Chapitre 5 : Nouveau chez-soi

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Je regarde autour de moi, à la recherche de quelque chose à suivre. Comment suivre une voix qui vient de nulle part ?

Quelques instants plus tard, une petite flamme violette apparaît devant la plateforme.
Je la regarde surpris et intrigué avant que celle-ci commence à s'engager dans le couloir.

Au bout de quelques mètres, la flammèche s'arrête et se retourne, dévoilant deux yeux et une bouche. Un feu-follet ?

- Qu'est-ce que vous attendez ? demande-t-elle nous observant figé.

- Vous ressemblez donc à ça ! s'exclame Griffing.

- Une formule de politesse de ta part ? Un vouvoiement ? Incroyable ! tacle encore une fois Vestia.

- T'as pas tout vu, ma belle ! lui répond-il.

- Voici ma forme matérielle, les coupe la voix.

- Tu nous suivras partout ? demande Vestia.

- Non, je ne peux pas sortir du refuge, vous serez donc laissé à vous-même, au cours de vos aventures à l'extérieur !

- Comment ça se fait qu'on ne t'entende pas d'une direction précise ? demande Itarra.

- Nous sommes tous mentalement connectés. Je peux donc vous parler par télépathie, comme vous pouvez me parler par télépathie ou entre vous. De plus cette connexion vous amènera à revivre des instants de la vie des uns des autres.

- Ça veut dire qu'on peut tous se parler télépathiquement entre nous ? demande Vestia toute excitée.

- T'écoutes pas ? se moque Griffing. Elle vient de le dire.

- Oui, mais sachant que vous êtes tous connectés, si tu envoies des messages à Shinen, tout le monde le recevra, explique le feu-follet.

- Comment on fait ? demande Itarra d'un air intéressé.

- Pense à ce que tu veux dire et à la personne que tu souhaites pour commencer. Au début, vous risquez de rencontrer quelques difficultés, mais avec le temps, ce sera plus qu'un réflexe.

Je vois Itarra et Vestia fermer les yeux, et se concentrer. Je les imite et essaye de suivre les conseils du feu-follet. Je cherche d'abord ce que je pourrais dire. Je ne veux pas me ridiculiser à dire n'importe quoi devant les autres, qui m'intimident encore.

J'entends alors la voix d'Itarra :

- « Je commence à voir les bons côtés de cette nouvelle vie ! »

Je me tourne vers elle en même temps, pour observer stupéfait que sa bouche est restée fermée

- « Je vis un rêve déjà depuis le départ, continue Vestia sans animer ses lèvres. »

J'essaye alors de leur répondre, mais je n'y arrive pas. Je persévère sans aucun résultat, au contraire de Griffing et Shinen qui quelques instants plus tard y parviennent en même temps :

- « C'est quoi un rêve ? demande mentalement Shinen. »

- « Vous pensez qu'elle s'appelle comment la flammèche ? renchéris mentalement Griffing. »

Tout le monde, se tourne étonné de la question de Shinen, Vestia lui demande à voix haute :

- T'es sérieux, là ?

- C'est si évident que ça ? nous demande-t-il surpris par notre réaction.

- Un rêve c'est une pensée d'un futur que tu aimerais d'avoir, mais qui est parfois irréaliste, lui explique la leadeuse du groupe.

- Tu sors d'où ? lui demande avec toujours autant de douceur Griffing.

- Je ne vois pas trop l'intérêt de réfléchir à des choses qui ne se réaliseront peut-être jamais. Autant se concentrer sur les choses concrètes qu'on a déjà.

- Rêver permet l'espoir d'un monde meilleur, pose Itarra. Sans rêve, sans espoir, on ne se bat pas, et on redevient tous des animaux.

- Pourquoi rêver d'un monde meilleur, le nôtre est déjà très bien.

- On n'a pas tous un monde parfait, réplique Itarra. Dans mon monde, on ne peut pas sortir sans craindre pour sa vie, ou bien de perdre sa maison. Dans mon monde, il n'y a pas de lois pour défendre les moins forts, si tu ne peux pas te battre ou avoir le luxe d'être défendu, tu crèves !

Juste à l'entendre, ça me fait froid dans le dos, c'était quand même très différent de ma réalité, de mon monde. Encore une fois, il y a un silence, le feu-follet s'exclame :

- Je m'appelle Lucie, Griffing. On peut continuer maintenant ?

Griffing la regarde surpris, et lui lance un sourire gêné.

- Vous entendez ce qu'on se dit ? je demande étonné.

- Oui, bien sûr, à partir du moment où vous êtes dans le refuge nous sommes tous connectés. Allez continuons !

Acquiesçant nous recommençons à suivre Lucie dans le long et grand couloir. Après quelques dizaines de mètres, le couloir débouche sur un énorme hangar après une grande porte en verre. À notre approche, la porte vitrée s'élève et disparaît dans la fente en haut du cadre. Je demande en me souvenant d'une partie de ce que Lucie avait dit un peu plus tôt :

- Ça m'a l'air bien moderne, pour une création de plus de quelques milliers d'années ?

- Ça fait partie des modifications que j'ai faites au cours des dernières dizaines d'années, répond Lucie.

Curieux, je continue :

- C'est un mécanisme, comme ceux sur Terre, ou c'est de la magie ?

- C'est purement de la magie, ça prend moins de place, c'est plus résistant et ça ne connaît pas l'usure, répond-elle d'un ton neutre et doux.

J'acquiesce pendant que rentrons dans l'immense salle faisant plusieurs dizaines de mètres de haut.

Au milieu est posé un gigantesque vaisseau spatial noir, long et effilé. Il est tellement énorme que je ne peux pas définir sa longueur à vue d'œil sans exagérer.

J'observe alors les autres qui semblent tous ébahi par le vaisseau à l'exception de Vestia qui s'attarde sur les dimensions du hangar.

Lucie nous le présente :

- Voici votre vaisseau mère, ce sera votre base mobile, il est équipé d'un arsenal, de vos chambres car vos nouvelles responsabilités vous obligeront à beaucoup voyager, et vous resterez rarement ici très longtemps. Il y a aussi une zone d'entraînement spécialement conçu pour que vous testiez vos nouveaux pouvoirs en toute sécurité, tout en les utilisant aux maximums de leurs potentiels. Enfin il y a aussi une grande baie à véhicule où vous pourrez stocker tous les véhicules que vous souhaiterez. Le problème c'est que la dernière génération a détruit leur vaisseau mère ainsi que tout ce qu'il contenait, du coup j'ai dû tout recréer et je n'ai pas eu le temps de vous créer de véhicules.

- Trop classe, dis-je émerveillé.

Une partie de la façade du vaisseau s'ouvre et un escalier se déploie jusqu'au sol nous permettant de monter à bord. Je suis fasciné par ce vaisseau et sa technologie, tout est juste inimaginable, pourtant tout ce qui se passe semble bien réel. Vestia demande :

- Tout à l'heure vous avez dit que vous nous aviez transmis des connaissances, on sait le conduire ?

- Oui, bien sûr, et tous les autres véhicules que vous rencontrerez.

- Incroyable, pense à haute voix Griffing. Mon monde n'a jamais vraiment évolué, nous, c'étaient les chevaux qui tiraient les marchandises et les hommes.

- Tu ne connais pas les réacteurs Bi-CORE 499 ou les propulseurs Razeurs 982, demande Vestia ?

Tout le monde la regarde comme on avait regardé Shinen pour sa question sur les rêves.

- Ah oui, j'oubliais que vous ne venez pas de Colfia. Ce sont les moteurs qui ont permis de créer les navettes volantes et les réacteurs Bi-CORE ont permis d'arrêter de polluer nos planètes et créer leur propre énergie à partir de rien. Nous ça faisait déjà des dizaines d'années que ça existait quand j'appartenais encore à leur monde. Ça avait révolutionné nos modes de vie. Tout est devenu moins cher, et ça nous a permis de créer des choses incroyables, de réduire toutes nos inégalités pour tous vivre au même niveau de vie.

- Ah bah, nous ça n'a pas changé, on continue de polluer toujours autant. Mais à cause des industries pétrolières qui envenime les recherches des énergies renouvelables, on n'a pas évolué. La situation s'aggrave de jour en jour. On fonce dans le mur, en fait. Les guerres en plus n'arrangent rien, je décris exposant le triste bilan de mon monde.

- C'est assez critique chez toi, vous avez encore des guerres, quelle barbarie ! Mais ça veut dire que vous n'êtes toujours pas uni. Que vous taxez toujours les ressources de votre planète, entre vous, tels des enfants qui ne veulent pas partager, s'exclame Vestia indignée !

- Ouais, c'est un peu ça, dis-je peu fière de mon monde.

- Nous on n'a jamais fait la guerre, s'exclame innocemment Shinen. On vit sous terre car la vie à la surface est trop dangereuse. Tous ceux qui ont essayé de partir ne sont jamais revenus.

- Peut-être que la surface était trop bien pour redescendre, souligne Griffing.

- Mais comment la surface pourrait-elle être meilleure ? Sous terre, on est tous libre on peut agrandir nos caves comme bon nous semble, on vit tous indépendamment des uns des autres, on cultive tout chez nous, le tissu, la nourriture, donc pas de taxes. On se côtoie que rarement entre nous, les seules fois où l'on se voit c'est quand on offre à l'Arbre Mère, le surplus de nos récoltes. Donc nous n'avons aucune dispute, ou problème, comme tu le dis Vestia, d'égoïsme car nous vivons souvent seul toute notre vie.

- Mais comment vous faites pour vous reproduire ? Vous n'avez jamais pensé à organiser du commerce, ou travailler ensemble ? demande Griffing. C'est triste de vivre seul tout sa vie, non ?

- On nous a appris que nous sommes nés de l'Arbre Mère qui nous conçoit dans sa bonté, et le commerce, tout échange ou entre-aide, ce ne sont que les erreurs de la société qui ne savent pas se débrouiller tout seul. Toute la société en a honte de ces incapables qui déshonore l'Arbre Mère. Si on est pris pour de telles choses, on est pendu à l'Arbre Mère, car ces erreurs ne méritent pas la vie. Les seuls pouvant échanger, ce sont les gardiens de l'Arbre Mère. Ils sont des êtres sacrés créés à partir de la sève la plus pure de l'Arbre Mère. Ils en sont les porte-paroles. On dit qu'ils sont continuellement connectés à notre Mère. Ce sont eux qui nous échangent des boutures de plantes des plus communes aux plus rares selon nos quantités d'offrandes.

- Eh bah, ricane Griffing, je ne te pensais pas sectaire.

- Ouah, c'est glauque, je soupire en imaginant un peu sa vie.

- Mais c'est une prison votre truc, renchérit Vestia. C'est bien pire que le monde de Xander.

- Non, on a tout à disposition, de la terre, de l'eau, du lierre lumineux. On peut sortir, se balader dans les couloirs infinis d'Ortia. Mais après il faut juste savoir revenir chez soi, sinon si tu te perds et c'est la mort assurée.

- Mais entre vous, personne ne s'entre-aide ? s'indigne Griffing.

- Mais ce ne sont que des renégats qui s'écartent du troupeau qui veulent s'entraider ! Moi j'ai toujours adoré vivre dans ma caverne seul, avec mes plantes, continue avec une innocence effrayante Shinen.

- Mais on vous a monté le cerveau, s'exclame Vestia.

- T'as raison Vestia ! souris Griffing. Garde le commandement. Finalement ça m'intéresse plus.

- Oh, t'es sûr que ça va, s'enquit ironiquement Vestia. On a peut-être oublié de ressusciter ton courage. Dis le surtout si tu as perdu quelque chose pendant le processus de résurrection.

Avant que Griffing ne puisse répondre, je change de sujet pour refroidir l'ambiance qui recommençait à s'embraser :

- Et toi, Griffing, c'est comment chez toi ?

- Sternifica est une planète, où les terres cultivables sont très rares et toutes les tribus se battent pour les conquérir ou les protéger et cela remonte d'aussi loin que l'histoire nous le raconte. Chaque homme de Sternifica, vit pour devenir un grand guerrier et chaque femme pour nourrir les hommes.

- C'est un peu sexiste, chez vous, je ricane en regardant du coin de l'œil Vestia.

- Ouais, ça explique pas mal de chose, lâche Vestia découragée.

- Ça va je vous tolère, sourit Griffing.

- Si ce n'est l'inverse, réplique Itarra.

L'ambiance pesante refaisant surface, je tente encore une fois de changer de sujet :

- Bon, on va le visiter ce vaisseau, dis-je en regardant le feu-follet nous attendant en haut de la rampe. Lucie nous attend.

L'équipe acquiesce, et me suit sur la passerelle menant à l'intérieur du vaisseau. Oubliant un peu les passés un peu sombres de chacun, je suis excité à l'idée de découvrir l'intérieur. L'entrée est faite d'un énorme sas, avec une lourde porte protégeant l'entrée du vaisseau. À notre arrivée, elle s'ouvre en coulissant dans le mur droit.

Lucie nous guide ensuite à travers le dédale de couloirs blanc parsemés de portes du vaisseau.

Finalement on arrive devant une grande porte noire où y est inscrit en lettre d'or : « Poste de commandement ».

Vestia s'avance vers la porte. Tendant sa main, la porte s'ouvre silencieusement avant même qu'elle ne l'a touche.

Derrière, se révèle une pièce entièrement composée de noire.

Sa face avant est entièrement fait de verre teinté. On peut y voir les murs du refuge à une hauteur vertigineuse. La pièce est composée de neuf sièges. Quatre sont centrés autour d'un cinquième qui est surélevé. Sur les côtés de l'entrée, il y a de chaque côté de l'allée adossé contre le mur, deux sièges.

Avec le même ton que d'habitude, Lucie explique :

- Vous avez tous une place définit par rapport à vos capacités et votre rôle dans l'équipe. Vestia bien sûr le siège central. Xander celui de devant à gauche, Itarra celui de droite. Shinen, celui à l'arrière à droite et Griffing celui à gauche.

Tout le monde prend place dans son siège. Mon siège est tapissé d'un tissu très doux, le coussin est moelleux et les accoudoirs parfaitement réglés pour ma taille. D'ailleurs ceux-ci se terminent par d'étranges sombres sphères brillantes de la taille de noix de coco. Curieux, je demande :

- C'est quoi ces boules ?

Lucie apparaît devant moi et explique :

- Pose tes mains dessus et ferme les yeux.

Je m'exécute. Au moment où, les yeux fermés, mes mains rentrent en contact avec les sphères, ma vision s'ouvre ailleurs. Je vois maintenant le vaisseau, de la même façon qu'un jeux vidéo, à la troisième personne. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais la voix de Lucie intervient :

- Tu as maintenant le contrôle totale sur les mouvements du vaisseau, détends-toi et pense précisément à chaque action que tu souhaites effectuer.

Alors que je commence à analyser cette nouvelle vision, elle continue :

- Tu peux ouvrir ou fermer toutes les portes du vaisseau par exemple, mais tu peux aussi comme un avion effectuer un roulis, un lacet ou bien un tangage. Tu pourras aussi créer des portails vers les destinations que tu souhaites.

J'acquiesce, excité de découvrir le pilotage, même si ces notion de roulis, lacet ne me semble pas très claires.

- Très bien alors sortez et allez tester le vaisseau et vos capacités à le conduire. En revanche je ne pourrais pas communiquer hors du refuge. Vous serez livré à vous-même.

- Compris, s'exclame Vestia.

- Je vous ouvre un portail vers un endroit où vous pourrez vous entraîner sans risque, conclut-elle.

Un vortex s'ouvre devant nous. Je commence à allumer mentalement les réacteurs quand Vestia m'interrompt :

- Les portes Xander !

- Ah oui, désolé, j'avais pas vu.

- Tu as la porte latérale à droite par laquelle, on est rentré et celle du hangar.

J'acquiesce et m'exécute pendant que Lucie explique une dernière chose :

- Pour résumer. Xander dirige tout le vaisseau, Itarra gère la puissance de feu, Vestia contrôle le bouclier et a accès avec Griffing et Shinen a toutes les statistiques du vaisseau. C'est-à-dire les problèmes comme les dégâts reçus, la carte de l'environnement qui vous entoure et enfin le sonar permettant de verrouiller des cibles que Xander et Itarra verront et apparaîtront sur les vitres vitre. Aussi, très important, l'énergie ! Car même si elle a beau être d'origine magique, elle a besoin de se régénérer. Elle concerne les boucliers, les réacteurs, et les canons. À vous de parler entre vous, de vous partager les informations.

Une fois toutes les portes indiquées par Vestia fermées, je demande :

- Tout est bon ? Je peux y aller ?

- Encore une chose. Le vaisseau crée une gravité artificielle. Vous n'êtes pas attaché à vos sièges, mais quoi qu'il arrive, même retourné à la surface d'une planète, vous n'en tomberez pas.

- Très bien, j'acquiesce impatient de partir.

- Oui, c'est bon tu peux y aller ! valide Vestia.

J'allume les réacteurs et le vaisseau s'élance doucement vers le portail. C'est impressionnant, la facilitée que j'éprouve à conduire cet immense vaisseau.

Alors que j'exalte de ces premiers moments de pilotage, mon imaginaire ne fait qu'un tour, construisant le pire scénario. La responsabilité rabaisse aussitôt mon égo, rapidement remplacée par la pression de ne pas détruire le vaisseau.

Il faut absolument que je me concentre ! J'ai la responsabilité de piloter le vaisseau à destination sans accident. Si je rentre dans un astéroïde, ou me crash sur une planète. On meurt tous ridiculement, signant la fin de notre génération, mais aussi peut-être de l'Univers, le Mal débridé de toute résistance.

Reconcentré sur le vaisseau, je ne pense plus à rien d'autre lorsque le vaisseau termine de traverser le portail.

De l'autre côté, on se retrouve dans l'espace au milieu de nulle part.

Tandis que le portail se referme juste derrière nous, je commence doucement à tester la direction, et la vitesse.

À ma grande surprise, on ne me fait aucun commentaire, me critique, me conseil. On me fait, pour une fois, simplement confiance.

Etant dans le vide, sans aucun obstacle à la ronde, je tente de faire un looping.

Ça ne procure pas autant d'effet que j'aurais attendu, mais Vestia s'exclame :

- Nickel, tu gères Xander ! Maintenant Itarra, vas-y ! Lâche tout pour voir.

Les canons retentissent, faisant trembler le vaisseau. Les canons entièrement dissimulés dans les reliefs du vaisseau, tirent des salves de boules d'énergies violettes. Vestia déclare :

- Comète en vue ! Je la verrouille ! Xander rattrape là et la perd pas ! Itarra attends mon signal pour tirer.

Apparaît alors à droite du vaisseau une cible rouge qui traversent l'espace, à une vitesse fulgurante.

Je réveille brusquement les réacteurs à l'arrêt après le looping. Mais voyant la comète s'éloigner je demande inquiet :

- Une comète c'est super rapide ! Vous êtes sûr que je peux la rattraper ?

- Il faut bien tester les limites de ce bijou, s'exclame Vestia surexcitée.

J'obéis et pousse le vaisseau à son maximum. Il accélère sans que je n'en voie la limite. Au bout d'un moment Griffing s'exclame :

- Je crois qu'on a atteint la vitesse maximale, Xander.

J'acquiesce mais ce n'est en réalité pas un problème car la comète se rapproche déjà rapidement.

À une certaine distance, proche de la comète, on commence à ressentir des dépressions dans l'habitacle, venant faire trembler tout le vaisseau.

Je continue de m'approcher à l'affût d'une demande de Vestia de tout arrêter, pendant que Griffing se met à décompter la distance qui nous sépare de la comète :

- Mille trois cents kilomètres ! Mille cent... mille... neuf cents.

- Commence à ralentir, ordonne Vestia.

- Sept cents... six cents... cinq cents...

Une fois la vitesse stabilisée, à bonne distance. Vestia donne le signal. Itarra commence à tirer à pleine puissance sur la comète. Les canons crépitent.

Le feu nourrit produit une douche resplendissante de lumière violette, explosant au contact de la comète.

- Selon les scanners on devrait bientôt arriver à bout, s'exclame Griffing.

- Je crois qu'on va avoir un problème, souffle Shinen.

- Continuez comme ça on peut le faire ! continue Vestia.

Après quelques salves de tir, la comète explose. Des milliers de morceaux se dispersent dans l'espace créant un nuage gris. Mais à ma grande stupeur j'aperçois d'énormes morceaux pouvant endommager le vaisseau. Vestia hurle :

- Xander ralentit !

- Vestia les boucliers ! hurle Griffing.

J'inverse au maximum la poussée des réacteurs et je vois en même temps une surface violette apparaître tout autour du vaisseau. Mais malheureusement je n'arrive pas à décélérer suffisamment rapidement et on percute de plein fouet le nuage de débris. La surface violette sûrement les boucliers qu'a dû activer Vestia, encaissent heureusement les chocs.

Mais quelques secondes après avoir passé le nuage. Je reviens brusquement dans mon corps sur mon siège, perdant par la même occasion tout contrôle sur le vaisseau.

Alors que je réalise que la lumière de la cabine est éteinte, Vestia s'exclame :

- On a plus d'énergie. Lucie tu es là ?

- On est hors du refuge on ne peut plus communiqué avec elle, je lui rappelle.

- Bah oui elle l'a dit, réplique Griffing d'un air moqueur. Fallait écouter Vestia !

- Oh ta gueule, réplique sèchement Vestia s'affalant sur son siège.

- Ça va ? je lui demande.

- Oui, t'inquiète, juste un gros coup de stress. D'ailleurs tout le monde va bien ?

- Oui, réponds Shinen.

- J'espère qu'on n'a pas cassé le vaisseau, soupire Vestia. On n'aurait pas l'air très intelligent planté au milieu de l'espace pour une connerie.

- Comme l'a dit Lucie, ce n'est qu'une question d'énergie. Les boucliers ont absorbé toute l'énergie en protégeant le vaisseau, rassure Shinen. L'énergie se régénère, donc il nous suffit d'attendre.

- Wow, tu as tout compris ! s'exclame impressionné Griffing.

- Bah j'ai juste écouté et observé... répond Shinen innocemment.

Plus personne ne parle, je regarde avec fascination l'espace en face de moi. Sa grandeur est passionnante. Ici, au milieu de rien, chaque distance est vertigineuse.

C'est finalement Griffing qui brise le silence :

- Alors c'est ça d'être dans l'espace, soupire Griffing. Je ne vois pas ce que les gens trouvent de « cool » dedans, c'est vide, il n'y a rien.

- Roh, mais apprécie la beauté, Griffing, réplique Vestia. Tu ne trouves pas ça beau toutes ses étoiles brillant tout autour de nous ?

- Après je trouve qu'il a raison, renchérit Itarra. C'est vrai qu'après avoir fantasmé, idolâtré cet endroit, on peut être déçu. Je pensais que ce serait... comment dire... plus vivant.

- Ouais, en gros c'est ce qu'on voit depuis le sol, ajoute Griffing.

A ce moment-là, la lumière revient. Je peux de nouveau reprendre le contrôle du vaisseau. Je demande :

- On rentre ?

- On devrait peut-être encore attendre un peu, le temps que les batteries se stabilise, avertit Griffing.

- Oui, attendons un peu, souffle Vestia. Je pense qu'on a assez fait de bêtise pour aujourd'hui.

En attendant je commence à réfléchir au retour, à la réaction de Lucie, va-t-elle être en colère ? De toute façon, si j'ai bien compris on peut pas être viré...

Quelques minutes plus tard, Griffing me donne le feu vert. Je visualise le portail vers le refuge.
Instantanément un portail s'ouvre devant le vaisseau.

J'esquisse un sourire, fier d'avoir réussi, pendant que j'accélère doucement et je le traverse tranquillement en faisant attention à ne pas toucher l'autre bout du hangar. Une fois entièrement entré, je le pose délicatement sur le sol, et rouvre la porte latérale, tout en éteignant les moteurs.

Je lève les mains, reprenant possession de mon corps. Lucie réapparaît devant nous, en disant :

- Eh bien c'est une première. Faillir détruire un vaisseau sans ennemi ni obstacle aux alentours. J'espère que vous ferez attention dans le futur. Je pense que vous êtes la dernière génération à pouvoir sauver les 5 mondes, la prochaine n'aura sûrement pas votre chance, le Mal sera vraiment prêt la prochaine fois. C'est d'ailleurs pourquoi contrairement aux autres, quoi que vous choisissiez de faire vous pouvez vous montrer au grand jour. Avant les générations précédentes devait garder un maximum secret leur existence pour faciliter l'arrivée de la génération suivante. Mais pour vous ça ne sert plus à rien et ça vous ralentira un peu moins.

Elle fait une petite pause avant d'enchaîner :

- Maintenant que vous avec vu le poste de pilotage, venez explorer la suite.

Tout le monde se lève et la suis. Je suis dans mes pensées, encore tellement heureux de ce qu'il vient de se passer. J'ai conduit un vaisseau spatial, et l'ambiance est à des années !

Au bout de quelques minutes, on débouche sur une passerelle au-dessus d'un grand hangar vide.

- Ah oui ! On n'a rien, s'exclame Griffing.

- Oui, je suis désolé, s'excuse Lucie. Vous allez devoir faire vos premières missions à pied, le temps de trouver des véhicules.

- C'est pas vraiment un problème, s'exclame Vestia ! On n'a qu'à passer par Colfia, je suis sûr qu'on nous prêtera gentiment un Gravter.

- Un quoi ? demande Shinen

- Un Gravter, c'est un petit véhicule tout terrains lévitant légèrement au-dessus du sol. Ça le rend très polyvalent car on peut passer partout avec, même sur l'eau !

- Un véhicule polyvalent comme celui-ci serait intéressant stratégiquement, souligne Griffing. Le gros vaisseau ne pourra pas nous suivre partout, il est bien trop imposant, et se déplacer à pied nous rendrait très vulnérable. Ton monde n'a pas l'air dangereux, ce serait l'idéal pour se mettre en jambe.

- Méfiez-vous ! Le Mal reste malgré tout partout ! Des générations l'ont appris à leur dépends, et montrer le potentiel de vos pouvoirs, peut entraîner la convoitise de l'humain. Maintenant continuons, je vais vous montrer quelque chose qui pourrait s'avérer très utile pour vous.

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