Le cadeau

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 La pluie, sans égard aucun pour la protection qu’auraient dû être ses cheveux, ruisselait désormais le long de sa face. C'était un peu ridicule, car l'on eût dit qu'il pleurait. Mais il ne pleurait pas ; il pleuvait. Il pleuvait, et il avait décliné un parapluie qu'on lui offrait, alors il dégoulinait comme si pris de sanglots.

 Il est vrai que d'un point de vue extérieur, il semblait un peu bête, avec ces timides ruisseaux qui faisaient la course en chahutant sur son visage. Et je crois que lui-même se semblait un peu bête d'avoir refusé le parapluie, maintenant qu'il était bien trempé. Mais ce n'était pas grave.

 Ce n'était pas grave, et il n'avait pas voulu le prendre, ce parapluie. C'était, bien sûr, une attention fort gentille, mais il emportait déjà avec lui un cadeau.

 Le cadeau était fort simplement emballé : il avait été mis dans du papier kraft - à la hâte, visiblement - qu'on avait replié sur lui-même et surmonté d'un petit ruban doré.

 C'était, selon toute vraisemblance, une patate de Noël.

 La vraisemblance est parfois trompeuse, semble-t-il, car il essayait désespérément de et échouait décidément à protéger son cadeau de la pluie. Il l'avait placé sous son manteau, contre son cœur, et le serrait dans ses mains, comme pour le réchauffer, comme pour les réchauffer. Mais malgré cela, le petit paquet de trouvait trempé, parce que les larmes célestes, en faisant la course contre son visage, se perdaient un peu et ne trouvaient rien de mieux à faire que de ruisseler jusqu'à son cœur. Le paquet était donc complètement détrempé.

 Mais ça non plus, ça n'était pas grave.

 Je l'ai suivi, sous la pluie et jusqu'à ce qu'elle cesse. Je suis curieux, voyez-vous, et je souhaitais connaître la nature véritable de ce paquet patatoïdal.

 Enfin le ciel en eut assez de sa tristesse et se mit à sourire. Et lui aussi se mit à sourire lorsqu'il ouvrit son cadeau. À l'intérieur, ce n'était pas grand chose : un miroir déformant, je crois. Dans le cadeau se reflétait son sourire, mais plus finement ; s'y reflétait aussi ses yeux, mais un peu plus jolis, peut-être parce qu'un peu plus tristes.

 Scène ridicule : il sourit à un sourire.

 Du moins, c'est ce que j'ai vu, moi.

 Ce que je vous dis ici, je ne le sais pas : peut-être n'est-ce pas là raison à sourire ; mais lui y mettait tout son cœur, alors il doit avoir sa raison.


Le 03/01/2024

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