À cheval

3 minutes de lecture

  

                J’ouvre les yeux d’un coup pour me redresser en un bond, débordant d’énergie., sous le regard surpris de mon épouse.

                — Ca va aller ?

                J’observe mes mains. Je sens une puissance phénoménale me parcourir, plus grande encore qu’à mon réveil à l’hopital. Dévisageant ma femme, je réponds dans un sourire.

— Du feu de dieu !

— Super. On peut partir ? Cet endroit me fiche la trouille.

— Bien sûr. Attends que je me rappelle vers où se trouve le bon portail.

— Pour aller où ?

— Je vais te ramener à la maison, puis aller sauver les enfants.

                Ma douce m’attrape par le col pour me menacer.

— On va faire simple ! Ou je viens avec toi sauver NOS enfants, ou je viens avec toi sauver NOS enfants ! Qu’est-ce que tu choisis ?

                Je fais semblant de réfléchir quelques secondes, mais je ne peux pas dire qu’elle me laisse beaucoup de choix.

— Disons que nous allons sauver nos enfants ensemble, ce plan te convient.

                Elle me sourit et m’embrasse.

— Tu vois quand tu veux. C’est par où ?

                Je lui montre une montagne du doigt et elle gémit.

— Mais il y a des heures de marche…

                Je la regarde en souriant avant de siffler dans mes doigts. Alors qu’elle me dévisage avec perplexité, je lui fais signe d’attendre. Au bout de plusieurs secondes, des bruits de sabots se font entendre, et le regard de mon épouse s’emplit de surprise puis de joie, avant qu’elle ne pousse un cri d’effroi.

— C’est quoi cette horreur ?

— Le cheval de Famine.

                Devant nous se tient un squelette équin sellé, grattant le sol de son sabot en attendant d’être monté.

— Non… C’est impossible…

— S’ils n’avaient pas des chevaux, ce ne seraient pas les Cavaliers de l’Apocalypse… Les Chevaliers, les Troupes à pieds… Mais pas les Cavaliers…

— Mais… C’est un squelette…

— Oui, c’était pour Famine… De toute façon, on ne va pas débattre cent sept ans, tu montes en selle, et on galope jusque là-bas.

— Mais comment ça fonctionne.

                Je la regarde avec stupeur.

— Je n’en sais rien, moi. C’est toi qui a fait vingt ans d’équitation… Je crois que le volant, c’est les rennes, et les étriers servent d’accélérateur et de pédale des freins… L’embrayage et le levier de vitesse, je n’ai jamais trop pigé où ça se trouvait…

                Faisant de grands mouvements des deux bras, elle englobe le cheval squelettique dans sa totalité.

— Je te parle de ça, là ! Comment un tas d’os peut galoper ?

— Oh… Tu te souviens de notre première rencontre ?

— Ton travail au service de la Mort et les pouvoirs qu’elle t’aurait donné ?

— Voilà… Bah… Voilà quoi… Je sais que tu n’as jamais voulu y croire, mais…

— Mais là, ça commence à venir…

                Se mettant face au canasson, elle lui tend la main paume vers le haut, et le crâne vient s’y frotter comme le ferait n’importe quel plat de lasagne Findus encore non préparé et surgelé, alors qu’elle parle d’une voix douce, essayant de plus de rassurer la cavalière que sa monture.

— C’est un gentil cheval, ça, hein… Oui… Un gentil cheval… Très très maigre, mais gentil, pas vrai ?

                Comme s’il avait compris, l’animal opine du chef, et mon épouse se dirige vers la selle pour monter dessus, avant de me fixer.

— Tu ne vas pas monter en croupe ?

                J’observe la colonne vertébrale et évalue les dégâts qu’elle peut provoquer à mon anatomie.

— Non… Je crois que je vais utiliser un peu de mes nouveaux pouvoirs pour courir à côté de vous… J’ai plus confiance…

                Finissant de s’installer, elle se saisit fermement des rennes.

— Ok, alors allons-y.

                Elle lance immédiatement la bête au triple galop, me laissant sur place ! La vache, elle aurait pu me prévenir ! Je fonce comme un dérater pour la rattraper et me cale à son niveau. Au bout d’une demi-heure, nous ralentissons pour que j’économise mon énergie, et trois heures plus tard nous arrivons au portail.

— Celui-ci nous emmènera où ?

                Je serre les poings.

— Chez Pestilence.

— Maladies ?

— En tout genre.

                Elle me connait bien… Elle me fixe et dit tout haut ce que je me retiens de penser tout bas.

— Ta mère, c’est lui, et malgré votre relation, tu comptes lui faire payer.

                Elle me connait vraiment très bien…

— Avec les intérêts. Gardes mon fusil, on ne sait jamais…

                En silence et au pas, nous franchissons le portail. A peine émergeons-nous que de grosses mouches nous assaillent aussi durement que l’odeur de putréfaction qui emplit l’air vicié ambiant.

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