Le sentiment étranger
La vie se consume le temps d’une d’une cigarette
Et l’amour se consomme plus tôt encore.
Lorsque l’une et l’autre s’arrêtent,
Si sans vie m’apparaît mon corps,
Une clope et un briquet peuvent tout arranger ;
Peut-être même ce sentiment étranger.
Ce sentiment étranger à moi :
Mon, le mien ; je suis l’émoi
Pour les siècles des siècles
Ou au moins pour un mois
Le temps d’un bond de chamois
Qui dure plus d’un siècle.
Ce sentiment étranger aux Moires,
Qui voient leur destinée empalée sur des espoirs,
Qui seraient au chômage si je ne leur offrait de cultiver du seigle,
Qui livraient l’ivraie à ma bonne poire
Avant que je n’écrive ce livre vrai, ce dépotoir
Dont je suis l’aigre despote, le notoire aigle.
Bref. Je m’égare
Et si je ne prends gare
Ce sentiment étranger
Pourrait déranger
En devenant familier
En voulant me lier.
C’est d’ailleurs trop tard.
Le poison et la farce sont consommées ;
Ce sentiment étranger et bâtard
Atteint en mon coeur des sommets
Me somme de rendre à Saphô sa cithare
Afin que son amour se déploie en sommets
Et qu’avec lui elle puisse le tuer et me sauver
Ou me tuer et l’assommer.
Ce familier sentiment étranger,
Cet étrange sentiment animalier,
Je croyais l’avoir perdu à Angers
Je crois qu’il me rend fou-à-lier
Mais il n’a jamais vraiment changé
Sinon vers une plus grande puissance, maintenant déliée.
Le 28/10/2023
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