Imagine

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 Imagine comme ce serait beau !

 Mais je n'imagine rien du tout. Pas encore. Je suis l'avatar de la raison, par elle ma bouche s'enflamme et éructe : Non !


 Non, je n'imaginais pas. Pas encore, il est trop tôt. Non, je n'imaginerai pas, car je sais. Savoir annihile imaginer ; savoir annule penser. Et je sais qu'il le faut. C’est ainsi : à quoi bon imaginer ? À quoi bon le beau, si je sais que ce n'est pas le bon ?


 Non. Non, je n'imaginerai pas. Plus maintenant, car je sais. Je sais que toujours j'ai imaginé, sans jamais savoir à quoi cela menait. Et cela ne mène à rien. Je sais. Je sais que l'imagination est circulaire, qu'elle ne sait que s'exciter elle-même, et ceux assez bêtes pour encore se pâmer devant sa rondeur. Elle est pleine de vide, gravide d'un enfant mort-né et dont il convient de se moquer.


 Non. Non, je ne me moquerai pas de toi. Non, pas même de ton imagination et de ton beau. Mais je sais. Je sais que tu m’imagines moqueur. Je sais que tu m’imagines hyène, et tu n'as pas tort, j’imagine ; je sais que tu t'imagines que je t'imagines chienne, et tu as tort, je le sais.


 Mais pas toi. Tu ne sais rien, et tu imagines me convaincre avec ta rhétorique du beau ! En toi, que des idées farfelues, aucune pensée droite !


 Au moins penses-tu encore. Moi, je ne pense plus, je le sais, je sais. Alors quand tu me dis «Imagine comme ce serait beau ! », je n'en pense pas grand chose. Penses-tu ! Je sais simplement qu'il ne faut rien en penser. Et je sais qu'il faut dire «Non», simplement. Qu'en penses-tu ? Penses-tu ?


 Je ne pense rien. Alors tu conviendras qu'il m'est compliqué de t'imaginer pensant. Penses-tu ? Tu m'as l'air pensive. Mais ce n'est peut-être que le fruit de mon imagination.


 Imagine comme ce serait beau !


 Ressac qui aurait dû me bercer, et qui me tînt éveillé ; ressac qui aurait dû me bercer, mais qui m'a brisé. Mais je ne sais pas bien ce qui a été brisé, car tout en moi est solidité.


 Imagine comme ce serait beau !


 Je sais. Je sais que tu le penses. Mais tu devrais savoir que : non, je n'imagine pas. Je ne sais pas comment tu ne peux pas savoir. Je te pense folle ; c'est ce que les bêtes appellent l'amour, j'imagine.


 Imagine comme ce serait beau !


 Je m'imagine te le dire. Mais tu n'en penserais rien ; tu sais que mon beau ne t'est pas bon. Alors non, je ne te le dirai pas, car tu sais que je ne suis pas le bon. Mais je t'imagine m’imaginer, je t'imagine quand encore à moi tu pensais. Parfois, même ! J'imagine qu'encore tu penses à moi. Mais je n'en sais rien, et toi tu le sais très bien. Puisque je ne sais rien, j'imagine à jamais le jour impensable ou je te dirai


 Imagine comme ce serait beau !

Le 17/11/23

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