Chapitre 1 : Une main tendue

13 minutes de lecture

Alors que les fenêtres opaques de ma chambre s'éclaircissent et laissent passer petit à petit les rayons du soleil déjà haut dans un magnifique ciel d'été, la voix robotique et féminine d'Elessiah, l'intelligence artificielle de l'appartement, emplie ma chambre :

- Xander, il est l'heure.

- Élé ! je la supplie. Encore un peu.

- Xander. Vous avez déjà programmé votre réveil au plus tard. Si vous attendez encore, vous allez être en retard.

- Je me lève, je me lève, je ronchonne.

- Allez, encore un petit effort, Xander. C'est la dernière semaine de votre année, après c'est les vacances.

- Tu parles... Comme si tu allais me laisser faire ce que je voudrais.

- Il est important de garder un rythme de travail régulier, afin de reprendre dans les meilleurs conditions votre prochaine rentrée scolaire.

- Oui, oui, et du coup ça n'en finit jamais, je réplique ouvrant ma commode.

Agacé, je change de sujet :

- Bon, il fait combien aujourd'hui ? Et puis lances ma musique, s'il te plait.

- Aujourd'hui, le temps sera ensoleillé, avec une maximale à 42 degrés et une minimale à 31 degrés.

Pendant que la musique commence à vibrer dans la chambre, je jette un regard à l'immense baie vitrée qui fait face à mon lit offrant une vue sur tout Central Park.

Le ciel est dénudé de nuage, et les rayons du soleil commencent déjà à brûler la ville de New York.

- Merci Élé.

- Vous devez partir dans 20 minutes.

- Je me dépêche, dis-je en habillant mon corps fin.

Je dévale les marches des trois étages qui constituent l'immense appartement de mes parents, et dans la cuisine. Tout en saisissant quelques brioches, je me remplis un grand verre de jus de pomme.

Aussitôt terminé, je me dépêche de retourner dans ma chambre, et commence à me laver les dents.

- Vous devez brosser plus doucement, Xander, si vous voulez un brossage efficace.

Grimaçant dans le miroir, je ralentis le mouvement. En même temps, mon regard se fixe dans les yeux de mon visage que je n'aime pas, et de mes cheveux bruns en bataille.

Quand je repose la brosse et quitte la salle de bain, Elessiah s'exclame :

- Vous avez oublié de passer votre fil dentaire, de brosser vos cheveux et de laver votre visage !

- Élé ! je grommelle. Je n'ai pas le temps ! Je vais être en retard.

- Ce n'est pas sérieux, Xander. Vous le regretterez plus tard !

- Prépare la voiture, j'arrive, je rétorque.

Je saisis mon sac de cours, m'empresse de sortir de ma chambre, avant qu'Elessiah ne s'alarme une nouvelle fois :

- Votre sac dépasse de plusieurs kilos le poids moyen d'un élève de ton niveau. Êtes-vous sûr de n'avoir pris que le nécessaire ?

- Rappelle-moi le nombre de sanctions pour oubli que j'ai collectionné depuis le début de l'année ? je réplique. Si j'ai tout c'est déjà bien.

- Vous manquez terriblement d'organisation, Xander.

- Me stress pas plus que je ne le suis déjà, s'il te plait !

- Nous continuerons cette discussion dans la voiture. Vous devez y être dans 3 minutes, pour ne pas être en retard.

Je sors de l'appartement et monte dans l'ascenseur qui m'attends déjà.

Devant l'hôtel, une berline noire sans chauffeur m'attend, la porte arrière ouverte se referme seule derrière moi.

- Nous avons 2 minutes de retard, Xander ! Ce n'est pas sérieux, tout comme votre organisation. Pourquoi ne faites-vous pas d'effort ? Vous ne prenez pas soin de vous, vous refusez de sortir faire du sport. Vous avez 16 ans, quand est-ce que vous allez grandir ? ...

J'ai la boule au ventre, ses sermons me retournent de l'intérieur, je n'ai plus la force de les écouter. Je n'ai pas non plus envie d'affronter la solitude de l'école, les regards, ou même la peur d'avoir oublié un cahier ou de faire un exercice.

Tout ça me donne envie de vomir, mais je le garde pour moi. Elessiah ne comprendrait pas. Froide comme toujours elle dira que je ne fais pas assez d'efforts, que prendre soin de moi réglerait tous mes problèmes.

Mais je n'y crois pas. On me rejette pour qui je suis, pas ce que je suis. Des élèves moins soignés et moins sportif ont des amis. Je n'aime pas le sport, je n'en vois pas l'intérêt, je ne suis pas en surpoids, et je n'ai pas besoin d'être musclé. Je préfère me plonger dans les univers agréables des livres et de mes écrits.

Une dizaine de minute plus tard, nous arrivons devant mon école. La voiture s'arrête et Elessiah termine :

- Xander ? Ais-je été claire ?

- Oui, oui, je réponds machinalement. A ce soir.

Aussitôt hors de la voiture, je m'empresse de rejoindre ma classe pour éviter d'être en retard. Heureusement, le prof n'est pas encore là, et toute la classe est encore rangée devant la porte.

Je lance un « Bonjour » qui se perd comme d'habitude dans la cohue, sans jamais recevoir de réponse, ni de considération.

Des garçons parlent de jeux auxquels je n'ai pas le droit de jouer, alors je ne peux qu'écouter en attendant le début des cours.

On commence par un cours d'anglais avec une professeure hystérique qui me terrifie, et qui passe son temps à rabaisser ses élèves. En plus, Elessiah s'est frottée avec elle, car sa pédagogie n'était pas réglementaire, du coup elle n'hésite pas à m'enfoncer en représailles.

Ensuite le cours d'histoire. Cette fois, je l'aime bien, et ses cours sont vraiment intéressant. Je me trouve chanceux, car d'autres classes ont un professeur d'histoire que l'on entend hurler à travers les murs. Je prie d'ailleurs pour ne pas l'avoir l'année prochaine ou juste ne pas l'avoir tout court.

Pendant la pause, je me réfugie à la bibliothèque de l'école pour m'enfermer derrière les lignes de mon monde imaginaire. Les minutes défilent rapidement plongé dans mes pensées et mon cœur se serre quand la sonnerie retentit, signalant le retour à la vie terne et angoissante.

On a sport et on termine l'année sur de l'endurance. Les gens discutent pour passer le temps. J'aime bien discuter mais alors que j'essaie de m'intégrer à une conversation on me refoule :

- Dégage, Xander ! Tu fais chier avec ta voix de crécelle.

Sans grande répartie et ne sachant que répondre d'autres je m'écris :

- Ce n'est pas vrai !

- Eh, Xander, s'exclame une fille. Tu sais ? Il n'y a que la vérité qui blesse.

Le prenant mal, je baisse les yeux et continue de courir en m'éloignant. Je termine les deux heures, seul à retourner la conversation en boucle dans ma tête, j'arrive quand même à faire un bon nombre de tours et à me hisser parmi les meilleurs de la classe. Mais ça... Tout le monde s'en fout.

Comme tous les midis, je mange avec le même groupe de personne, mais leurs conversations me sont trop étrangère pour que je puisse y participer. Alors je me retrouve aussi seul que si la table était vide.

Avant de retourner en cours, on apprend que le dernier professeur de la journée est absent et qu'on terminera une heure plus tôt.

On termine donc la journée sur deux longues heures de français, avec une professeure que je n'apprécie pas vraiment.

Mon cœur se serre quand elle rend les contrôles de la semaine dernière, et que je découvre que je l'ai raté. Elle s'exclame :

- Je m'attendais à beaucoup mieux de ta part Xander. C'était vraiment moyen ce que tu as fait.

Je ne fais qu'hocher la tête, la gorge serrée. Elessiah va encore être en colère quand elle va voir la note. Ça va me détruire la moyenne ! Je ne pourrais jamais être premier de la classe !

Pour ne rien arranger à la fin de sa distribution des copies, elle s'exclame :

- Sortez-moi les exercices que vous aviez à faire pour aujourd'hui.

Mon sang se glace dans mes veines. Quel exercice ? Je m'empresse d'ouvrir mon cahier, le cœur battant. Ma voisine me lance un regard espiègle en demandant :

- Tu l'as pas fait ?

Je fais non de la tête, et la supplie :

- Tu me laisses copier ?

- Tu te démerdes ! T'avais qu'à le faire !

- Mais j'ai oublié !

- T'avais qu'à y penser.

Sortant le manuel, je regarde l'énoncé, et découvre que je ne pourrais jamais le faire avant l'arrivée de la professeure. Dépité, j'attends tremblant la semeuse de sentences qui passe lentement entre chaque rangs.

Quand finalement elle arrive face à moi. Elle me pose la question fatidique :

- Xander ? Il est où ton exercice ?

- J'ai oublié de le faire, je réponds honteux.

Tous les regards se retournent vers moi, avec des sourires et des regards interrogateurs.

- Tu te crois déjà en vacances ? Il reste une semaine, du coup plus besoin de travailler ?

Je n'ose pas répondre, la tête baissée sur mon bureau. Elle continue :

- Je ne travaille pas pour moi, je travaille pour vous. Alors tu vas apprendre à respecter mon travail. Tu es collé deux heures !

Une bouffée de chaleur m'envahit. Collé ? Que vont penser mes parents ? Elessiah ? Tous ces futurs reproches semblent insurmontables.

Alors que la professeure repart, les élèves ricanent me regardant fondre en larme. Je me sens humilié, détruit. Ma voisine s'exclame :

- Pas besoin de chialer l'intello. C'est que deux heures ce n'est pas la mort. Après tu peux n'en vouloir qu'à toi même, tu n'avais qu'à travailler.

Comme si je ne le savais pas que c'était de ma faute ! Que répondre ? Rien. Je ne peux que me haïr et subir le temps que ça passe.

Mais j'ai un dernier espoir, qu'à la fin de l'heure elle ait oublié. Alors j'essaye d'être modèle. De participer. De montrer que même si je n'ai pas fait l'exercice, je sais le résoudre. Mais elle ne daigne m'interroger et m'ignore.

A la fin de l'heure quand tout le monde part, elle m'appelle à son bureau puis m'explique :

- J'ai prévenu la vie scolaire. Apparemment vous aviez fini, donc tu vas rester et après la pause, tu reviendras ici me copier pendant deux heures : "Je dois continuer de travailler jusqu'à la fin de l'année et faire mes devoirs tout au long de celle-ci".

- D'accord, je réponds tremblant.

- Tes parents ont été prévenu aussi.

Ça me fait l'effet d'un coup de massue. Les yeux brûlants, la gorge serrée, je retiens mes larmes jusqu'à ce qu'elle me permette de sortir.

Je m'empresse d'aller respirer l'air frais dans la rue, les larmes coulant à flot, qu'importe le regard des autres.

Quelques centaines de mètres plus loin, devant un bâtiment en construction abandonné, mon téléphone vibre, annonçant un message d'Elessiah : "Vos parents ne sont pas du tout content. Vous êtes privé de livres jusqu'à nouvel ordre, le temps que vous vous remettiez dans une bonne mentalité de travail.".

Ils viennent de me retirer ma seule échappatoire, ma seule lumière dans ce monde sombre qui m'entoure depuis une année.

Un an que je ne vois plus mes parents, plongés dans leur travail. Etant de haut responsable dans la plus grande entreprise de robotique du monde, leurs emploi du temps sont assez chargé.

Un an que je n'ai plus d'amis à cause du changement d'école. Personne ne m'a suivi lorsque mes parents ont été muté à New York.

Un an que je me réfugie dans mes livres, mes écrits et la musique. Mais ça ne comble pas pour autant mon manque social. Et ce n'est pas la froideur d'Elessiah qui va me réchauffer le cœur...

Je ne vois pas d'issue. Et les longues études qu'on prévu mes parents pour moi, semblent être un supplice éternel. Je ne vois pas comment les choses pourraient s'améliorer. Chaque année on nous en demande plus. Alors si je galère maintenant, la suite est impossible.

Regardant, le haut du bâtiment dénué de mur, je soupire :

- Alors peut-être tout simplement s'arrêter maintenant.

J'escalade le grillage qui entoure le bâtiment et commence à grimper les étages.

Tout en haut le vent chaud qui balaye le béton nu et la hauteur vertigineuse, rendent la vue sur les alentours impressionnante.

Tremblant, je m'assois sur le bord, les jambes ballantes dans le vide. Puis je lance le dernier album de Dua Lipa. On est en 2060 et encore une fois elle a pulvérisé des records avec ses derniers titres.

Pour autant à l'école, personne n'apprécie. Ça énerve quand j'en parle, un peu comme tous les sujets que je démarre en fait. J'ai l'impression de ne pas vivre sur le même monde, de ne pas être à ma place, d'être le problème.

J'aurais aimé pouvoir un jour rayonner comme mes parents par mon travail ou mes livres si j'en éditais un jour. J'aurais voulu les rendre fier, qu'on me remarque, me félicite. Mais tout semble impossible, insurmontable, trop douloureux. Je n'arriverais jamais à la fin de mes études. L'année prochaine s'annonce pire que celle-ci à cause des examens. Et si j'échouais, si j'étais juste un incapable ?

Et puis au final. Pour quoi faire ? Pour souffrir exclu de la même façon au travail. Quel est la raison de vivre dans un monde pareil ? Autant s'arrêter maintenant.

Les paumes sur le bord, je commence à me tirer vers le vide. Je ferme les yeux et inspire profondément.

Mais avant que je m'élance dans les bras de la mort, un violent coup de tonnerre éclate dans l'air prêt de moi.

Je sursaute en ouvrant brutalement les yeux, le cœur tambourinant. Il fait sombre, comme si on avait subitement éteint la lumière, le ciel couvert d'énormes nuages noirs.

Je sens l'air sur ma peau se rafraîchir en quelques secondes pendant qu'une fine pluie commence à tomber.

Celle-ci se rafraichi rapidement jusqu'à devenir de la neige, puis de la grêle alors que je n'ai même pas eu le temps de me relever.

Je m'empresse de courir vers un des rares abris qu'offre l'immeuble en travaux. Mais le vent est si violent, la grêle si intense et l'immeuble sans fenêtre, que les bourrasques me parviennent, les grêlons me griffant le visage.

Par réflexe, je sors mon téléphone mais juste avant d'appeler à l'aide Elessiah je m'arrête net. Je devrais déjà être en colle. Je n'ai pas envie de l'affronter. J'ai envie que tout s'arrête, je n'ai plus la force de continuer.

Reprenant mes esprits, je remonte sur le toit du bâtiment malgré la tempête qui fait rage. Je manque plusieurs fois de glisser sur le sol givré recouvert de grêlons, en plus d'être fortement poussé par le vent.

Le chemin vers le bord, semble interminable. Les larmes aux yeux, je pense à mes parents. Je n'ai pas vraiment eu le temps de les voir, de les connaître, de les aimer. Je ne suis qu'un poids lourd pour eux, un raté qui ne leur apporte rien de bon.

Alors pour le bien de tous. Il est temps pour moi que j'y aille.

Au bord du vide, j'observe les nuages noirs comme la nuit qui s'illuminent au rythme des bruyants coups de tonnerre qui tonnent par centaines à chaque instant. Les grêlons grossissent à vue d'œil et commencent à éclater les pare-brises des voitures, c'est du jamais vu.

Au moins je ne partirais pas un jour ordinaire...

J'inspire profondément, et les yeux fermés fais un pas en avant pour me laisser tomber dans le vide. Au même moment, des milliers d'éclairs semblent résonner à l'unisson, faisant vibrer ma poitrine.

A peine quelques instants plus tard, je me sens stoppé net. Je suis pris à la gorge par quelques choses. Effrayé j'ouvre les yeux. Je suis quelques étages en dessous, une femme se tient devant moi au bord du vide.

Elle a des cheveux noirs dont certaines mèches violettes émettent une puissante lumière qui se reflètent dans les grêlons qui nous entourent. Ses yeux perçants enfoncés dans les miens ont les iris aussi lumineuses et colorées que ses cheveux.

Seul son bras nu qui me maintient au-dessus du vide, émerge de la cape noire qui l'enveloppe des pieds à la tête, masquant la partie basse de son visage.

Dans un réflexe, je m'agrippe à son bras alors qu'elle s'exclame :

- J'ai d'autres plans pour toi, Xander.

D'une facilité déconcertante, elle me jette sur le sol de béton de l'étage. J'atterris violement face contre les terres les coudes brûlés par le sol rugueux et douloureusement froid.

Je me retourne vers elle, sonné. Mon cœur ne fait qu'un bon quand je vois, dans sa main, une lame parsemée de runes d'un violet luminescent.

Le cœur battant, je me retourne et commence à me relever pour m'enfuir. Mais je suis à peine retourné, qu'elle est déjà sur moi. En même temps, que je me sens plaqué au sol, une vive douleur irradie ma nuque.

J'ai comme l'impression de sortir de mon corps, je m'élève au-dessus de celui-ci et de la femme.

J'aperçois, horrifié, le poignard enfoncé en plein milieu de ma nuque. Les runes illuminant maintenant la neige d'un bleu nuit.

A ma grande surprise, pas une goutte de sang n'émerge, mais un liquide bleu se répand sous ma peau, formant des arabesques tout autour de la lame.

La femme se baisse sur mon corps et me chuchote à l'oreille d'une voix dénué d'émotions :

- Tu es maintenant détenteur de la Marque. Ton monde est en grand danger. Survis les prochaines 24 heures et je te donnerais la place que tu n'as pas trouvé dans cette vie.

Elle se relève, et sans gêne prend appuie sur ma tête pour retirer d'un coup sec l'arme blanche, et tout devient noir.

---

Je suis terrifiée, enragée. A genoux par terre, mon père dans mes bras une flèche profondément enfoncé dans la poitrine. Je chuchote tristement :

- Je t'aime Papa. Je te vengerais. Je te le promets.

J'ai le cœur brisé, mon univers anéanti d'une seule flèche. Il était tout pour moi, tout ce que j'avais, tout ce que j'aimais dans ce monde affreux.

Alors quand j'entends un bruit derrière la porte de la maison. Ma rage monte, j'ai une soif de sang. Je leur ferais payer !

Je pose doucement mon père sur le sol, me relève et dégaine des kunais accroché sur mon corset de cuir noir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Elessiah ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0