Du maïs et quelques outils

2 minutes de lecture

Dans le bus, une vieille femme et un homme. Son fils ? Mais il l'appelle 'Colette'. Ils se rendent à l'hôpital. Pour lui ? pour elle ?

Lui : il a le teint pâle et se tient les côtes en dessous du coeur.

Elle : parle avec hésitation, choisissant ses mots comme si - déjà - ils commençaient à lui échapper. Pour lui ou pour elle ? On ne saura pas.

Ils sont vêtus comme des qui viendraient pour une fois à la ville, vêtements solides, pratiques, un peu rustiques, et soigneusement démodés pour la femme coiffée d'un bonnet de laine.

« Tu as pensé à racheter du maïs ?

- Oui, je t'en ai pris, il manquait autre chose ?

- Non, je crois que c'est tout, j'espère que ce sera suffisant. Après, pour le pain, maintenant, quand ils en demandent ce n'est plus à l'unité. Il en faut directement par dix ou par vingt.

- Il ne fallait pas autre chose ?

- Non, je crois que c'est bon. Pour le blé, j'ai fait de la place dans la grange.

- Ah oui, c'est vrai, la grange.

- J'ai retiré quelques outils, et puis des planches, par dix, par vingt. Ça n'a l'air de rien, mais ca prend de la place de garder ces trucs là. »

Lui a l'air un peu ennuyé que des outils aient disparu, mais pas tant que ca. Quelle est cette grange sous leur responsabilité commune ? Adossée à quel pavillon de banlieue, reliquat de quelle vie paysanne ?

Elle : « - Non, il n'a l'air de rien ce jeu, mais il fait réfléchir. C'est bien pour moi, ca me fait travailler les méninges - enfin, le méninge qui me reste. »

Et voilà l'autre qui va s'animer, parler d'anciennes polémiques sur les jeux vidéos qui rendent idiots alors que des études ont montré qu'au contraire les joueurs étaient plus actifs et que même dans certains pays on les recherchait pour cela. Et il embraye sur les lunettes de réalité virtuelle et ce qu'elles vont apporter, mais il faudrait les réserver pour la médecine, pas pour le commerce. Parce que ca distrait les programmeurs pour rien et que ca leur fait perdre du temps pour développer des bons jeux vidéos.

Et la femme ne dit plus rien.

Diatribe de paysan sans terre.

Annotations

Vous aimez lire Guillaume Roussard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0