Chapitre 2 1/2

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Quelques pas plus loin, un garçon à peine plus âgé que la kitsune, manié son arme avec habilité. Il avait été entraîné pendant des mois, par les meilleurs commandants de l'armée des skinwalkers. Son regard félin exprimait un vide profond. Il ne comprenait pas pourquoi il devait se battre, pourquoi il fallait soumettre ce peuple innocent.

— Nils, arrête de rêvasser et concentre toi ! Cracha son père, en le bousculant.

Il vit l'épée de Joraski transpercer un kitsune. Les yeux de l'inconnu s'écarquillèrent alors que son corps tombait au sol.

— Père ! Pourquoi faisons-nous ça ? Demanda-t-il en le suivant.

— Un jour, tu comprendras Nils que nous avons besoin de conquérir plus de territoire, déclara Joraski. Nous devons être un peuple puissant pour concurencer Oxyris.

— Alors ton objectif mérite de sacrifier de nombreuses vies ? Murmura Nils, en mordillant sa lèvre inférieure.

Il ne comprenait pas les besoins de conquêtes que ressentait son père. Il voyait seulement des massacres encore et encore, où le sang répendait chacune des ruelles, le moindre mur de maison.. Cette situation l'attristait énormément, on l'avait forcé à venir sur le champ de bataille car il deviendrait le futur roi de Mikanos, pourtant ça ne lui plaisait guère. Il souhaitait devenir chercheur pour lutter contre les maladies présentent à Kindénia.

— Lorsque tu seras au pouvoir, tu seras libre de prendre les décisions que tu souhaites, fils, rétorqua-t-il d'une voix ferme, mais actuellement, tu es sous mes ordres.

Nils grimaça et se mit à suivre son père, il n'avait pas le choix de lui obéir. L'enfant détestait sentir l'odeur du sang, voir les corps empilaient les uns sur les autres. Le monde de la guerre n'était pas fait pour lui.

L'armée continuait à avancer avec le Roi tandis que l'héritier disparaissait dans une rue, en voulant s'éloigner de cette barbarie. Il marchait dans les rues étroites de Pénisia, il s'arrêtait parfois en admiration devant d'immenses fresques d'un renard. Nils se demandait à quoi ressembler le royaume avant qu'ils l'assiègent. Il imaginait les enfants jouer dans ces longues rues, pendant que les parents étaient assis en terrasse en train de siroter une boisson ou de manger. Il devait pourtant s'avouer que la pauvreté à Pénisia était très visible, de part les tenues des habitants et les quelques parties d'armures des guerriers.

En avançant, il entendit des sanglots qui l'intriguèrent. Il se rapprocha lentement, le poing fermé sur la poignet de son épée. Il regardait de chaque côté lorsqu'il traversait des ruelles aux multiples chemins.

Il doutait de lui, serait-il capable d'enlever la vie à quelqu'un ? De voir un enfant de son âge mort ? Il sentait ses jambes trembler pendant que son coeur accélérait. Ses yeux plissaient, ne laissaint apparaître que les fines pointes de ses pupilles. Son regard scintillait d'inquiétude à l'idée de tuer un innocent.

Il continua d'avancer avant de tomber sur une immense place. Il remarqua en premier les deux corps sur les pavés puis une jeune fille agenouillait à côté. Nils referma sa main sur la poignet de son épée alors qu'il marchait en direction de cette inconnue. Son père lui avait murmuré à de nombreuses reprises qu'il devrait tuer les kitsunes qu'il verrait. Ses doigts se mirent à trembler, sa bouche se tordait dans une grimace.

-Je n'en suis pas capable. Je ne peux pas tuer cette fille, pensa-t-il.

Plus il avançait, plus le désespoir serrait son coeur innocent d'enfant. On l'avait forcé à devenir fort et froid. Il revoyait ses mains tremper de sang et le dernier souffle de l'homme qu'il avait tué involontairement. Son père l'avait forcé à transpercer de sa lame, le coeur pur d'un kitsune qui défendait sa famille. Ses yeux se fermèrent face à ce souvenir douloureux, il resserra sa paume autour de la poignet de son épée jusqu'à qu'une voix retentisse.

-Que voulez-vous ? cracha la voix de la fillette.

Elle s'était relevée et se tenait debout, au millieu des deux corps. Elle avait sa main posée sur le fourreau d'une dague. Son regard paraissait aussi brûlant qu'un brasier, sa détermination se lisait à travers ses traits. Sa longue chevelure mauve tombaient en cascade sur ses épaules. Il se sentait transpercé par les yeux turquoises de la kitsune, qui semblait terne et froid. Elle essuya du revers de sa main, une larme qui coulait sur sa joue.

Il l'observa un instant, absent. Devait-il vraiment la tuer ? Il serait incapable après de se regarder dans un miroir, sans revoir le sang et le regard de ses victimes. Il tremblait de plus en plus, la confusion l'éttoufait. Il avait la sensation d'être dépassée par les évènements, de ne pas savoir sur quel pied danser.

-Vous n'avez vraiment aucune honte de venir sur nos terres ! déclara-t-elle en se rapprochant de lui.

Il hoqueta en reculant. La fille avançait petit à petit vers lui, en pointant maintenant une dague. Son regard s'assombrisa tandis qu'il serrait le pommeau de sa lame dans sa main. Il mordilla sa lèvre inférieur, les idées qu'on lui avait inculqué se battaient en duel contre son propre avis.

-Ça suffit ! murmura-t-il pour lui-même.

Il voulait que ça cesse. Soudainement, il entendit les pas des soldats approcher. La peur et la panique s'emparèrent de lui. Il tourna la tête vers les ruelles derrière lui, en entendant les cliquetis des bottes métalliques approcher. Ses yeux s'écarquillèrent et sa respiration s'accélérait, il se retourna vers la kitsune. Elle l'observait calmement, en continuant de serrer sa dague dans sa petite main. Il se sentait incapable de la tuer, il souhaitait même lui dire de s'en aller vite mais sa conscience lui interdisait.

Nils eut alors une idée folle, il se précipita vers elle. Elle l'esquiva de justesse avant de trancher l'air avec sa dague.

-Je ne te veux aucun mal, jura-t-il en levant les mains. Je suis ton allié, d'accord ?

Elle s'arrêta en le regardant quelques secondes, silencieusement. L'inquiétude ne cessait d'augmenter en lui, les cliquetis se rapprochaient de plus en plus. Nils craignait le pire pour cette fille qui devait être à peine plus jeune que lui. Il détourna le regard vers les deux corps, deux enfants. Son coeur se serra à cette vision et à l'idée que l'un des leurs les avaient tués. La guerre amenait des actes barbares et irréfléchit. Il observa à nouveau la kitsune aux cheveux mauves, avait-elle encore de la famille ? Où étaient ses parents ?

Il ferma les yeux, en inspirant une bouffée d'air. Lorsqu'il les ouvra à nouveau, il tendit une main assurée vers elle. Elle paraissait toujours méfiante mais il espérait qu'elle lui accorde un petit peu de confiance. Cependant, elle tenta à nouveau de le blesser.

Elle venait de lui entailler l'avant bras. Il la regardait perplexe, il comprenait sa méfiance mais si elle continuait ainsi, il devrait se défendre sauf que ce n'était pas ce qu'il voulait. Son sang tombait goutte par goutte, en s'écransant sur les pavés grisâtre de la place. Leurs regards ne se quittaient pas une seule seconde, pourtant le temps était compté.

-Pars pitié, viens avec moi ! la supplia-t-il, en observant la ruelle d'où provenait les bruits. Ils approchent et tu n'es pas en sécurité ici;

Cette fois-ci, elle regarda dans la même direction que lui. Elle entendait elle aussi les cliquetis mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Son frère et sa soeur étaient morts à cause d'eux.

Nils remarquait la colère qui régnait dans son regard. Était-il vraiment sûr de vouloir la mettre à l'abri ? Elle paraissait vouée une haine profonde à son espèce. En même temps, il la comprenait, son peuple tentait de soumettre Pénisia depuis quelques années. Son géniteur redoutait tellement une attaque d'Oxyris, qu'il préférait gagner du pouvoir en assiégant d'autres royaumes.

Soudainement, elle rangea sa dague. Il lui demanda silencieusement s'il pouvait lui prendre la main pour la guider en sécurité. Elle le regarda un instant, en grimaçant avant d'acquiescer. Nils attrapa sa main et dans la volée, il la tira dans une autre ruelle qu'aucun des deux n'avaient emprunté. Il ne savait pas s'ils croiseraient des soldats mais il prenait le risque, il fallait qu'il l'éloigne rapidement. Leurs pas foulaient les pavés, leurs respirations étaient saccadées tandis que la peur se lisait sur leurs deux visages.

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