Première séance

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« Sercan se réserve pour vous, Eloïne, soyez prête », m’annonce fermement l’hôtesse d’accueil du Luxaria en raccrochant le téléphone. Après de longues minutes à m’expliquer grossièrement le fonctionnement de l’agence, cette femme, lors de ce deuxième appel, m’a tranquillement posé un nombre incalculable de questions. Je devais lui fournir des réponses détaillées, toutes plus intimes les unes que les autres, sur mon apparence, ma vie sexuelle actuelle et passée, mes fantasmes, mes désirs. Puis elle m’a donné les instructions.


Il est dix-neuf heures quarante-cinq. J’attrape mes boules de geisha noires posées sur le lavabo de la salle de bain, car ce soir, à vingt-trois heures, j’entrerai dans cette agence où la baise n’a aucune limite. Sercan, celui qui m’accueillera pour une première séance « rapide », a ordonné que j’insère ce sex-toy trois heures avant la séance, afin d’accentuer ma sensibilité. J’entre délicatement la première dans mon vagin et, sans tarder, j’enfile la deuxième. Elles rentrent facilement. Un bien-être m’envahit, je les pousse, les enfonce au plus profond que je puisse avec mes doigts.

Il y a deux semaines, lors du premier appel, l’hôtesse — qui n’a, à ce moment-là, rien voulu me dire sur ce qu’il se passerait — m’a interdit tout rapport pendant quinze jours. Ça fait long, je ne tiens plus. Mon sexe me démange d’envie et chauffe, les boules de geisha qui me pénètrent me stimulent, j’ai du mal à me contrôler, à ne pas me caresser. J’aurais aimé que mon rendez-vous soit maintenant.


Le sex-toy en place, je m’allonge sur le canapé beige du salon. Il faut que je reste zen, je m’empare d’un des nombreux coussins de Fanny et le plaque sur mon visage. Dans le noir, je repense à ce qu’a pu me dire l’hôtesse.

Il s’agit d’un immense hôtel en région parisienne. Lors du premier rendez-vous, la nouvelle est accueillie par celle-ci, qui la dirige dans la chambre d’accueil située au sous-sol. Cette arrivante est alors soumise à quelqu’un qui la teste à l’aide d’un ou plusieurs outils sexuels, puis elle se fait prendre par celui-ci. Elle lui doit obéissance. Dès la deuxième séance, elle est directement emmenée au premier étage où elle choisit une salle au hasard, sonne, patiente que nous lui ouvrons et découvre. Chaque salle est différente, tout est possible. Je pourrais être face à un gars ou une femme, comme face à dix individus. Selon l’hôtesse, ce sont souvent des hommes assez sadiques et dominateurs. Le premier étage est réservé aux dames. Le deuxième est celui des messieurs. Il en existe un troisième et un quatrième, mais ceux-ci sont réservés à quelques habitués. Des femmes habitent au dernier, le cinquième donc, et n’en sortent jamais. Je n’en sais pas plus, hormis que tout cela était anciennement géré par Loue, une jeune fougueuse qui fut séquestrée par son mari pour l’exemple. Loue est au cinquième. La dame au téléphone m’a avertie : il faudra que je sois docile, complètement.

En quête de nouveautés après cette conversation avec Ève, j’ai découvert le Luxaria sur internet. Je mesure un mètre soixante-quatre et pèse quarante-sept kilos-grammes. Mes cheveux sont longs et bruns, mes iris vert émeraude. Bien que mon apparence ne m’ait jamais empêché de m’épanouir sexuellement, à mes vingt-six ans, j’ai ainsi décidé d’oser.


Je me suis assoupie, il est vingt-deux heures trente, mon réveil sonne. Je me précipite dans ma chambre et me vêts, sans sous-vêtements, d’une longue robe rouge en soie et de jolies bottines neuves. Je prends mon sac carmin, je sors de l’appartement et je rejoins la rue pour un petit quart d’heure de marche.

À chaque pas, les boules de geisha me donnent l’agréable sensation de vibrer en moi. Elles me font un effet intense. J’accélère le mouvement.


Un demi-kilomètre plus tard, j’aperçois le fameux bâtiment. Je m’en approche. De nature anxieuse, je ne le suis pas du tout ce soir. Mon corps est comme anesthésié par ce qui l’attend. L’hôtel est effectivement immense, il est entouré d’un vaste jardin entretenu et clôturé par un haut mur de pierres. Un portail en fer permet de voir ce qu’il s’y passe. Une cinquantaine de volets quasiment tous clos. Ils dégagent une impression d’isolement, d’intimité. J’aime beaucoup cette ambiance. Au centre de la ville, des gens y sont parqués, baisent toutes les nuits et s’endorment au matin, épuisés.


Après avoir ouvert la lourde grille avec difficulté, j’entame la traversée du jardin. La réception se trouve à une centaine de mètres. L’imposante entrée, en harmonie avec le portail, est entrouverte. J’entre avec une légère appréhension dans le hall. Une dame d’une trentaine d’années m’épie, assise sur un canapé. Sa coloration bordeaux et ses piercings au visage lui donnent un air sévère. Elle est habillée d’une robe-bustier noire à dentelles, de style gothique. Je regarde autour de moi, la pièce est gigantesque. Cinq divans et sièges en satin couleur taupe, une table basse violine ainsi qu’un minibar de la même couleur la meublent. Les murs anciens sont magnifiques. Des miroirs et tentures psychédéliques embellissent le plafond. Une des trois portes attire mon attention, couleur blanc crème, ornée de cuivre. Elle est somptueuse.

— Eloïne ! m’appelle la femme d’une voix délicate que je reconnais. Déshabille-toi !

— Ici ? reçoit-elle en guise de réponse, sa rapidité m’impressionne.

— Tout de suite, m’ordonne-t-elle d’une voix plus grave, mais terriblement détendue.

L’hôtesse m’observe. Je m’exécute, ma tenue glisse sur mon corps menu. Je me penche, me déchausse. Je suis nue face à cette inconnue qui me scrute. Il fait frais, mes seins se tendent et mes tétons se durcissent. Focalisée sur mon anatomie, elle saisit un tissu en velours rouge posé sur son canapé et me l’accroche en guise de bandeau. Elle m’arrache mon sac des mains et m’attrape par le bras, j’entends mes affaires tomber au sol. La séance commence.

Je suis inquiète. Il faut que je reste sereine, je suis censée adorer ce qu’il se passe. L’hôtesse me guide d’un pas dynamique et me fait entrer dans l’ascenseur. Elle appuie sur un bouton et nous descendons comme prévu au sous-sol. Une fois arrivées, elle me pousse agressivement en dehors, je tombe sur un tapis et l’écoute détaler.


Quelques secondes suffisent pour que des pas sourds surviennent follement vers moi. Quelqu’un me prend par la nuque, me comprime et m’emmène à nouveau. C’est Sercan, j’en suis persuadée.

Sans parler, il m’allonge sur le dos, en équilibre, sur ce qui semble être un tissu épais. Ce n’est pas stable. Il prend mon poignet droit, me l’attache en hauteur et fait de même avec l’autre. Il m’écarte ensuite les jambes et les surélève une par une, ce qui ouvre naturellement mes lèvres. Je sens un léger souffle frais sur mon sexe déjà chaud. J’aime que mon corps soit à sa disposition la plus totale. Il me débarrasse du bandeau et, sous une lumière rouge érotique sortant de je ne sais où, je le vois enfin. Baraqué, brun, de mon âge, le teint hâlé, vêtu seulement d’un pantalon ample laissant s’exprimer son pénis en érection.

— Je t’ai mise sur un sling, m’affirme-t-il de son timbre de voix rauque. Personne ne t’entendra d’ici, précise-t-il lentement.

Je suis sur un tissu rigide, suspendu au plafond par quatre chaînes reliées à mes poignets et chevilles sanglés. La pièce est toute petite, une armoire fermée comme seul meuble. Je ne peux pas voir ce qui se passe derrière moi.

L’homme, à la corpulence massive, appuie sa main sur mon sexe tout en inspectant mes seins durs qu’il frôle délicatement de son autre main. Il m’examine un instant avant de partir de l’autre côté. J’ai des frissons.

Il ramène un produit, l’étale sur mon vagin. Ce produit a un effet chauffant. Il m’ôte délicatement les boules de geisha, je gémis doucement. Il m’insère alors un objet glacial, un accessoire fin et dur qui me fait du bien, puis en ajoute un deuxième, dans mes fesses, cette fois-ci.

— Ça va gonfler et prendre la forme de ton cul, de ta chatte, m’annonce-t-il d’un ton bestial en s’assurant qu’ils soient bien au fond.

Je ne comprends pas pourquoi il fait cela. Il contrôle longuement mon apparence, ma poitrine tendue d’excitation, mes jambes écartées et remet sa main sur mon vagin. Je sens les objets grossir. J’aimerais me caresser sur ses doigts, mais c’est impossible avec ce qu’il m’a inséré. Les deux outils qu’il m’a mis doivent être liés au sling ou quelque part, car je suis bloquée, incapable de bouger. Il le sait et m’enfonce un doigt dans l’anus et plusieurs dans la bouche. Délicatement, il m’extrait ce qu’il m’a inséré dans le cul, je hurle de douleur, je me débats. Il appuie son pouce sur ma langue et de son autre main, d’un coup, enlève ce qui me pénétrait le vagin. Je crie, encore, et cette fois de plaisir. Il se dévêt de son pantalon et essaie d’entrer en moi. Essoufflée, je ne me laisse pas faire, j’essaie de resserrer mes jambes, mais n’y arrive pas. Nos yeux se croisent et se fixent. Il aime me voir réagir. Il me tient par les hanches et me pénètre violemment, je gémis de plus en plus fort.

— Ta gueule, me hurle-t-il en me giflant.

Il sort de moi et me frappe la joue de sa bite. Sa main sur mon front me plaque sur le sling avec violence. Il met son pénis sur mes lèvres, pousse sur ma bouche, et le rentre. Il l’enfonce petit à petit. Il s’amuse de moi, profite de son autorité, ce qui involontairement m’excite. Mon dos se cambre. Il ressort et part vers l’armoire.

Après une minute interminable, il revient avec un gode. Il le visse à une grosse barre semblant sortir du sol qu’il incline au niveau de ma vulve. Il m’entre ses doigts, sur lesquels il a mis le gel chaud, et me malaxe. Une fois prête, il m’insère de moitié le sex-toy, l’enlève, et m’écarte les lèvres pour placer sur mon clitoris une boule vibrante reliée à une lanière qu’il entoure à mes hanches. Je gémis, il me redonne sa bite. Je la lèche avec désir. Il escalade le sling, se met sur moi et m’étudie de son regard insensible et cruel pendant que je le suce. J’enfonce le gode et le chevauche, du mieux que je puisse, afin de le sentir comme il faut. Je l’enfouis le plus possible, pendant que la boule vibre sur mon clitoris brûlant. Je hurle quand une dame à l’allure déjantée, aux cheveux roses et courts, entre dans la salle. En nuisette blanche, munie d’un appareil photo reflex. D’un signe de tête, elle salue sans gêne Sercan qui sort alors sa verge pour l’appuyer sur mon cou.

Il me la renfonce et me l’immobilise au plus profond, en m’étranglant de sa force perverse. Je ne peux plus gémir ni crier. L’objet qui me pénètre aussi profondément me donne envie de jouir, mes yeux se ferment de béatitude. En les rouvrant, je vois la photographe zoomer sur mon visage, la bite de cet homme enfoncée. Elle m’a prise. Il continue subtilement ses va-et-vient et, en me renfonçant au maximum son pénis, il maintient sa main autour de mon cou et éjacule. J’avale son sperme, mon bien-être monte sur-le-champ. Je pousse sur le gode et jouis, devant Sercan et cette femme.

Après avoir craché, il ressort de ma bouche et me libère brusquement le vagin. Je crie d’apaisement. Il s’en va ensuite, suivi de la photographe fermant la porte derrière eux.

Je me déchaîne, les liens de mes poignets et chevilles sont serrés, je ne peux pas me libérer. Je crie pour appeler l’hôtesse.

Il m’avait prévenu. Les heures défilent et bien que le temps passe, ils ne viennent pas me détacher. J’ai beau hurler, ils ne m’entendent pas.

Ce long moment à me débattre m’a affaibli. Je n’en peux plus alors, progressivement, je me détends, assaillie par la fatigue, et je m’endors sanglée au sling.

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