Chapitre 2 : Sans attaches

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Je me réveille en sursaut. La haine de cette vie dont j'ignore tout me hante encore. Je suis toujours couché au même endroit où cette femme m'a abandonné.

Tout semblait si irréel. Était-ce qu'un rêve ?

Je me lève tout en observant un grand ciel bleu que le soleil transcende puissamment, comme si rien ne s'était passé.

Pour en avoir le cœur net, je sors mon téléphone et prend une photo de ma nuque.

Mon sang se glace et un frisson parcourt mon corps quand j'aperçois à l'écran la marque bleue. Je suis confus, je ne comprends pas.

Comment c'était possible ? Mon monde en danger ? De quoi ? Seul l'homme le détruit. Et puis survivre ? Je n'arrive même pas à me tuer tout seul !

Mettant subitement fin à mes pensées le sol tremble violemment, puis face à moi, dans l'ouverture où la femme m'a rattrapé, un immense monstre surgit.

Totalement difforme recouvert d'une épaisse peau brune. Il est tellement grand qu'il défonce le plafond de béton en se redressant.

Il se tient sur deux pattes, et a deux autres beaucoup plus petites qui sont terminés par de longues griffes. Sa tête allongée et plate, est dotée de six petits yeux rouges.

Je suis figé, les yeux fixés sur les griffes d'ivoires blancs de plus d'un mètre de long. La bête me fixe immobile face à moi, à seulement quelques mètres.

C'est donc survivre à ça... Je comprends maintenant la difficulté de tenir une journée entière ! Mais contrairement à ce rêve, dans cette vie je n'ai pas d'armes et je ne sais pas me battre.

Pétrifié sur place, je n'ai qu'une envie, c'est de disparaître, de n'importe quelle façon. Crispé, je ferme les yeux. Courir face à ce monstre me semble perdu d'avance, je suis fichu.

Je me sens alors bizarre, comme si mon corps s'animait d'une façon inhabituelle. Quand j'ouvre les yeux, ma vue a changé. Je peux voir dans toutes les directions, je vois le sol où gisent mes habits, et le monstre qui les piétinent.

Réalisant que je suis sous le monstre, je m'empresse de m'élancer le plus loin possible. Mais alors que je m'attendais à sentir mes jambes courir, je me sens glisser au ras du sol.

Puis je réalise enfin : Je suis une flaque d'eau, mon corps épousant la forme du sol sur plusieurs centimètres d'épaisseur.

Je suis autant émerveillé que le monstre semble perdu, le regard hébété sur mes vêtements. Mais pour autant je crains que cette forme ne soit que temporaire.

Alors tout en m'adaptant à ma nouvelle vue, je m'éloigne au plus vite sortant du bâtiment.

Loin de la bête, le calme revient et tout ce qui vient de se passer mêlé à mon imagination s'entrechoquent dans ma tête.

Mais finalement quelques instants plus tard une seule idée emplie mon esprit : Faire ce que je n'ai jamais réussi à faire, impressionner mes parents.

L'immeuble de l'autre côté de la ville, je mets un peu plus d'une heure à y glisser, tout en trépignant d'impatience de leur montrer.

Finalement j'arrive devant l'imposant siège social de plus de 200 étages qui contient aussi les laboratoires expérimentaux où travaillent mes parents.

Mais quand je passe les portes automatiques de la tour, je ne passe pas aussi inaperçu que sur le béton mouillé des trottoirs.

Aussitôt les gens se mettent à pousser des cris de surprise. Alors pour les rassurer, je fais le souhait de retrouver mon apparence originelle.

Aussitôt ma vue se brouille, et des cris de terreurs résonnent tout autour de moi. Quand je rouvre mes yeux, mon corps nu est encerclé de plusieurs agents de sécurité, une matraque électrique à la main. Je lance aussitôt :

- Hey ! Doucement... Je suis Xander ! Le fils de Keryan et Guenièvre.

Le silence et tous les regards sur moi m'intimident tandis que je cache ce que je peux de mon intimité.

Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit d'autres, ils me plantent tous en même temps les dards de leurs matraques électriques.

Je hurle de douleur sous les décharges électriques, avant qu'un voile noir se hissent devant mes yeux.

Quand mes yeux s'ouvrent une nouvelle fois, je ne suis plus dans le hall, mais dans une salle entièrement blanche. Devant moi, mes parents, entouré de plusieurs gardes armées de fusil automatique et de gens en blouse blanche. Tous me regardent curieux, attendant quelque chose.

Intimidé par leurs regards, je m'empresse de rejoindre mes parents. Mais à peine levé, je me heurte à une paroi de verre.

Surpris, je regarde tout autour de moi et découvre que je suis enfermé dans une sorte de capsule constitué d'une paroi de verre circulaire, fermé en haut et en bas par d'épais morceaux de métal munis de néon qui éclaire l'intérieur.

- Papa ? Maman ? je demande surpris. Qu'est-ce qui se passe ?

Ma mère d'un air sérieux et neutre demande sans répondre à mes questions :

- Comment s'appelle l'IA à la maison ?

- Elessiah. Mais maman ! je m'énerve. Qu'est-ce qui se passe ?

- Calme-toi, et réponds à mes questions ! réplique-t-elle froidement. Quelle est ta dernière conversation avec Elessiah ?

Les regards, la conversation, tout ça m'est le flou dans ma tête :

- Je sais plus.

- Xander ! s'exclame-t-elle violemment. C'est important !

Je réfléchis et ça me revient :

- J'écoutais pas trop mais c'était en voiture quand elle m'a emmené à l'école, elle me grondait parce que j'étais pas assez assidu.

Ma mère se lève et se retourne en soufflant avant de lâcher :

- C'est bien notre fils... Les algorithmes de reconnaissance faciale, vocale le certifie à 100%.

- Mais Maman, bien sûr que c'est moi ! je m'exclame. S'il-te plait ! Sors-moi de là !

Cette fois c'est mon père qui s'avance et d'une voix plus tendre que ma mère, il me demande :

- Ça va aller. Mais avant qu'on te sorte de là. Tu peux nous montrer ce que tu as fait en arrivant ici ?

Soulagé que tout se finisse bientôt, je ne perd pas une seconde, impatient de les émerveiller, je m'exécute.

Je me tends un peu craignant de ne pas y arriver. Je ferme les yeux et visualise mon corps se liquéfier.

Je suis aussitôt soulagé quand je sens mon corps glisser vers le fond de la capsule, et de retrouver la vision de cette forme.

Tous semblent émerveillé, mais ma mère s'exclame sans témoigner aucune réaction:

- Au moins il m'aura apporté quelque chose, je pensais qu'il ne me faisait que perdre de l'argent. Analysez-le et je veux savoir quoi qu'il en coûte comment ça fonctionne.

Tout le monde commence à se disperser et s'activer, tout comme mes parents qui commence à s'éloigner. Aussitôt, je fais le souhait de retrouver ma forme physique et hurle :

- Maman ! Papa ! Revenez ! S'il vous plait... je termine à genoux en larme. Papa ! Tu m'as dit que tu me sortirais d'ici !

Alors c'est tout ce que je représente pour eux ? Même pas d'amour, juste une dépense.

Ils le paieront ! Mais comment sortir ? Quoi que je pense maintenant je suis quand même à leur merci.

Une femme s'approche et me dit :

- Bonjour, moi c'est Emilie. Je suis une chercheuse en biologie. Tout va bien se passer, ne t'en fais pas. Surtout si tu coopères, ça devrait aller vite et sans douleur.

Je me suis fait avoir une fois par mon propre père, pas deux fois. Je lui tourne le dos en lui disant :

- Vous pouvez toujours rêver. C'est mon corps ! Mon pouvoir !

- C'est dommage, soupire-t-elle. De toute façon, on le fera d'une façon ou d'une autre. On va te transférer dans notre labo, tu vas avoir quelques minutes pour y réfléchir.

Elle appuie sur un bouton extérieur de la capsule et d'un coup le verre se teint d'un noir opaque. Puis plus aucun son semble de venir de l'extérieur.

Je sens que l'on commence à bouger. J'ai vraiment l'impression d'être baladé comme un animal, un rat de laboratoire.

Mais bon, l'avantage c'est que les gens ne voient plus mon corps toujours nu. Mes parents auraient pu avoir la dignité de m'habiller avant de me montrer à leur monde.

Je laisse mon cerveau divaguer à travers tous les scénarios, des plus horribles tortures de laboratoire aux libérations empathique irréalisable.

Alors que mon regard se perd dans le noir du verre, on s'arrête. Mon cœur battant, je me redresse et me prépare à affronter les scientifiques. Je ne sais toujours pas comment, mais je ne me laisserais pas faire pour autant.

Mais l'attente s'éternise, rien ne se passe. Pause-café peut-être ? Mais alors que je me rassoie, la capsule bascule à la renverse.

Surpris j'écarquille les yeux avant de heurter violemment la paroi de l'autre côté.

Je n'y attendais pas. Je m'exclame furieux, persuadé qu'ils me voient et m'entendent :

- C'était pas cool ! J'ai pas encore le réflexe de me transformer si c'était la question.

Mais en guise de réponse, de longues griffes transpercent le verre.

Je l'avais oublié lui. Mais cette fois, je suis soulagé de le voir. C'est ma porte de sortie.

Je liquéfie mon corps et commence à m'écouler par les ouvertures qui s'agrandissent à mesure que le monstre saccage le verre à coups de griffes.

À l'extérieur, un spectacle terrifiant s'offre à mes yeux. Le couloir blanc où le monstre termine de briser le verre, est maculé de sang des cadavres des multiples gardes et personnels en blouse blanche.

Mon regard s'arrête soudain sur Emilie. Ses yeux sont écarquillés au milieu des traits tirés de son visage terrifié et de sa bouche béante, empli de terreur.

Un peu à côté, sa poitrine est profondément éventrée, ses organes terminent délicatement de glisser sur un lit d'intestins et de sang.

Figé, je n'ai plus la force de bouger.

Méritait-elle ça ? Est-ce ma faute ? C'est ma faute ! Si je n'étais pas venu, elle serait vivante. Je pouvais réussir seul ! Pourquoi a-t-il fallu que je vienne ?

Ma vision se trouble, quelques instants plus tard, je titube devant la bête qui sort la tête de la capsule ses yeux fixé dans les miens.

Alors que le froid commence à saisir ma peau. Je sprinte vers la sortie, aussitôt la monstruosité bondit et atterrit quelques pas derrière moi, faisant trembler le sol.

Haletant, je m'engage dans la première porte que je vois, et la claque derrière moi. Sans attendre je cherche un endroit pour me cacher dans la pièce constituée de longues paillasses munies de toutes sortes de machines.

Alors que le mur s'écroule derrière moi dans un nuage de poussière, je saute derrière un énorme appareil.

Je suis terrifié, chaque pas de la bête se rapprochant me faisant trembler un peu plus. Pensant à ma seule échappatoire, je visualise mon corps disparaître.

Mais après de multiples tentatives désespérées, je vois toujours mes genoux tremblant l'un contre l'autre.

D'un coup, la machine dans mon dos s'envole et est projeté contre l'immense baie vitré qui donne une vue vertigineuse sur la ville. La vitre explose, tandis que l'équipement de laboratoire tombe dans le vide.

Je me retourne aussitôt pour voir la bête encore une fois face à moi.

Elle lève ses griffes prête à assener le coup fatal, mais elle s'écroule devant moi avant de pouvoir faire quoi que ce soit.

Dans son dos, est plantée une lance à trois grosses griffes, semblant, aux vues des spasmes du monstre au sol, délivrer d'importantes décharges électriques.

Derrière elle, de nombreux soldats habillés entièrement en tenue de combat noir se mettent aussitôt à sortir d'épaisses sangles et immobiliser leur prise.

Après ce sera sûrement mon tour. Il faut que j'y aille ! Mais par où ? Un frisson me parcourt quand je repense au couloir, et la baie vitrée explosée attire mon regard. Et si ?

Je ferme les yeux et inspire profondément. Je calme mon rythme cardiaque et fait le vide dans mon esprit.

Je dois être ridicule face aux soldats. Mais c'est la seule solution si je ne veux pas devenir leur cobaye.

Une fois calmé et libéré d'un fouillis de pensées anxiogènes. Je visualise de nouveau mon corps se liquéfier, cette fois ça marche aussitôt et je me sens glisser.

Je ne perds pas de temps, ne voulant pas expérimenter leur griffe électrique dans mon eau, je glisse vers l'ouverture et saute de l'immeuble.

C'est seulement en l'air que je considère réellement la hauteur d'une centaine d'étage. Les longues secondes de chute se terminent dans les branches d'un arbre.

Avec le choc et les branches, mon corps se disperse, se divise et ma vue devient incompréhensible. Je me sens bloqué et commence à paniquer.

Aussitôt ma vue se brouille, et mon corps se reconstitue dans les branches. Le vent souffle et les branches bougent. La peur de tomber fait bondir mon coeur et il me faut un moment pour me calmer et prendre le temps de respirer.

Et maintenant ? Il fait nuit. Seulement quelques heures se sont écoulés depuis cette rencontre avec cette femme. Il en reste encore un bon moment, mais le monstre ne devrait plus m'embêter. Sauf si d'autres venaient à continuer pour lui...

Pour le moment j'ai faim, j'ai froid, et je suis toujours nu. Je ne connais aucun autre refuge que mon appartement.

Mais Elessiah ? Elle préviendra mes parents dès que je passerais la porte ! A moins que je fasse sauter les plombs de l'appartement...

Satisfait de mon idée, je liquéfie mon corps et disparait sous les voitures garé le bord de la route, pour cette fois éviter de mauvaises surprises.

Après un peu moins d'une heure, j'arrive finalement devant la porte de mon appartement.

Silencieusement, je glisse par-dessous la porte, mais à peine la moitié de mon corps est dans l'appartement que la lumière s'allume.

- Bonjour, Xander ! s'exclame Elessiah. Votre père a un message à vous faire passer.

La voix de mon père commence alors à résonner dans l'appartement :

- Je suis désolé Xander, j'espère que tout va bien. J'ai reprogrammé les ordres d'Elessiah pour qu'elle te protège et prenne soin de toi discrètement. Je vais essayer d'arranger les choses juste laisse-moi un peu de temps.

Il fait une petite pause puis en soupirant il reprend :

- Pour tout à l'heure... Je suis vraiment désolé, mais devant ta mère et tous les employés je ne pouvais pas perdre la face. On a les actionnaires sur le dos et s'ils apprenaient qu'on était passé à côté d'un miracle comme toi, on aurait sûrement perdu nos boulots. Allez, tiens bon. Je vais tout arranger.

Je reprends ma forme physique, déstabilisé. Comment ça il ne pouvait pas s'interposer ? Comment ça, il n'était pas capable de me sauver pour une histoire de travail, d'argent ?

J'enrage de passer derrière tant de chose, d'être si insignifiant, qu'il confirme mes doutes et angoisses.

Il peut toujours rêver. Demain après-midi, cette femme changera ma vie, et je partirai. S'il m'aimait, si je comptais vraiment, je ne serais actuellement pas seul dans cet appartement.

Me sortant de mes pensées, Elessiah s'exclame :

- Vous pouvez vous reposer maintenant Xander. Je surveille l'immeuble, je vous préviendrais de toute activité inhabituelle.

- Merci Elessiah, je soupire avant de monter vers ma salle de bain.

Au milieu des escaliers, une pensée me traverse. Comment le monstre m'a retrouvé ? Ou même trouvé la première fois ?

Stoppé dans les escaliers, Elessiah demande :

- Tout va bien Xander ?

- Un monstre me traque. Mes parents l'ont capturé mais rien ne dit que d'autres ne le remplaceront pas. Je ne sais pas comment il m'a retrouvé, et ça m'inquiète, car il pourrait me retrouver à nouveau.

- Je comprends. Venez dans le bureau de vos parents, ils ont quelques outils qui me permettront d'identifier tout moyen de vous traquer.

Un instant, j'hésite. Et si c'était un piège. Si s'en était un, elle m'aurait proposé dès le départ. Je suis bien ici, si je pouvais rester le plus longtemps possible ce serait vraiment cool. Mais si, les monstres peuvent me traquer, ils ne tarderont pas.

Je rejoins le bureau, tout en restant prudent. Contre un mur, un bras articulé repose sur un comptoir entouré de plusieurs tables où reposent des embouts de toutes sortes. Devant un tabouret sur roulette, semble prêt à m'accueillir.

Je suis tout de suite moins en confiance. Elessiah s'exclame :

- Xander, je comprends, que la situation peut s'avérer compliquée. Votre père m'a donné la permission. Je peux vous transférer les permissions propriétaires de votre père, ainsi vous serez le seul à pouvoir me donner des directives et personne ne pourra vous tromper.

Mon cœur se serre. Pourquoi mon père semble autant attentionné mais qu'il est pourtant prêt à me disséquer sur place pour ne pas affronter ma mère devant ses collègues ?

J'accepte, mais je ne lui pardonnerais pas pour autant. Quelques minutes plus tard et après de nombreuses commandes vocales, je suis la seule personne sur Terre à pouvoir demander quoi que ce soit à Elessiah. Elle est maintenant mienne. Je lui retire sa distance froide et terne, pour lui donner une proximité chaude et amicale.

- Bon finissons ce qu'on était en train de faire ! s'exclame Elessiah. Assis-toi sur le tabouret, je vais scanner ton corps. As-tu des choses à me spécifier ?

- C'est un peu une longue histoire, je soupire. Mais une femme m'a transpercé la nuque avec une dague, et ça a laissé une marque.

- Je vois ça. Je ne détecte pour autant aucune émanation odorante ou lumineuse capable d'être détecté sur de longues distances. Je vais tenter de détecter une potentielle fréquence émanant de cette trace.

Elessiah se tait pendant quelques secondes. Puis brise le silence :

- Je détecte en effet une très basse fréquence qui se dégage a chacun de tes battements de cœur. Je vais tenter d'émettre dans l'appartement son négatif pour réduire son amplitude et sa détectabilité.

- Merci, Elé.

- De rien. Va te reposer maintenant, on ne sait pas ce qui t'attends.

J'acquiesce et sort du bureau.

Dans la douche, seul une nouvelle fois, je suis livré à mes pensées, pris entre deux émotions. Entre la tristesse d'un monde détruit, perdu et l'excitation de la découverte d'un nouveau. Avec ces pouvoirs, je ne peux m'empêcher de penser à toutes les personnes que je pourrais rencontrer et les environnements que je pourrais traverser.

Puis en sortant de la douche, épuisé, la fatigue calme le chaos mental, ne laissant que la profonde envie de se glisser sous la couette.

---

Mes pieds nues sont dans une flaque d'eau d'une rue de pavés plongée dans le noir. Mes cheveux semblent être la seule source de lumière, éclairant d'une faible lumière violette l'épais brouillard qui m'entoure. Je ne ressens rien, à part cette femme, Itarra, qui approche au loin.

Alors qu'elle s'approche, je recouvre mes cheveux luminescents de mon long voile qui m'enveloppe, étouffant la dernière source de lumière de la sombre allée.

Puis la discrète lumière d'une petite lanterne apparaît au loin, plus elle s'approche plus le brouillard s'épaissit et plus le halo de lumière se rétrécit avant de disparaitre totalement.

Lorsque je la sens devant moi, Itarra percute une poubelle et tombe face contre terre dans l'obscurité totale.

M'approchant silencieusement, je m'exclame neutre d'émotion :

- Itarra. Je te choisis.

- Qui que tu sois, casses-toi ou je t'étripe ! réplique-t-elle.

Je fais apparaître Nihseis, octroyeuse des pouvoirs pour les cinq élus de chaque génération. Dans ma main droite, la lame aux runes violettes, éclaire les alentours en chassant le brouillard autour de nous.

Itarra est devant moi sur le dos, un poignard pointé dans ma direction, le corps et le visage totalement masqué par une cape d'un brun foncé.

Sans plus attendre, je lui saute dessus en la désarmant puis la plaque au sol sur le ventre. D'un geste vif, je plante Nihseis en plein milieu de sa nuque.

---

J'ouvre les yeux, vide de toutes émotions et calme comme cette femme. Je remarque alors devant moi, un message qui clignote sur ma baie vitrée : Tu n'es pas seul ! Cache-toi !

Mon cœur se met aussitôt à bondir, tandis que je saute du lit, me couchant à côté du lit du côté opposé de la porte.

A peines quelques secondes plus tard, des pas lourds rentrent dans la chambre.

Je ferme les yeux, et liquéfie mon corps.

- Ça ne marchera pas avec moi ! Ta forme ne résistera pas à mon épée.

Face à ces paroles, je n'ose bouger.

Comment faire pour sortir ? Et si c'était du bluff ?

Avant que je ne réfléchisse plus, l'alarme incendie se déclenche dans tous l'immeuble et les extincteurs automatique commencent à disperser de l'eau.

Le sol devient humide, pour ensuite se recouvrir d'une fine couche d'eau.

Merci Elé !

Je glisse à toute vitesse, et dans l'eau ma vitesse semble multipliée. Sans regarder l'intru, je passe sous le lit et fonce à toute vitesse vers la sortie de ma chambre, puis la porte de l'appartement.

Une fois hors de l'appartement, alors que des pas lourds se font entendre à derrière moi, je glisse dans les fentes de la cage d'ascenseur, et me laisse tomber.

Je débarque à l'accueil, où c'est déjà un peu la panique, avec la police et les pompiers qui envahissent le hall d'entrée et les extincteurs qui arrosent tout le monde.

Sur l'horloge au-dessus de l'accueil, je vois qu'on est en milieu d'après-midi. Il ne doit plus rester très longtemps.

Je glisse dehors, au moment où des SUV noirs débarquent en fureur devant l'immeuble. Pendant que les pneus crissent sur le bitume, des dizaines de soldats du laboratoire en descendent.

Il ne faut vraiment pas que je traîne plus longtemps ici. Mais où aller maintenant ?

Une seule solution me semble viable : l'immeuble abandonné !

Je traverse la ville, pendant un peu moins d'une heure, avant de finalement arriver en bas du bâtiment.

Je grimpe les étages et retrouve mes vêtements de la veille étalés au sol.

Reprenant ma forme, je m'habille, puis je récupère mon téléphone. Quand je le retourne, je découvre que l'écran est totalement en miette.

Dégoûté, je le repose au sol, et laisse mon regard se perdre dans la rue.

Soudain, la voix dénuée d'émotion de cette femme aux cheveux violets, me fait sursauter :

- Vingt-quatre heures se sont écoulés depuis que je t'ai choisi. Je te remercie de t'être battu, mais tu ne dois pas t'arrêter et vaincre le Mal qui menace les cinq mondes.

- Cinq mondes ? je l'interromps surpris.

Elle continue sans considérer ma question :

- Le dernier espoir de ta génération repose sur toi et Itarra, les autres ont tous été éliminés. Réunis les cinq élus !

- Eliminés ? Ils sont morts ?

En même temps que des pas lourds et précipité se font entendre en bas de l'immeuble, un cube violet flottant dans les airs apparait devant moi. Il est d'abord tout petit et s'agrandit rapidement pour avoir une hauteur similaire à la mienne.

- Tu les trouveras en traversant ce cube. Je ne doute pas de toi.

Mon cœur bat à tout rompre.

Ils sont morts, mais comment ? Je vais devoir me battre ? Mais je ne sais pas le faire ? Qu'est-ce qu'il y a derrière ?

Les pas se rapprochent et mettent rapidement fin à mes pensées, ce qu'il y a derrière cette surface ne sera sûrement pas pire que ce qui m'attends si je reste.

Je prends une grande inspiration, et traverse la surface opaque du cube.

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