Conquête

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                Ma femme me connait sur le bout des doigts, et heureusement. Alors que je m’apprête à lever mon épée et ordonner la charge, elle crie mon nom. Le voile rouge devant mes yeux se dissipe, et je me tourne vers elle comme si je sortais d’un songe.

                — Tu ne crois pas que tu t’oublis, et que tu oublis trop de choses ? Notre sécurité à tous ! Refreine Guerre !

                Je cligne plusieurs fois des yeux, avant de baisser la tête, déçu par moi-même, avant de me redresser et de me tenir droit et fort.

— Merci mon amour.

                Je me tourne vers Conquête et crie.

— Conquête ! Clairement, le nombre joue en ma faveur. Même si tes hommes sont mieux entrainés que les miens, tu finiras submergé. Réglons plutôt ça entre gentlemen, qu’en penses-tu ? Et rends-moi ma puce.

                Conquête me dévisage. Du moins je suppose, parce que sous son casque de gladiateur, je ne vois pas ses yeux. Il regarde un de ses hommes et opine du chef. Un peloton entier de ses hommes se divise pour ouvrir un passage, et celui que Conquête a regardé vient se placer à l’arrière du cheval pour récupérer quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Ma puce. La rage m’envahit, mais je la vois le saisir délicatement, alors que la voix de conquête résonne.

— Elle va bien. Elle a été traité en princesse. Je sais ce que c’est, d’avoir des enfants.

                Cette voix me parle, dans tous les sens du terme.

— Merci. On fait comment alors ?

— Viens.

                Je regarde mes troupes et pointe ma famille.

— Ces gens et la petite fille qui arrivent sont plus important que moi. Vous les protégerez au péril de vos vies, ai-je été clair ?

                De nombreux grognements gutturaux me parviennent, que je choisis de prendre pour un oui. J’ajoute.

— Cette femme vous commande jusqu’à mon retour.

                Je descends d’Arsenal et m’avance, droit, fier et sans armes au milieu des hommes de Conquête, avant de gravir la colline d’où il m’observe pour lui faire face.

— Je veux que tu saches que ce n’est pas contre toi. Mais Elle a attaqué ma famille, alors pour La vaincre, il me faut tes pouvoir.

— Ce n’est pas contre toi… Tu m’as déjà dit ce baratin… Et j’ai été assez bête pour y croire.

                Non… Ce serait un vilain coup du sort…

— Enlèves ton casque s’il te plaît…

                Un long sourire carnassier se dessine sur son visage alors qu’il en détache la jugulaire pour l’enlever, et je dois retenir un cri de surprise.

— Tu ne t’attendais pas à ça, hein ?

                Christophe…

— Ton silence est éloquent… Regardes.

                Il tire sur son col et me montre la cicatrice de sa gorge. Là où ma lame a tranché la chair.

— Mais… Pourquoi ? Je croyais que tu avais compris…

— Il me restait trois vie. Est-ce que tu sais ce qu’Elle fait quand une dette n’est pas acquittée ?

                Je pense à ma mère, mon père, mon frère et ma sœur… Oh, quel malheur… Si j’avais un marteau, je chopperais Cette salope pour lui éclater la tête le jour, la nuit, chaque jour, et ça serait le bonheur…

— Tu as accepté pour ne pas les voir mourir…

                Je baisse les yeux, je me sens tellement coupable…

— Oui. Et c’est aussi pour ça que je ne peux pas te laisser prendre simplement mes pouvoirs.

                Je me redresse, déterminé.

— Mais si je La bats, tu seras acquitté de ta dette !

— Si tu me bats. Je ne peux pas faire comme Pestilence et te demander de m’exécuter. Et si tu ne me bats pas moi, comment espères-tu La vaincre Elle ?

                Je comprends… Il n’a pas vraiment le choix… Il doit la trahir sans en donner l’impression, et s’assurer que je peux mener ma mission à terme…

— Alors on va devoir s’entretuer ? Encore ?

                Descendant lentement de son arme, Christophe me regarde avec un visage mauvais, mais ses yeux pleurent.

— Oui mon ami. Je crois que oui…

— Je peux te demander un service alors ?

— Dis toujours.

— Si je perds, renvoies ma famille chez moi.

— Oui. Si tu gagnes. Que tu gagnes tout, refais de moi Conquête. Je verrais ma famille vivre, même si je ne peux plus interagir.

                J’opine du chef.

— Tu as ma parole de Prêtre de la Mort.

— Et la mienne aussi. Maintenant, place à la danse folklorique.

                Il bande son arc où se matérialise un projectile et tire. J’ai à peine le temps de former les boucliers qu’une flèche de baliste me percute et m’expédie aux pieds de la colline. Putain, je veux le même arc !

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