Chapitre 16 : Cléo

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Quand l'ascenseur s'ouvre sur le hangar, des gardes s'occupent de retenir les journalistes hystériques. Un responsable se tourne vers nous et nous demande :

- Vous souhaitez un vaisseau ?

Je hoche la tête, et aussitôt il nous fait escorter jusqu'à une navette dorée. Une fois envolé, et hors du palais, la tempête est encore violente. Alors que les grêlons s'abattent bruyamment sur la coque de la navette, je tente de me concentrer sur ma respiration, de penser à autre chose.

Mais les bonnes ondes tardent à venir, et sans cesse je revois les flammes engloutir le corps de Manon.

Soudain comme un électro-choc, je sens la main froide d'Itarra saisir la mienne me provoquant un frisson dans le dos.

- Bon. Comment on la trouve cette Cléo ? me demande-t-elle.

Je réfléchis quelques secondes entre quelques images de Manon avant de finalement répondre :

- Il faut rejoindre le centre de Colfia. Je suis persuadé qu'elle y ait enfermé.

- Mais c'est possible ? Le centre de la planète a-t-il déjà été atteint même avec les technologies de Colfia ?

- Non, réponds une voix venant des hauts parleurs de la navette me faisant sursauter. Les exploitations minières ont battu de nombreux records aux cours des derniers siècles mais n'ont cependant atteints que les trois milles kilomètres de profondeurs sur les neuf milles. Après cette limite, des verrous technologiques nous empêche d'aller plus loin en raison de la température, de la pression et de la dureté du noyau externe.

- Qui es-tu ? demande Itarra sur la défensive.

- Je suis Farah, l'intelligence artificielle de toutes les navettes du réseau Dahlia. Je peux répondre à vos questions et m'assurer des bonnes conditions de votre vol.

- Peux-tu nous amener dans la mine la plus profonde qui existe ? je demande.

- Bien sûr. Mais je vous préviens que son accès est strictement interdit depuis sa fermeture il y a deux cents ans à la suite de l'épuisement de celle-ci.

La navette change subitement de direction et je peux voir le paysage rapidement s'accélérer. Itarra soupire :

- Ce monde est décidément bien différent du mien.

- Et alors qu'est-ce que tu en penses ?

- Que c'est impressionnant ce qu'on peut faire quand on ne se met pas des bâtons dans les roues entre nous.

- Oui, c'est fantastique.

Après un silence je demande :

- Et après Colfia ? On fait quoi ? On avait un objectif sur Colfia, on a rencontré le Mal, mais maintenant ?

- J'aurais aimé régler le problème sur mon monde. Mais je ne sais pas si nous sommes à la hauteur. Sombra est si perfide, que nous pourrions perdre aussi facilement qu'avec Otarin.

- C'est sûr que j'aimerais éviter une nouvelle fois de frôler l'échec. Mais peut-être que Cléo pourra changer la donne.

- On verra, souffle-t-elle. Mais son soutient ne pourra être qu'une bonne chose.

Après une brève pause, je lance :

- Merci d'ailleurs d'être venus m'accompagner.

Un sourire se dessine sur ses lèvres avant qu'elle ne répondre :

- C'est moi qui t'ai demandé. Et puis c'était une raison pour m'échapper du palais. Ses murs me rappellent de trop mauvais souvenirs pour me sentir à l'aise.

- Tu es venue avec nous au bar ?

- Oui. J'aurais peut-être dû te le faire savoir.

Je souris avant de répondre :

- J'aurais dû m'en douter. Mais tu m'impressionneras toujours pour ta discrétion. Comment as-tu pu rester autant silencieuse et éviter le contact avec tous les serveurs et les gardes qui nous entouraient.

- C'est une compétence nécessaire pour une femme sur Sombra. Quand on veut éviter les ennuis.

Je pouffe. Avant de retourner la tête vers le paysage qui commence à ralentir.

Quelques minutes plus tard, les portes de la navette s'ouvrent sur le grillage qui entoure l'entrée de la mine encastrée dans une grande montagne.

Regardant au loin les portes de fer, je m'exclame :

- Je sens que la descente va être sport.

- J'espère que t'as pas peur du noir.

- Dommage que Vestia ne soit pas là.

- T'as réussi à me tirer dessus à l'aveugle, je pense que faire un pas devant l'autre devrait aller.

Je rigole en commençant à enlever mes affaires et faire apparaître ma robe d'eau. Itarra me regarde surprise avant que je n'explique :

- Quoi ? Elles sont super ces fringues, on va devoir traverser six mille kilomètres de roches, j'allais devoir les abandonner.

- Je ne te pensais pas autant attentionné.

- Je suis juste attaché à ce qui m'appartient c'est tout, je réponds avec un sourire.

Je pose finalement mes affaires sur le siège et m'avance vers la grille. Itarra se téléporte de l'autre côté pendant que je la traverse liquéfiant mon corps tout en gardant ma forme humaine.

Devant la porte qui fait plusieurs dizaines de mètres de haut et de large, Itarra s'exclame :

- Essaye de te glisser, et envoie-moi ce que tu vois, que je te rejoigne.

Je hoche la tête en même temps que je me transforme en une flaque d'eau pour me glisser dans les interstices de la porte et me reformer de l'autre côté.

Derrière, seul quelques rayons de lumières parviennent à traverser la porte. Mes yeux mettent quelques instants à s'habituer avant que je puisse voir ne serait-ce que le sol sablonneux.

A peine j'envoie mentalement l'image qu'Itarra apparaît devant moi avant de s'exclamer :

- Tu en as mis du temps !

- J'ai fait ce que j'ai pu !

Elle s'élance dans la pénombre, et je la perds presque instantanément de vue. Mon cerveau ne fait qu'un tour avant d'imager toute sorte de monstre sortir de la pénombre pour me sauter à la gorger. En plus avec les évènements récents, les sources d'inspirations sont multiples. Recherchant la présence rassurante d'Itarra prêt de moi je l'appelle :

- Itarra ?

- Quoi ? s'exclame-t-elle à côté de moi.

Je sursaute m'attendant à l'entendre au loin.

- Décidément l'ouïe terrienne est loin d'être bonne.

Le cœur battant et tout tremblant je souffle :

- Alors si tu peux éviter de refaire ça.

- Mais... Je n'ai strictement rien fait, réplique-t-elle.

- Ok, dis-je pour moi-même en respirant profondément.

Je cherche une solution pour avancer plus rapidement et surtout plus sereinement quand une idée me vient. Je lui dis :

- Tu me fais confiance ?

- Ça dépend.

Je ferme les yeux et absorbe l'humidité de l'énorme tunnel. Pendant que je forme un épais brouillard devant nous, je fais apparaître une luge de glace à côté de nous.

Sans forcément poser de question, elle s'assoit dans la luge, se serrant derrière pour me laisser de la place devant. Je suis presque surpris qu'elle me fasse autant confiance. Mais je ne perds pas plus de temps et m'assoit entre ses jambes.

Je ferme les yeux, et me concentre sur la brume qui me permet de savoir ce qui est devant moi. Une fois prêt, j'avance mentalement la luge m'éloignant des derniers rayons de lumières.

La pente s'accentuant je n'ai pas besoin d'accélérer très longtemps avant que la gravité s'occupe du reste.

Sondant à l'avance ce qui approche j'esquive les cailloux et les discontinuités un peu trop sévère du tunnel, en déviant mentalement la luge. Notre vitesse augmente de plus en plus et je sens l'air frais me fouetter de plus en plus fortement le visage.

Pour voir la fin de la mine le plus tôt possible et avoir le temps de freiner, j'absorbe un peu plus d'humidité et allonge la brume.

Quelques minutes plus tard, la température commence à monter et le sol de la mine est de moins en moins sablonneux et imparfait jusqu'à devenir totalement lisse.

Quelques autres minutes plus tard, je sens que nous arrivons au bout du tunnel, ce n'est en revanche pas une impasse mais une immense pièce dont je n'arrive pas à sonder les limites.

La luge ralentit naturellement sur le sol plat de la salle avant de s'arrêter totalement. A l'arrêt, j'ouvre les yeux. L'obscurité est vertigineuse voire atrocement terrifiante. Sans Itarra je ne pense pas avoir que j'aurais pu arriver là.

Quand je me retourne et que je remarque que l'obscurité s'étend aussi indéfiniment derrière nous j'ai un frisson dans le dos. Je ne peux même pas discerner Itarra collé contre moi. Comment on va faire pour rentrer ?

Je commence à stresser. Mais le contact des jambes d'Itarra, me maintient lucide. Je souffle un coup, et referme les yeux.

Itarra demande :

- Tout va bien ? On est où ?

Tout en me reconcentrant sur ma brume et en commençant à sonder les lieux je réponds :

- Au milieu d'une énorme pièce, je sais pas si on est au plus profond. Je cherche.

Alors que je suis concentré dans le silence à chercher la suite du tunnel, Itarra demande :

- Qu'est-ce que tu serais prêt à sacrifier pour l'un d'entre nous ?

- Question piège ? je demande surpris de la question.

- Je vais difficilement t'abandonner maintenant. Donc vas-y.

- Je serais prêt à mourir. J'ai rien d'autres à quoi je tiens réellement à part vous. Et toi ?

- J'ai perdu les dernières choses à quoi je tenais récemment. Donc c'est à peu près la même chose.

- Bon après si on peut éviter, ce serait quand même cool. J'ai un peu de mal avec les échecs.

- Tu accepterais qu'on gagne grâce à toi mais que tu ne sois plus là pour le voir ?

- Oui, je préfère ça à échouer et me dire que j'aurais pu changer la donne.

Au même moment je retrouve une entrée de tunnel à quelques centaines de mètres. Je réanime la luge et l'envoie à l'entrée avant de la laisser glisser de nouveau.

En même temps que nous descendons la température monte et commence à vraiment nous faire transpirer, puis la chaleur commence à agresser violemment le peu de surface de peau hors de la robe avant de commencer à la brûler.

Pour me protéger, je fais apparaître mon apparence Raptium qui me rafraichit presque instantanément.

Itarra semble faire de même car je sens la texture de ses jambes changer sur mes cuisses.

- Ça va ? je lui demande de ma voix démoniaque.

- L'apparence Raptium fait vraiment du bien. Tu sais à peu près où on est ?

- Non. Pas du tout. Je me laisse porter.

Notre vitesse s'accélère à mesure que je sens au contact de la brume les parois du tunnel défiler de plus en plus rapidement.

La descente est longue, les minutes puis les heures défilent en même temps que nous traversons tunnels et immenses cavités.

Au bout d'un moment, sur les parois des tunnels des milliers de points jaunâtres se mettent à scintiller, la vitesse les unissant en des traits de lumière. Puis à mesure que nous avançons c'est de l'entièreté des parois qu'émanent une chaude et légère lueur rouge.

Quelques minutes plus tard, nous retrouvons la vue, avant d'arriver une fois encore dans une énorme cavité lumineuse.

Sondant la pièce, je tombe sur une entrée de tunnel condamné et scellé par du béton. Une fois devant, Itarra souffle :

- Intéressant.

Le béton est recouvert de pancartes avec certaines ayant inscrit : « Fosses aux démons », « Chemin vers les enfers », « Danger de mort ».

- Oui. Je crois qu'on est sur la bonne piste.

Je me lève et observe de plus près le béton pour trouver un moyen de passer à travers. Je tombe alors sur une dalle de pierre tombé au sol.

La redressant je remarque une empreinte de main ensanglanté, l'écriteau indiquant : « Record du monde ! 8 999 km de profondeur ! ».

- Merci les secrets d'état, chuchote Itarra par-dessus mon épaule.

- Je pense qu'on ferait mieux de prévenir les autres. Au moins qu'ils sachent où nous sommes.

Elle hoche la tête avant que je n'explique mentalement aux autres ce que nous nous apprêtons à faire et comment nous y sommes arrivés. Vestia réponds immédiatement :

- « Soyez prudent ! Et surtout prévenez nous si vous avez un problème ! »

- « Bonne chance, nous souhaitent Griffing et Shinen. »

Itarra se tourne vers moi et s'exclame :

- Cette fois je ne vois pas d'interstice.

- J'ai envie de garder de l'énergie pour me battre. Donc défoncer le mur n'est pas une solution.

- Et si tu passais à travers, comme avec le grillage.

- C'est pas imperméable le béton ?

- Je sais pas. Essaye.

Je ferme les yeux, liquéfie mon corps et avance vers le mur. Je suis content de voir que j'arrive à pénétrer le béton, même si l'avance est longue et difficile. Les minutes sont éternelles jusqu'à ce que mon corps d'eau émerge de l'autre côté.

J'envoie mentalement ce que je vois, et aussitôt Itarra apparaît. Je me retourne, et je suis horrifié de voir le mur recouvert de gigantesques griffures. Itarra le remarquant aussitôt ricane :

- Je crois que c'était une bonne sortie pour se changer les idées.

- Oui, dis-je en rigolant. Espérons juste qu'on pourra en revenir.

Je me perds dans mes pensées imaginant ce qui pourrait provoquer ces marques quand Itarra me sort de mes pensées :

- Bon qu'est-ce que tu attends ? Il nous reste encore du chemin !

- Oui, oui j'arrive, je réplique.

Je reforme rapidement la luge, et après nous être installé, nous recommençons à glisser.

Pendant plusieurs heures nous descendons sans rencontrer le moindre danger, puis apparaît les premiers squelettes totalement démantelé et éparpillé sur le sol. Itarra me demande :

- Tu crois que ça s'est passé du vivant de Vestia ?

- Je sais pas. Il faudrait lui demander.

Nous passons à côté d'énorme engins de minage totalement défoncé par les mêmes griffures que sur le mur de béton.

Au bout de plusieurs heures, la teinte rougeâtre de la pierre change et devient de plus en plus mauve.

Plusieurs autres heures passent sans noter de grande différence à part le changement de teinte et les squelettes.

Quand soudain quelque chose jaillit d'un mur et se jette sur nous, renversant la luge glissant à pleine vitesse. Itarra disparaît derrière moi, pendant que je me liquéfie pour amortir le choc.

Quand je me reforme après avoir retrouvé mes esprits, je me retrouve nez à nez avec le même monstre qui était venu me chercher dans le laboratoire.

Me voyant il se jette sur moi. De la brume qui m'entoure encore, je génère des centaines de pointes que je projette sur le monstre. Elles s'enfoncent profondément dans sa chair, et l'animal s'écroule.

- Je m'étais endormis, soupire Itarra à côté de moi. On en est où du coup ?

- Je sais pas, je réponds.

Je me penche sur le cadavre inerte avant de m'exclamer :

- Tu sais que c'est le même genre de monstre qui m'a traqué sur Terre.

- On a pas eu la même fuite. Ça va tu devais l'entendre arriver lui, ricane-t-elle.

Je rigole à sa blague avant de tourner le regard sur la suite :

- Vu le temps qu'on a mis je pense qu'on est plus bien loin. Il serait peut-être judicieux de continuer à pied.

- Si tu veux, dit-elle en devenant invisible.

- Ah bah super. Beau courage, je l'applaudis ironiquement.

- Ce serait dommage de mourir en même temps, dit-elle devant moi.

Je souffle d'ennui et commence à avancer dans le tunnel avant de lui dire peu à l'aise :

- Reste au moins proche de moi.

- Ne t'en fais pas.

Nous marchons ainsi plusieurs longues minutes avant d'apercevoir au loin à plusieurs kilomètres la fin du tunnel qui émet une puissante lumière mauve. Je reste aux aguets et prêt à me défendre de tout danger. Mais rien ne sort cette fois de la pénombre.

Après une bonne demi-heure de marche, je commence à ressentir l'énergie de Cléo. Et surtout j'aperçois la gigantesque sphère noire parcouru de longues fissures violettes que j'avais vu avant que Cléo ne prenne le contrôle.

Je trépigne d'impatience d'arriver là-bas. De la rencontrer pour de vrai.

Une autre heure s'écoule, je commence à m'impatienter quant à la distance nous rapprochant se réduit trop lentement. Je suis sur le point de refaire apparaître la luge quand soudain la silhouette noire à la voix sifflante ayant défendu Otarin apparaît devant moi et s'exclame :

- Vous commencez à me faire perdre patience ! Vous osez tenir tête aux mauvaises personnes. Cette fois, je ne laisserais pas passer.

Itarra s'exclame mentalement avec l'image de la silhouette :

- « Les choses se corsent sévèrement. Soyez prêt ! »

- « Je prépare la surface, répond Vestia. Bonne chance ! »

- « Vous êtes les meilleurs d'entre nous, lâche Shinen. Vous pouvez le faire ! »

Je forme une bulle de glace autour de moi, et prépare mes pointes de glaces tout autour de moi.

- Tout ça est futile. Vous êtes insignifiant. Vous ne pouvez même pas imaginer ce qui se cache derrière moi avec vos petites cervelles primaires.

- Cléo, l'une des créatrices des cinq mondes.

Il fait une pause avant de s'exclamer d'un air hautain :

- Ok, il est temps que votre génération s'arrête ! Vous avez déjà bien trop dépassé les bornes que nous tolérions.

- Qui ça nous ?

Dans un craquement les parois du tunnel tout autour de nous semble bouillir, pendant que de sa voix sifflante il répond :

- Le savoir est une arme. La réponse que tu souhaites, te serais une munition bien trop dangereuse.

Itarra se téléporte au-dessus de lui et lui tombe dessus. Elle le poignarde des dizaines de fois avant qu'il ne disparaisse. En même temps, des centaines de fauves insectes émergent des parois bouillonnantes autant en dessous de moi, qu'au-dessus et sur les côtés.

J'ai tout juste le temps de sauter pour éviter de me faire croquer, par un des monstres venant d'apparaître sous moi.

Je m'élève pour me mettre hors d'atteinte des monstres, mais ils se mettent rapidement à s'envoler vers moi ou à se laisser tomber depuis le plafond. Je m'envole le plus rapidement possible, rebroussant chemin pour essayer de mettre de la distance entre moi et les monstres. Itarra elle se bat au corps à corps contre tout ce qui l'approche mais paraît rapidement dépassé par le nombre.

Quand soudain repensant à la luge une idée me vient. Je prends une grande inspiration et rassemble toute l'eau qui m'entoure parfois très loin pour essayer d'avoir la plus grosse quantité d'eau possible.

Je forme ensuite un cylindre d'eau qui fait toute l'envergure du tunnel. Je le solidifie avant d'hurler :

- Itarra ! Pousse-toi !

Après quelques secondes, je pousse à pleine vitesse l'épais disque de glace. Les bêtes n'ont pas le temps de réfléchir trop concentrées sur Itarra et sont poussés vers le bout du tunnel sans issues. Ayant peur qu'Itarra ne puisse s'en sortir, je projette mentalement ce que je vois pour qu'elle puisse se téléporter.

Heureusement car je la vois apparaître l'instant d'après recouverte du sang de ses victimes.

- Merci, s'exclame-t-elle essoufflée se tournant vers le disque dégringolant le tunnel.

Quelques instants plus tard, nous pouvons entendre le cri de douleur des centaines de bêtes agonisantes écrasées contre elle-même.

Une immense explosion retentit quand le disque atteint la fin du tunnel. Toute la grotte en tremble et de violentes flammes remontent jusqu'à une dizaine de mètres devant nous.

La silhouette apparaît de nouveau :

- Tu m'as fait mal, tu sais. Je te préférais quand tu étais encore la chienne d'Otarin.

Itarra ne répond même pas et lance ses couteaux dans sa direction. Cette fois, il esquive l'attaque en disparaissant avant de réapparaître en lançant :

- Si ça peut te faire plaisir c'est pas moi qui est choisi tout ce côté objectification de la femme d'Otarin, moi c'était plus les langues et l'esclavagisme.

Otarin n'était donc qu'un pantin ? J'avais vu juste ?

Alors qu'Itarra se téléporte dans son dos pour lui planter un couteau, il disparait une nouvelle fois.

Je ne le vois pas réapparaître avant qu'Itarra ne hurle :

- Derrière toi !

Par réflexe, je liquéfie mon corps. Au même moment une faux traverse l'eau de mon corps. Instantanément je perds le contrôle de l'eau et reprend ma forme physique.

Quand il replace son arme pour attaque une nouvelle fois, je n'arrive toujours pas à reprendre contact avec l'eau. Alors que la lame s'abatte sur moi, je me jette sur le côté.

Je m'empresse de me relever, en cherchant continuellement à liquéfier mon corps. Ce n'est que quelques secondes plus tard, que mes pouvoirs se réveillent.

Sa lame est dangereuse, elle annule mes pouvoirs !

Je disparais dans un nuage de vapeur, et prend de la hauteur sur l'ennemi pour réfléchir à un moyen de le battre.

Pendant qu'Itarra ne cesse de se téléporter soit pour éviter sa faux soit pour attaquer, j'essaye d'absorber l'eau du corps de l'ombre. Mais elle semble ne pas en être constitué.

Décidé à l'aider, je reprends ma force physique. Je forme une nuée de pointes de glace et les projettent sur l'ombre.

Elle tourne la tête vers moi subitement et se téléporte de nouveau. Je sens un courant d'air frais derrière moi, je me jette sur le côté. Mais avec ce qu'il s'est passé juste avant j'hésite à me liquéfier. L'hésitation est décisive et une douleur cisaillante, me saisit le bras gauche.

Je me retourne face à l'ombre surpris, repréparant une attaque en élevant sa faux au-dessus de sa tête.

Une sensation de froid attire mon regard sur mon bras gauche. Je suis horrifié de voir mon épaule tranchée, des filets de sang s'en échappant.

Mon cœur s'affole quand je découvre qu'encore une fois j'ai perdu l'usage de mes pouvoirs. Je ne peux pas arrêter le sang, ni fuir face à la mort imminente de la faux s'apprêtant à me tomber dessus.

Je tombe sur les fesses terrifiées. La faux semble prendre une éternité à s'élancer. Soudain Itarra apparaît sur lui, et lui plante en pleine poitrine un couteau.

Cette fois il ne disparait pas et s'écroule avant de ricaner :

- Tout ça est futile ! Vous ne pourrez même pas accéder à elle. Et même si votre fragile enveloppe corporelle tiendrait le coup, Cléo l'a perdu il y a bien longtemps. Elle remplacera votre âme, qui restera ici bloqué dans un vide obscur pour l'éternité, pour voler votre forme physique. Vous l'idéalisez, mais au fond c'est un monstre comme moi.

Deux couteaux sifflent et se plantent dans sa gorge. Alors qu'il tousse, Itarra réplique :

- Je ne crois pas que ton avis ne compte.

Dans un dernier soupir il lâche :

- J'espère que vous apprécierez les derniers moments de ce monde. Au final vous n'aurez fait qu'accélérer les choses.

Au moment où il s'écroule définitivement, c'est tout Colfia qui se met à trembler si violemment que je tombe à la renverse.

Les images que Vestia envoie inonde mon cerveau tiraillé par la douleur. Je vois le ciel jaune devenu totalement noir formant une gigantesque faille. Comme une tempête des millions de bestioles tombent en déluge sur la planète.

- « Si vous trouvez Cléo c'est le moment, s'exclame Griffing. Je ne pense pas qu'on puisse réussir sans elle. »

De l'autre côté je sais que la survie de Colfia repose sur le sacrifice d'un de nous deux. Itarra me regarde et en a conscience aussi.

Je ne réfléchis pas plus longtemps. Je me liquéfie, ravis que mes pouvoirs soit revenu. Je m'empresse de former une pointe avec l'eau de mon corps. Je fonce ainsi vers l'extrémité du tunnel. Je brouille par la même occasion d'un épais mur de vapeur blanc la vision d'Itarra

Itarra s'exclame furieuse :

- « Xander ! Non c'est à moi de le faire ! »

- « Je ne peux pas te perdre une deuxième fois. Tu as assez souffert comme ça. C'est à mon tour ! »

- « Qu'est-ce qui se passe ? demande Vestia. »

- « Xander ! continue Itarra. Tu es un garçon incroyable est plein de ressource, je ne suis qu'une garce violente et sans pitié, je n'ai pas ton cœur et ton écoute. Tu mérites de vivre ! »

- « Toi au moins tu sais ce que tu fais, je réplique la gorge serrée. Tu n'as peur de rien, tu mérites plus de vivre qu'un gamin pleurnicheur. Je ne veux pas regretter d'avoir juste observé. Tu es incroyable ! Il faut juste que tu crois en toi ! »

- « Autant que tu devrais le faire toi-même, termine-t-elle accompagné de beaucoup de frustration et de tristesse. »

Au même moment, je percute la surface noire avant d'être absorbé par une faille lumineuse.

Aussitôt mes pouvoirs m'abandonnent, je reprends ma forme originelle et perds mes apparences magiques. Je ne suis plus qu'un homme nu perdu dans un vide violet empli de violentes douleurs dans l'ensemble de mon corps.

Les minutes paraissent interminables, la douleur est telle que j'ai l'impression que mon corps se dissous. Je suis totalement aveuglé par un écran mauve m'empêchant de voir ne serait-ce que ma propre enveloppe corporelle.

Alors c'est comme ça que je vais passer l'éternité ? La pensée d'Itarra saine et sauve, m'aide à accepter la douleur.

Soudain sortit de nulle part, la voix de Cléo surgit :

- C'est beau l'amour.

- Cléo ?

- Oui ?

- Où, suis-je ?

- Dans la prison que j'occupe depuis que tu m'as réveillé.

- Mais comment est-ce possible ? je demande surpris. Je ne savais même pas que tu existais avant que tu me contactes.

- Les émotions et les sentiments que vous ressentez, c'est moi qui en suis à l'origine. C'est une forme d'énergie comme une autre. Vous les humains en êtes très peu sensible mais vous en êtes de grands émetteurs. Contrairement au reste de l'humanité tu as des émotions profondes, sincère et puissante que tu ne brides pas. C'est de cette façon que j'ai pu retrouver l'énergie de vivre.

Je me tais, surpris par la révélation.

- Et maintenant ? je demande timidement priant au miracle.

- Nous serons deux, tu auras le contrôle de ton corps, je serais une voix dans ta tête ou bien l'inverse.

- Tu ne vas pas me laisser là ? je demande surpris plein d'espoir.

- Tu vas vraiment croire un mec que tu es sur le point d'achever ?

- Bah il n'a justement plus de raison de mentir.

- Si naïf... C'était bien la dernière barrière qu'il pouvait poser pour t'empêcher de venir. Nous allons sortir d'ici ensemble, ne t'en fais pas.

Je suis si soulagé d'une pression qui s'efface d'un coup. Elle continue :

- ­Je prépare juste ton corps et nous allons sortir.

- Tu penses pouvoir gérer la tempête de monstre ? je demande en attendant.

- Je ne connais pas les limites de ce corps. Mais la dernière fois, je le contrôlais d'ici et c'était beaucoup plus compliqué que directement dans ton corps. Donc ma puissance devrait être décuplé. Ça va être génial ! glousse-t-elle.

Quelques instants plus tard, elle s'écrit :

- C'est bon ! Allons sauver mon monde !

Je me sens réintégrer mon corps avec de nouveau un bras gauche.

L'eau est une des plus belles choses qui puisse exister. Elle est un magnifique outil de création comme de destruction, sa muabilité lui permet de se glisser partout et d'irriguer à bien tous les sols.

Je rouvre soudain les yeux toutes douleurs disparues, je suis dos à la surface lumineuse. De ma bouche une question est posée ne venant pas de moi :

- Puis-je contrôler ton corps ?

Je hoche la tête. Aussitôt je suis comme dans une vision, spectateur de mon propre corps. Je me vois me retourner et toucher la sphère. Je sens que j'absorbe toute l'énergie de la sphère. Les murs perdent leur couleur mauve et retrouvent le rouge magma.

- « Il se passe quelque chose ! s'exclame mentalement Itarra. »

- « J'absorbe les restes de mon énergie, répond Cléo. Elle me permettra pour cette fois d'avoir une puissance presque illimitée. Je vais m'occuper de l'attaque ! »

- « Et Xander ? demande Itarra terrifiée. »

- « Je suis revenu avec elle, je la rassure. »

Je sens l'énergie parcourir l'entièreté de mon corps. Tellement que des frissons parcourent tout mon corps. L'énergie augmente pendant une éternité sans sembler s'épuiser. J'ai l'impression que je vais exploser, j'ai besoin d'évacuer.

Puis finalement la lumière mauve disparaît totalement. Je liquéfie mon corps et puis maniant la matière même, je réduis chaque morceau de ma flaque à la taille d'un atome d'H2O.

Maintenant que je ne suis plus qu'un nuage de molécule. Je m'élève et traverse à toute vitesse la roche. Je ne suis même pas ralenti par la pierre et je parviens en quelques secondes à rejoindre un océan.

A l'instant où je rentre en contact avec, je m'unis avec contrôlant chaque molécule de celui-ci. Aussitôt je l'anime et commence à le projeter sur la surface de Colfia.

Je vois absolument tout Colfia en même temps, mes vagues recouvrent les terres, habitations et immeubles. Mais avec une précision inhumaine, je ne saisis dans ma vague uniquement les monstres évitant ainsi tout dégâts.

En même temps, que je continue d'avancer sur le continent à toute vitesse pour protéger ses habitants, les bêtes que je capture sont noyés et je commence à les contrôler pour les retourner contre leurs congénères.

Ainsi au fur et à mesure, je bloque la chute et commence à renvoyer les monstres d'où ils viennent.

Quelques minutes plus tard, Colfia n'est qu'une sphère d'eau. Chaque humain de la planète maintenant à l'abri, je puise dans les ressources des océans et élèvent la couche d'eau qui recouvre la surface pour repousser les intrus dans leurs failles.

Et encore une fois chaque faille se referment à l'instant où une des bestioles manipulées traversent.

J'arrive cependant à garder contact avec elles, je vois derrière les failles un environnement infernal, aucun autre mot ne définirait mieux l'endroit qu'« Enfer ».

Cet univers n'a pas de ciel ou du moins obstrué à des centaines de mètres de hauteur, par un plafond de roche rougeâtre brute, identique au sol à la différence qu'il n'est pas parcouru de grands fleuves de laves. L'atmosphère est étouffante à cause d'une haute température sans la moindre humidité.

De grand pans de roches relient le sol au plafond formant des murs impressionnant.

Sur le pans qui fait face aux portails semblent se nicher les nids des atrocités. Je n'hésite pas une seconde et envois mes marionnettes les anéantir.

L'instant où elles commencent à y toucher, les bêtes encore indépendantes sur Colfia se figent, et apeurés font toutes demi-tour pour défendre leurs habitats et leurs petits. Mes marionnettes sont anéanties quelques minutes plus tard.

Quand l'entièreté du ciel a retrouvé sa couleur jaunâtre, je renvois les océans dans leurs lits.

Excitée comme jamais, impatient de rencontrer Vestia et les autres, je m'empresse de les rejoindre dans la tour du palais.

Je traverse les vitres avant de me reconstituer totalement mais avec l'apparence physique et féminine de Cléo, un sourire jusqu'au oreille. J'envoie mentalement l'image de la pièce et Itarra apparaît aussitôt.

- Qui êtes-vous ? demande Vestia faisant apparaître son apparence Raptium.

Je lui tends une main en lui répondant avec un grand sourire enjoué :

- Je m'appelle Cléo ! Vous ne savez pas à quel point je suis heureuse de vous rencontrer ! Je partage maintenant ce corps avec Xander !

Au même moment, mon corps change et reprend mon apparence, celle de Xander. Avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, l'air se charge d'électricité statique. Je sens une odeur d'orage monté pendant que des picotements me parcourent la peau.

Dans un éclair, un homme barbu, un éclair à la main s'exclame :

- Je suis Zeus, roi de l'Olympe. Je pense que nous avons à discuter.

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