Chapitre 9 : Le collège c'était bien finalement
Toujours plongé dans le noir, je ressens soudain une douleur dans ma gorge asséchée. Puis peu à peu, reprenant mes sens, je me rends compte qu'un énorme tuyau la traverse remplissant ma bouche d'une sensation horriblement désagréable.
Mais quand je tente de rabattre mes bras vers mon visage me débarrasser de ce qui m'irrite l'œsophage. Ils restent immobiles, retenus par des entraves.
Rapidement je me rends compte, que je suis suspendu verticalement les quatre membres immobilisés en X dans une combinaison en plastique. Les quatre entraves sont tellement espacées que je ne peux bouger aucune partie de mon corps.
Je suis terrifié. Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Je mets quelques secondes pour remonter le fil des évènements et comprendre : On a échoué.
Soudain devant mes yeux s'ouvrent une visière. La lumière éblouissante d'un laboratoire m'éblouit quelques secondes avant que mes yeux ne s'habituent au changement de luminosité.
Face à moi se dresse fièrement Otarin devant des hommes habillés en blouse blanche. Il s'exclame :
- Toi, tu es mon sauveur ! Ça faisait si longtemps que je n'avais pas trouver de jeune compatible. Mais encore plus, un jeune comme toi. Tu es doté d'une jeunesse qui affolent tous nos scanners.
Il fait une petite pause, puis reprend :
- Ah oui, excuse-moi, c'est vrai que tu n'es pas au courant de ce que tu fais ici ! Voici le projet de ma vie ! Ma fontaine de Jouvence ! Je suis immortel tant que j'aspire suffisamment de jeunesse. Et toi justement tu en es constitué d'une telle quantité, que tu vas pouvoir m'approvisionner au moins pour un ou deux siècles. Tu sais, c'est grâce à des gens comme toi, qu'un homme comme moi, peut continuer de régner. Un homme qui a changé son monde. J'ai rendu la souveraineté à ceux qui le mérite en exterminant la famille royale qui les réprimaient. Et je suis encore debout ! Je suis maintenant invincible et indétrônable.
Empli de jeunesse ? Mais il va l'extraire comment ?
Comme s'il m'avait entendu penser, Otarin répond cruellement :
- De grand devoirs nécessitent de grands sacrifices, mais un sujet du roi ne donnerait-il pas sa vie pour lui ? Tu vas passer une dizaine d'année ici, tu es déjà intubé en haut et en bas pour que tu puisses survivre dans de bonnes conditions. L'avantage c'est que tu n'auras pas besoin de bouger le petit doigt ! Le grand luxe, hein ?
Non ce n'est pas possible, je ne vais pas rester là dix ans ! Griffing ou Vestia vont bien trouver une solution ! Le roi s'exclame en ricanant :
- Voilà, maintenant que je t'ai expliqué ta nouvelle vie, je vais aller m'occuper de ma nouvelle reine. Tu l'aurais vu, Vestia est resplendissante. Maintenant je vais y aller et te laisser. Je voudrais pas te déranger plus longtemps.
Sur ces mots, il referme la visière et je suis de nouveau coupé du monde, sans son ni image. Terrorisé de rester dans le néant, je me débats de toutes mes forces mais c'est inutile. Ma tentative de hurlement ne produit qu'un gargouillement ridicule et grésillant à cause de l'horrible tuyau.
Soudain je me souviens de mes pouvoirs, dans la panique je les avais complètement oubliés. Je me hais intérieurement, et me concentre pour entourer mon corps des mêmes boules épineuses que celle du duel contre Itarra.
Soudain, un liquide froid glisse dans le tube, et ma respiration est subitement coupé par la même occasion. Je me débats de toutes mes forces, mais rien n'y fait. C'est seulement quelques secondes plus tard, que le liquide s'arrête de couler et me permet à nouveau de respirer.
Je suis totalement paniqué et reprends mon souffle au plus vite haletant. Ma respiration commence à peine à se calmer que le liquide se remet à glisser et à bloquer l'air.
Je mets plusieurs cycles à m'habituer, et réussir à nouveau à réfléchir à mon évasion.
Je m'apprête cette fois à faire apparaître ma robe quand soudain tout mon corps est parcouru de courbatures. Une bouffée de chaleur m'envahit suivit d'une sueur froide. Chaque muscle me fait souffrir jusqu'à ma mâchoire à un tel point que je ne peux plus contracter le moindre muscle.
Je suis choqué par la douleur, paralysé, tétanisé je n'arrive plus à réfléchir. Dix ans comme ça, je préfère mourir.
Quand le liquide revient, j'ai toujours le souffle coupé. Je commence alors à asphyxier. Les quelques secondes de privation sont longues et le liquide, lui, continue de venir, me coupant la respiration. Je suffoque, toujours noyé dans la douleur des courbatures.
Quand le liquide s'arrête, j'ai des difficultés à reprendre mon souffle, les quelques secondes de répit semblent n'en être qu'une, avant que je ne suffoque de nouveau.
Mes oreilles se mettent à bourdonner, le battement de mon cœur résonnant dans mes oreilles.
La trêve suivante, j'halète bruyamment tentant désespérément de reprendre mon souffle. Mais je n'y arrive pas avant que le froid ne traverse de nouveau ma gorge.
L'asphyxie parait interminable, venant s'accompagner aux bourdonnements, je suis pris de vertige. L'impression d'être dans une centrifugeuse.
La pause suivante, la douleur me tend le ventre, j'ai dû mal à gonfler mes poumons. Il m'est impossible de reprendre mon souffle pendant la minuscule trêve.
Cette fois, dès le départ, j'agonise du manque d'air. Et quelques instants plus tard, je me sens partir, quand mes jambes semblent devenir de plus en plus lourdes.
Je me réveille brusquement le souffle coupé par le liquide froid accompagné d'une douleur tiraillante dans chaque muscle.
Je tente de me débattre, pour échapper à ce tourment, mais chacun de mes membres semblent m'avoir abandonné, vidé de leur énergie.
C'est comme une libération quand j'arrive à reprendre mon souffle, remplissant mes poumons en feu d'air frais.
La douleur et ma respiration occupe toute ma concentration. Une migraine tonne péniblement ma tête.
La situation est désespérée, je hurle de désespoir, mais mon hurlement est totalement étouffé et privent mes poumons d'une précieuse inspiration.
Les étoiles devant mes yeux et les bourdonnements apparaissent tandis que mes poumons se débattent et cherchent désespérément de l'air.
A la trêve suivante, je m'empresse de récupérer mon souffle, et de me préparer à la prochaine coupure. Pour la première fois, je suis prêt quand l'air cesse d'arriver.
Malgré la douleur, je reste concentré sur mon souffle pour l'économiser jusqu'à la fin. Je commence quand même à suffoquer avant que l'air ne revienne.
J'essaye de rester calme pour autant, malgré l'effet désagréable de mon corps trempé de sueur collant à la tenue en latex qui recouvre mon corps amplifiant les sensations de chaud froid.
Peut-être que si je me concentre je pourrais réduire l'asphyxie afin de retrouver à nouveau la force de réfléchir malgré les crampes.
Mais alors que plusieurs cycles passent et que ma respiration s'arrange, je rate une trêve et le liquide commence à s'écouler, les poumons vident.
Aussitôt le vertige revient accompagné de la migraine qui s'était estompé et des bourdonnements disparus. Les étoiles apparaissent encore, mes jambes s'alourdissent et je sombre une nouvelle fois.
Cette fois quand je me réveille, je n'ai plus le courage de me battre. Tout est laborieux, je n'arrive pas à contrôler ma respiration, la douleur semble insurmontable et je perds complètement le moral et tout espoir.
Dans ma souffrance de la suffocation qui suit, je ne peux que penser à ma solitude. Totalement abandonné des autres. Seul. Comme depuis le début de ma vie. Et moi qui croyait, à un renouveau heureux. Pour finir comme ça, j'aurais mieux fait de sauter de ce toit.
Je finis par perdre le fil du temps, d'arrêter de croire que j'ai des pouvoirs. J'en fini par oublier comment j'en suis arrivé là, et même qui je suis. Une seule chose occupe mon cerveau et mon esprit : la douleur et la prochaine trêve !
Jusqu'au moment où un rêve me fait l'effet d'une gifle qui me ramène à la réalité et à mes responsabilités. Je revois Itarra me raconter l'horreur de sa mésaventure avec Cléres et son visage terrifié quand elle était traînée hors de la salle de réception.
Quand je me réveille, la motivation de me battre pour Itarra fait tambouriner mon cœur à toute vitesse.
Pendant plusieurs cycles, je stabilise mon souffle, faisant attention à toujours avoir les poumons pleins à la coupure en comptant les secondes de la trêve.
Sans aucune notion du temps, je ne sais pas depuis quand je suis enfermé dans cette combinaison, mais la douleur est comme passé en second plan, à distance, l'adoucissant grandement.
Libre de nouveau, de réfléchir pendant une coupure, je réfléchis à l'ensemble de mes pouvoirs. Pour maximiser mes chances de réussir, je mise sur celui que j'ai le plus utilisé jusque-là.
Alors quand la trêve commence, je respire un maximum, avant que celle-ci ne cesse, je prends une grande inspiration, ferme les yeux et visualise mon corps se liquéfier.
Quelques instants plus tard, malgré l'obscurité totale je sens ma vue changer et surtout toute la douleur s'estomper pour disparaître immédiatement.
Alors que je savoure le confort retrouvé de la douleur et de l'asphyxie disparues, des points de lumières transpercent la combinaison en plastique qui recouvre mon corps liquide. Jusqu'à ce que quelques instants après, la tenue se divise complètement en deux au niveau du bassin.
Je me déverse sur le sol, en même temps que je suis pris d'un profond sentiment de fatigue. Sans que je ne le décide, je reprends ma forme physique sur le carrelage blanc. Debout, je perds l'équilibre et m'écroule pas terre.
Mais pour autant, je me sens extrêmement bien. Je suis juste abominablement épuisé. Je me retourne sur le dos haletant, la sensation de froid sur le carrelage, me fait du bien, et soulage mes muscles endoloris.
Je découvre alors un long et énorme bras articulé entouré de câbles et équipé d'une pointe orientée vers la tenue déchirée encore attaché au mur.
En regardant le mur blanc auquel j'étais attaché, je me rends compte qu'il s'obscurcit à vue d'œil, jusqu'à ce que la peinture se craquèle, éclate et tombe en morceau sur le sol. En voyant cette réaction, je n'ose me regarder, de peur des effets de cette terrible machine sur mon corps.
Je ne veux absolument pas y retourner, je ne m'attarde pas plus et me relève. Je suis immédiatement pris de vertige et mes forces semblent m'abandonner.
Je m'écroule presque aussitôt redressé. Dans la chute, mes avant-bras amortissent légèrement la chute avant ma tête percute violemment le carrelage.
Je suis sonné quelques longs instants. Je commence à stresser, je mets trop de temps à partir, et j'ai déjà fait beaucoup trop de bruit. Quelqu'un peut revenir à n'importe quel moment ! Déterminé, j'utilise mes dernières forces pour tenter d'atteindre la sortie, en rampant.
Soudain la porte s'ouvre brutalement. Je suis pétrifié. Un homme et une femme rentrent poussant une sorte de chariot de ménage.
Dès qu'ils me voient l'homme s'écrit :
- C'est lui !
Ils se ruent sur moi, me prennent par les épaules, et me traîne vers le chariot. Je n'ai même pas la force résister.
Mais quelques instants plus tard, des flashs de mes instants passés dans l'obscurité me reviennent. Je ne peux pas les laisser me reprendre !
Dans un dernier espoir, je ferme les yeux et liquéfie mes bras. J'échappe donc des mains de mes deux bourreaux, et m'explose une énième fois sur le sol, la tête la première. Ils s'écrient en même temps :
- Non, non, s'exclame l'homme !
- On ne te veut pas de mal, continue la femme !
- On est là pour t'aider, renchérit l'homme !
- On n'a pas beaucoup de temps, il faut y aller. C'est ta dernière chance de te sortir d'ici, me presse la femme.
C'est vrai qu'ils ne sont pas habillés comme les hommes que j'avais aperçu derrière Otarin. Croyant en l'espoir qu'ils m'offrent, je hoche la tête, ma liquéfaction m'ayant drainé trop d'énergie pour que je ne puisse dire un mot.
Aussitôt, ils me ressaisissent, me portent et me jettent presque dans la sorte de sac de tissus entreposé au milieu du chariot. La femme me jette par-dessus des draps, sûrement usagé à l'odeur.
Je sens que le chariot est fortement poussé, pendant quelques secondes. Il ralentit et quelques instants plus tard, j'entends de nombreux pas, des cris, des ordres.
Le chariot s'arrête, j'ai le cœur qui bat la chamade. Le couvercle s'ouvre au-dessus de ma tête caché sous les draps. J'arrête de bouger et même de respirer. C'est avec un soulagement, que le capot se referme dans un claquement avant que l'on ne continue d'avancer.
Le sac de tissus, ne touchant pas le plancher du chariot, je suis comme bercé. Je me sens tellement bien, par rapport à quelques minutes plus tôt, encore suspendu à mes liens. Mes yeux brûlent et mes paupières deviennent lourdes, il ne me faut que quelques instants pour m'endormir profondément.
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Après un bref instant dans une obscurité cette fois rassurante et confortable. Je me réveille en sursaut.
Sur un immense lit à baldaquin, je suis adossée à la tête de lit, les bras presque tendus au-dessus de ma tête par des menottes de cuirs blanc. M'empêchant de me relever, mes chevilles l'une à côté de l'autre sont fermement attachées par des lanières de cuirs au pied de lit.
Tirer dessus n'arrange rien à part les faire grincer, alors j'observe autour de moi pour comprendre où je suis, une migraine m'empêchant de me souvenir.
Le lit dans lequel je suis attachée est face à une immense baie vitrée avec une vue époustouflante sur Colfia. La tête de lit m'empêchant de voir plus, je baisse les yeux sur mon corps.
Mon cœur se serre quand je découvre la robe composée de voiles dorées presque transparents qui enveloppe mon corps.
Comme si mes sensations nerveuses se réveillent à ce moment, je sens l'air caresser mes seins et mes lèvres intimes si peu habituées à être si peu protégées.
Par réflexe pudique, je tente de croiser les cuisses et de baisser les coudes pour protéger mes parties si vulnérables, mais sadiquement les liens de cuir m'en empêchent.
La panique me monte à la gorge avant de me submerger, me faisant perdre tout contrôle de mes émotions. Mon cœur s'emballe, mon ventre se noue, ma gorge se serre, mes yeux s'embuent.
Hystérique, je tire sur mes liens comme une folle mais rien n'y fait, ils restent immobiles.
Quand soudain, j'entends une porte s'ouvrir dans mon dos, suivis de bruit de pas. Je me fige, terrorisée, en apnée, mon cœur menaçant d'exploser.
Je ne veux pas ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas être vu nue ! Qui que ce soit. Mon corps est déjà bien trop souillé que je me demande encore face au miroir s'il m'appartient. Je ne supporterai pas une personne de plus.
Une bouffée de chaleur envahit l'entièreté de mon corps quand Otarin rentre dans mon champ de vision, avant de s'esclaffer :
- Alors ? On fait moins la maline maintenant ?
Pivotant au maximum que me permettent mes liens je dissimule du mieux que je peux mon entre-jambe. Je lui lance en même temps :
- Tu m'approches, je te bute !
Un sourire moqueur se dessine sur son visage, alors qu'il dénoue le cordon de soie qui ferme sa robe de chambre rouge.
- Itarra... Itarra... Ne soit pas si timide. Surtout après m'avoir insulté, il est trop tard pour le regretter.
D'un regard, les liens à mes pieds s'écartent aux extrémités du lit et dévoile sans pitié mes parties.
Entre mes jambes, il monte sur le lit, son corps nu et imposant s'enfonçant dans le lit. Ses mains caressant mes jambes remontent vers ma zone sensible.
J'ai envie de partir loin, de disparaître quitte à mourir tant que je ne suis pas là.
Alors que ses mains chatouillent mon clitoris provoquant de fiévreuses bouffée de chaleur, j'ai l'impression de me déconnecter de mon corps. Je perds toute sensation comme si j'étais spectateur de mon propre corps.
Je vois Otarin, ignorant mon visage défiguré d'horreur, passer à califourchon sur mes cuisses saisissant mon bassin.
Mon âme se déchire quand il décide d'empoigner ma poitrine comme de la pâte à modeler. Mais comme si l'horreur ne pouvait s'arrêter, sa verge chaude en érection repose sur mon bassin.
Je ferme les yeux, ne voulant continuer à voir l'horreur. Pour tenter à faire abstraction de ce que subit ce corps dont je ne suis plus maîtresse.
Mon corps frissonne, quand la verge d'Otarin glisse sur mon bassin et se positionne face à mes portes intimes.
Chaque muscle de mon corps se tend quand, sans prévenir il me pénètre.
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Au même moment tout change.
Je suis dans le noir complet, j'entends des voix autour de moi, des gens s'activent à faire je ne sais pas quoi.
Je n'ai aucun contrôle sur mon corps, je ne peux ni ouvrir les yeux, ni bouger une seule partie de mon corps. Je ne sais même pas si c'est un rêve ou la réalité.
Mais contrairement à « l'aspirateur de jeunesse », ou dans le corps d'Itarra, je suis bien. Je suis couché sur un matelas confortable, et la plupart du temps sous une couette chaude.
Parfois je sens qu'on bouge un de mes bras ou une de mes jambes. On me touche, me pousse, me retourne, mais c'est toujours avec attention et douceur.
Mais qui sont ces gens ?
Le temps est éternel, encore une fois je n'ai plus aucune notion du temps, de plus cette obscurité est parsemée de la vision d'Itarra que je vois et revois jusqu'à la connaître par cœur. A chaque fois, je ressens la peur, la paralysie, le dégoût, et sa douleur.
Je me sens responsable, de ne pas avoir été à la hauteur. Je rêve de recommencer depuis le début, comme un jeu-vidéo, pour mieux réussir cette fois. Mais c'est impossible.
Je vais tout faire, pour l'aider à sortir de là, je le promets.
Au bout d'une énième vision, où je n'arrive toujours pas à m'habituer à l'horreur de la scène, cette fois quand le pervers pénètre, je me réveille brusquement dans un lit noir sous une épaisse couverture.
Je me redresse, et découvre pour la première fois depuis une éternité où je me trouve. Je suis dans une pièce carrée aux quatre murs de béton gris brut sans fenêtre. La pièce est éclairée d'une source de lumière invisible éclairant toute la pièce uniformément.
Il y a, à ma droite une table de chevet, à côté d'un petit bureau avec un miroir.
Je remarque rapidement qu'il manque l'élément le plus important d'une salle... Une porte ! Il n'y en a tout simplement pas.
J'écarte la couette et sort du lit m'attendant à un moment ou à un autre à être retenu par une corde, un tube ou une chaîne. Mais rien, seul un violent mal de tête me foudroie accompagné d'un tournis monstrueux, qui me repoussent sur le lit pendant quelques minutes.
Une fois les vertiges disparus, et mon corps habitué de nouveau à une position verticale. Je peux me relever sans restriction.
Je me dirige vers le bureau, à la recherche d'indice de l'endroit où je suis. La progression est difficile, chaque pas est une épreuve, pour ne pas tomber. C'est comme si chaque muscle de mon corps étaient partis en vacances.
Finalement j'arrive enfin, sur la chaise du bureau, face au miroir. En regardant le reflet, je ne me reconnais pas. Ce n'est pas Itarra, cette fois, ni même Vestia, Griffing, ou encore Shinen. Mon corps est squelettique, avec un visage d'un homme d'une quarantaine d'année creusé, hideux, entouré de très longs cheveux bruns.
J'agite une main devant le miroir, pour vérifier l'authenticité de ce que je vois. Au passage, j'observe des doigts, si fin que chaque phalange provoque de grosses bosses.
Attendant la suite de cette vision, j'attends dans le fauteuil du bureau. Mais après plusieurs minutes, rien ne s'est passé. Je test alors ma voix :
- Bonjour ? Il y a quelqu'un ?
La voix est rauque, bien plus grave et comme desséché par rapport à la mienne, mais je la reconnais tout de même, c'est bien la mienne.
Mais je ne peux l'accepter, je reste dans le déni, je ne peux pas avoir ce corps, cette horreur !
Mon regard se pose alors sur la pierre bleutée sur mon front. C'est mon corps. Ça ne peut être que lui.
Pour être certains et éliminer tous soupçon de doute, je fais apparaître ma robe d'eau.
Aussitôt le liquide bleu opaque me coule devant les yeux avant de glisser au sol, ma robe d'eau ayant apparue. Je me regarde une énième fois dans le miroir, cette fois je suis effrayé. C'est moi, c'est bien moi !
Cette machine de malheur, Otarin va me le payer. Je suis fou de rage. Je m'effondre en larme, je suis prêt à tout abandonner, tout arrêter, je ne pense plus qu'à moi et tout ce que je viens de perdre.
Après quelques minutes, à pleurer, puis je repense aux autres, à notre mission.
Plus lucide, je me redresse et dit à voix haute me regardant droit dans les yeux dans le miroir :
- Si tu voulais mourir c'était en haut de cet immeuble. Maintenant, on y va à fond. Itarra a besoin de toi. Pas besoin d'être beau pour changer le monde, et puis de toute façon ce n'est pas comme si je l'étais avant... Partons du principe que je suis déjà mort que je n'ai plus rien à perdre. Je suis le meilleur, je peux le faire !
Je souffle un coup, me reprend. Je me relève brusquement prêt à en découdre avec Otarin. Mais la réalité prend vite le dessus. Je me suis levé un peu vite, les vertiges et la migraine me frappe fort, et mes forces me lâchent. Je m'écroule par terre, haletant.
Dans cet état, je ne sais même pas si je pourrais vivre une vie normale. Comment je peux faire ? Je ne peux pas laisser Itarra plus longtemps ! Je dois y aller maintenant ! Mais comment.
Je change encore d'humeur, je suis désespéré, la montagne semble finalement trop grande pour être déplacé.
Soudain j'entends des talons dans mon dos, je me retourne brusquement sur le dos pour apercevoir devant moi une femme.
Elle a de longs cheveux noirs un peu comme Itarra, ils sont coiffés en une longue queue de cheval descendant presque jusqu'à ses cuisses cerclé plusieurs fois par des bagues argentées. Un maquillage noir sur ses lèvres, et sur ses yeux obscurcit profondément son visage. Ses oreilles sont toutes les deux percés de trois anneaux argenté brillant. Elle a un long manteau noir avec un col lui remontant jusqu'au menton et un pantalon moulant et noir qui laisse deviner des jambes d'athlètes.
Je ne sais pas quoi penser. Ami ou ennemi. Je recule sur les coudes de quelques pas, méfiant. Elle dit d'un grand sourire :
- Bonjour !
Je ne connais pas Otarin, pourrait-il être aussi perfide ? Pourquoi ferait-il ça ? Qui est-elle ? Je réponds hésitant :
- Bonjour.
- Tu n'as pas à avoir peur ! Tu es en sécurité maintenant. On t'a sorti du palais.
- Vous avez sorti Itarra aussi ? je demande plein d'espoir.
- Qui est Itarra ? répond la femme.
Mon cœur se serre. Elle est encore en enfer ! Mais je ne peux pas la sauver. Je ne peux même pas marcher. Une larme me coule sur la joue, tandis que je tremble de colère et de frustration.
La femme s'approche préoccupée par quelque chose, et s'exclame d'une voix douce :
- Doucement, il faut vraiment que tu te calmes ! Ta colère ravage tout Colfia, elle provoque une violente tempête sur toute la planète.
- Quoi ? Non, ce n'est pas possible, je réponds perturbé par l'affirmation. Je n'ai pas la puissance nécessaire ! Je peine à déjà simplement utiliser mes pouvoirs ! Et puis sous cette apparence-là, c'est tout simplement impossible.
Les murs s'illuminent et projettent des images d'une violente tempête balayant des véhicules volants. Des voix commentent les images expliquant que cette tempête est totalement imprévisible, d'une puissance inédite et dont on ignore quand elle s'arrêtera dû à sa régénération surnaturelle.
- Pourtant elle te semble étroitement liés émotionnellement. Lorsque tu étais dans le coma, il t'arrivait de hurler, la tempête en était à son paroxysme, et inversement quand tu reposais paisiblement. Il n'y a pas encore eu de mort. Il est encore temps pour toi, d'arrêter tout ça.
Mais je ne suis pas si énervé que ça ? Peu convaincu, je respire un grand coup pour évacuer la rage et la frustration d'abandonner Itarra.
Les images, et les sensations de l'aspirateur de jeunesse, me reviennent d'un coup. Une vague de peur et d'anxiété me submerge. Je sens mon cœur s'accélérer brutalement. Ma gorge se serre et j'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer. De puissantes bouffées de chaleur me donnent la chair de poule.
Je panique et me mets à pleurer, pendant que les images et la douleur que j'avais vécu défilent mentalement.
La femme s'approche doucement, et enroule ses bras autour de moi d'une étreinte réconfortante. Ma tête posée contre son manteau, je ressens la rassurante chaleur qu'elle dégage.
Mes larmes sèchent rapidement, mon cœur se calme comme ma respiration. Sur les écrans la tempête se calme, et un ciel jaune clair perce le sombre voile de nuage.
Je suis surpris. C'est donc vraiment moi, l'auteur de la tempête sans même que je ne le sache. Pourtant je n'avais pas ma robe d'eau dans mon coma. Comment est-ce que je pouvais former une tempête ?
Après quelques minutes dans ses bras, je lui demande :
- Tu t'appelles comment ?
- Manon, je dirige les opérations offensives de la rébellion, comme ton extraction.
- La rébellion ?
- Nous existons depuis la chute des Dolgniac. Nous avons pour but de rétablir l'égalité dont bénéficiait chaque membre de Colfia avant l'ère Otarin.
- Qui était les Dolgniac ?
- D'où viens-tu pour ne pas les connaître ?
- D'un autre monde, et je ne connais absolument rien de Colfia à part son nom.
- Un autre monde ? Je suis impatiente d'en apprendre sur le tien, mais bref. Les Dolgniac sont les descendants d'une longue lignée de roi et reine qui mettait vraiment le bénéfice du peuple avant tout. Ils étaient tous adoré, et en particulier Vestia Dolgniac, une célèbre princesse héritière.
Je me redresse brusquement en entendant le nom de la princesse, je demande étonné :
- Vestia ? Elle ressemble à quoi ?
- Tu la connais ? Je croyais que tu ne venais pas de ce monde ?
Des images de la Vestia que je connais se projette sur les murs, alors bouche bée je lâche :
- Il se pourrait que je sois venu avec elle...
- Quoi ? Mais sur quelle planète as-tu trouvé son corps ? s'exclame-t-elle sous le choc.
- Non, elle est venue vivante.
- Comment est-ce possible ? Dis-moi qu'elle n'utilise pas la même machine qu'Otarin !
- Non, heureusement, dis-je en y pensant.
- Mais comment est-ce possible ? Le voyage en vaisseau n'a pas été trop dur pour elle ?
Je mets quelques instants avant de comprendre ce que pense Manon. Je rigole :
- Non, elle a toujours la vingtaine, en tout cas physiquement.
Elle est surprise. Sachant qu'elle connaît l'existence de mes pouvoirs, avec la robe et la tempête, il n'y a plus aucun intérêt à cacher le reste des explications. Je lui explique alors évitant les détails compliqués :
- Je fais partie avec Vestia d'un groupe ayant pour but de combattre le Mal de cinq mondes. Elle a été choisie peu avant sa disparition, gagnant une certaine immortalité et des pouvoirs similaires aux miens, mais elle contrôle le feu.
- Tu sais où sont les autres ? Vous êtes combien ? Vous êtes venu pour détrôner Otarin ?
- A la base on ne venait pas pour lui. Vestia voulait juste nous montrer son pays et qu'on récupère un véhicule, un Grav quelque chose.
- Un Gravter ? rigole-t-elle. Mais ça n'existe plus aujourd'hui.
- Ah bah, elle l'ignorait, je rigole avant de reprendre. Donc elle voulait qu'on récupère un Gravter. Mais la rencontre avec Otarin ne s'est pas passé comme prévu, et il nous a tous eu. C'est quoi ces bracelets, collier ? On pouvait plus bouger, on était totalement à leur merci.
- Ah, c'est une des inventions d'Otarin. Ils sont très modulables et peuvent entourer n'importe quel membre d'un individu, ensuite ils coupent totalement les liaisons électriques du cerveau au reste du corps.
Pendant qu'elle explique, je visualise la suite des évènements, je me sens de nouveau enfermé, je ressens une nouvelle fois cette douleur, cette peur. Ma gorge se serre de nouveau, je suis figé, je n'entends plus rien, ma vue se brouille, et une bouffée de chaleur m'envahit.
Quelques instants plus tard, j'entends hurler :
- Est-ce que ça va ? Réveille-toi !
Je cligne brièvement des yeux, le temps qu'ils se réhabituent à la lumière. Je réalise que je suis dans les bras de Manon affolée.
Je me relève pour la rassurer, et lui assure :
- Ça va. Tout va bien. Encore un peu de mal à évacuer cette terrible sensation d'être dans cette machine.
- Je comprends.
Après un bref instant de pause, elle demande :
- Qui est cette Itarra ?
- Je... C'est...
Ma gorge se serre, des larmes coulent sur mes joues, la scène défilant une nouvelle fois devant mes yeux. Je respire fort, je me reconcentre. Il faut que j'avance, je ne peux pas rester comme ça, je dois l'aider au plus vite. Je respire un grand coup avant de répondre aux questions :
- On est cinq dans le groupe, il y a Vestia, moi, Griffing, Shinen et... Itarra. Et... Je l'ai vu se faire...
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Elle aussi est dans la machine ?
- Je l'ai vu ou plutôt je l'ai vécu, se faire violer. Elle était attachée à un étage de la tour quasiment nue... Otarin est rentré dans la pièce et ...
- C'est bon j'ai compris, me coupe-t-elle me prenant une nouvelle fois dans ses bras.
Je me déteste, j'aimerais ne pas être comme ça, ne pas pleurer comme un bébé. Mais les éléments me dépassent. J'aimerais avoir la force d'Itarra, en gardant son regard impassible qu'elle tient si souvent.
Soudain les murs s'allument de nouveau et projette le ciel qui commence de nouveau à s'assombrir violemment. Je comprends, respire et m'excuse :
- Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir me contrôler !
- Ce n'est pas grave, il faudra juste le travailler. Pour l'instant reste le plus calme possible et tout ira bien !
- Je ferais de mon mieux je te le promets, je lui souffle.
Je me sens en sécurité près d'elle, je me sens tellement bien que je suis au bord de m'endormir dans ses bras. Avant que ça ne se produise, elle se relève délicatement. Elle se positionne devant moi et me tend la main en disant :
- Allons faire un brin de toilette, ce n'est pas ta magie qui va nettoyer la crasse et le sang.
Je baisse les yeux pour constater l'état délabrée de mon corps. Je pense au plaisir de la douche chaude sur ma peau, alors sans attendre j'acquiesce et lui attrape sa main.
Sa main est douce et ferme, elle me lève plus que je ne me lève, ce qui la fait rire :
- Je ne sais pas comment t'étais avant, mais il va falloir faire une sacrée remise en forme !
- J'espère que c'est encore possible, je soupire. J'ai l'impression d'avoir quatre-vingts ans ! Je ne sais pas à quel point il a aspiré ma jeunesse.
- Selon mes renseignements, tu as été détenu un peu plus d'une semaine, tu ne dois pas avoir perdu plus de trois ou quatre ans physiques.
- C'est sûr ? Dans le miroir j'avais l'impression d'être un retraité !
- C'est normal. Tu es très maigre et tu as perdu beaucoup de muscle, tu es sale et mal coiffé ! Tu verras après une bonne douche, tu te sentiras déjà plus jeune !
Elle m'amène vers un pan de mur, qui disparaît à notre approche, dévoilant une salle de bain spacieuse, totalement blanche. Il y a une baignoire rectangulaire, un grand lavabo blanc fixé au mur à la hauteur de mon bassin surplombé d'un grand miroir lumineux. Elle me demande :
- Au fait tu ne t'es pas encore présenté !
- Ah bon ? Ah désolé, je m'appelle Xander !
- Xander, c'est sympa.
- Merci.
Elle s'arrête à l'entrée et me demande :
- Ça va aller pour te laver tout seul ?
- Oui bien sûr, je réponds avec confiance mais surtout par pudeur.
J'ai déjà été assez ridicule, je peux me débrouiller tout seul. Je lâche son étreinte et commence à tituber vers la baignoire. A peine j'exécute mon deuxième pas en avant, qu'une bouffée de chaleur m'envahit, la nausée revient, et je perds rapidement l'équilibre. Heureusement, Manon toujours derrière me rattrape de justesse en disant :
- Oula ça va ?
Elle m'assoit contre la baignoire, pour me laisser respirer et reprendre mes esprits. Après quelques inspirations, je lui réponds bêtement :
- Oui, oui.
Je fais une pause avant de demander, épuisé :
- Elle ne peut pas attendre la douche ? Je suis à bout de forces.
- Non, tu as baigné dans ta sueur plusieurs jours, il faut à tout prix éviter une infection. Mais ne t'en fait pas je vais gérer, tu n'auras pas un seul effort à faire.
Je demande timidement empli de honte d'avoir besoin d'aide pour prendre une douche :
- T'es sûr que ça ne te dérange pas ?
- Ne t'en fais pas pour moi, j'en ai vu d'autres ! Et de toute façon, je ne peux pas te laisser dans cet état.
J'acquiesce. Elle m'aide à me lever et m'installe dans la baignoire. Puis me lave avec la douceur d'une mère. Je ne suis pas vraiment présent, je suis complètement ailleurs. Dans mes pensées, je ne sais pas quoi penser de ce qui se passe. J'ai honte d'être dépendant d'une personne que je connais à peine. Je lui demande :
- J'ai été inconscient combien de temps ?
- Seulement une dizaine d'heures. Tu t'es remis plus vite que prévu.
J'acquiesce silencieusement encore pensif, pendant qu'elle termine le rinçage.
Elle me sèche d'une serviette duveteuse, et me porte avec une facilité surprenante hors du bain. Elle me pose sur un tabouret devant le miroir de la salle de bain.
Cette aisance à me porter témoigne soit d'une légèreté terrifiante de ma part soit d'une force exceptionnelle de la part de Manon, ou au moins d'un peu des deux.
Ayant du mal à rester dans le monde réel et à voir clair, je m'aperçois à peine qu'elle me coupe mes cheveux extrêmement longs, descendant au niveau de mes omoplates, au niveau de mes joues. Puis après plusieurs minutes, elle demande :
- Tu remets ta tenue magique ou je te donne des habits propres ?
Autant la robe d'eau est belle et impressionnante, mais elle est un peu excessive dans cette situation. De plus je n'ai pas envie d'imposer un charisme et une force que je n'ai absolument pas sur le moment.
J'opte donc pour les habits que me propose Manon. Elle m'habille d'un legging blanc, d'un haut sport avec de longues manches plaqué au corps, blanc éclatant comme le sweat qui est lui aussi est plutôt moulant. Je m'exclame :
- Pourquoi aussi moulant ?
- Pour voir plus rapidement le résultat de tes efforts, dit-t-elle avant un grand sourire !
Elle fait une rapide pause avant de reprendre devant ma surprise hébétée :
- Non je rigole. C'est juste la mode actuel d'Ortia ! Mais si ça te dérange, je peux te trouver autre chose de plus ample, si tu veux !
- Non, non, c'est bon, je voulais juste savoir, je balbutie.
Puis son visage se décompose. Elle sort de sa poche un bracelet identique à ceux que nous ont enfilé les femmes d'Otarin. Assis, je ne peux reculer, je m'exclame terrifié aux souvenirs attachés à ses morceaux de métal :
- C'est quoi ça ? Je croyais que tu étais de mon côté ?
- Je le suis, Xander. Mais tu fais peur à certaines personnes, et ce n'est pas vraiment moi qui décide ici. Il sera tout le temps inactif. Mais au cas où tu mettrais quelqu'un de la rébellion en danger, il s'activera.
Je réfléchis de longues secondes. Au moment, où j'enfilerais ce bracelet je perdrais le contrôle de ma vie. Même s'il est inactif, je serais obligé d'obéir de peur qu'il ne s'active. Mais pourquoi se donner tant de mal pour moi ? Pourquoi attendre que je sois réveillé pour me demander de les mettre ? Je soupire :
- De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix. J'ai à peine la force d'aller jusqu'au lit.
Je prends le bracelet dans sa main, et je l'enfile sur ma main droite sous le tissu blanc de mes habits. A mon grand soulagement, rien ne se passe. Manon me regarde d'un sourire soulagé et me dit :
- Merci d'avoir accepté, tu facilites grandement les choses ! Allez maintenant au dodo, pour que tu reprennes des forces et qu'on commence ta remise en forme !
Elle m'emmena jusqu'au lit, où je m'y effondre. Elle me recouvre de la couette et je sombre presque instantanément, épuisé par cette maigre journée.
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