Fred-4 (version 0.6)

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Vendredi matin.

Je décide de ne pas aller à l’école car tout simplement, je n’ai pas envie. Il me suffira d’imiter une signature de mes vieux sur un mot d’excuse bidon, ça passe toujours sans problème, pas de raison que cela change maintenant.

Le truc avec les fausses signatures, c’est de veiller à ne pas être absent tous les jours ou pendant de longues périodes, mais de choisir quelques dates de-ci, de-là, comme des congés qu’on poserait en entreprise. Allongé dans mon lit bien au chaud, rien ne vient déranger ma quiétude, jusqu’aux alentours de 11 heures quand je reçois un message d’Aline.

« Salut, t’es réveillé ? »

« Non » répondis-je pour rire.

« ?!? »

« J’avais juste pas envie d’aller à l’école aujourd’hui »

« Euh… OK… et tu vas à la soirée ce soir ? »

« Oui. On se donne rendez-vous là-bas si tu veux »

Elle met un peu de temps à répondre. Et je devine pourquoi, pauvre Aline.

« Lalye m’a demandé de ne pas y aller. Elle a dit que cette soirée ne m’irait pas, tant de richesses, je serais mal à l’aise… »

Le message me fait rire. Lalye ne changera jamais, pensai-je. Dommage qu’Aline joue son jeu.

« Ça me dit pas si tu viens ou pas ? »

« Tu m’as lu ?!? Elle ne veut pas. »

« Je t’ai lu. Tu viens ou pas ? »

Silence. 

« Je ne sais pas, tu y vas quand ? »

Je regarde ma montre, il est 11 heures. Je ne bougerai pas de mon lit avant 17 heures. Le temps de prendre une douche, de manger et d’aller chercher de quoi fumer dans ma cachette. J’irais bien au parc avant pour me mettre à l’aise avec quelques potes clodos ; et donc cela ferait… disons… 21 heures ou 22 heures sur place.

« 22 heures, cela te va ? »

« Oki, mais ne m’abandonne pas. »

Je réfléchis trente secondes à quoi lui répondre.

« T’inquiète, je ne suis pas Max ! »

Au bas de ma rue, il existe un petit parc dans un triangle formé par trois artères. Rien de bien exaltant, il y a probablement plus de rats qui y habitent que de gens qui y passent, mais de chaque côté du chemin qui le traverse, les bancs sont pris d’assaut par des clochards fumeurs de joints. À force de fréquenter l’endroit, je commence à les connaitre et aujourd’hui, seul Josh est là.

Josh a perdu son job il y a de cela quelques années. Et depuis, il traine de rue en rue non loin d’ici car incapable de se réintégrer. Il louait un petit appartement il n’y a encore pas si longtemps, mais l’argent ne rentrant pas, il a été mis à la porte. Pourtant, il arrive toujours à se procurer de quoi fumer.

« Salut Josh !

— Mmmm… Ow, Fred. Quel bon vent t’amène ?

— Rien de spécial. J’ai un rencard après et je voulais me mettre bien. Tu veux partager un joint avec moi ?

— Si c’est offert, je ne dis jamais non. »

Il se redresse pour me laisser une place que j’occupe prestement. Je sors une trousse de lunettes qui contient, non pas des lunettes (jamais eu besoin), mais une bonne dizaine de pétards roulés. J’en propose à Josh qui se sert… deux fois.

« Pour quand tu seras parti », me dit-il. Avec un sourire, j’acquiesce et allume le tout avec mon briquet.

Quand je viens ici pour fumer, il est rare qu’on parle. Non, on préfère regarder le ciel et écouter les sirènes de voitures de police qui, heureusement pour nous, ont autre chose à faire qu’à venir s’occuper de deux pauvres types sur un banc simplement pour un joint. Ce soir, cela sonne beaucoup d’ailleurs.

« Les flics sont occupés, à ce que j’entends, remarqué-je. 

— Oui, ça arrive », me répond-il en prenant une bonne bouffée.

Silence.

Mon GSM vibre, un message d’Aline.

« T’es où ? »

Je regarde l’heure. Il est déjà 21 heures 30. C’est fou comme le temps passe vite un joint entre les lèvres. Je dis au revoir à Josh, réponds à Aline que j’arrive et me mets en route.

À 22 heures 20, le bus me dépose chez les riches. La maison de Lalye se reconnait facilement, c’est la seule où les lumières doivent être visibles depuis l’espace. Elle a mis le paquet, à ce que je vois.

Du bus rempli, il ne repartira qu’une carcasse vide. Lalye a probablement invité aussi les écoles des alentours, et en marchant sur le trottoir, il ne me faut pas longtemps pour apercevoir un visage connu, celui d’Aline. Elle se cache derrière un arbre de peur de rentrer. Comme si…

« Salut », lui dis-je. 

Surprise, elle sursaute.

« T’en as mis du temps !

— J’avais un truc. On y va ?

— T’es sûr ?

— Allez, viens. Quelque chose me dit que cela va être marrant. »

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