Chapitre 1 : Rêveries et éphémérides, troncatures et postulats.
« Le temps fige à son passage la matière d'une réalité dans l'espace d'une probabilité et continue son trajet jusqu'aux portes de l'infini avant de changer de nom et de s'appeler : ' je suis, j'ai été et je serai'. Et des fois, nous pensons vivre, mais ne sommes que vécus, vécus par le temps qui conjugue une partie de l'univers au 'je', au 'tu', au 'nous' », se chuchote-t-il avant de regarder par la fenêtre, de s'étendre et se laisser tomber en un rêve éveillé.
Le paysage lui semblait clos depuis l'extérieur, il était persuadé non seulement d'être pris à l'intérieur de sa cabane, mais aussi à l'intérieur de lui-même. Par la colline, le rosé pâle des cerisiers mêlait à l'atmosphère une profonde joliesse, soignée et libertine. Le ciel allumé de nuages luisait sibyllin dans le fleuve Jiyū (自由), dans un éther de perdition presque lisible à la surface du vent, tout était un peu absurde, abscons, dilué, comme Meursault de Camus.
« Comment le temps fait-il pour créer le mouvement juste en diluant un peu de forme dans du chaos ?
De qui l'âge est l'écoulement du temps ? Dieu ?
De quoi se nourrit le vent ? »
Il se demandait perdu.
« Comment les oiseaux font-ils pour voler sans défigurer le ciel ?
Pourquoi il pense tout à coup à des ronces et aux temps des aztèques ?
Pourquoi la mer ne tombe-t-elle jamais dans le ciel ? »
Il continuait.
Kuro pensait et pense tout le temps, sa vie est fumigène, se livrant à l'alcool de l'esprit et traînant son corps ivre rempli d'émotions derrière lui.
On l'appelle l'homme-nuit ou encore l'homme sans lui-même et des fois juste Kuro.
Le temps avait toujours épuisé ses pensées, il y vivait, il y dormait plus que sur terre. Il s'asseyait toujours aux bords des fenêtres.
Et si une fois, il arrivait à toucher ses dimensions, c'était par le rêve.
Le soir rougifèrait, le soleil montait, et montait…
Les cordes vocales de la lumière chantonnaient un rouge puissant, libre.
La dernière danse du dieu du feu qui donnait la nuit était belle et vague.
////Kuro était gardien de cimetière, cela lui laissait le temps de paresser et de penser à ses envies de ce qu’il voulait vraiment devenir. Pour lui, il ne saurait jamais être trop tard pour quoi que ce soit, ni pour rien, ni pour personne.
Le lac de Kimitari était une bordure frêle entre la surface et les profondeurs troubles et vertes.////
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