c'est la première fois qu'on s'inquiète pour moi ? Ça me fait du bien.
- Je n'avais pas compris que la Terre était aussi horrible que ça ? répond Itarra s'asseyant à côté de moi.
- C'est bien mieux que Sombra c'est sûr. Mais parfois, j'aurais préféré un coup de couteau, au moins la douleur ne dure pas plusieurs années. Les moqueries, le rejet, les mauvaises blagues, c'est difficile à supporter pendant des années.
- Mais tes parents ? Ils n'ont jamais été là pour toi ?
Je rigole, avant de répondre :
- Je ne sais même pas pourquoi ils m'ont conçu. Ils n'avaient de yeux que pour leur travail. Et puis à la fin, juste après le passage de Seishin, ils ont voulu me sacrifier, pour leur boulot.
Elle me fixe les yeux exorbités comme choqué avant que quelques secondes plus tard, me demander :
- Et tu n'avais pas d'amis, pour te soutenir ou les remplacer ?
- Pourquoi traîner avec le déchet de l'école ? Tout le monde me détestait pour ce que j'étais, trop bon à l'école, trop riche, trop nulle, trop moche.
- Je suis désolé. Moi j'ai toujours eu mon père. Il m'a tout appris, il m'a toujours soutenu quand ça n'allait pas, malheureusement après que Seishin m'ai Marqué...
Les yeux emplis de larmes, elle fait une pause. Je la soutiens :
- J'ai vu. Seishin m'a montré. Je suis désolé.
Elle se met à pleurer, j'hésite à l'enlacer comme Vestia l'avait fait avec moi, mais je crains qu'elle ne le prenne mal. Alors je reste à distance de mon côté du banc, le regard vers l'arène, ne sachant quoi faire.
Au bout de quelques instants, je lui pose une question d'une voix la plus douce possible :
- C'est ça qui t'empêchais de dormir ?
- Non.
Je réfléchis et cherche le moment entre Seishin et maintenant, qui aurait pu autant la bouleverser. Mais c'est elle qui répond :
- Quand mon père est mort, j'ai dû tuer une dizaine de mercenaire de Cléres. Je ne contrôlais pas encore bien mes pouvoir, je n'avais pas encore nos apparences. A la fin, j'étais épuisé et Cléres est arrivé. Il m'a battu sans trop de difficulté.
- Il t'a blessé sur le moment ?
- Non, il a fait attention, il m'a juste assommé à la fin. J'ai juste eu le temps d'apercevoir qu'on traversait le sol avant que je ne perde conscience.
Je revois le monstre alors traversant le sol juste devant le laboratoire. Itarra continu :
- Quand j'ai repris conscience j'étais dans la chambre où l'on s'est rencontré.
Elle fait une pause, les larmes de plus en plus nombreuses glissant sur ses joues. Je sens sa détresse, mais je ne sais pas comment réagir.
Elle essuie de sa manche ses joues avant de continuer :
- Lorsque j'ai commencé à reprendre véritablement conscience, je... je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Allongé sur le lit, je sentais ses mains défaire mes habits avant de caresser ma peau sans retenue.
Le souffle court, elle met du temps à se ressaisir pour pouvoir continuer :
- Quand ses mains ont emprisonné ma poitrine c'est comme si, je perdais le contrôle. Que je ne devenais qu'une poupée de chiffon livré à son détenteur.
Elle penche sa tête en arrière contre le mur, les yeux rivés au plafond, devant ce douloureux passé. Je lui laisse timidement le temps de terminer, conscient que je serais réellement incapable de ressentir ce qu'elle a vécu.
- J'ai... J'ai vraiment eu l'impression de disparaître, de sortir de mon corps, quand il s'est concentré sur mon entre-jambe. Ça semble débile, mais je n'avais pas la force de me battre ne serait-ce que protester. J'étais vidée, vidée de moi-même, expulsée de mon propre corps. Il m'a retiré tous mes bas, puis... puis il s'est amusé à... me caresser.
Elle remarque un temps de pause, elle se met à trembler. Je tente timidement une main sur son épaule. Elle ne la rejette pas, et au contraire se rapproche des quelques centimètres restants entre nous, se collant contre moi en posant sa tête sur mon épaule. Je suis immobile, mon bras derrière son cou, je ne sais plus quoi faire.
Entre deux sanglots, elle continue :
- Avant que je puisse me relever, il s'est jeté sur moi et m'a retiré mon pantalon. Il m'a retourné face à lui. J'étais exposée et je ne pouvais rien faire. A ce moment-là, j'ai perdu toute force de me battre, de hurler, c'était comme si j'étais sorti de mon corps.
Je la sens pleurer sur mon épaule, la surface de l'eau est solide et duveteuse à son contact. Je suis là, je ne sais pas quoi dire ni faire. Je suis une statue immobile, attendant que ça passe.
- Alors que le temps semblait s'arrêter, et la torture sans fin. Il s'est arrêté d'un coup, avant de partir avec mes affaires, en m'enfermant dans la chambre, laissée en plan comme un vulgaire jouet.
- Je suis vraiment désolé, je lui dis ne sachant que dire d'autres.
- Une petite heure après le cube rose apparaissait dans la chambre, toi en sortant. J'étais brisé et surtout nue. Je n'ai pas voulu que tu me vois. Je t'ais suivi dans l'espoir, que tu trouves mes affaires ou une sortie. Et puis... j'ai été lâche avec toi, et je m'en veux.
- Mais non, j'aurais fait pareil. je la rassure. Ce n'est pas facile de se montrer nu devant des inconnus.
Après une courte pause, elle continue sans vraiment prendre en compte ce que j'ai dit :
- Quand j'ai pris le coup de couteau à ta place... Je suis désolé... Mais la situation semblait perdue d'avance. C'était soit l'un soit l'autre, il devait en garder un vivant. Je ne voulais pas que ce soit moi. Je préférais mourir que de rester et de vivre tout ce qu'il me ferait subir.
Je suis bouche-bée, mais pour autant je ne lui en veux pas. À sa place j'aurais fait pareil. Elle sanglote en s'excusant :
- Je suis vraiment désolée. Mais j'étais terrifiée. Ça n'arrivera plus je ne te le promets.
Entendre le mot « terrifié » de la bouche d'Itarra était assez surprenant venant de son caractère calme et imperturbable. Mais je la rassure aussitôt :
- Ce n'est pas vrai. Finalement tu l'as tué Cléres. Tu m'as sauvé la vie, et celle des autres. Ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas.
Le silence rempli une nouvelle fois, la petite pièce. Cette fois, aucun de nous deux ne parle. Itarra a toujours la tête posée sur mon épaule. Moi je suis tendu au possible ne sachant que faire ni comment me mettre sans la gêner. Quelques instants plus tard, elle s'endort.
Finalement, ressentant son souffle chaud sur ma poitrine, et ses doux cheveux sur mon visage, je la suis dans les bras de Morphée.
Je suis réveillé quand ma tête perd soudain appui. Je me redresse surpris encore à moitié endormis, et vois Itarra, à côté de moi. Elle soupire pas vraiment réveillée :
- Je pense qu'on sera mieux dans nos lits.
Mon cou, me faisant mal, après avoir passé trop de temps dans une mauvaise position, je hoche la tête et me lève. Mais avant que je ne quitte la pièce, elle me dit :
- Xander. Je t'ai dit beaucoup de choses tout à l'heure. Merci de m'avoir écoutée.
- Avec plaisir, dis-je en lui envoyant un sourire.
- Mais je ne veux pas que ça se sache. Garde tout ce que je t'ai dit pour toi, s'il te plaît.
- Je ne dirais rien, je te le promets.
Sans un mot, on retourne dans nos chambres respectives, et je m'empresse de me glisser sous la couette pour finir ma nuit.
Le lendemain matin, les murs de la chambre s'illuminent, me réveillant doucement. Je ne sais pas quelle heure il est. Qu'est-ce que signifie la lumière des murs ? Je suis suffisamment en avance pour prendre le temps de me lever ou les autres vont m'attendre ?
Dans le doute, je me lève rapidement. Je cours vite fait à la douche sentant l'odeur de transpiration. Puis je m'habille, d'un legging noir avec un T-shirt et un sweat de sport sombre, l'histoire d'être à l'aise.
Je traverse ma porte d'eau et débarque dans le couloir, en même temps que toute l'équipe. On se regarde tous étonné. Je croise d'ailleurs le regard d'Itarra la douceur d'hier soir envolée, son visage de nouveau fermé.
Comme on s'était mis d'accord, personne n'a revêtit son apparence magique. Itarra porte une tenue similaire à celle qu'elle portait quand on s'est rencontré. Vestia s'est habillé d'un tailleur rouge plutôt moderne, avec un pantalon un peu ample, Griffing d'une tenue de cuir plutôt médiéval et Shinen est enveloppé dans une sorte de cape de lierre.
Vestia se moque alors en regardant Griffing :
- Je ne pensais pas que tu mettais autant de temps à te lever.
- De quoi tu parles, je viens tout juste de me lever. Les murs viennent tout juste de s'illuminer, réplique-t-il.
- Mais, moi ça fait déjà deux bonnes heures, elle renchérit.
- C'est fantastique, je lâche. Tout était calculé, pour qu'on sorte en même temps.
- Fascinant ou terrifiant, soupire Itarra. Lucie et le vaisseau nous connaissent mieux que nous même.
- Si ça ne dépasse pas l'utile, ça reste intéressant, avise Vestia.
- Bon allez, assez perdu de temps. Allons tomber amoureux de Colfia, interrompt Griffing.
- Rigole, rigole, réplique Vestia. Mais tu vas être surpris. Mais allons déjeuner avant, je meurs de faim.
Sur le chemin, je demande :
- Vous avez eu des visions cette nuit ?
- Pas aussi terrible que la tienne, répond Griffing. Juste d'une sternifienne Marqué, qui avait une façon très intéressante d'utiliser ses pouvoirs. Fusionnant avec la pierre, elle traversait les murs pour attaquer ses ennemis dans le dos.
- Pareil pour moi, ajoute Vestia. C'était un colfien, au lieu de lancer des flammes, il embrase directement les cibles qu'il voit.
- Moi je n'ai pas rêvé, soupire Itarra me regardant.
Seul Shinen reste silencieux. Ce n'est seulement lorsque l'on s'assoit autour de la table noire recouverte de coupoles de fruits, de crèmes, de jus de toute sortes, ainsi que des saladiers de céréales. Qu'il nous envoi toujours silencieux des images horribles.
Le corps que j'incarne, est au milieu d'un vaste campement nomade entourés de centaines de cadavres déchiquetés, démembrés. L'herbe est teintée de rouge par le sang qui la recouvre comme la rivière longeant le champ. L'odeur pestilentielle est difficilement tenable. Et tout ce qui reste de vivant dans ce paysage lugubre, ce sont des charognards.
Je sens que l'hôte de ce corps est horrifié, et attristé en regardant chaque visage inerte des cadavres qu'il croise. Il est entouré des quatre membres des Marqués, tout autant répugné. Nous sommes malgré tout à la recherche des auteurs de ce massacre inhumain.
Le groupe enjambe les cadavres à la recherche de témoins encore vivant pouvant les envoyer sur une piste. Mais après des heures de recherches désespéré, se retenant de vomir devant les bouillis de corps. Tristement personne n'avait été épargné, pas même les nourrissons abrités dans leur berceau.
Puis les images s'arrêtent ici. Griffing s'assure aussitôt et pour une fois sérieusement :
- Shinen, ça va ?
Choqué il balbutie :
- Qui a pu faire ça ? Pourquoi faire ? C'est horrible.
- C'est pour ça qu'on est là, Shinen, le rassure Vestia. C'est le Mal qu'on cherche.
Pour le réconforter, Vestia envoi une nouvelle fois de bonnes ondes avec un autre de ses souvenirs. Cette fois elle est toute petite, et elle est derrière un gros gâteau avec six bougies, entourée de ses parents.
Annotations
Versions