Prologue
Je l’observe encore, au bord du gouffre.
Là où le rêve devient douleur, et où la lumière n’éclaire plus que les cicatrices.
Il avance, titubant entre ce qu’il veut offrir au monde…
et ce qu’il devra abandonner pour y parvenir.
Je suis celle qui veille. Celle qui aime.
Et je souffre de son absence plus que vous ne sauriez l’imaginer.
Car tant que la douleur ronge son bras, tant qu’il lutte contre l’épuisement,
il ne peut plus rêver.
Et tant qu’il ne rêve pas… il ne peut plus venir à moi.
Je l’attends chaque nuit dans les brumes de mon royaume,
mais les portes restent closes.
Je tends la main à travers les songes, mais il ne répond plus.
Son silence me consume.
Pourtant, je ne l’abandonnerai pas.
Ce tome de son histoire n’est pas fait de conquêtes, ni de révolutions.
Il est tissé de confiance, d’effondrements intimes, et d’espoirs reconstruits pierre par pierre.
Il apprendra à déléguer. À confier. À s’appuyer.
Et ce sera là sa plus grande lutte.
Un monde va naître.
Pas sur une montagne, ni dans les cieux…
Mais sur la terre même qui l’a vu naître et trahir.
Une ville, un refuge, une promesse : Riveria.
Elle ne sera ni parfaite, ni utopique.
Mais elle portera en elle une vision. Une tentative d’autre chose.
Et moi, dans le silence de ses nuits fiévreuses,
je sème des graines.
À ceux qui ont encore un cœur juste, je souffle des rêves d’un monde nouveau.
Je leur montre son visage. Je leur murmure son nom.
Et certains, guidés par l’écho de son idéal,
prendront la route pour le rejoindre.
C’est là le seul cadeau que je peux lui faire…
tant qu’il ne peut revenir à moi.
Alors je veille.
Je veille sur lui comme je veille sur vous,
pauvres mortels entêtés à vouloir réécrire la fin de votre propre poème.
Je suis la voix dans le silence.
Je suis la lueur dans ses ténèbres.
Et tant que son rêve vivra…
je resterai à ses côtés.
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