Sentir
Être aimé. Être aimé. Aimer être. Tout cela avait un sens, mais avant même que je ne le saisisse, il avait disparu. Comme cette fragrance, c’était profondément instable, et cela disparaissait alors que ça advenait, comme le visage de l’être aimé devenait fantomatique dès que je fermais les yeux. Être aimé… Être aimé… Ça recommençait. J’inspirai à pleins poumons, et le parfum emplit mes narines, mes poumons, ma tête ; il me paraissait voir cette odeur délicieuse, tant c’était clair. Et puis tout s’assombrit à nouveau ; il me fallait respirer.
Expirer ; j’inspirai un grand coup, et le parfum m’inspira un grand coup, à tel point qu’il me coupa le souffle. L’idée qui me vint alors était de réparer toutes mes erreurs passées, mais ce n’était pas possible. Rouge de honte, de colère et de manque d’oxygène, je m’enfouis le visage dans l’odeur.
Sentir ça, ce n’était pas être consolé. Ça sentait la tristesse à plein nez, avec de sales relents de nostalgie. C’était plutôt agréable. Plus que l’air en tout cas, qui était fade, une sorte d’eau aéroportée dans laquelle je comptais bien éviter de me noyer.
Sentir cette odeur, c’était tout à la fois me sentir et la sentir ; c’était sentir - qu’elle s’affaiblissait ?
Angoisse.
Non.
Non non non ! Trois - quatre fois non !
Le souffle court. Je le préférais coupé. Le souffle court. Inspirer, ça m’inspirer de l’horreur.
Mais pourtant, je me croyais - Angoisse.
Je n’ai qu’à lui demander - Angoisse.
Du calme, je - Angoisse.
Angoisse - poisseuse - c’est ainsi que je suis - Poisseux.
La fragrance ! Elle - attends ! - n’est presque plus ! Elle - pitié ! - va disparaître !
C’est un fait. Elle a disparue. Reste moi, et le sentir - être aimé. Aimer être ?
A nouveau et à jamais - Ça disparaît.
Le 07/01/2024.
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