Suplices
Je me réveille en sursaut. Un homme d’une quarantaine d’années entre dans la chambre d’accueil, la porte claque derrière lui. Il a le crâne rasé, un pantalon militaire et un tee-shirt noir. Il me dévisage d’un œil protecteur en éteignant la lumière rouge agressive et la remplace par une faible lueur blanche située au-dessus de moi. Bien que le noir complet me manque terriblement, ce changement d’éclairage me soulage. J’ignore le temps passé depuis mon arrivée à l’agence, celui écoulé durant mon sommeil. Je suis restée sanglée. Cette nuit m’a enlevé beaucoup d’assurance. L’homme, imposant par sa carrure, s’avance vers moi en m’observant intégralement. Je peux voir un scorpion tatoué sur son avant-bras.
— Détache-moi. J’ai mal.
Il me sourit en guise de réponse, s’éloigne vers l’autre partie de la salle.
— Je devais rester une soirée, pas plus !
Je crie nerveusement, le supplie de m’oublier. Sans avertissement, il m’abaisse la tête, menton collé au cou, et la redresse sauvagement ce qui a pour effet de m’ouvrir la bouche. Immédiatement, il en profite pour la tenir ouverte en y insérant une grosse boule en caoutchouc. L’objet est assorti de deux sangles qu’il m’attache autour de la nuque. Je prends peur. Cette pièce se couvre d’une atmosphère lugubre. Je me débats, mon corps lutte et tremble devant ce type acharné.
Je ne tiens plus, mes larmes coulent sur ma peau humiliée. Il m’étrangle et, à ma plus grande stupéfaction, il dépose un doux baiser sur mon front.
— Orane m’a montré ta photo, m’annonce-t-il de sa voix caverneuse. Tu es bien plus belle avec moi.
Sidérée, je hurle malgré ce bâillon. Sans aucune réaction de sa part.
— Tu me plais beaucoup. Je te garde avec moi, je te dresserai à ton rythme, poursuit-il sévèrement. On va prendre beaucoup de plaisir, ensemble.
Il insiste sur ce dernier mot, « ensemble », en glissant sa main dans mes cheveux décoiffés et reprend.
— Je m’occuperai de toi et t’offrirai ce dont tu as besoin. Je prendrai soin de toi. En échange, Eloïne, tu devras entièrement te soumettre.
Je me remets à hurler, mais mes supplices sont inaudibles. Je comprends qu’il n’abandonnera pas aussi facilement. Il vérifie que mes poignets et chevilles soient bien maintenus, puis face à moi, il remonte ses mains jusqu’à mes hanches qu’il frôle et touche paisiblement. Son physique n’est pas repoussant, mais ce contact forcé me dégoûte. J’aimerais retrouver mon lit, le silence, la nuit. Je voudrais que ce ne soit qu’un cauchemar, que Fanny me réveille tout de suite. Elle me manque atrocement.
Il m’effleure maintenant le ventre et arrive à mes seins qu’il palpe avec précaution. Il les compresse à plusieurs reprises. Son regard se transforme peu à peu en haine.
Après en avoir fini avec ma poitrine, il s’intéresse alors à mes cuisses. Il les manipule, les écarte. Sans moyen de défense, je l’implore des yeux de me rendre la liberté. Les siens, devenus bestiaux, m’analysent. Il me terrorise. Il constate mon clitoris gonflé par Sercan et le touche lentement. Sans prévenir, il enfonce ses doigts dans mon intimité, je mords la boule par réaction. Du peu d’énergie qu’il me reste et en espérant me libérer de lui, je tire sur mes jambes pour faire surélever mon vagin. L’homme, en appuyant de son autre main sur mon bas-ventre, me redescend posément. Il me repositionne correctement sur le sling. Ses doigts se renfoncent alors dans mon sexe, me massant délicatement. Je suis à bout et de ce fait n’arrive pas à me contrôler, il m’entend gémir et m’offre ainsi, et contre moi, un court instant de bien-être inattendu. Il ressort ses doigts humides, les essuie sur mes fesses, part vers l’armoire et revient avec une petite seringue déjà préparée. Mon cœur s’emballe. D’un geste confiant et sans tarder, il me pose un garrot au bras et me pique, m’injectant un liquide jaunâtre.
— Il y a longtemps que je t’attendais, me confie-t-il en me cajolant la joue.
Mon corps s’allège instantanément sous l’effet du produit, ma vision se trouble et, sans m’en rendre compte, je plonge dans un trou noir.
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