Au bord du chemin

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 « Etonnant de me voir, n'est-ce pas ? C'est normal, à ta place je serais dans ce même état de panique. Pourtant il ne faut pas me craindre. »

Commença à dire l'étrange silhouette qui était apparu à quelque mètres de Armand.

Il s'était aventure seul dans la forêt pour avoir le temps et l'espace de réfléchir. Il devait prendre des décisions importantes pour lui et l'improbable avenir de la Terre d'E. Enfin, peut-être. Il avait marché quelques minutes dans un sentier de bûcherons, seul, à la dernière clarté du jour offert par le Soleil couchant.

La forêt avait cette force d'arriver à l'apaiser. Était-ce la forêt elle-même ou bien ce qu'il s'y trouvait ? C'était une bonne question à se poser. Et il avait dérivé dans les réponses à en perdre l'obscurité de sa situation qui l'avait mené jusqu'ici. Y revenant tout de même à un moment, il s'était arrêté de marché. Il avait repéré un genre de rocher vert de mousse qui dépassait sur le bord du chemin et il s'y était assis. La marche aide à philosopher disent les anciens, Armand ne devait pas philosopher ce soir mais penser. Et cette position assise inconfortablement sur un rocher en pleine forêt serait le temps et l'espace qu'il fallait pour cela.

Mais un instant a suffi pour qu'une étrange silhouette apparue à quelques mètres devant lui, qu'il s'avance en poussant un bosquet et qu'il se mette à parler.

« Bonjour. Si je devais craindre de vous pour ma vie, je suppose que jamais je n'aurais eu le temps de voir votre visage.

- C'est en effet une grande possibilité. Parlons un instant si tu le veux bien.

- Je me nomme Armand, prince de l'Empire, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

- Tu es exactement la personne que je cherche. »

C'était inhabituel pour un "prince de l'Empire" qu'il n'était pas vraiment, c'est juste pour s'imposer plus qu'il n'en faut, d'être tutoyé de la sorte par un inconnu, mais au fond de lui, Armand a toujours apprécié cette proximité avec les gens que la distance rigide d'un bon vouvoiement de cours.

« Je cherche quelqu'un pour m'accompagner dans un voyage. Un grand voyage.

- Je suis toujours ouvert au voyage, mais cela tombe vraiment mal en ce mom..

- Je sais, je sais, tes devoirs militaires, ton mariage qui arrive, je sais que tu ne défiles pas mais qu'il y a des forces supérieures qui t'en empêchent.

- Vous savez beaucoup de choses.

- Et tu as beaucoup d'ignorances sur lesquelles ce voyage fait avec moi apportera une connaissance unique et exceptionnelle.

- Qui êtes-vous et que voulez-vous ?

- Aaah, ces questions d'un tel classicisme ont tardé à venir, beaucoup les auraient posés avant même avoir souhaité un bon jour.

- Ce qui ne répond à aucune de mes interrogations présentes.

- Accompagne-moi et tu sauras tout. »

L'échange avait parcouru plusieurs fils d'émotions pour Armand, d'abord la curiosité, après une peur originelle, puis une ironie intérieure sur la situation pour enfin terminer sur une colère d'incompréhension. L'inconnu devant lui ne se dévoilait aucunement. Son visage moitié caché par une capuche verte, des vêtements de voyage dont on pouvait voir une poussière... non, du sable fin, en pleine forêt, et la main d'invitation qu'il tendait vers Armand montrait une certaine vieillesse des âges, était d'un mystère qui n'avait rien d'envoûtant, juste bizarre.

Aussi la réponse de Armand, même après s'être donné une seconde de réflexion était crue et claire :

« Non »

Alors la main tendue alla sur le visage de l'inconnu qui se gratta le menton.

« Voilà qui est bien embêtant. Hum... »

Une autre seconde passa sans que rien ne se fasse plus. Plus un geste, plus un mot.

 « Peut-être que dans une autre situation... »

Dit l'inconnu et l'instant d'après la fin de son dernier mot, Armand se sentit attiré par le sol. Il crut chuter sans pourtant bouger. Et lorsque la peur, l'instant d'un battement de coeur, le fit fermer les yeux, il les rouvrit pour se retrouver debout, dans un bosquet et devant lui, au milieu des bois, un vieillard était assis sur un rocher la tête posée entre ses mains, les coudes sur les cuisses.

« Qu'est-ce qu..

- Ah, bonjour.

- Mais ?! Expliquez-moi cette illusion !

- Une illusion ? Non, pas d'illusion, je suis un vieillard assis sur le bord du chemin et j'aurai besoin de l'aide d'un vaillant homme tel que vous. »

Le temps qu'il parle, Armand était sorti du bosquet et se retrouvait face au vieil homme comme lui-même fut debout face à Armand assis l'instant d'avant. Un étrange lien se fit dans ses pensées...

« Si je vous aide avec votre voyage... vous m'aiderez en retour ?"

Qui fit sursauter le vieil homme qui se leva ensuite.

"Oui ! Bien sûr, cela va de soi.

- D'accord, soupira Armand, parlez-moi de votre voyage.

- Venez avec moi.

- Je vous suis. »

Et dès qu'Armand termina sa phrase, dans le mouvement de sa jambe droite qu'il avait déjà lancé dans le mouvement de la marche, il se retrouva et posa le pieds sur un sol tout à fait différent que le revêtement d'herbe de sa forêt d'enfance.

 Tout était blanc, tout, tout autour de lui, était blanc. Il marchait sur un sol blanc et s’il y avait des murs autour de lui, comme dans une pièce, il ne pouvait les voir dans tout ce blanc sans aucunes fioritures. Pour autant, le blanc n’était pas synonyme de vide, Armand sentait le sol sous ses pieds et il ressentait également la présence de murs autour de lui, et l’air passait autour de ses oreilles, tout comme s’il était dans une pièce d’une maison. Puis arriva devant lui le vieil homme, il apparut d’un coup comme sorti du blanc jusqu’aux couleurs de son corps et de ses vêtements dont le vert omniprésent était en vrai relief sur le fond blanc.

« Te voici au Ciel. Non pas que tu sois mort, rassures-toi. Ce Ciel que tu as tant prié, et ces Gardiens de l’Equilibre que tu as tant invoqué dans ta vie, en étant le dernier à y croire… eh bien voici. »

Fit-il en écartant les bras et en faisant un tour sur lui-même, devant Armand, comme pour inviter à contempler, mais quoi ?

« Je suis un Gardien de l’Equilibre et tu peux m’appeler Œ. L’ancienne contraction des lettres saintes… ça par contre tout le monde l’a oublié. »

Dit-il sur un ton feintant l’amusement sur une mélancolie profonde.

« Qu’est-ce q..

- Tu l’apprendras dans peu de temps. Je tenais à te montrer cette pièce le temps d’une transition. Allons maintenant rejoindre les autres. Il suf.

- Les autres ?

- Oui, on va être un petit groupe pour ce voyage. On va les rejoindre, il suf..

- Les autres Gardiens ?

- Non, les autres comme toi, volontaires et bien disposés. Il suffit pour nous d..

- Je ne suis pas le premier ?

- Heum… Oui et non en même temps. Ils sont chacune et chacun dans leur pièce blanche à me parler comme tu le fais là. Maintenant passons cett..

- J’ai une question.

- A laquelle j’espère avoir la réponse. Je t’écoute.

- Non c’est bon, je la poserai après avoir passé la…

- La porte, oui ! On y arrive. »

Armand venait de figer sur son visage un sourire d’amusement qui lui feintait une tentative réussie de prouver qu’il comptait à ce Gardien et pas qu’il était qu’une simple personne parmi les « autres ». Sa répartie m’intrigue souvent, comment dans cette situation aussi retournant, où il découvre le Ciel, les Gardiens de l’Equilibre et tout cela, la lucidité de l’esprit ? Je l’ignore.

 Le Gardien de l’Equilibre se retourna pour ouvrir une porte dont rien de visible n’aurait pu indiquer qu’elle était là depuis le début. De l’autre côté de la porte il y avait une toute autre ambiance, pour ce qu’Armand y voit dans l’encadrement, c’était un univers de steppes tempérées où il y avait des plaines à pertes de vue ou bien des forêts. Au lieu une montagne, seule.

« C’est par ici. »

Fit Œ en se mettant sur le côté. Et Armand franchit la porte pour poser les pieds sur la steppe. A l’instant où cela fut fait, ce qui se trouvait derrière lui disparu pour laisser la place au reste des steppes, tout autour de lui. Cependant, à sa droite se trouvait une personne et à sa gauche une autre et ils semblaient autant perdu que lui, voire ils semblaient avoir vécu la même chose que lui.

A sa droite, l’homme qui était là était fin et grand, portait des vêtements souples et légers qui semblaient avoir été fait en partie dans la matière des arbres… étaient-ce des écorces de bois qui lui servaient de bottes renforcées ? A sa gauche, il y avait l’exact contraire si l’on puisse dire cela, un petit homme robuste parce que tout était concentré, sous une armure de résistante matière de fer ou de pierre mais finement ouvragée et travaillée.

Devant eux, à une trentaine de mètre, le Gardien de l’Equilibre était en pleine discussion avec une femme montée sur un loup gigantesque. Celui-ci venait de croiser le regard de Armand et s’en pourléchait les babines. Le geste attira la curiosité de Œ qui se retourna pour accueillir les nouveaux arrivants.

« Pas touche à eux Esla, ce sont des amis. »

Et puis auxdits « amis », il adressa :

« Bonjour, bonjour, mes compagnons de voyage ! Bonjour et bienvenue dans les Steppes. »

 « Que votre jour soit bon, Œ, les âges n’ont décidément pas prise sur vous. »

Fit l’être svelte à la droite d’Armand sur un ton qui reflétait ou bien un cérémoniel pas vraiment de situation ou un respect que l’homme de l’Empire n’avait plus vu depuis longtemps. Et en même temps, tout était bizarre, pourquoi saluer le Gardien alors que l’on vient juste de le quitter ? Armand s’interrogeait sur cela lorsque la personne sur sa gauche fit écho.

« Mes respects Gardien de l’Equilibre. Vous avez appelé, et je suis arrivé. »

Puis Armand nota, tandis que Œ se rapprochait avec le loup et sa cavalière sur les talons. Il n’était pas exactement celui qu’il avait rencontré. Il avait certes les mêmes habits, mais son visage avait changé. Les traits paraissaient plus tirés, la peau faisait plus âgée et les yeux semblaient visuellement perdu en capacité.

« Lam, seigneur Elfe, Dhor, maître Nain et Ulla, Cheffe Orque, je vous présente Armand, Prince héritier Humain »

Fit le Gardien en concentrant les regards sur celui-ci, Armand qui fit un pas en avant.

« Bonjour, faisons simple, nous aurons tout le temps de se présenter durant le voyage. Que signifie tout cela ?

- Voyez le pragmatisme humain, répliqua le Gardien. Et je répondrai à cela pour faire avancer notre quête et le voyage : nous allons prendre la route dès à présent en direction de l’Ouest. Nous devons pister un ennemi commun et savoir où il se cache. Après quoi, vous retournez chacun en vos demeures et annoncerez que le temps de l’union est venu et qu’il faut défendre la Terre d’E ensemble. »

Tandis qu’il parlait, Ulla, l’Orque, descendit de sa monture et la renvoya après lui avoir gratté le museau et transmis quelques mots à ses oreilles seules.

Voir le loup géant bondir en arrière et partir à toute allure pour disparaître derrière les arbres et les rochers, fut l’image supplémentaire qui fit faire un lien dans l’esprit de Armand. Et c’est hésitant qu’il demanda quelques informations supplémentaires :

« Cela… ne m’indique guère pourquoi je suis entouré d’Orque, de Nain et d’Elfe que tout le monde chez moi pense disparue à tout jamais… et les Steppes que nous foulons, et cette montagne solitaire au loin, sont-ce là les terres de l’Ouest ? »

Qui fit rire le Nain et siffler d’une admiration hautaine l’Elfe pendant que l’Orque regardait au loin ladite montagne avec un air sinistre. Le Gardien mit à terme à cela en invitant le groupe à enclencher la marche et ce en direction de la montagne.

Il fallait pour cela emprunter un sentier à qui descendait du promontoire sur lequel ils se trouvaient. Puis les Steppes étaient constituées en grande partie de plaines, comme une plaine infinie où de furtives végétations couvraient les minces collines irrégulières qui se trouvaient entre le groupe et la montagne au loin, à l’Ouest. Des forêts et des bois de petites ou grandes tailles parsemaient légèrement le paysage, ils étaient en grande majorité au Nord et au Sud, le groupe n’en verrai probablement jamais un de près. En observant la position de l’Astre dans le Ciel, Armand pensa qu’il était le matin d’une nouvelle journée.

 « Je répondrais à cette interrogation en disant que les informations des Humains sur leur monde ont quelques limites. Mais tout est relatif en vérité. Pour les Hommes, il vaut sûrement mieux qu’ils ne sachent pas que les Nains, les Elfes et les Orques existent encore et que jamais ils n’ont été menacés de disparition. Ils se sont éclipsé des zones où se trouvent les Hommes puisque deux races majeures ne peuvent cohabiter à bon escient au même endroit, le passé nous l’a enseigné. Mais je vais m’arrêter là pour l’Histoire, nous auront l’occasion d’y revenir plus tard. Envisageons une seconde l’avenir parce qu’il m’est apparu urgent que les Humains soient de nouveau au courant du monde dans lequel ils vivent et de la menace qui pèse une nouvelle fois sur lui, et par voie de conséquence, sur eux.

- Quelle est-elle cette menace ? demanda Dhor, si c’est pour parler des Bêtes de l’Enfer, vous savez bien que la lutte a repris depuis des décennies dans les profondeurs. La Légion s’est même aventuré à explorer des zones que nous avions perdu des siècles pré..

- Je sais, je sais cela, tout comme je connais les visions prophétiques du Roi des Elfes, je vous vois remuer Lam, attendant votre tour. Comment, par ailleurs, va votre sœur Mali ?

- Merci, ô Œ, elle va mieux et cela grâce à votre aide.

- Elle a été blessé par une bête dont vous ne savez rien et encore moins la nature de son poison et le remède à faire ; c’était tout naturel que j’intervienne.

- Pardonnez-moi… les Bêtes de l’Enfer ? Comment dans les légendes ? »

Posa hésitant Armand qui se prit de nouveau quelques retours négatifs de la part du Nain et de l’Elfe tandis que l’Orque était devant en ne montrant aucun intérêt à la discussion présente.

« Les légendes sont des textes et des histoires narrés qui ont été créés sur le vif, donc oui, ce sont d’eux que nous parlons. Bien que l’apparition de la sixième Porte est assez récent que la mise à mort des fils d’Œ par le Clan des Loups ensanglante encore les querelles Orques, vous êtes bien le dernier des Hommes à avoir une once d’appréhension de la menace. »

Un sombre grognement commençait à se faire entendre par devant le groupe. Quand Armand s’en inquiéta, d’autant plus qu’il lui semblait que personne ne s’en préoccupait, le Gardien se mit à rire.

« Voilà le son de désapprobation de notre amie Ulla. Le Clan des Loups lui ayant coupé la langue, elle ne pourra discuter comme tout le monde. Mais je sais qu’elle est attentive et c’en est la preuve.

- Vous voulez dire que les gens de Œ qui ont été condamné à l’exil dans les Steppes… par les Humains… »

Se sentait obliger d’ajouter Armand.

« Se sont fait attraper par une compagnie de chevaucheurs Orques et tous mis à mort, sans coup férir, oui ? »

Expliqua sans aucun sentiment perceptible le Gardien.

 Soudain, l’Orque fit un geste si rapide devant le groupe que Armand ne compris pas ce qu’il se passa avant deux secondes, le temps suffisant de tous les événements suivant : - un loup (bien plus petit que celui de Ulla mais tout de même plus gros que ceux qu’Armand connait) sortit de derrière un monticule de terre et Ulla lui lança une des petites haches qu’elle avait à sa ceinture pile dans sa gueule et il s’effondra – une dizaine des compères du loup apparurent autour du groupe – 4 furent abattu directement par une salve de flèche de l’arc de l’elfe – 2 eurent le même sort que le tout premier, l’un par une seconde hachette de l’Orque, l’autre par une des hachettes du Nain – et quant au reste, ils tombèrent inanimés au sol d’une façon inexpliquée.

 « Eh bien ! On s’améliore en réactivité, je vois. »

Exprima rapidement le Gardien.

« J’aurai préféré tous les endormir que les tuer, ils n’ont p.

- Ils voulaient nous croquer, oui, alors arrêtons les palabres inutiles. »

Réparties du Nain qui reçu un grondement semblable à une approbation de l’Orque tandis qu’elle allait ramasser ses armes. D’insupportables sons d’ossements que l’on déchire précédèrent les extractions.

« Reprenons la route si vous le voulez bien.

- Oui, et expliquez moi d’où viennent ces réflexes. J’ai à peine vu les loups et juste la seconde d’une respiration et d’un battement de cœur qu’ils étaient déjà tous occis.

- C’est la loi de la nature ; tuer ou être tuer. Elle forge nos aptitudes, répondit le Nain.

- Sans être particulièrement guerrier en nos peuples, nous avons des réflexes de survie que les Humains ont sensiblement perdu.

- Je ne dirai pas perdu, commença le Gardien après l’Elfe, tandis que la marche reprit, les Humains ont acquis avec le temps une logique d’existence en sa société différentes des autres races majeures. Tandis que les Orques exercent une logique de vie en clan dans les Steppes hostiles et dangereuses qui leur va très bien, où seuls les plus fort et les plus en adéquation avec la vie dans les Steppes survivent. Ou bien les Nains qui vivent sous terre en mettant de côté l’apport en énergie physique et mentale de la lumière du Soleil en mangeant une source d’énergie de la Terre au travers de ces petites pierres nommées en langue naine zira, ils ignorent cependant que le zira augmente nettement la vitesse de transmission de l’information dans leur organisme. Qu’ils soient de plus de petite taille fait que cette légère augmentation tient d’une grande augmentation comparée à un organise de la taille d’un Humain ou d’un Orque. Enfin les Elfes, la grande Forêt du Nord a ses menaces visibles, invisibles et bien au-delà de ça. Malgré tout ils aiment leurs arbres et leurs bois, ils ont donc appris à aimer même ce qui les tue en cherchant au fil du temps à se prémunir contre toutes ses agressions. Et beaucoup de temps à passé depuis le premier Elfe.

- La logique des hom.. des Humains seraient d’avoir pacifié ses terres et repoussé les menaces immédiates aux frontières, pouvant ainsi donner qu’à certains de ses membres les facultés de combat en laissant vivre en paix le reste de la population. Proposa Armand en hésitant à plusieurs reprises sur les termes à employer.

- En quelque sorte oui, c’est tout du moins l’idéal de l’existence humaine. Il ne s’est pas vu beaucoup malgré cela.

- Puisque les Humains se font la guerre entre eux. »

Un silence a suivi cette affirmation lancée par le Nain.

« Voilà. Et au contraire des conflits des Clans Orques qui servent à sélectionner les meilleurs d’entre eux, les Humains se font la guerre pour… hum… laissa en suspends le Gardien, le temps que Armand comprenne ce qui venait d’être décrit.

- pour rien.

- Bah, allez, disons pour savoir qui gouverne, qui maitrise les foules et les populations… mais globalement oui, ce n’est pour rien de bien complet, ou qui va au-delà de préoccupation personnelle et égoïste. »


 Quelques pas de cette longue marche se firent en silence après ces derniers mots, lorsque Armand reprit la parole.

« Egoïste, oui, on l’est. Pourtant faire la guerre pour nos affaires sert tout de même à quelque chose. En partie sans le faire exprès pour cela, les Humains se font la guerre sans cesse et agissent par empirisme. Chaque combat est différent du précédent, une nouvelle tactique est employée, ou bien une nouvelle arme. On fait évoluer la guerre en prenant pour base les réussites et les échecs passés. En quelque sorte, notre société évolue socialement et technologiquement en suivant ce processus voulut de toujours faire plus, plus grand, plus fort, plus puissant. Les guerres incessantes que l’on se fait entre nous démontrent que rien ni personne n’est le plus fort ou le plus à même de gouverner à tout jamais. Il y a et aura toujours plus fort, plus puissant… meilleur. On est égoïste, oui, et idiot probablement, mais c’est bien pour cela que l’on est encore là. A tenter d’être meilleur que son voisin, on atteint des sommets dans l’art de vivre mieux, d’être meilleur. »

Qui laissa un instant de silence aussi long que le précédent mais dans une ambiance différente, mêlant des ondes bien plus intéressantes, de gloire, de positivisme et d’idéal.

« Voilà qui est bien parlé et bien défendu. Sans que cela n’enlève les rancœurs que les autres races majeures ont contre eux, surtout leur facilité à oublier de respecter le monde dans lequel ils vivent, mais c’est bien défendu. Chaque race vit dans une logique d’existence bien différente, elle est ancrée dans les gênes, elle est millénaire et rien ne pourra la déstabiliser.

- Sauf peut-être contre qui nous marchons ce jour, ajouta l’Elfe.

- Voilà. J’ai l’habitude de ne jamais l’impliquer dans ces « tout » que l’on donne derrière les termes « rien », « jamais personne », « quiconque », puisqu’il est différent de cela. Il n’appartient pas à ce monde pour résumer. »

Un profond grognement de l’Orque monta devant le groupe.

« Exactement. C’est en ce sens que l’on va éviter qu’il ne vienne. »


 Le chemin devenait difficile durant l’heure qui suivit, restes probablement de mouvements de terrain, les Steppes de l’Ouest connaissent des irrégularités de terrain récurent. Des plaines plus vallonnées que d’autre, plus arides que d’autres, moins vertes, plus rocailleuses, et c’est ce que le groupe traversait, des rochers dangereusement instables, des collines à pic et un air cruellement asséché. Et cela vient sans prévenir, sans que la raison de la différence de climat soit évidente, et cela part sans prévenir également.

Alors un instant, l’instant d’une heure, le groupe économisa son énergie et les échanges se limitèrent au minimum. La montagne solitaire se rapprochait mais elle était encore lointaine. Sa taille monumentale dessinait de plus en plus l’unique silhouette d’horizon à l’Ouest.


 « Je me souviens avoir lu que vous étiez plusieurs Gardiens de l’Equilibre et Œ était le nom d’une Gardienne lors du temps de l’Elu. »

Commença Armand alors qu’il était à hauteur du Gardien et de nouveau en train de marcher dans des conditions sereines.

« Oui nous sommes.. étions plusieurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, je suis seul.. le dernier.

- Est-ce que je peux demander ce qui est arrivé aux autres ? se risqua avec douceur Armand.

- Oh oui, la question se pose ! Quant à la réponse… c’est une question d’humilité je pense. Et un peu comme pour les Humains qui trouvent toujours meilleur que soi bien malgré tous les efforts fournis… je crois qu’ainsi est l’existence, toute chose à une fin. »

Telle fut sa réponse avec un long soupir et un regard partit l’espace d’une seconde dans le vide. Armand ne voulait pas forcer la discussion plus en avant, malgré toutes les interrogations qui surgissaient à lui à présent.

« Alors ne parlons pas de la fin, mais du début ! »

Lança le Nain d’un coup, inattendue. Et son idée avait du bon.

« Oui, le début, voilà bien un mystère que peut-être vous connaissez, vous. Que s’est-il passé en Terre d’E avant l’arrivée de nos ancêtres des races majeures ? » Renchérit l’Elfe.

Le Gardien de l’Equilibre redressa ses épaules à cet échange, comme prit par un engouement renaissant. Puis il se passe une main sur le menton, grattant les rides et ses joues vallonées.

« J’ignore si je peux répondre à toute votre curiosité… mais je peux vous raconter ce que j’ai vécu en ces premières… époques. »

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